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EAN : 9782253140894
308 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4.06/5   201 notes
Résumé :
Qui est ce vieux prélat vagabond qui, lorsqu'on l'interroge, répond simplement : " Je suis Benoît " ? Un usurpateur ? Un illuminé ? Pourquoi les Services secrets du Vatican lacent-ils sur ses traces leur meilleur agent ? Le Saint-Siège se sentirait-il menacé ? Nous sommes pourtant en 1993.
L'autorité de Rome n'est plus contestée depuis le concile de Constance qui déposa Benoît XIII, le dernier des antipapes d'Avignon, en 1417. La trace de " Benoît " s'est per... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Il fut une époque de notre histoire judéo chrétienne où il y eut simultanément trois papes en exercice. C'est ce qu'on appelle le grand schisme, à la fin du 14ème siècle début du 15ème. Un de ces papes était assis sur le trône de Pierre à Rome, un autre en Avignon et le troisième dans l'ordre chronologique d'élection à Pise où s'était tenu le conclave qui devait destituer les deux premiers. Et tous trois de rester en place et de proclamer le Saint-Siège là où chacun était. Quel était le vrai, quels étaient les faux ? Jean Raspail se garde bien de se prononcer. Même avec le recul, inutile de souffler sur les braises.

Il faut dire que la place était bonne. Ils convoitaient pouvoir, richesse et … concubines ! Pourtant n'avaient-ils pas fait voeu de pauvreté, de chasteté ? Ils pourchassaient les fois concurrentes ! Pourtant n'avaient-ils pas pour crédo tolérance et charité ? Ils condamnaient au bûcher ceux qu'ils avaient désignés comme hérétiques ! Pourtant ne devaient-ils pas appliquer les dix Commandements, dont le cinquième, Tu ne tueras pas, et le dixième, Tu ne convoiteras rien de ce qui est à ton prochain ?

Oui mais voilà, fût-il représentant de Dieu sur terre, le pape n'en était pas moins homme. Et donc cupide, esclave de son corps, vaniteux, jaloux de ses prérogatives, et cætera. Cette dernière locution englobant tout ce que la nature humaine peut comporter de mauvais penchants.

Je suis voisin du palais des papes en Avignon. Je m'étais ouvert à cette histoire fascinante qui voyait des hommes prêcher une chose et faire son contraire. Mais il est une chose qui m'avait échappée, c'est que la lignée des papes d'Avignon s'est perpétuée dans la clandestinité jusqu'à nos jours. Poil à gratter de la curie romaine, une lignée restée fidèle au dernier d'entre eux officiait envers et contre tout, surtout dans la contradiction de l'officielle de Rome, sous le nom reconduit de Benoît, en souvenir du XIIIème du nom dans l'ordre d'intronisation et premier à entrer en dissidence. A moins que ce ne furent les autres qui étaient en dissidence.

Ce Benoît mourut presque centenaire en 1423 et quelques soudards incultes des troupes de Napoléon en retraite de la calamiteuse campagne d'Espagne, retrouvant son cercueil en 1813, se lancèrent tour à tour son crâne comme dans un jeu de balle, méprisant de la profanation qu'ils commettaient.

« La plupart des chroniqueurs du temps s'accordent pour le considérer comme l'un des plus grands hommes de son siècle, d'une totale intégrité de vie, d'une droiture sans pareille, avec toutes les qualités de coeur et d'esprit que nécessitait sa charge. » Nous dit Jean Raspail. Autant de qualités témoignant de la grandeur d'un homme et faisaient qu'il ne pouvait avoir le soutien des grands de ce monde. Il eut fallu pour cela qu'il soit cupide, vaniteux, et cætera …

Jean Raspail a fait cette recherche des traces ténues, enfouies dans les mémoires locales, que ces Benoît ont laissées dans le flou de leur existence de parias, l'ombre de leur refuge itinérant dans le grand sud de la France entre Rouergue et Provence, fuyant la vindicte de l'officielle de Rome. La mort de l'un provoquant la tenue d'un modeste conclave discret de la poignée de fidèles gravitant dans son sillage et élisant son successeur. Ils avaient tous en commun d'être reconnaissables par une aura, un magnétisme du regard qui trahissait la présence en eux de Celui qu'ils représentaient sur terre. Dans l'errance et le dénuement, seuls compatibles avec le prêche de pauvreté et d'amour du prochain.

Dans les années 90, le gendarme qui entendit le dernier d'entre eux en audition fut troublé par le rayonnement de sérénité qui émanait de sa personne. Il ne le mentionna pas dans son rapport.

Magnifique ouvrage de Jean Raspail auquel mon goût pour l'histoire, son écriture riche sans être pompeuse et cette quête de vraies valeurs humaines au secret dans la mémoire des humbles lui font accorder mon complet satisfecit. On y perçoit en filigrane la récusation non dite de la perversion qui en ce temps engluait la fonction suprême de L'Eglise, laquelle revendiquait la majuscule. Alors qu'en parfaite contradiction entre leur discours et leurs actes ses plus hauts dignitaires se vautraient dans le luxe, la corruption, la concupiscence, et cætera.

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Rome bruisse de fureur et de sang, le moyen âge ne lui réussit pas !. 1309, en insécurité, la papauté va s'installer en Avignon pendant près un siècle. Alternant un récit contemporain et une plongée dans l'histoire, l'Anneau du pêcheur raconte en parallèle l'histoire du dernier pape d'Avignon Benoît XIII -Pedro de Luna - et celle fictive du dernier Benoît survivant d'une lignée secrète de papes, saints errants dans des paysages sauvages et dans le plus grand dénuement. En plein Moyen-Age, l'Europe - qui existe bel et bien ! – est déchirée par des luttes de pouvoir, des clans brutaux et avides ; la religion n'est qu'un moyen de plus pour exercer une influence. Les grandes familles royales choisissent leur pape comme on choisit un héraut et celui-ci une fois la tiare sur la tête s'avère parfois d'une très grande cruauté. Cette partie du roman nous éclaire sur les raisons du grand schisme d'Occident deux papes (et bientôt trois) veulent régner sur la chrétienté à tout prix. On comprend mieux l'apparition de la Réforme qui verra bientôt le jour avec Luther et Calvin, l'émergence de l'inquisition qui commence à fourbir ses armes rhétoriques . Six siècle plus tard, ce fracas guerrier laisse la place à l'errance mystique du dernier Benoît. Elle nous conduit dans des contrées habitées par une présence divine (présence bien absente des palais des papes). Frugalité, extrême pauvreté sont les conditions de vie choisies par ce dernier pape qui accepte les mains tendues sans s'y accrocher. S'inscrivant dans la lignée de Pierre, apôtre et premier évêque dans la tradition catholique, Benoît vit dans la clandestinité comme Pierre qui fut poursuivi et dont personne ne devait connaître la résidence. Un roman qui en dit long sur l'écart entre la foi et la religion.
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Noël 1993, un vieux vagabond erre dans les rues de Rodez, avec une humilité emprunte d'une étrange noblesse, il demande qu'on lui fasse la charité d'un peu de pain et de soupe. Il se présente en disant simplement : « Je suis Benoît ». Il serait le successeur d'une longue lignée de papes rebelles qui ne se serait jamais éteinte et aurait poursuivi leurs chemins dans une totale clandestinité. Mais les services secrets du Vatican veillent et lancent leurs meilleurs agents sur la piste du mendiant de Rodez qui porte avec lui l'anneau du pêcheur et le calice du pape Luna preuves de sa filiation.
Dans ce roman historique hors du commun, Jean Raspail nous retrace l'extraordinaire aventure des papes d'Avignon, nous replonge dans le « Grand Schisme d'Occident » dont la source remonte au terrible Philippe le Bel et à ses papes « français ». Des temps où l'Eglise catholique se retrouva avec deux papes aussi illégitimes l'un que l'autre et qui chacun en intronisèrent d'autres. le concile de Pise aggrava même la situation en en couronnant un troisième pape. Et ce ne fut qu'à l'issue du concile de Constance et sous la pression des rois de l'ensemble des pays d'Europe que se dénoua apparemment la crise avec la destitution de deux papes et l'élection de Martin V . Seul, Benoît XIII, de son véritable nom, Pedro de la Luna, ne céda jamais, intimement persuadé d'être le seul et unique vicaire de Dieu sur terre.
Ce terrible schisme qui dura historiquement 19 ans eut des conséquences terribles : il affaiblit définitivement le pouvoir des papes qui étaient plus chefs de guerres que chefs spirituels, amena la primauté aux conciles et ouvrit définitivement la porte aux critiques, aux théories nouvelles de John Wycliff, précurseur du protestantisme, lui même source de subdivisions à l'infini...
Un livre passionnant, qui fait réfléchir et pose le problème du conflit éternel entre la fidélité et l'oubli, entre le message évangélique et la réalité du monde, entre spiritualité et athéisme. Un des chefs d'oeuvre du très grand Jean Raspail, le romancier passionné et visionnaire, assoiffé de justice et passionné de causes perdues...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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On mesure la valeur d'un livre à l'effet qu'il produit sur votre coeur et votre conscience.En refermant "L'anneau du pêcheur" de Jean Raspail, on a envie de se précipiter dans une église aussi perdue et ancienne que possible, de ressentir l'écho de toutes les prières dites à l'ombre de son passé, et de se laisser sanctifier de leur esprit autrement enraciné que l'ambiance versatile et survoltée contemporaine.
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Un livre merveilleux, peut être le meilleur de Raspail. le livre part du Grand Schisme d'Occident dont il raconte l'histoire comme une chanson de geste dans un Moyen -Age magique, en partie fantasmé , tout en restant au plus près des évènements réels, et dans une prose magique. Nous sommes au pays des contes. Et nous allons y rester pour la suite. Raspail imagine en effet qu'après le retour définitif de la papauté à Rome, la lignée des Papes d'Avignon s'est poursuivie de manière occulte, dans le secret. Ce sont les Papes Benoît, qui portent tous ce nom et se succèdent, vagabonde sublimes et thaumaturges, vivant dans une vraie pauvreté évangélique. de nos jours, il en est toujours un, il s'appelle toujours Benoît, et il parcourt notre France, enfin pas tout à fait notre France, mais ses marges rurales, plus ou moins fantasmees, la France idéale de Raspail, à l'égard des grands axes, des grandes villes, composées de villages à moitié dépeuplés . Cette France est merveilleuse, elle va mourir, comme la lignée des Benoît, derniers paladins du Monde Occidental. Raspail en est infiniment triste, comme il est dans tous ses livres, qui racontent toujours la même chose . Et nous en sommes tristes avec lui Mais pas tout à fait.
C'est encore cette même histoire qu'il a racontée dans le Camp des Saints, ouvrage qu'on n'a pas compris, et pour lequel on la haï à tort. Hélas Raspail nous a quitté. Ne soyons pas tristes. Il est au Paradis des 'Chouans et des Zouaves Pontificaux.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Constemés, les doctes clercs ! Ils baissent les yeux, ravalent leur colère et peut-être, pour quelques-uns, leur honte, au risque de s'en étouffer. Le chancelier d'Ailly, qui préside, a décidé de laisser parler le moine. Après tout, n'avait-il pas lui-même, Pierre d'Ailly, naguère, à la suite de saint Vincent Ferrier, de sainte Colette de Corbie, du bienheureux Pierre de Luxembourg, conseillé au sage roi Charles V de placer le royaume de France sous l'obédience du pape Clément VII ? Et n'était-ce pas aussi sur son conseil que le roi Charles VI, à son avènement, en pleine possession de sa raison, avait renouvelé sa fidélité à Clément jusqu'à lui rendre visite solennelle en Avignon et se prostemer devant sa personne ?
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C'est un peu l'histoire des Dix Petits Nègres que celle du Sacré Collège d'Urbain VI. Des quatorze cardinaux nommés par lui, il en a assassiné sept, en comptant le patriarche d'Aquila poignardé l'année d'avant. Deux autres ont pris le large, épouvantés, au lendemain de cette tuerie, le cardinal de Ravenne et celui de Pietramala, réfugiés en Avignon et accueillis à bras ouverts au sein de la curie de Clément VII. Reste cinq, l'Anglais Easton et quatre Italiens, groupés comme des moutons apeurés autour du cardinal de Naples, Tomacelli, qu'Urbain VI était obligé de ménager. Ces cinq-là seulement reverront Rome.
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C'est difficile d'obtenir une soupe et du pain, un soir de Noël, dans une ville. L'homme avait déjà essuyé plusieurs refus dans les cafés de la place d'Armes décorés de guirlandes électriques. Il s'asseyait à une table à l'écart, la plus discrète, la plus isolée, posait son havresac à ses pieds, et au serveur qui se présentait, demandait : « Une soupe et du pain, s'il vous plaît », en ouvrant la paume de sa main droite sur une unique pièce de dix francs. Il y avait du pain, mais en sandwich seulement, et en tout cas rien pour dix francs. L'homme insistait d'une voix douce. il souhaitait manger chaud. La nuit serait longue. Un café peut-être ? Ça ne nourrit pas. Alors un croque-monsieur ? Un hot dog ? Avec dix francs ? Le serveur haussait les épaules. Ou bien filait vers la caisse glisser quelques mots à une grosse dame aux cheveux bleus et aux ongles violets qui jetait un regard dans sa direction et hochait négativement la tête, l'air outré. le garçon revenait : « On ne sert pas les... » Qu'avait-il voulu dire ?
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A la consécration, l'homme fit comme tout le monde et se leva, mais il ne communia pas. La bénédiction le trouva assis, et assis, il demeura tandis que la maigre foule s'écoulait dans le tumulte final des orgues. Il partit avec les derniers, mais au lieu de sortir se glissa derrière un pilier et gagna sans être vu la plus proche chapelle latérale où il attendit, dissimulé dans un recoin obscur. Il entendit qu'on fermait les portes. Les lumières, une à une, s'éteignirent. Pour s'assurer qu'il était bien seul, l'homme patienta un long moment, immobile, guettant le moindre bruit dans la nuit. Ses yeux s'habituaient peu à peu à la pénombre. Les hauts vitraux se devinaient, éclairés par une lune d'hiver, et les arcades de grès rouge ressemblaient à d'immenses ailes déployées pour le protéger.
Et la paix se répandit en lui. quittant alors son refuge, il s'avança par l'allée centrale et marcha, les mains jointes, vers l'autel.
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la conscience de chacun est libre, cela est la dignité (...) mais pour porter des jugements vrais, la conscience a besoin de la vérité sur l'homme. Il leur rappelait l’Évangile selon saint Jean : "La vérité vous rendra libres..."
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Vidéo de Jean Raspail
Petits éloges de l'ailleurs : chroniques, articles et entretiens Jean Raspail Éditions Albin Michel
Recueil d'articles publiés dans la presse au cours des trois dernières décennies, consacrés à des sujets de société, à certains aspects de la langue française, au voyage, à l'histoire ou à des écrivains, parmi lesquels Jacques Perret, Jean Cau, Michel Mohrt et Sylvain Tesson. L'ouvrage offre un tour d'horizon des univers multiples dont s'est nourri le romancier. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/325795/raspail-jean-petits-eloges-de-l-ailleurs-chroniques-articles-et-entretiens 9782226470478
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