Lecture jeune, n°127 - Fin décembre, c’est l’histoire d’une fin d’année et d’une fin de vie, celle de la mère de l’auteur, qui s’est symboliquement représentée sous les traits d’une petite fille ; une enfant perdue dans l’espace trop grand et angoissant qu’est la page blanche.
Marianne Ratier a eu le courage d’écrire Fin décembre – et les éditions Carabas de le publier – un album émouvant sur la perte de la mère, emportée par le cancer. Le traitement de l’auteur en fait une réussite. Loin d’un pathos attendu, elle soigne sa narration et son trait, tous deux épurés et minimalistes sur une page d’un blanc immense, propre à dire le vide créé par la perte d’un être cher. En se dessinant comme une petite fille aux contours mal assurés, elle nous renvoie à nos propres craintes et à la peur de ne « plus exister » suite à la disparition d’un proche : « Mes fondations. Je suis en train de perdre mes fondations ». Les pages se succèdent et l’émotion ne fait que croître, tandis que le dessin, habilement maladroit et tremblant, subjugue tant il va à l’essentiel. C’est en se concentrant sur ses sentiments que l’auteur évite très certainement un glissement vers l’excès. Sa sincérité et sa pudeur font la force de cet album, certes difficile, mais tellement juste et authentique.
Sonia Seddiki
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Moi je voyais tout ce qui ne marchait plus chez elle et je me disais que le corps était une machine dont chaque partie avait une fonction. Sans cil et sans poil dans le nez, on pleure et on se mouche sans arrêt. Sans duvet, les tissus frottent sur la peau et c'est désagréable. Sans papille, plus rien n'a de goût. Un peu comme si on mangeait tout le temps de la farine.
Puis un soir elle a pris sa respiration, et elle est partie. A ce moment-là, mon corps est devenu très mou, et certains morceaux sont partis avec elle.
Mes fondations. Je suis en train de perdre mes fondations.