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sur 285 notes
Quand on a aimé profondément un roman, on recherche forcément lors d'une autre lecture du même auteur cette flamme originelle, même si on sait bien que chaque livre a sa propre vie, sa propre petite musique. J'ai profondément aimé, j'aime profondément Un Pied au paradis qui m'a fait découvrir la plume sensible de Ron Rash. Et avec Un Silence brutal, je ne l'ai trouvé cette vibration, cette émotion dont j'aurais tant voulu qu'elle m'emplisse pour toujours.

Bien sûr, ce livre m'a plu.
L'auteur sait comme personne créer de beaux personnages, humains, complexes, troués de failles qui apparaissent au fil des pages. Surtout Becky qui permet de découvrir le Ron Rash poète célébrant la nature ( le titre original, Above the waterfall, «  au-delà de la cascade » ) ; sa voix ouvre et aère de façon nécessaire la narration du shérif Les entre traque des trafiquants de meth' et enquête pour déterminer qui a empoisonné les truites d'un lac. Il excelle à sonder, l'air de rien, notre société contemporaine, entre désespoir et douceur, sans jamais sombrer dans le manichéisme, même alors que son roman est enveloppé d'une nostalgie mélancolique pour un temps où la nature était respecté et ne servait pas l'avidité d'investisseurs.

Mais je n'ai pas vibré. Ou plutôt, si, à un seul moment, sublime et bouleversant, lorsque le taiseux Gerald crie sa rage d'être accusé d'avoir versé le kérosène fatal, son âme à nu.

A propos d'une tortue, toute la délicatesse du Ron Rash poète :

«  Sortie du filet de bave moribond d'une mare de ferme
où au plus profond les pieds de l'appontement sont secs,
qu'elle avance lourdement à travers champ et pâturage
pour trouver l'eau pérenne de la rivière, qu'elle fasse palpiter
le coeur boueux du bassin,
puis remonte, un lent avenir,
comme une meurtrissure révélant
son âpre beauté
et survive »
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Le chérif Les rend son étoile dans un mois pour cause de retraite. Mais avant, en plus des affaires courantes de drogués à la meth, il va devoir traiter une histoire d'empoisonnement de sa chère rivière. Comme souvent, c'est le pot de terre contre le pot de fer quand Gerald, un vieil homme violent et acariâtre, est accusé du forfait par un propriétaire local. Bien que soutenu par Becky, la directrice zélée du Creek Park et poétesse à ses heures, Gerald aura besoin de toute l'expérience et du non conformisme du chérif pour le sortir de ce piège.

Poétique, envoûtant, âpre, tel est le monde de Ron Rash. On s'y plonge avec délectation, sans trop savoir ce qui nous emporte le plus, de ses personnages attachants, tellement humains, ou de cette nature que ses mots subliment, mais disent à quel point il déplore que ses montagnes soient gangrenées par la drogue et le chômage. Nostalgique, Ron Rash l'est sûrement. Dans ce roman noir où il joue avec la part d’ombre et de lumière de ses personnages, il semble que les Appalaches d'aujourd'hui lui font regretter un monde disparu. Pour lui qui juge une société par l’état de sa nature, qui pense que les paysages sont structurants, qu’ils nous façonnent, qu’ils sont notre destin, quand on sait que l’eau des Appalaches n’est plus potable, on imagine ce qu’il pense de l’Amérique de Trump.

Merci à Babelio et aux Éditions Gallimard pour cette belle découverte et opportunité de rencontrer Ron Rash...
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À trois semaines de rendre son étoile de shérif du comté, Les règle les affaires courantes et en cours, notamment le trafic de meth qui sévit fortement dans le coin, rend encore quelques derniers services ici et là, remplit son dossier de retraite. Il délaisse gentiment son bureau afin que son adjoint, Jarvis, fasse tourner la baraque tout seul. Trois semaines qui auraient dû s'avérer calmes. C'était sans compter sur une sombre affaire d'empoisonnement dans la rivière qui causa la mort de nombreuses truites. le vieux Gerald, un authentique montagnard qui pêche à l'ancienne, est accusé par le propriétaire du relais Nature et Pêche, Harold Tucker, d'avoir délibérément versé du pétrole rampant dans le cours d'eau. Une affaire que Les va devoir résoudre sans froisser quiconque, notamment Becky, la directrice du Locust Creek Park dont il est très attaché et qui s'avère être amie avec Gerald...

Deux voix alternent ce roman à la fois poétique, politique et environnemental. La première est celle du shérif qui doit mener sans cesse des opérations anti-meth et qui, à trois semaines de la retraite, va devoir régler un sacré problème de voisinage. La deuxième est celle de la garde-forestière Becky. Poétesse, solitaire et écolo, elle chante la nature et rend hommage à tout ce qui l'entoure. Tous les deux ont connu un drame par le passé et tentent de l'oublier. Entre eux existe une relation unique, pudique et tendre. Ron Rash nous plonge dans un roman âpre, mélancolique et sombre et dépeint, avec une certaine tendresse mais aussi désarroi, un portrait aiguisé de notre société actuelle. Un roman, véritable éloge à la nature, qui oscille entre résilience et espoir, entre joie et tourments, entre beauté sauvage et brutalité des hommes. Sensible et envoûtant...
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Tout laissait penser à Les, shérif d'un comté situé dans un coin des Appalaches, que les trois semaines qu'il lui restait à effectuer avant de prendre sa retraite, seraient, sinon calmes, du moins sans grand imprévu. Seule une opération antimeth, inscrite au programme pouvait apporter peut-être un peu d'imprévu.
Mais cette tranquillité va être brisée lorsque quelqu'un va verser de l'essence dans le torrent, torrent qui traverse la propriété du riche Tucker. Les belles truites argentées meurent. Les riches citadins qui venaient au relais de Tucker, pêcher dans un décor magnifique et sauvage, vont donc fuir.
Tucker accuse aussitôt Gerald, ce vieil irascible qui ne comprend pas pourquoi il ne peut plus parcourir à son gré les rives de cette rivière qu'il a toujours connues et qui malgré les panneaux d'interdiction, continue à les arpenter.
Becky, la garde forestière et Les, le shérif, ne peuvent pas croire que Gerald ait pu commettre un tel geste tant il aime et respecte cette nature. Les va donc devoir mener l'enquête pour savoir qui est le responsable d'un tel geste.
Les principaux personnages de ce roman sont deux : Becky, gardienne d'un parc naturel qui écrit des poèmes et représente la défense de l'environnement, et Les, ce shérif bientôt retraité. Tous deux ont un point commun : un passé douloureux et encombrant.
Mais celui qui tient la vedette, si l'on peut dire, c'est le paysage entre rivière et montagnes, paysage somptueux que Ron Rash connaît bien et décrit d'une façon sublime. Je suis restée scotchée par ses descriptions tant elles sont superbes et on ne peut que rentrer dans le paysage à son tour.
Malheureusement, la beauté qu'offre la nature, avec les fleurs, les arbres, les animaux, les montagnes et les cours d'eau, cette beauté est menacée par les entrepreneurs modernes et on en arrive au conflit entre profit et écologie.
L'auteur met également bien l'accent sur la méthadone, ce fléau qui abrutit les esprits et endommage les corps. Les descriptions des ravages causés par la meth sont si réalistes qu'elles en sont effrayantes.
En fait, c'est le constat de la disparition d'un monde gouverné par l'argent. Tout au long de ce polar, ce sont ces deux mondes qui se côtoient, celui à l'ancienne, représenté notamment par Les qui, tout au long de sa carrière, a tenté de fluidifier les rapports sociaux, et celui des coups, de l'intimidation, de la violence du pouvoir.
Ron Rash a réussi de façon très brillante un roman à la poésie éblouissante et également un roman politique, un roman noir.
J'avais apprécié cet auteur avec Par le vent pleuré, mais Un silence brutal m'a vraiment épatée, enchantée, bouleversée.
Je remercie vivement les éditions Gallimard (La Noire) et Lecteurs.com qui, dans le cadre des Explorateurs du polar 2019, m'ont permis de passer d'aussi beaux moments avec cet ouvrage.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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A trois semaines de la retraite , ceux et celles qui l'ont vécu le savent , une intense réflexion s'opère en chacun et chacune , le temps de la réflexion, des bilans , des espoirs , des doutes....Que vais - je faire ? A quoi vais - je devoir renoncer ? Trois semaines pour solder une carrière de shériff , pour céder la place à un successeur déjà arrivé , voilà Les face à son destin , face à la fin d'une époque...Partir en accord avec ses convictions ....ses méthodes, ses valeurs ...
Hélas, le monde change , vite , très vite et l'appétit, la voracité de certains grignote les valeurs , suscite les jalousies , mène parfois à l'irréparable. Qui a empoisonné et les truites qui évoluent, si belles , à la cascade d'un relais touristique ? Et pourquoi ?L'enquête mène au vieux Gérald mais les apparences sont parfois trompeuses et , en soulevant le tapis , en grattant dans le passé, on risque de faire surgir de vieilles aigreurs du passé ....Pas forcément aussi facile qu'il n'y paraît, cette affaire , ô pas l'enquête du siècle non plus , mais une histoire qu'il faudra bien résoudre, pour changer tout de même des traditionnelles méfaits liés à la " meth ".....
Ron Rash , on le connaît, un " prince des mots " , un écrivain qui sait analyser le plus profond des personnages , les " lier " à une nature luxuriante , une nature qui , sous les coups de "boutoir " de l'être humain , perd peu à peu sa puissance salvatrice de l'humanité. Des passages d'une grande beauté, d'une belle poésie, comme toujours avec cet auteur , une osmose naturelle entre le décor et l'homme , pour le meilleur et , hélas aussi , pour le pire .Un roman qui illustre le déclin d'une époque et l'émergence d'un autre monde ....
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Une tragédie en cinq actes. Dans une petite localité des Appalaches, le shérif Les est à quelques semaines de prendre sa retraite. Il règle les affaires courantes. C.J. Crant, un ami d'enfance vient le trouver pour qu'il fasse comprendre à Gérald, un septuagénaire cardiaque, qu'il doit cesser de venir braconner les truites arc-en-ciel, sur la propriété de son patron, Tucker. L'affaire n'aurait rien de tragique si le neveu et héritier du braconnier n'était un junky et un trafiquant de Meth, et si on ne retrouvait pas quelques jours plus tard, les truites de la réserve de Tucker, faisant la planche, mortes dans l'eau empoisonnée de la rivière, Gérald devenant de facto le coupable idéal.
Les relations qui lient les acteurs de ce drame et l'humanité du shérif et de Becky, la garde forestière écolo, donnent toute la dimension tragique de cette histoire. le « silence brutal » est cet instant où la catastrophe vient juste de se produire, où le temps suspend sa course, où la respiration est retenue. C'est cet instant où le bruit devient abruptement silencieux. C'est aussi la fin muette de cette histoire. On retrouve l'antagonisme du titre, entre la nature magnifique et sauvage de cette belle région de l'Est des États-Unis, et la pollution culturelle, industrielle qu'apportent immanquablement les hommes. le roman de Ron Rash est aussi un manifeste pour l'écologie.
La poésie de Ron rash est bien présente tout au long de ce texte. La traduction d'Isabelle Reinharez rend parfaitement bien l'onirisme de certains passages et la lecture claire et fluide pour l'ensemble de cet ouvrage.
Sans pour autant tomber dans l'usage abusif de superlatifs, comme je l'ai lu souvent lors de critiques sur cet auteur, je dirai que le roman de Ron Rash est honnête et qu'il remplit parfaitement le contrat de nous offrir un très agréable moment de lecture.
Merci à Babélio masse critique et aux éditions Gallimard, collection La Noire, pour m'avoir permis de découvrir cet auteur. Ce fut une heureuse rencontre.
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Le Shérif Les s'apprête à prendre sa retraite dans les prochaines semaines, lorsqu'une dernière affaire vient bousculer ses préparatifs de départ : Gerald, un vieil homme du coin, dur-à-cuir irascible viscéralement attaché à ce coin de nature des Appalaches, refuse de respecter l'interdiction d'accès à la rivière, légalement décrétée par le propriétaire d'un tout récent et luxueux relais de pêche pour riches touristes. La dispute de voisinage s'envenime lorsque la rivière est soudain polluée par un déversement de kérosène, et que tout semble, bien trop facilement, accuser le vieillard.


Sur l'insistance de Becky, la directrice du Creek Park qui a fait de la protection de la nature sa raison de vivre et qui partage avec Gerald sa passion pour ce lieu, Les entreprend de soulever le drap des apparences pour innocenter leur ami.


Les est de l'ancienne école et a depuis longtemps appris à jouer son rôle avec discernement, quitte à appliquer parfois ses propres méthodes, celles qu'il juge plus aptes à remettre ses concitoyens sur les rails, lorsque le malheur ou la pauvreté les a envoyés dans le mur. Pas facile en effet de rester de marbre face aux fréquents drames du désespoir qui frappent ce district rural et déshérité, où l'addiction à la méthadone fait des ravages. Il semble qu'aucun des personnages ne soit indemne : tous ont gardé des traces psychologiques et affectives des épreuves qu'ils ont vécues. Ce sont ces failles qui leur donnent tant d'humanité, dans ce roman qui parvient à rendre toute leur profondeur et leur complexité.


Au travers de ce qui n'est finalement qu'un fait divers, cette histoire met en scène la confrontation entre un mode de vie traditionnel, pauvre mais proche de la nature, et celui, plus bling bling, de sa transformation moderne motivée par le profit. Ici un promoteur s'empare d'un coin de nature pour l'encager dans les frontières d'une propriété privée réservée à une clientèle payante. Là, le départ en retraite de Les marque la fin d'une humanité professionnelle et son remplacement par l'efficacité toute neuve et toute réglementaire de son successeur.


Rien n'est ici manichéen, tout n'est que nuance et subtilité dans la restitution tant des caractères que de leur environnement. Le propre attachement de l'auteur pour cette région transpire à chaque page, en particulier chaque fois que Becky vient chercher l'apaisement au contact de la beauté sauvage du parc naturel dont elle a la garde. Ses envolées lyriques m'ont toutefois laissée un peu sur la réserve : sans doute vaut-il mieux apprécier ces poèmes dans leur langue d'origine, ce qui m'amène à saluer au passage le travail de la traductrice, dont ils ont dû sérieusement compliquer la tâche.


Ce roman est au final une oeuvre aux multiples facettes, où l'enquête policière n'est que le miroitement en surface de complexités humaines suggérées avec sensibilité, poésie et une forte pincée de nature-writing.


Prolongation sur le petrichor mentionné dans le livre, dans la rubrique le coin des curieux, en bas de ma chronique sur ce roman, sur mon blog :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/05/rash-ron-un-silence-brutal.html

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Pendant une semaine, je me suis évadée de mon quotidien . Pendant une semaine, je regardais la rivière où nageaient les truites argentées et glissaient les vipères d'eau à l'allure faussement dolente. Je me suis assise à l'ombre des grands arbres, j'admirais la couleur des tulipiers et le chant des loriots du haut des branches avec au loin le roulement de la cascade. Un environnement magnifique, un silence apaisant mais c'est sans compter la main de l'homme, celle qui tend la faux, main cupide et retorse qui vient rompre cet enchantement poétique.

Le titre original prend tout son sens « Above the Waterfall », au dessus de la cascade car c'est là où se passe le noeud de l'intrigue mais le titre français « un silence brutal » est aussi très évocateur. Silence et brutal, deux mots antagonistes mais qui fait le lien entre les personnages.
Les, un shérif bientôt à la retraite et Becky, garde forestière du Parc de Locus Creek jouent les derniers dés de notre civilisation pour sauver Gerald et sa ferme. Ce sont aussi tous les deux des « taiseux » ayant en commun un passé lourd qui renforce leur complicité. Ron Rash libère leur parole en faisant parler Les et Becky alternativement, ce qui les rend plus proches et plus attachants en employant le je.
Dans ce parc encore préservé mais peut-être plus pour longtemps, le cours d'eau peine à rester limpide car elle charrie dans son lit un monde autrement plus puissant et dangereux : les drogues, les armes à feux, l'appât du gain.

Un silence brutal est un grand roman naturaliste où la description minutieuse des paysages, des fleurs et des animaux est un motif de broderie fine, une épure totale qui m'a permis de surmonter tout le reste, la fin de quelque chose de beau, l'insoutenable loi de l'éphémère qui m'a rendue triste.
Un roman poétique marquée par l'écriture au charme unique de Ron Rash et des références au poète anglais Hopkins du 19ième siècle émaillé aussi et peut-être de souvenirs personnels des séjours de l'auteur en France comme la visite des peintures de la grotte de Lascaux .
Et bien sûr le noir, la noirceur des êtres et du destin, tapie dans l'ombre mais prête à piéger celui qui se laisse tenter.

Nature, poésie, noir, une alchimie complexe mais totalement réussie à chaque nouveau roman de Ron Rash dont je suis une fervente admiratrice. J'aime totalement son univers, sa manière de composer ses personnages criants de vérité avec un soin particulier à exprimer ce qu'ils ressentent de l'intérieur, c'est vraiment magnifique. La tension est là aussi, toujours, palpable, montant progressivement comme les notes d'une musique, une trille romantique mais indéniablement noire. Presque crépusculaire.

Merci infiniment à Babelio pour la découverte du livre et pour la rencontre avec Ron Rash prévue très prochainement !
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Quelle que soit l'idée qu'on a envie de développer sur Un silence brutal, on se rend compte qu'il est toujours possible de trouver des arguments tout aussi convaincants pour défendre le point de vue inverse : cela en fait un roman ambivalent prodigieusement intéressant. S'agit-il d'un roman centré sur la part d'ombre des personnages ? Certainement ; mais l'auteur les montre également sous leur meilleur jour. S'agit-il d'un roman qui oppose un âge d'or passé à un présent gangrené par la destruction de la nature et les ravages de la métamphétamine ? Absolument ; mais le passé est aussi celui des traumatismes, et le présent, celui de leur cicatrisation. S'agit-il d'un roman sur la nature ? Bien sûr ; mais l'humain est également au centre, qu'il la préserve ou la détruise. S'agit-il d'un roman lent ? Oui : il est souvent contemplatif et fait la part belle à la poésie ; mais on le dévore aussi, pour connaître la solution aux mystères sur lesquels il est construit. Au total, j'ai beaucoup aimé cette absence constante de manichéisme.

Cette impression a été renforcée par la rencontre avec l'auteur organisée par Gallimard, à laquelle j'ai eu la chance d'assister grâce au cercle littéraire de la Fnac, que je remercie encore. L'auteur s'y est montré aussi à l'aise en décryptant sa filiation avec Edgar Allan Poe ou William Faulkner, auteurs "du sud" qui ont toujours obtenu plus de reconnaissance en France qu'aux Etats-Unis, qu'en citant Procol Harum (A whiter shade of pale… la notion de nuances de sombre ou de clarté a été un des fils rouges de la rencontre). Il a également expliqué que ses romans se suivent et ne se ressemblent pas, parce qu'il n'a juste aucune envie d'écrire inlassablement le même livre. Or, il a déjà obtenu un prix en France pour Une terre d'ombre, et la salle a également évoqué plusieurs fois Un pied au paradis ou Serena. Un livre, un auteur, une oeuvre, une langue poétique et très belle aussi dans sa traduction : de quoi avoir très envie de le découvrir davantage !
Lien : https://www.fnac.com/Un-sile..
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Parmi les invités étrangers de ce Quais du polar dont on parle tous les jours ou presuqe , les lecteurs pourront rencontrer Ron Rash et Chris Offut , deux piliers du rural noir américain et du nature writing de l'Amérique sudiste, qui a vu briller Larry Brown, Benjamin Whitmer ou encore Daniel Woodrell .
Commençons par parler de Ron Rash, que j'ai eu le plaisir de rencontrer en 2015 pour un long master class qui avait lieu dans le très beau cadre du théâtre des Célestins .
Ron Rash publie ce mois ci son nouveau roman, « Un silence brutal »,dans la nouvelle collection de Noir chez Gallimard, après avoir été longtemps publié en France aux éditions du Seuil.

On retrouve dans son nouveau récit des thèmes qui sont aussi prégnants dans tous les romans de Rash : la disparition progressive, lente mais inéluctable, d'un monde qui n'en fini pas de finir, le recouvrement symbolique par les eaux qui, avant de tout engloutir définitivement, fait ressurgir ce que l'on aurait voulu faire disparaître à jamais.

On aime toujours autant cette façon qu' Ron Rash de raconter les histoires de gens dont on ne parle jamais, qui ne sont jamais les héros de rien, et de les rendre passionnantes et émouvantes, porté qu'ils sont par cette très belle écriture, qui n'en dit jamais trop, qui s'exprime tout en douceur - quand bien même la violence est terriblement, et toujours, latente comme d'habitude chez l'auteur …

Et comme d'habitude également chez Rash on est subjugué par la grande pudeur dans la description de ce monde en pleine bascule entre un passé qu'il convient de ne pas trop embellir et un futur certes plein d'espoir du au progrès mais terriblement anxiogène pour tout le reste, et cette jeunesse désemparée qui est tellement accroc à la la meth qu'ils en oublieraient presque un bébé planqué dans le micro-onde …

Et surtout, il y a cette nature environnante, si joliment décrite par l'auteur qui semble tant aimer ses chères Appalaches qu'il s'en sert toujours en décor de ces intrigues …
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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