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EAN : 9782021158847
112 pages
Seuil (25/03/2014)
3.33/5   6 notes
Résumé :
Arrivée à la cinquantaine, Costanza traverse une sorte d’hiver : en proie à une soif insatiable de lumière et d’amour, elle arpente les rues de Rome et en particulier le mausolée de la sainte dont elle porte le prénom, où elle croit entrevoir la clef d’un mystère commun. Mais c’est la mort de Bruno, un photographe allemand de grand talent, qui lui apportera la solution à sa quête. L’ordinateur qu’il lui a légué renferme non seulement ses travaux sur les statues anti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai commencé à régulièrement prendre l'habitude de rechercher sur le "Street view" d'un célèbre site certains endroits décrits dans des romans que je lis, pour mieux m'imprégner de l'histoire en visualisant les lieux du récit. Cette habitude est devenue quasi systématique depuis que cela m'a permis de pleinement apprécié Patrick Modiano (auteur particulièrement indiqué pour l'exercice) et notamment Dora Bruder.

Elisabetta Rasy est une auteure qui favorise ce genre de pratique puisqu'elle nous invite dans son Rome, celui à la fois des curiosités modernes qu'éclipsent souvent les sites antiques (tel ce Corviale, surnommé immeuble kilomètre, plus long bâtiment d'habitation au monde sur 957 mètres) mais aussi celui des lieux beaucoup plus anciens mais aussi beaucoup moins mis en valeur que le Colisée ou la fontaine de Trévi, telle cette basilica di Sant' Agnese et son mausoleo di Santa Costanza, qui a le bonheur de porter le prénom de son héroïne (ou est-ce l'inverce, ah, ces auteures et la facilité de faire correspondre le réel à leurs envies). Elle nous facilite vraiment la tache en indiquant le nom des rues traversées, au delà des monuments visités, nous conviant ainsi à certains passages inconnus des touristes et donnant des vues particulières sur la ville touristique, même sur le Colisée précédemment cité.

Au delà de ce petit tour romain original, c'est au regard d'une femme dans la force de l'âge que nous convie Elisabetta. Un regard porté sur les différentes saisons de sa vie, qu'on pourrait facilement classer en printemps, été ou automne, vu depuis cet hiver romain, hiver météorologique et hiver de la vie, au coeur de cette saison où on a l'impression que jamais rien ne refleurira. La mort d'un ami proche, photographe, qui lui aura appris à questionner son regard sur l'amour et sur les statues incomplètes est alors l'occasion d'un questionnement existentiel, d'une aventure particulière qui lui fera rejouer en parallèle un des souvenirs de ses 30 ans. L'auteure déploie un style tout en sensibilité, un patchwork d'émotions où se mêlent les paysages romains, les discussions par mails qui se transforment en rencontres réelles.

La construction du récit est assez cahotique mais nous permet finalement de nous attacher à cette Costanza qui éprouve le besoin de cette pause bilan, étape nécessaire pour continuer sa vie, sans forcément tout remettre en cause mais dans une indispensable mise au point. Celle de l'appareil photo de sa jeunesse qui permet de passer du flou au net, à l'opposé des nouveaux appareils auto-focus que l'on parvient tout de même à tromper. Parce qu'il y a des photos qu'il faut savoir rater pour mieux se comprendre.
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Costanza est une femme dans la cinquantaine. La mort récente d'un ami, son mariage qui tourne à pas grand-chose, l'absence d'enfant, tout cela la fait tourner en rond. Elle ressasse des pensées vides. L'hiver à Rome semble propice à un certain spleen. D'autant que pour faire correspondre son apparence à sa nature intérieure, et à l'hiver romain, Costanza s'habille "triste" et ramène ses cheveux en un chignon gris austère.
Elle reçoit l'ordinateur de Bruno, l'ami décédé. Photographe, celui-ci a fait travailler Costanza. Mais dans le disque dur de l'ordinateur, elle ne trouve qu'un dossier de photos, intitulé Fragments car c'est clairement ce qu'il contient. Des photos de morceaux de statues. Sorte de recomposition de l'être idéal, de la vie idéale, comme un contrepoint à la vie de Costanza qui se morcelle de plus en plus (en tout cas, elle en a le sentiment, et le pouvoir de l'esprit sur le corps est puissant, on y reviendra).
Habituée de promenades au mausolée "di Santa Costanza" dédié à Costanza, la fille de l'Empereur Constantin, et construit au milieu du IVè siècle, elle y assiste à un mariage. Evidemment, cet événement n'est pas de nature à la ramener à davantage de joie de vivre.
Le twist va provenir de la messagerie de Bruno sur l'ordinateur échu à Costanza. Un courriel arrive, vindicatif, un brin agressif, il émane de Martin, un jeune Espagnol de 25 ans, amant présumé de Bruno et qui lui a servi de modèle. Il ignorait le décès de Bruno. Bardaf, c'est l'embardée pour Costanza, pourquoi Martin a-t-il servi de modèle, et pas elle ?
Commence alors un jeu entre Costanza et Martin. Il l'entreprend, flirte, la drague. Elle apporte un appareil photo. Ils se captent, se capturent. Et clap de fin. OK, on peut avoir l'impression que je spoile, mais je ne dis pas tout et clairement l'essentiel du roman n'est pas dans l'histoire, mais dans les ressentis, les impressions et les non-dits.
J'ose avouer que je ne suis pas sûr d'avoir tout saisi. Elisabetta Rasy établit des correspondances entre les corps, leurs photos, et les statues romaines incomplètes qui parsèment le Mausolée di Santa Costanza. Elle construit des ponts entre les émotions et les objets, les bâtiments. Il y a des liens tacites, en filigrane, qui se tissent entre les êtres et les lieux. Et entre le présent et le passé. Passé historique ou passé individuel.
Une bonne part du récit est de l'ordre du spirituel, du cérébral. Tout est évanescent, ou presque, me semble-t-il. Finalement, les événements factuels importent assez peu (en proportion du récit) par rapport à ce que Costanza projette comme attente, doute, désirs...
Le style est également diaphane, dirais-je. Tout en impressions. Et cela ne m'a pas convaincu. Comparer l'hiver romain à l'hiver de la vie à cinquante ans, c'est un peu bateau. Même si tout est relatif et que tout se trouve dans la tête de Costanza, c'est un peu rêche, dirais-je. de plus, l'écriture est remplie de feedbacks très courts, qui arrivent sans trop crier gare et qui s'en vont tout aussi subrepticement. Et que dire des ellipses sur les sentiments et les ressentis des choses. Roman court, donc, mais qui ne se lit pas aussi vite que prévu. On va attendre un peu avant de lire un autre ouvrage d'Elisabetta Rasy.
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« Un hiver à Rome », au titre si suggestif, est un roman ambitieux et beau né de l'imagination d'Elisabetta Rasy, écrivaine romaine et historienne de l'art, issue d'une génération de femmes italiennes souvent soumises. Pour cette raison, E. Rasy conçoit l'écriture comme une réparation et les thèmes de ses romans tournent autour de figures féminines à la recherche de leur identité.

Dans « Un hiver à Rome », cette femme s'appelle Costanza. Elle a une cinquantaine d'années et aborde ce qu'on appelle pudiquement la maturité. Son mari, Vincenzo, dont elle n'a pas pu avoir d'enfants, a choisi de passer sa retraite à la campagne. Costanza préfère la ville et décide de rester à Rome pendant la mauvaise saison. Nulle rupture entre eux, mais l'amour a passé et s'est transformé en habitude amicale.

« La vie à la campagne avait pris, à ses yeux, l'allure d'un crissement de craie sur une ardoise. »

Un jour, elle assiste à un mariage au mausolée de Santa Costanza et ce lieu labyrinthique dédié à la fille de Constantin, sainte ou mégère selon les traditions, va agir sur elle comme un révélateur.

Dans cet édifice à la fois tombeau et église, Costanza va laisser ses pensées divaguer et la construction du roman va s'adapter à ce mouvement de l'âme et de la mémoire où les strates se superposent et s'entrelacent.

Un événement tragique a bouleversé Costanza : la perte de son meilleur ami, un photographe avec qui elle travaillait. Dans l'ordinateur que l'homme lui a légué, elle découvre un fichier de photographies de Rome appelé « Fragments » où sont rassemblées des statues en miettes : « il prétendait que dans les statues mutilées, c'est la part manquante qui attire notre attention. » Un courrier électronique auquel Costanza va répondre l'amènera également à se recentrer sur sa vie.

« Un hiver à Rome » est un roman métaphorique qui joue avec l'idée de fragmentation (les ruines, les statues, la vie de l'héroïne en lambeaux) et qui envisage les paysages et le temps qu'il fait comme des reflets du moi intérieur des personnages.

C'est une belle idée, mais parfois elle est trop explicite. le lecteur aurait préféré que l'auteur ne lui donne pas autant d'indices sur la manière dont il faut lire le roman …




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Petit livre de 112 pages où l'on découvre Costanza qui se remémore son histoire. Tout d'abord celle d'une jeune fille, très jolie mais un peu "bête" comme les gens disent. Sa passion pour Vicenzo, son mari, jusqu'à ce que l'attente interminable d'une grossesse qui ne viendra jamais les éloigne peu à peu. On voit ici le rapport de Costanza à l'amour charnel et on suit également l'amour platonique qu'elle porte à Bruno, ami photographe décédé.

Lu en une soirée, cette histoire ne m'a pas forcément plu, mais Costanza a un côté attachant qui m'a poussé à aller jusqu'à la fin de ce roman. Puis, ce livre qui invite à une certaine torpeur, comme si le temps ralentissait, comme si Costanza ne se pressait jamais.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Vincenzo et elle s'étaient aussitôt entendus sur ce point : il devait y avoir chez eux un endroit, un recoin éloigné de leur petit appartement, où conserver ce qu'on ne veut pas posséder mais qu'on ne veut pas non plus perdre. Un endroit heureux où le nec tecum sine te (ni avec toi ni sans toi) cessât de constituer une contradiction au moins dans le monde inanimé. Pas un lieu de vieux bibelots ou de cadeaux importuns ceux-ci étaient jetés avec une active régularité - , non, ce devait être la caverne des rencontres conclues ou manquées.
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Elle ne se rappelait ni la surprise, ni les sentiments de culpabilité, ni les bras musclés de Vincenzo, ni la souplesse imprévisible de ses grandes mains, ni sa langue péremptoire, ni l'autorité de son corps inlassable. Elle ne conservait que le souvenir d'une animation, d'une animation hors de l'ordinaire, comme si la vie avait soudain correspondu à l'idée de la vie, à ses attributs rhétoriques de vitalité, ardeur souffle constant et béatifiant.
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Video de Elisabetta Rasy (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elisabetta Rasy
Elisabetta Rasy - Un hiver à Rome .Elisabetta Rasy vous présente son ouvrage "Un hiver à Rome" aux éditions Seuil. Traduit de l'italien par Nathalie Bauer. http://www.mollat.com/livres/rasy-elisabetta-hiver-rome-9782021084429.html Notes de Musique : ?The Flames of Rome? (by Kai Engel). Free Music Archives.
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