Un premier roman découvert par hasard... qui fut auto-édité en 2015; les éditions Mazarine ont eu , semble-t-il, la bonne idée d'en faire une nouvelle édition.
L'auteure, en fin de volume, à la suite de ses remerciements explique qu'elle dédie cette nouvelle version à son grand-père, qui passionné par la littérature, comme le grand-père du récit, aurait rêvé d'être libraire....
Un très attachant moment de lecture qui nous plonge dans une sorte de chronique sociale des années 1960, racontant , en décrivant , entre autres, les événements de mai 1968...
les transformations de la société ainsi que les mentalités...
Deux récits parallèles offrant le parcours de deux familles, aux antipodes dans l'échelle sociale...L'une, venant de la campagne: Robert et Simone, agriculteurs dans le Cantal, sont obligés d'abandonner leur ferme , le travail de la terre, et d'"émigrer" dans la capitale, pour devenir gardiens d'immeuble; l'autre, couple bourgeois , dont le mari, pédiatre compétent, n'en est pas moins ultra traditionnaliste, n'acceptant surtout pas que sa femme et sa fille fréquentent des gens qui ne soient pas de leur milieu...
"A chaque fois que je le vois dans la loge, il est en train de lire. Il pourrait devenir mon ami, mais maman ne veut pas que je lui parle. Papa dit qu'ils ne sont pas de notre milieu. Qu'est-ce que ça veut dire, grand-père ? On habite dans le même immeuble, alors c'est quoi un milieu ? "(p. 165, Mazarine, mai 2018)
Heureusement, dans ces divers conservatismes, une belle figure lumineuse
et charismatique, se détache très nettement de ce contexte: un grand-père très aimant, libraire passionné, exerçant son métier dans la capitale, offrant accueil, gentillesse, conseils...vendant livres neufs ou anciens, en prêtant à l'occasion. ... Un esprit ouvert et curieux, qui jouera durablement , à maints occasions, le rôle de médiateur !
J'aurais bien aimé plus de scènes et d'action dans sa "caverne d'Ali-Baba" !!!,
plus de rebondissements au milieu des livres... Même si la littérature et
la librairie du grand-père, restent un noyau central, bienveillant...et créatif, pivot de cette narration !
Un très agréable récit balayant , décrivant les bouleversements radicaux
de ces 50 dernières années; l'auteure ayant grandi dans le Paris des années 60... on ressent assez vivement ses impressions, questionnements tout personnels et vécus...de cette période d'effervescence... et de remises en cause radicales...
Juste une infime frustration, difficilement nommable: j'aurais aimé plus de fougue, et de nerfs !!.. Cela reste une impression mineure, toute subjective; ce roman mérite qu'on s'y arrête et qu'on apprécie cette "radioscopie sociale"...qui rappelle des batailles importantes [ féministes, sociales , politiques, etc] qui ont transformé en profondeur notre société, notre manière de penser et de vivre le Travail, la famille, le couple....les classes sociales [là... je suis plus sceptique... car quelques régressions pointent leur nez !!]
Commenter  J’apprécie         360
lucien ne se contente pas de vendre et de prêter des livres. Il les lit tous. (...)
Pour ne pas le déranger, elle flâne entre les rayons, respirant cette odeur si caractéristique de vieux papier qui lui rappelle son enfance. Hélène est une grande lectrice. Son père lui a transmis son amour de la littérature et elle est heureuse de constater qu'Annie suit le même chemin. (Mazarine, mai 2018, p. 39)
A chaque fois que je le vois dans la loge, il est en train de lire. Il pourrait devenir mon ami, mais maman ne veut pas que je lui parle. Papa dit qu'ils ne sont pas de notre milieu. Qu'est-ce que ça veut dire, grand-père ? On habite dans le même immeuble, alors c'est quoi un milieu ? (p. 165, Mazarine, mai 2018)
Lucien, à qui l'affront fait à sa fille n'a pas échappé, les observe, consterné. Il a grandi dans l'ambiance festive des bals-musettes, où les gens se retrouvaient sans préjugés ni contraintes sociales, puis, sous l'influence d'Adrienne Monnier, il a évolué dans le milieu très libéré de la littérature des années trente. (p. 15 / Mazarine, mai 2018)
Après avoir refermé le livre [La femme mystifiée de Betty FRIEDAN], elle a compris qu'en se soumettant à leurs époux, en échange d'une vie confortables, ces nouvelles femmes au foyer faisaient un énorme retour en arrière.
Michel est reparti chez lui avec un exemplaire flambant neuf de - Vingt mille lieues sous les mers- de Jules Verne, que Lucien lui a offert pour son anniversaire. Rien n'aurait pu avoir plus de valeur à ses yeux. Lucien lui a confié un véritable trésor : à onze ans, il vient de recevoir son premier livre. (p. 201)