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EAN : 9782221123966
396 pages
Robert Laffont (03/02/2011)
3.81/5   287 notes
Résumé :
Dans la nuit, sur les côtes du Midi de la France, cent navires à bout de souffle se sont échoués, chargés d'un million d'immigrants. Ils sont l'avant-garde du Tiers-Monde qui envahit pacifiquement l'Occident pour y retrouver l'espérance. A tous les niveaux, conscience universelle, gouvernements, équilibre des civilisations, et surtout chacun en soi-même, on se pose la question, mais trop tard: que faire?
C'est ce choc inéluctable que raconte Le Camp des Sain... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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sur 287 notes
Un livre intelligent et prémonitoire. Les hommes du Gange ont décidé de se lancer à l'assaut de l'Europe, et plus particulièrement de la France, au sein d'une armada de bateaux. Ils sont des millions à fuir la misère à bord de centaines de navires et font cap vers un monde opulent. Ils sont prêts à tout pour parvenir à leur fin. En France, les politiques ne savent comment réagir tandis que les médias et les intellectuels mettent tout en oeuvre pour faire pencher le débat vers l'accueil des migrants.

Jean Raspail a publié ce livre en 1973. Il décrit fort bien, avec anticipation, la société française actuelle (et plus largement la société occidentale) :
- Les politiques, qui n'agissent que par intérêt carriériste et qui ont un double langage, optant pour celui qui les arrange au moment opportun.
- L'Eglise, qui par charité chrétienne est prête à accueillir tous les malheureux du tiers monde au détriment des populations autochtones, au nom de la fin de la misère humaine et du Christ.
- Les associations humanitaires qui sont prêtes à vendre et à voir disparaitre une civilisation, leur propre civilisation, pour favoriser celle des autres.
- Les médias qui sont largement des éléments de diffusion de la propagande bien-pensante et qui oeuvrent au délitement des consciences des peuples européens.
- L'éducation nationale, qui poursuit le même but que les médias, mais cette fois d'une façon plus vicieuse encore : en s'acharnant directement à inculquer aux enfants (en misant sur l'avenir donc) les fondements nécessaires au délitement d'une identité millénaire.
- Les intellectuels, convaincus ou non, faisant leur business au nom de l'humanisme et de l'universalité de l'Homme, prônant un « Homme nouveau » dont l'immigrant sera l'avant-garde.
- le couple français prolétaire typique, représenté par Marcel et Josiane qui, une fois le boulot terminé, se prélasse toute la soirée devant la télévision, absorbant tous les messages diffusés nécessaires à leur abrutissement et au cautionnement des idées dominantes.
- le militant d'extrême gauche, pour qui seul le métissage à l'échelle mondiale permettra de mettre tout le monde à égalité.
- Enfin, la censure des opinions dissidentes, c'est-à-dire celles qui ont le souci de la préservation d'un peuple.

Tout y est. Nous y sommes.

Dès le début du roman, nous savons que l'invasion de ces hommes sur le continent est inéluctable. La faiblesse des dirigeants et leur idéologie mortifère les empêcheront d'agir. Confrontés au problème, les bien-pensants vont vite se rendre compte de leur erreur et de leur incompatibilité avec l'étranger. Certains mourront, des femmes seront violées, les plus aisés partiront vers la Suisse… Finalement, les autochtones deviendront l'étranger, ils deviendront l'Autre.

Le livre est souvent organisé dans une sorte d'arguments / contre-arguments. On lit ainsi le discours bien connu de la pensée de masse via certains personnages, message distillé par ce que Raspail appelle « la Bête ». Mais l'on retrouve toujours des hommes qui ont gardé une partie de leur conscience identitaire pour leur répondre.

C'est un livre pessimiste et prémonitoire. C'est aussi un livre terrible, parce que la situation actuelle est encore pire. Jean Raspail n'avait pas vu venir l'Union Européenne, la fin de la souveraineté et le président de la République de son roman est aussi bien différent…

Concernant l'écriture, c'est du Jean Raspail, c'est-à-dire excellent. L'édition comporte quelques coquilles mais rien de dramatique. La préface « Big Other » est magistrale. Un livre à lire absolument.
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Une flotte d'immigrés indiens fait cap vers la côte d'Azur française. Ces gens charmants sont typiques de tout immigré c'est-à-dire dirigés par un être difforme, puants la merde à dix kilomètres, copulant pendant tout le voyage, adultes, adolescents et enfants mélangés et parfois s'épouillant.

En France, deux camps s'opposent : le camp majoritaire est ravi de cette occasion inespérée de prouver sa solidarité ; il applaudit des deux mains quand les Indiens tuent un blanc, ravis de pouvoir expier leurs crimes passés ; ils pleurent de joie à l'idée que l'héritage de leurs ancêtres va bientôt être mis à sac. le camp minoritaire, prépare la défense, conscient d'être le dernier rempart de la race blanche et de l'Église catholique face aux envahisseurs.

La justice immanente est, pour une fois, imminente : les patrons qui ont préféré embaucher des immigrés plutôt que des bons français finiront écorchés par leurs ouvriers, les hommes qui ont milité pour la cause des immigrés verront leurs femmes et leurs filles violées par ceux-là même qu'ils défendaient. Les clandestins tapis dans les sous-sols refont surface pour achever le massacre. La race blanche va-t-elle disparaître, ainsi que ses innombrables qualités héréditaires ?

En bref, une « bonne grosse daube d'extrême-droite », pour reprendre la qualification d'une autre critique. Aucune subtilité dans le propos, l'auteur se contente d'empiler les clichés grotesques les uns sur les autres avec une persévérance qui fait plaisir à voir. le seul intérêt de ce livre doit consister dans les « 87 motifs d'éventuelles poursuites judiciaires » sur le fondement des lois antiracistes dont se targue l'auteur, qui doit être le seul gage de qualité littéraire qu'attend son lectorat.
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Le Camp des saints a été publié en 1973. Il décrit les conséquences d'une immigration aussi massive que brutale en France. Un million de miséreux indiens embarquent sur des cargos branlants et, au terme d'une expédition marine dévastatrice, parviennent sur les plages de la Côte d'Azur. Durant les 6 mois que dure la traversée, les pays occidentaux aux aguets passent de la bienveillance humaniste à la panique totale. Car ces pauvres sont plus déterminés que jamais et ne font aucun cas des discours humanitaires. Grand bien leur fasse car au moment de leur arrivée, cela fait longtemps que ces derniers sont dépassés.Toutes les tensions ressurgissent : extrême-droite, droite, gauche; riches, pauvres; ouvriers, employés; tous prennent parti. Mais tous finiront par fuir pareillement.

Ce roman a déclenché beaucoup de polémiques en France. Tout en s'accordant sur la qualité littéraire de ce long texte, de nombreux passages ont été dénoncés comme étant franchement racistes. Il est vrai que Jean Raspail utilise un langage très cru, volontairement violent et extrême. Il énonce ainsi un discours très anti-conventionnel, dénonciateur, sans concession, envers l'hypocrisie des sociétés occidentales.

Sans adhérer à la plupart de ses propos, je me dis qu'il y a une part de vérité dans ce constat d'un gouffre entre les discours et la réalité. Il est facile de déployer de grands mots et les plus belles valeurs, mais ça ne permet pas de régler les problèmes.

Dans son extrémisme, le mérite de Raspail est de nous faire réfléchir vis-à-vis de nos propres réactions, de nos propres hypocrisies et de nous remettre en question. Il ne s'agit pas de prendre ses propos à la lettre, puisqu'il s'agit bien sûr d'un texte allégorique, mais bien de prendre du recul sur des mouvements, des changements dans la société actuelle. Dans sa préface de la nouvelle édition, parue en 2011, Raspail réactualise son texte, le remettant dans le contexte de la France d'aujourd'hui, les tensions liées à la montée de l'islam et les problèmes d'immigration.

Cependant, la qualité littéraire et la démarche de réflexion impliquée dans ce texte n'excusent pas certaines accusations, certains raisonnement typiquement d'extrême droite qui jouent sur nos peurs les plus profondes, sans finesse. D'ailleurs, Raspail a lui-même compté 87 passages qui pourraient être l'occasion de poursuites pour incitation à la haine raciale.

A prendre avec précaution : un roman à ne pas mettre entre toutes les mains.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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En général, quand tu commences à apprendre la guitare, c'est pour un objectif bien précis.

- Tu veux emballer les jolies damoiselles en reprenant Francis Cabrel (« Waah, tu joues trop bien... »)
- Tu veux avoir un minimum d'attention à l'occasion des réunions au coin du feu, pour reprendre Oasis au milieu des cadavres de Kronembourg, t'inquiète je connais, j'ai fait des cousinades sur la plage.
- Ou tu veux trouver une occupation quelconque, et pourquoi pas la guitare, Bonne-Maman m'a bien dit que j'ai une âme d'artiste.

Donc, me voici, guitare entre les mains (Bernadette, de son petit nom), et mon papa, élevé par des soixante-huitards communistes pour finir électeur FN, me fait ses suggestions :
- Il faut que tu reprennes Jeux Interdits !
- Hors de question, papa.
- Alors, Dalida ?
- N'y pense pas.
- Göttingen ?
- Quel conformisme. Pourquoi pas Les gens qui doutent ?
- Oh oui, quelle bonne idée !
- Oui, non.
- Euh... Dire Straits ?
- Non, papa.
- Mötorhead !
- A la guitare sèche ?
- Bon, t'as gagné, t'as qu'à chanter Brassens...

Mais mon grand-père, être exceptionnel que je n'ai pas eu encore l'occasion de mentionner au cours de mes billets, mon grand-père, dis-je, m'a proposée des chansons à reprendre pour changer de registre tout en faisant plaisir à Papa.
- Ma galette, chante-lui donc l'Internationale... !

Jamais un homme eut meilleure idée.

Et donc, la semaine suivante, je me suis empressée d'entonner fièrement ce chant qui faisait frétiller les moustaches de Monsieur Chabance, prof de lettres brassensophile communiste de son état, à mon cher petit père.

La réaction, tu la devines. Mon chien Philippe a aimé. Ma belle-mère a tapé dans les mains sans vraisemblablement comprendre les paroles. Quant à papa, il m'a simplement dit :
- Tu as la voix trop douce pour un chant aussi violent. Reste aux chansons mignonnes d'Anne Sylvestre et de Brassens.

Le lendemain, alors que je lisais un article très intéressant sur la pédagogie et le réchauffement climatique selon Yann Arthus-Bertrand, aka le mec qui fait sponsoriser ses films par Total mais je dis ça je dis rien, Papa, parti acheter ses clopes, revient avec un paquet.
- Tiens, ouvre, c'est pour toi.
- C'est sympa, mais mon anniversaire, c'était en mars.
- C'est par rapport à ce que tu as chanté hier soir.
- Si la solution pour que tu m'offres un truc, c'est de reprendre des chants communistes et pacifistes, demain je te joues la Chanson de Craonne ; y'a une anthologie de Popeck qui me fait de l'oeil.
- Allez, arrête de dire des conneries, ouvre.

Je m'exécute. C'est le Camp des Saints, de Raspail.

- Ah, bah, merci. Quitte à parler moustaches, j'aurais préféré Popeck.
- Il est temps que tu comprennes que le gauchisme n'a pas sa place dans ce monde de putes.
- Je vois.
- Après je te ferai lire Soral.
- Oui, mais non.
- J'ai les mémoires de le Pen à te faire découvrir, aussi. le Tribun du Peuple. C'est bien mieux que ces torchons de Charlie des années 90 que tu lis chez ta grand'mère.
- Alors, puisque tu en parles...
- Et il faut que je te fasse voir Hold-Up. Tu t'es faite vacciner, je crois, hein ?
- Euh, ouais, mais...
- Tss, tu n'écoutes pas ce que dit Pascal Praud ?
- Ouais, mais j'suis vulnérab...
- A ton âge, on n'est pas vulnérable, on ne meurt pas du Covid. C'est Pascal qui le dit.
- Bon, allez, lâche-moi...
- Et ce soir, on sortira Philippe ensemble. Il est temps qu'on ait une discussion, tous les deux. Tu grandis. Je ne veux pas que tu deviennes gauchiste.
- Mais, papa...
- Déjà que tu apprécies José Bové...
- C'était pour ses moustaches que j'ai dit ça. Mais c'est vrai que ses idées méritent réflexion...
- Tu chantes Brassens sous prétexte que c'est poétique, mais en vrai, ce sont ses idées qui te séduisent.
- Evidemment !
- Je n'aime pas non plus que tu lises Cavanna. Il te pervertit.
- Ouais, mais...
- Lis Raspail, c'est mieux. Il te fera entrer dans le « droit » chemin.
- ...
- Tu as compris, le « droit » chemin ? La droite, tout ça. C'est de l'humour.
- ...
- Je t'aime ma chérie.

Et puis il est reparti à ses mémoires de breton-qui-dessert-la-Bretagne-comme-Hitler-dessert-les-Allemands.

Quant à moi, une fois achevée la lecture de l'article sur l'autre écologiste de mes deux, je me suis attelée au bouquin de l'ami Jean. Bonne fifille. Je sais.

Pour ma part, il s'agit d'une réédition, avec une préface rédigée par Jean himself, où il explique pourquoi son livre est trop bien et prophétique, eh t'as vu comme je suis trop fort, je vous l'avais bien dit. Et à la fin, dans l'annexe, les passages du livre qui, aujourd'hui, devraient être supprimés parce que susceptibles d'encourir des poursuites judiciaires.

(Là, je voulais mettre un exemple, mais vu qu'il faudrait que je fasse une mise en contexte et que j'ai la flemme, je vais m'abstenir.)

Et puis, entre la préface et l'annexe, bien sûr, il y a le roman.

- Alors, qu'est-ce donc que l'histoire de ce roman ? me demandes-tu, car tu n'as jamais lu ce chef-d'oeuvre.

C'est un convoi de quatre-vingt-dix-neuf navires – enfin, cent, mais y en a un qui coule en route –, mené par un Indien vaguement scatophile (on l'appelle le « coprophage », alors, hein) qui part du Gange pour arriver sur les côtes méditerranéennes.

- C'est tout ?

En théorie, oui. Mais tu te doutes que, plus qu'une critique de la politique d'immigration, il s'agit surtout d'une fresque détaillant les comportements de chaque Occidental pétri de sentiments plus ou moins humanistes.

Les politiques font de la récupération même si derrière ils n'en pensent pas moins, comme de juste, les artistes plaignent les malheureux et font appel à la solidarité... Et certains tentent de tirer la sonnette d'alarme. A l'instar d'un journaliste, Mâchefer, mon préféré mais c'est parce qu'il a une « moustache blanche à la gauloise. »

Admire mon implication, je cite le texte. J'ai cherché dix minutes ce putain de passage.

Mâchefer, c'est le journaliste que personne n'écoute et qui pourtant dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Un journaliste « ni à gauche, ni à droite, pas même au centre mou ». En bref, un journaliste que j'aime.

(Retiens cette dernière phrase, je ne l'écris pas souvent.)

- Et pourquoi c'est si bien, alors que Raspail, clérical comme il était, est à l'opposé de tes opinions, hein, tu peux me l'dire ?

Ce que je cherche, chez un auteur, un politique, un zig quelconque, c'est qu'il ait ses idées, et qu'il me les serve avec des arguments construits, pas comme cette critique que tu es en train de lire.

J'écoute les idées nauséabondes de Soral chez Egalité et Réconciliation – pas de mon plein gré, seulement quand j'accompagne Papa dans la voiture –, comme j'écoute celles de Cavanna, et j'y prends ce qu'il me plaît.

Exemple : Chez ER, j'ai bien aimé l'émission donnée l'année dernière sur Brassens.

Ici, Raspail a ses idées qui ne sont pas les miennes, mais il les sert correctement. Son style est agréable à lire, et déjà à dix ans j'y avais rencontré un conteur remarquable dans Sire. Les années ont passé, j'ai rencontré d'autres courants de pensées diamétralement opposés, et pourtant j'ai lu et aimé le Camp des Saints, à un point tel que j'ai été très enthousiaste quand Papa a récidivé et m'a offert plusieurs mois plus tard La Miséricorde, tout aussi excellent et traitant d'un sujet complètement différent. Tellement excellent qu'il y a quelques mois je lui consacrai un peu de mon temps et de ma plume.

Quelques jours plus tard, lorsque j'eus terminé le Camp des Saints, j'appelai mon père.
- Tu l'as déjà fini ?
- Ouais, ça y est.
- Alors ? Qu'en as-tu pensé ?
- Tu te moquais de Monsieur Gunes en disant qu'il était le premier Kurde raciste et pourtant communiste que tu rencontrais ?
- Ah oui ! Quel personnage, celui-là !
- Eh bien, je ne suis peut-être ni Kurde, ni raciste et encore moins communiste, mais au niveau des opinions divergentes, dis-toi qu'on peut lire Raspail et chanter Brassens sans renier ses idées.
- Donc tu es toujours comme avant, tu as toujours la même pensée.
- Oui. Anarchiste du week-end, et vieille réac' le reste de la semaine. Mais comme je fais la semaine anglaise...
- A gauche de la droite et à droite de la gauche, comme disait ton grand-père ?
- Si tu le dis.

Petit silence de cinq secondes.
- Bon, je te ferai voir Hold-Up, quand même.
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350 pages (sans compter la préface de l'auteur) d'un racisme absolu, chimiquement pur : un roman qui rejoint Mein Kampf, Bagatelles pour un massacre et Les décombres dans le cloaque des paranoïas délirantes et des appels au meurtre (je pèse mes mots) de tout être humain dont la peau est un peu trop foncée.
Mais comment expliquer le succès de ce livre, voire la fascination qu'il exerce sur des lecteurs dont tous ne sont pas d'un racisme exacerbé ? (citons Bernard Clavel, qui vota pour lui lorsqu'il était juré du Goncourt)
C'est que monsieur Raspail a du talent, et beaucoup. Entre visions hallucinées (certains passages pourraient être de Lovecraft, autre raciste obsessionnel) et satires au vitriol (on pense à Léon Bloy ou Léon Daudet), il impose avec force sa vision du monde : un Occident décadent, miné de l'intérieur par des ferments délétères (gauchistes, il va sans dire) et assiégé par les hordes venues du Tiers Monde (inutile de préciser leur couleur de peau...)
Alors, à lire ? Je laisse chacun en juger.
Pour ma part, je ne regrette pas de l'avoir lu, et lu jusqu'au bout même si ce fut parfois (souvent !) éprouvant, ne serait-ce que pour savoir jusqu'où peut aller dans son délire un fou talentueux.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Quelques années plus tôt, Ralph Ginzburg, célèbre éditeur américain de la revue Éros, avait publié une photo qui fit couler beaucoup d'encre sur le ventre blanc d'une femme, juste au-dessous de ses seins nus, deux mains jointes paisiblement, l'une masculine et noire, l'autre féminine et blanche. Photo accompagnée de cette longue légende : « Demain, ce couple sera considéré comme le pionnier d'une époque éclairée, dans laquelle les préjugés seront morts et la seule race sera la race humaine. » C'était exactement cela.
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Il est rare que les mouvements de foule spontanés ne soient pas, en fait, plus ou moins manipulés. Et l'on imagine aussitôt une sorte de chef d'orchestre tout-­puissant, grand manipulateur en chef tirant sur des milliers de ficelles dans tous les pays du monde et secondé par des solistes de génie. Il semblerait que rien n'est plus faux. Dans ce monde en proie au désordre de l'esprit, certains parmi les plus intelligents, généreux ou pernicieux, s'agitent spontanément. C'est leur façon à eux de combattre le doute et de s'échapper d'une condition humaine dont ils refusent l'équilibre sécu­laire. Ignorant ce que réserve l'avenir, ils s'y engagent néanmoins dans une course folle qui est une fuite en avant et, sur leur chemin, font sauter toutes les voies de repli, celles de la pensée, évidemment. Ils tirent chacun les propres ficelles liées aux lobes de leurs cer­veaux et c'est précisément là que réside le mystère contemporain : toutes ces ficelles se rejoignent et pro­cèdent, sans concertation, du même courant de pensée. Le monde semble soumis, non pas à un chef d'orchestre identifié, mais à une nouvelle bête apocalyptique, une sorte de monstre anonyme doué d'ubiquité et qui se serait juré, dans un premier temps, la destruction de l'Occident. La bête n'a pas de plan précis. Elle saisit les occasions qui s'offrent, la foule massée au bord du Gange n'étant que la dernière occasion en date et sans doute la plus riche de conséquences. Peut-être est-elle d'origine divine, plus certainement démoniaque ? Ce phénomène peu vraisemblable, né il y a plus de deux siècles, a été analysé par Dostoïevski. Il l'a été aussi par Péguy, sous d'autres formes, dans sa dénonciation du « parti intellectuel ». Et encore par l'un de nos pré­cédents papes, Paul VI, ouvrant enfin les yeux au déclin de son pontificat et reconnaissant l'œuvre de Satan. Rien n'arrête la bête. Chacun le sait. Ce qui engendre, chez les initiés, le triomphalisme de la pensée, tandis que ceux qui luttent encore en eux-mêmes sont saisis par l'inutilité du combat. Archange déchu, Ballan reconnut aussitôt les serviteurs de la bête et leur offrit ses services.


C'est aussi une explication.
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Jubilation. Les vrais amateurs de traditions sont ceux qui ne les prennent pas au sérieux et se marrent en marchant au casse-pipe, parce qu'ils savent qu'ils vont mourir pour quelque chose d'impalpable jailli de leurs fantasmes, à mi-chemin entre l'humour et le radotage. Peut-être est-ce un peu plus subtil : le fantasme cache une pudeur d'homme bien né qui ne veut pas se donner le ridicule de se battre pour une idée, alors il l’habille de sonneries déchirantes, de mots creux, de dorures inutiles, et se permet la joie suprême d'un sacrifice pour carnaval. C'est ce que la Gauche n'a jamais compris et c'est pourquoi elle n'est que dérision haineuse. Quand elle crache sur le drapeau, pisse sur la flamme du souvenir, ricane au passage des vieux schnoques à béret et crie « woman's lib ! » à la sortie des mariages en blanc, pour ne citer que des actions élémentaires, elle le fait d'une façon épouvan­tablement sérieuse, «conne » dirait-elle si elle pouvait se juger. La vraie Droite n'est pas sérieuse. C'est pour­quoi la Gauche la hait, un peu comme un bourreau haïrait un supplicié qui rit et se moque avant de mourir. La Gauche est un incendie qui dévore et consume som­brement. En dépit des apparences, ses fêtes sont aussi sinistres qu'un défilé de pantins à Nuremberg ou Pékin. La Droite est une flamme instable qui danse gaiement, feu follet dans la ténébreuse forêt calcinée.

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Saisissons l’ONU de la proposition suivante : internationalisation de la flotte nomade sous pavillon bleu de l’ONU, avec débarquement à bord de marins-observateurs suédois, éthiopiens et paraguayens. L’UNRWA prend en charge le ravitaillement par hélicoptères de la population embarquée, ainsi que l’entretien des navires. Et la flotte tourne en rond sur tous les océans du globe pendant vingt ans, à la satisfaction générale. L’idée n’est pas neuve, d’ailleurs. Elle a même beaucoup servi. Évidemment, dans vingt ans, la population embarquée aura plus que certainement doublé. L’inaction, la chaleur... Il faudra construire des navires-camps pour renforcer la flotte. Croyez-moi, messieurs, on pourra durer longtemps ! Les petits-fils des émigrants ne sauront même plus pourquoi ils ont la mer pour horizon et le pont d’un navire pour territoire national. Car il faut y penser : leur viendra aussi la conscience politique. L’inaction, la chaleur... Ils revendiqueront. Ils exigeront l’indépendance. Et pourquoi pas ? Sur les bancs de l’ONU siègent les représentants de cent nations inviables. On en inventera une cent unième, voilà tout ! La République ambulante des mers océanes.
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Bouddha, Allah, Shiva, Vishnou, Garuda, Ganesh, Krishna, Partavi, Indra, Deruga, Souriya, Bhairav, Ravana, Kali ont tenu conseil et sont allés rendre visite au petit dieu des chrétiens. Ils l’ont décloué de sa croix. Ils lui ont essuyé le visage, ils l’ont soigné par leurs baumes sacrés, ils l’ont guéri, puis ils l’ont assis parmi eux, ils l’ont salué et lui ont dit: « Maintenant tu nous dois la vie, que vas-tu nous donner en échange ? ».
Alors le petit dieu sans croix frotta ses membres engourdis, remua bras et jambes, tourna sa tête plusieurs fois sur son cou et dit: « C’est vrai, je vous dois la vie et je vais vous donner mon royaume en échange. Le temps des mille ans s’achève. Voilà que sortent les nations qui sont au quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elle investiront le camp des saints et la ville bien-aimée ».
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Videos de Jean Raspail (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Raspail
Petits éloges de l'ailleurs : chroniques, articles et entretiens Jean Raspail Éditions Albin Michel
Recueil d'articles publiés dans la presse au cours des trois dernières décennies, consacrés à des sujets de société, à certains aspects de la langue française, au voyage, à l'histoire ou à des écrivains, parmi lesquels Jacques Perret, Jean Cau, Michel Mohrt et Sylvain Tesson. L'ouvrage offre un tour d'horizon des univers multiples dont s'est nourri le romancier. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/325795/raspail-jean-petits-eloges-de-l-ailleurs-chroniques-articles-et-entretiens 9782226470478
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