AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,4

sur 43 notes
5
5 avis
4
1 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Chaque relecture des Royaumes de Borée permet de découvrir une nouvelle facette de ce joyau de notre littérature qui est à la fois une fresque historique évoquant la branche nordique des Pikkendorff servant la principauté de Valduzia durant plus de trois siècles (cf. la critique de NewHorizon), un superbe voyage aux confins septentrionaux de l'Europe, aux lisières de la Finlande, de la Suède et de la Russie (cf. la critique de Bviallet) et une belle illustration du devoir de mémoire et de transmission aux générations futures.

Le Professeur Kleinkrutzwald-Meyerhof, ethnologue réputé, victime d'un cancer en stade terminal, est l'un des derniers « petit homme ». Ses parents ont péri le 11 avril 1945 en fuyant l'armée rouge ; il a été sauvé et adopté par un couple allemand échappé à bord du Marienburg, commandé par Paulus von Pikkendorf. En 1972 il a épousé Amelia fille d'ouvriers de Rostock et ont eu une fille Anna qui n'a jamais eu la curiosité d'interroger son géniteur sur leurs ancêtres … Anna a épousé un basketteur et donné le jour à Hans … tout aussi peu préoccupé de ses racines.

Le Professeur a passé sa vie à reconstituer l'histoire des « petits hommes » et de la foret De Borée.

Avec l'aide d'une famille juive, les Chapack, jadis victime d'un progrom, et d'une famille américaine d'ascendance valduzienne, les Souzda, il veut transmettre aux générations futures l'histoire des Royaumes de Borée, la maladie lui laissera t elle le temps nécessaire à cette mission ?
Ou va-t-il emporter avec lui cette mémoire ?

Dernier chapitre bouleversant … âmes sensibles abstenez vous !

Une très grande histoire, dans laquelle s'inscrit un peu de l'histoire personnelle de chaque lecteur au fil des événements historiques ayant bouleversé l'Europe ou des « progrès » technologiques ayant saccagé la nature.
Commenter  J’apprécie          845
Les romans de Jean Raspail ne sont pas dans l'air du temps et avec « le camp des saints » il a été définitivement rangé dans les nauséabonds ce qui vaut la mort dans le monde littéraire parisien. Seulement voilà Raspail est un Grand et il a laissé une oeuvre que bien peu égaleront.
Les Royaumes de Borée n'est pas le plus connu de ses romans mais il est animé des ressorts habituels de l'auteur : l'appel du large, la fraternité, le sens de l'honneur et la détestation du progrès.

Le grand Nord est le décor d'une épopée familiale, celle des Pikkendorff, nobles issus de la principauté de Valduzia que l'on peut situer en Carélie. En 1658 Oktavius Pikkendorff ressent le besoin irrésistible d'explorer les forêts impénétrables balayées par Borée le vent du nord.
A sa suite des générations de Pikkendorf vont les arpenter et souvent y laisser la vie car en ces temps la Nature était encore plus forte que les hommes. Ils vont deviner plus que voir la présence d'un habitant, tellement intégré à l'écosystème qu'il en est invisible mais sait faire passer de mystérieux messages de protection ou d'avertissement. Les Pikkendorff de pères en fils n'auront de cesse de rechercher la trace du petit homme qui pour eux est plus qu'un habitant de la forêt
Il est le symbole d'une humanité immuable qui pourrait vivre des millénaires si la modernité ne venait pas s'en mêler. Evidemment le petit homme et ses pareils seront balayés par l'arrivée des machines et l'avidité mais il aura résisté jusqu'au bout avec ses faibles armes. Inconscients des enjeux et pris dans le mouvement du progrès les Pikkendorff auront contribué à sa destruction.

Tous les thèmes de Raspail sont là : l'envie d'aller plus loin, de repousser les limites, le soutien aux perdants magnifiques, l'honneur et l'esprit chevaleresque pour se battre sans espoir avec des armes honnêtes, le respect de la Nature et de ses mystères avec un évident paganisme.
Le racisme est totalement absent de l'esprit de Raspail contrairement à ce que disent de mauvais lecteurs mais l'égalité entre les hommes ne lui convient pas, certains valent mieux que d'autres. Ceux qui ont la noblesse de l'âme, le courage, le respect de l'adversaire et des traditions, ceux-là lui sont proches quelles que soient leur couleur de peau et leur religion, quant aux autres il les méprise.

Au-delà du roman d'aventure qui est une réussite en lui-même, la dimension métaphysique est évidente. Non content d'avoir tué Dieu l'homme moderne a aussi désenchanté le monde dans lequel il vit et contrairement au petit homme ou aux Pikkendorff qui auraient pu vivre des millénaires dans les forêts mystérieuses, il est sans solution et sans espoir face au vide qu'il a créé
Commenter  J’apprécie          100
Tout commence en 1658 lorsque qu'arrive Oktavius-Ulrich de Pikkendorff, âgé de 26 ans, à Ragen, ville de Valduzia. Alors qu'il aurait pu se rendre dans des royaumes bien plus prestigieux, sa soif d'aventure le mène dans ce petit royaume au Nord de l'Europe. Le royaume est bordé au Nord et à l'Est par une frontière inconnue dont on ignore tout : la Borée. Le souverain du royaume de Valduzia, August III, le nomme chef d'escadron et commandant de la place de Ragen. Qu'est donc venu chercher Pikkendorff dans cette contrée éloignée, située au bout du monde ? C'est justement cette frontière inconnue qui l'amène, avec cette question : que peut-on trouver aux confins des territoires septentrionaux ? C'est avec l'appui de son souverain, qu'Oktavius de Pikkendorff se lance dans une expédition lors de laquelle il fera construire le fort de Fréchenbach. Plus qu'un fort militaire orienté sur la défense (se défendre contre qui ?), c'est avant tout une place qui va permettre de lancer des expéditions dans ces terres glacées, marécageuses et forestières. Mais n'y-a-t-il pas autre chose qui se cache derrière cette frontière ? N'est-il pas venu chercher quelqu'un ? D'après ses recherches, on pourrait y trouver un petit homme couleur écorce, armé d'un javelot et d'un arc, portant sur sa tête un chapeau pointu. Un homme qui serait parvenu à vivre dans des conditions climatiques extrêmes et qui serait resté à l'écart des autres pendant des siècles. Un homme qui n'aurait pas évolué en même temps que ces congénères mais qui aurait gardé ses coutumes et ses traditions millénaires. Ils seront plusieurs à entrapercevoir une silhouette, une ombre, les observant de la forêt. Mais est-ce la réalité ou une illusion ?

Le roman ne se limite pas à cette période du XVIIe siècle et à ces expéditions, il ne fait que commencer. L'oeuvre de Jean Raspail s'étend jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi l'on retrouve une véritable trame historique tout au long du livre : les descendants d'Oktavius-Ulrich de Pikkendorff et d'August III joueront un rôle dans la continuité de leurs prédécesseurs, les générations se transmettront le mystère : la recherche du petit homme et les expéditions à travers la Borée continueront.

C'est une véritable enquête historique qui se déroule au fil des pages. Qui a aperçu le petit homme ? Que valent les différents témoignages ? Quels sont les preuves matérielles de son existence ? Et que symbolisent ces statuettes gravées, retrouvées devant les camps ou aux abords des forêts, à l'effigie du loup ou du harfang ?

Rentrer dans les détails ne ferait que révéler la magie de son histoire. Ce qui définit le mieux ce roman de Jean Raspail est le mot Aventure. C'est cet esprit aventurier que possèdent tous ces hommes européens qui se sont lancés à la conquête des confins septentrionaux pour défier la nature et le monde inconnu, à la recherche du petit homme couleur écorce. Mais veulent-ils vraiment le trouver ? Cela n'enlèverait-il pas la part de mystère de ces expéditions ?

Jean Raspail a écrit ici une oeuvre magistrale, dotée d'une qualité d'écriture indéniable. Un chef d'oeuvre à lire et à relire.
Commenter  J’apprécie          90
« Imaginez une frontière aux confins septentrionaux de l'Europe. Elle court au nord et à l'est sur quelque quatre cent soixante dix lieues, traverse d'interminables forêts, des plaines spongieuses semées de lacs couleur de plomb. Elle enjambe des marécages et des rivières torrentueuses roulant vers des destinations incertaines. Au-delà s'étend la Borée, une contrée dont on ne sait rien sinon qu'elle est le royaume d'un petit homme couleur d'écorce qui manie l'arc et le javelot mais que nul n'a approché. Qui est-il ? Quel est son nom ? Quelle est sa destinée sur cette terre ?
Au fil de cette histoire, il aura fallu, du XVIIéme à nos jours, plus de trois siècles d'aventures, de batailles, d'assauts, de poursuites et de rêves pour atteindre les mystérieuses réponses à ces questions qui ne l'étaient pas moins. »
Un livre étrange en forme de parabole, d'une très grande poésie. Dans un contexte historique parfaitement défini, tout ou presque est le fruit de l'imagination débordante de Raspail qui nous entraîne à sa suite dans une aventure pleine de symbolisme. Au fil des siècles, l'homme fait disparaître les taches blanches, les zones inconnues de la carte du monde à mesure qu'il s'empare des dernières zones sauvages de la planète, qu'il pille les dernières richesses, rase les dernières forêt et sacrifie sur l'autel de progrès technique les dernières peuplades primitives.
Une fois de plus, l'écrivain des causes perdues, des royaumes improbables et des bouts du monde étranges et mystérieux (Terre de Feu, Patagonie et maintenant Grand Nord) nous gratifie d'un ouvrage magistral qui ne peut laisser personne indifférent. Avec lui, on s'évade bien sûr, on rêve, mais surtout, le bouquin refermé, on pense, on réfléchit.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          70
vous aimez frémir ? avec le ventre qui palpite ?
Lisez-le.
du moins au début, la suite est plus banale (pour ceux qui ont déjà lu du Raspail).
aux réfractaires anti-raspail : ce roman est archi Raspaillien ; tout y est !
Commenter  J’apprécie          30
Comment qualifier ce livre : “romanˮ comme indiqué sur la couverture, “sagaˮ vu la durée pendant laquelle se situe l'action où l'on côtoie plusieurs générations des mêmes personnages ? Aucune importance en fait ! Comme dans d'autres de ses livres J. R. entrelace l'Histoire avec ses personnages tantôt fictifs tantôt réels, des épisodes inventés et des événements tragiquement réels. Quiconque a un peu traîné ses guêtres ou ses “laptisˮ dans ces contrées reconnaitra, en saisissant les perches (de bouleau) tendues, les vastes étendues quelque part entre Livonie, Carélie, Finlande. Immenses étendues souvent enneigées. Passionnant en tous cas.
Commenter  J’apprécie          24
Toujours aussi captivant : ici Raspail imagine l'histoire d'un pays du grand nord et sa disparition, celle de ses traditions et d'une légende, le petit homme des bois
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (101) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3168 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}