AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,42

sur 109 notes
5
11 avis
4
30 avis
3
18 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un pays de neige et de cendres est le premier roman d'une jeune auteure finlandaise de trente-trois ans, Petra Rautiainen, passionnée notamment par l'histoire du peuple Sami en Laponie.
Nous sommes tout d'abord en 1944 dans un camp de prisonniers dirigé par les Allemands, au milieu des étendues sauvages de Laponie... Nous découvrons le quotidien d'un camp, la survie, la cohabitation des détenus et des gardiens qui luttent pour préserver une part de leur humanité. Ici c'est une cohabitation compliquée entre Allemands, Finlandais, Polonais et Samis, ce peuple nomade originaire de Laponie...
Et ce récit construit sous la forme d'un journal va alterner avec celui d'une femme journaliste et photographe suédoise, Inkeri Lindqvist qui s'installe en 1947 dans la ville d'Enontekiö en Laponie, officiellement venue ici pour écrire un livre sur la reconstruction de la Laponie, mais en creux elle est à la recherche de son mari disparu durant la guerre... Nous allons suivre ses pérégrinations jusqu'en 1950...
C'est un roman surprenant, au rythme déroutant... Bien qu'ici il soit question de Laponie, c'est-à-dire de grandes étendues, des paysages de neige à l'infini, l'atmosphère est ici parfois étouffante, oppressante même.
Nous sommes pris par la main, entraînés dans cette oscillation, tiraillés presque par deux récits qui vont se parler, dialoguer entre eux, durant tout le roman.
Petra Rautiainen nous révèle un pan de l'Histoire sans doute méconnu pour beaucoup d'entre nous. Un épisode de la fin de la Seconde Guerre mondiale vécu sur ce territoire éloigné aux confins de la Finlande, théâtre des haines et des violences, des atmosphères de fin de guerre où l'ennemi sent que la victoire lui échappe irrémédiablement et, pour ne pas perdre la face, donne toute sa rage, toute sa haine, dans ce processus d'extermination final...
J'ai découvert ici un territoire qui fut déchiré par la guerre, avec des enjeux complexes entre Allemands, Russes, Finlandais où le destin du peuple Sami fut malheureusement oublié dans cette tourmente...
L'écriture est plutôt conventionnelle, bien que d'une splendide maîtrise. Cela tient sans doute à la manière ici de convoquer L Histoire, sa tragédie et des personnages hantés par le poids de cette douleur ; cela rend le roman prenant, addictif à certains endroits. On veut dérouler le fil jusqu'au bout du paysage...
Cette écriture tient sans doute aussi à sa traduction réussie. C'est un roman traduit du finnois par Sébastien Cagnoli ; j'ai découvert que ce dernier avait traduit il y a quelques années ce magnifique roman qui m'avait bousculé et émerveillé, Purge de Sofi Oksanen. Il n'y a pas de hasard.
Un pays de neige et de cendres... Pourquoi la neige, pourquoi les cendres ? La neige est là dans le paysage parfois ébloui par des journées sans fin où la nuit ne vient jamais, tandis que les cendres évoquent avec effroi les nuits intérieures, la barbarie à visage humain, le malheur du monde et la mort au bout du chemin, au bout de la geôle, derrière les grillages, dans la neige tâchée de sang...
Peu à peu les deux textes s'imbriquent et commencent à cheminer ensemble, entrer en résonnance, pour n'en faire qu'un au final.
Par le truchement d'une histoire secrète et tourmentée, nous venons aussi à la rencontre des Samis, peuple nomade voyageant vers le cercle arctique. Les nazis avaient à peu près la même considération à leur égard qu'ils en avaient à celle des tziganes... C'est dire...
Je me suis parfois un peu perdu dans cette intrigue qui porte bien sûr ce roman, reposant sur la disparition du mari de cette journaliste et qui lui donne tout son sens. Bien sûr, la tragédie de la guerre, sa douleur quotidienne telle que décrite, parfois cruellement et avec réalisme, ne peuvent laisser indifférent.
Mais la lumière de ce roman, suggérant l'émotion, m'est venue dans cette très belle relation d'amitié entre Inkeri Lindqvist et cette jeune adolescente Sami, Bigga, petite-fille du propriétaire qui l'héberge. La journaliste va lui enseigner l'art de la photographie, l'aider à s'émanciper d'un destin qui paraît parfois si tristement scellé dans un sort les éloignant de manière discriminatoire du droit à l'éducation. Elle va du reste donner des cours d'art et de photographie aux enfants du village, elle va peu à peu comprendre ce que tout un peuple a subi dans l'indifférence la plus totale. C'est beau et, contre toute attente, c'est ce pan du récit qui m'a le plus touché. Plus que l'intrigue...
Je remercie les Éditions du Seuil et Babelio pour ce beau livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          7219

Je remercie les Éditions du Seuil et Babelio pour ce beau livre reçu dans le cadre d'une opération masse critique.

J'ignorais totalement qu'en Finlande du nord dans leur toundra le peuple Sami aux beaux costumes lapons richement coloriés pouvaient souffrir des rafales de sable comme leurs frères dans le Sahara.

La neige du titre pendant la longue nuit d'hiver me paraît assez évident, les cendres par contre se rapportent à la dernière guerre mondiale et l'avance meurtrière des nazis dans cette partie périphérique du continent européen.
La neige noire des cendres, en somme.

Il s'agit d'un ouvrage particulièrement ambitieux qui en 2 temps, de février à septembre 1944, soit la période de guerre, et l'après-guerre, allant de 1947 à 1950, nous raconte les horreurs des hostilités entre différents peuples, tels les Finlandais, les Allemands envahisseurs et les Samis qui coexistent péniblement s'ils ne se battent pas et cela dans un climat impitoyable.

Les deux périodes ne se succèdent pas dans un ordre chronologique strict, mais nous sont présentées par deux personnages différents en de nombreux brefs chapitres qui s'alternent systématiquement.

Vu la conception originale et la structure spécifique de l'ouvrage et compte tenu des thèmes abordés, il est tout à fait surprenant qu'il s'agisse d'une première oeuvre littéraire par, en plus, une jeune écrivaine, car Petra Rautiainen n'a que 33 ans.
Que ce roman, paru initialement en Finnois en 2020, soit déjà traduit en 12 langues n'est, par contre, pas étonnant du tout.

Je partage l'avis de notre amie Regine, "Zephirine" sur Babelio, que la traduction française de ce livre par Sébastien Cagnoli est d'une qualité exceptionnelle, qui confirme ses talents déjà démontrés dans sa version française du roman superbe de Sofi Oksanen "Purge".

L'auteure, sans se lancer dans une étude ethnologique académique, nous apprend beaucoup sur le peuple Sami, estimé à quelque 84.000 citoyens actuellement et éparpillés en Finlande, Suède, Norvège et Russie. Un peuple situé au même niveau par les nazis que les Roms ... et donc à éliminer !

Je n'ai, hélas, jamais visité la Finlande, bien que ce pays, qui l'année dernière a été proclamé pour la 4e fois le "happiest country in the world", m'intrigue considérablement.
Heureusement que nous avons Sofi Oksanen, Arto Paasilinna, Paivi Alasalmi, Antti Tuomainen et autres auteur-e-s talentueux.
Commenter  J’apprécie          647
Tout d'abord, merci aux Éditions du Seuil et à une opération Masse critique privilégiée pour l'envoi de ce livre !

Jean Gabin nous chantait « Maintenant je sais, je sais qu'on ne sait jamais ».
Je me suis longtemps cru calé en histoire, j'ai appris depuis à être plus modeste …
Ce préambule pour vous avouer que je connaissais peu l'histoire de la Finlande et absolument pas son rêve passé de « Grande Finlande » avec une base raciale pure ni les mesures prises après la seconde guerre mondiale pour assimiler le peuple Same.
Les livres me permettent de continuer à apprendre et à réaliser qu'il me reste beaucoup à apprendre !
Petra Rautianien situe son roman en pays Same, en Laponie, zone au nord de la Finlande, de la Norvège, de la Suède et de la Russie.
le récit s'articule autour de deux époques : la fin de la guerre, 1944-1945 et quelques années après, de 1947 à 1950.
La période de la fin de guerre est relatée par le journal de, Väinö Remes, un interprète finlandais employé dans un camp de prisonniers géré par les Nazis. L'après-guerre, présentée de manière plus traditionnelle, nous relate l'arrivée d'Inkeri Lindqvist, une journaliste et photographe venue réaliser un reportage sur le peuple same, mais ceci est un prétexte, en réalité elle veut surtout rechercher les traces de son mari prisonnier, disparu durant la guerre.

Les chapitres relatifs à ces deux périodes s'alternent et peu à peu construisent la trame de ce beau roman.
Son titre est éloquent : pays de neige car dans ce grand nord, le froid règne, la neige couvre tout, les saisons sont bien éloignées des nôtres, l'une avec des jours très longs et une luminosité aveuglante et l'autre plongée dans une nuit sans fin ; pays de cendre, car cette neige fut couverte de cendres par les Nazis. «Les cendres flottaient au-dessus des corps ».

Petra Rautianen est historienne de formation et a défendu une thèse sur les Sames, ce peuple lapon, éleveur de rennes et aux habits très colorés qui vit dans cette contrée sans en connaître les frontières. Sa bonne connaissance de l'histoire de ce peuple lui permet, par le biais de ce roman, de mettre en lumière des événements encore souvent occultés aujourd'hui même en Finlande. La lutte héroïque de ses soldats contre l'armée rouge est souvent le seul fait mis en exergue, ici l'autrice nous montre également la collaboration avec les Nazis allant jusqu'à se mettre sous leurs ordres, et l'idéal d'une « Grande Finlande » composée d'une race pure et asservissant les races inférieures.
« Ces peuples primitifs de cueilleurs du Grand Nord sont des marginaux, extérieurs à la civilisation véritable. Ils sont considérés comme une anomalie pathologique résultant de facteurs environnementaux ».
Ces races sont étudiées scientifiquement pour un programme de pureté raciale. Et cela a continué après guerre comme nous le montre l'autrice.

Mais laissons ici ces considérations historiques, je ne voudrais pas rebuter celui qui lit cet avis, si ce roman se déroule dans un contexte historique, il reste avant tout un véritable roman !

Les personnages, certains très attachants tels la petite Bigga-Marja et le vieux Piera, d'autres nettement moins reluisants, sont tous intéressants. Les relations qu'ils ont entre eux se dévoilent progressivement tout au long du récit, comme après la nuit polaire le lecteur découvre la lumière. Beaucoup de secrets entourent les personnages et Petra Rautianen réussit à ne les révéler que partiellement et lentement.

Je ne voudrais pas oublier de mentionner la presentation du camp de prisonniers et sa cruauté, la description du territoire same et de ses habitants poussés à s'assimiler.

L'autrice a un style caractérisé par des phrases courtes et beaucoup de dialogues. le livre se lit facilement et avec plaisir.




Commenter  J’apprécie          544
Un premier roman prometteur.
J'avoue que la couverture assez clinquante et dans l'air du temps ne m'a pas donné envie d'y jeter un oeil. Mais le résumé m'a convaincu.
Une période historique maintes fois racontée mais à travers le prisme des peuples natifs finlandais. Assez original.
*
Deux trames temporelles très rapprochées permettent de s'immerger totalement dans le récit.
Des enjeux politiques et économiques sur cette portion de terre aux confins du monde intéressent beaucoup de monde, notamment les allemands. La barbarie ,la violence est ici corrélée avec la neige, le froid polaire....et les secrets.
C'est rude, brutal mais aussi émouvant dans cette amitié fortuite entre une fille nomade et une femme désespérée.
J'ai toujours voulu connaitre un peu cette culture sami. Et j'ai été gâtée par ce récit ethnographique.
Un ethno-polar réussi !
Commenter  J’apprécie          510
Ce n'est pas l'écriture, ni le style, ici qui rendent la lecture addictive mais bien le thème ou plutôt les thèmes évoqués.
L'écriture m'a heurtée au début avec des phrases plutôt décousues et une ponctuation utilisée au petit bonheur la chance. du moins est-ce mon ressenti. Et puis au fur et à mesure du déroulé de l'action, l'écriture est devenue plus lisse, plus douce. Ou bien est-ce moi qui me suis habituée ?

Quant au contenu, j'avoue une adhésion totale à l'histoire même si celle-ci se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale et retrace des moments dramatiques et douloureux, aux confins de la Finlande dans des camps de prisonniers où se côtoient Allemands, Finlandais, Polonais et autres nationalités sans oublier les Samis, peuple nomade du cercle arctique.
C'est l'occasion d'apprendre ou de redécouvrir les actes cruels commis au nom de la guerre comme l'exploitation des corps de prisonniers pour des études médicales ou eugénistes (l'étude de la pure race aryenne a aussi été l'apanage des Finlandais) ; la discrimination envers la population samie (titrée de sous-race)...
C'est aussi un roman qui permet de mieux comprendre les us et coutumes de cette population Samie, plus ou moins sédentarisée, discréditée auprès des autres populations autochtones, reléguée au ban de la société bien-pensante car soucieuse de ses racines et de son rapport à la nature, à la faune, la flore et au cosmos.
« Ces Lapons ne sont-ils pas... Enfin, comment formuler cela... Paresseux, inaptes au travail ? A peu près aussi sérieux que les Tsiganes... »

C'est un premier roman de Petra Rautiainen dont je salue le courage : il faut oser écrire sur un passé douloureux et sur une population dérangeante et mal qualifiée car possédant des territoires au sous-sol riche et très convoité.

Ce roman est composé en deux parties, deux époques qui s'alternent au fil de la narration. La première est celle d'un journal intime datant de la période 1944-1945, écrite donc à la première personne et relatant les faits survenus dans un camp de prisonniers. La seconde est datée de 1947-1950 et concerne plus particulièrement une photographe-journaliste dépêchée sur les lieux pour évoquer la reconstruction du pays, mais en fait en quête de renseignements sur son mari disparu dans cet ancien camp de prisonniers.

Un roman fort, prenant et éclairant sur une période de l'histoire que certains auraient certainement continué à taire.
Une lecture dont je remercie Babelio et les éditions du Seuil.
Commenter  J’apprécie          450
La Laponie, tout au nord de la Finlande, et ses peuples autochtones sont au centre de ce dur roman. le territoire Same est aujourd'hui partagé entre Finlande, Suède, Norvège et Russie. Pendant la seconde guerre mondiale le nord de la Finlande a été le théâtre d'actes de guerre atroces, coincée qu'elle était entre forces russes et allemandes.

Deux fils narratifs se suivent, en alternance jusqu'à la fin.

Le premier, qui se situe de février à septembre 44, est le journal d'un certain Väinö Remes. Il arrive, comme interprète dans un camp de travail à la mortalité effrayante. Il fait partie d'une force militaire finnoise dirigée par les nazis. Il a les mêmes obsessions qu'eux : élimination des soi-disant peuples dégénérés, recherche d'une race aryenne pure...

Le second commence en 1947, trois ans après. Linkeri Lindqvist est une photographe et journaliste venue officiellement dans cette région pour des sujets sur la reconstruction du pays. Mais en réalité elle est sur la trace de son mari disparu.

Ces trois années pourraient tout aussi bien en être trente... Tout le monde souhaite effacer de sa mémoire ces années d'errements. Linkeri fera la connaissance de nombreuses personnes qui ont joué un rôle dans ces événements. Toutes ont en commun de ne pas dire toute la vérité, tout juste quelques bribes et seulement si elles y sont contraintes.

La nature du Grand-Nord est vraiment présente, en filigrane, tout au long de ce roman. Les oiseaux mais aussi la flore sont autant de contrepoints à la folie meurtrière des hommes. Cela ajoute une belle dimension poétique au texte.

Je remercie Babelio et les éditions du Seuil de me l'avoir fait parvenir dans le cadre d'une opération Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          390
1944, un jeune interprète finnois Väino Remes débarque au centre pénitentiaire d'Inari en Finlande. le grand Nord, le froid, la neige, la souffrance, la cruauté, il verra de tout mais du côté des gardiens. En tant que finnois, il est associé aussi au rôle de gardien alors qu'initialement il est interprète. La peur règne dans le camps, les prisonniers sont souvent déplacés sans savoir pourquoi. Même les gardiens ont peur.

1947, à Enontekiö près du lac l'Inari, Inkeri Lindqvist, photographe pour un magazine s'installe dans sa nouvelle maison. le journal qui l'a mandaté pour son reportage, l'a achetée à un autochtone sami, Pietra, vieil homme taciturne qui a une petite fille Bigga-Marja.

S'en suivront de nombreuses découvertes sur de mystérieuses fouilles et surtout sur le passé des Samis, communauté primitive qui vit de l'élevage de rennes et nomadisent dans une zone qui couvre le nord de la Suède, de la Norvège, de la Finlande ainsi que la péninsule de Kola en Russie connue sous le nom de Laponie. Leur vie est rude, soumise à de multiples discriminations, vexations de la part de leurs voisins.
La Finlande a eu pendant la seconde guerre mondiale un statut d'allié de l'Allemagne et des purges sont faites à la fin de la guerre.


Le livre s'articule entre deux histoires qui se rejoignent à la fin. On alterne avec deux personnages au fil des chapitres.
Le premier, le journal intime de Väino Remes nous raconte son séjour à Inari, au milieu de ses compagnons soldats et des prisonniers qui nous apparaissent comme des fantômes.
La deuxième, Inkeri, journaliste à la recherche de son mari disparu lors de la seconde guerre mondiale. Sous couvert de ses reportages elle cherche à savoir ce qu'il est devenu.
Et puis au contact de Bigga-Marja, elle prend fait et cause pour ce peuple sami et s'attache à l'enfant. Elle lui apprend le métier de photographe et la prend sous son aile.
Thriller glaçant et très intéressant malgré ce que l'on peut supposer de ce qu'il se passe dans le camps. On ne sait que trop malheureusement ce que cela peut comporter de manipulations, expériences et cruauté.
L'auteure sans s'étendre sur la cruauté la laisse deviner.
En somme un thriller a deux voix qui se rejoignent. Oppressant, sombre comme la nuit polaire en hiver ou qui rend fou lors de la saison estivale lorsque le soleil se couche à peine. Un vent de folie semble parfois flotter au dessus des hommes.
Un livre qui prend aux tripes et nous raconte les horreurs de la guerre ainsi que la discrimination d'un peuple qui ne demandait rien que de vivre leur vie ancestrale.
L'écriture de l'auteure alterne entre beauté des paysages et cruauté des hommes.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture et je remercie Babelio et les Éditions Seuil de cette découverte en avant première.
Commenter  J’apprécie          384
Je remercie Babelio et les Editions du Seuil pour ce roman « Un pays de neige et de cendres ». Ce récit nous plonge dans l'histoire de la Laponie et de la Finlande durant la seconde guerre mondiale.
Les chapitres alternent entre deux périodes et deux types de narration.
Dans la première période -mais aussi la plus récente- on suit Inkeri Lindqvist, une journaliste et photographe, alors qu'elle s'installe à Enontekio en 1947. Pour son travail, elle doit en effet raconter la reconstruction de la Laponie et notamment une des populations nomades : les Samis. L'autre raison de son arrivée qu'elle garde secret est la recherche de son mari disparu pendant la guerre. Autour d'elle, il y a son colocataire Olavi ainsi que Piera, un vieil homme qui lui a vendu sa maison ainsi que la petite fille de ce dernier Bigga-Marja.
C'est par un journal intime que l'on remonte ensuite quelques années auparavant, en plein coeur de la guerre, en 1944. C'est celui de Väinö Remes, jeune interprète dans un camp de prisonniers dirigé par les Allemands. Au fur et à mesure que le jeune homme découvre la vie dans ce camp, l'atmosphère s'emplit de l'horreur et l'effroi de la guerre. La vie des prisonniers, rude, glaciale, inhumaine, ces hommes qui font ce qu'ils peuvent pour ne pas mourir ; les sévices des allemands et des finlandais qui se sont ralliés au nazisme. Mais en plus de ce quotidien déjà plus que difficile, on réalise au fil du journal que dans ce camp se passe également des activités plus souterraines et mystérieuses que le jeune homme va chercher à découvrir.
Les chapitres des deux histoires s'enchevêtrent. Comme dans un roman policier, on recoupe les informations : les indices que le lecteur recueille d'une période donnent tout un autre sens à la lecture de la seconde.
Par cette technique de narration, l'auteure Petra Rautiainen arrive à faire monter la curiosité et les émotions au fil des chapitres. L'atmosphère est de plus en plus pesante, la vie du camp parfois insupportable à lire. Ni l'histoire d'amour au coeur de la tourmente, ni la beauté des vêtements colorés des Samis ou des étendues d'un blanc éclatant ou encore les cours d'Art et de photographie qu'Inkeri donnent aux enfants du village ne calment le coeur du lecteur face aux images ensanglantées de l'Histoire.

J'ai eu parfois quelques difficultés à entrer pleinement dans ce roman. L'écriture était un peu trop froide, narrative et je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, comme celui de la photographe. Enfin, mes lacunes historiques pour ces pays nordiques sont également en cause car il m'est arrivé d'être souvent perdue avec les personnages de l'époque du camps de prisonniers. Il m'a fallu couper ma lecture à différentes reprises pour essayer de comprendre la position de la Finlande pendant la seconde guerre mondiale mais aussi l'organisation des camps de prisonniers dans ce pays (la présence de diverses nationalités, etc.).
L'intrigue qui se dénouait en fin de roman a cependant été si intense et émotionnelle que cela a suffi à oublier une bonne partie des réserves que j'ai pu avoir en début de lecture.

Les problèmes de vue de la photographe qui s'aggravent au fil des ans, la transmission de ses connaissances techniques et de son savoir à la jeune Bigga -Marja, cette jeune fille qui a en elle une part des secrets de ce passé, cette jeune fille avec du caractère représente pour moi le symbole des quelques espoirs qu'on peut encore avoir pour l'avenir.
Un roman qui vaut bien entendu parce qu'il nous fait découvrir le peuple des Samis mais aussi parce qu'il révèle tout un pan de l'histoire méconnu du lecteur francophone. Une lecture âpre, difficile, d'autant plus qu'elle fait écho à cette actualité terrible, à la folie des hommes et le courage d'autres hommes, à cette histoire qui semble se répéter…

Commenter  J’apprécie          350
L'histoire, s'appuyant sur des faits historiques se déroule entre les lieux d'Inari et d'Enontekiö situés au Nord de la Finlande en Laponie .
Le récit alterne astucieusement entre d'une part un journal intime débuté en 1944 par Valmö Remes d'origine finlandaise , autorité militaire ,interprète lorsqu'il arrive au camp d'Inari. Ce camp de prisonniers dirigé par les allemands voit défiler , entre autres , des Ukrainiens, des soviétiques , des serbes ...
Valmö cotoie dans son rôle de gardien un autre finnois, Onari Heiskanen . Les déplacements de prisonniers sont nombreux, les morts également et des trafics nocturnes éveillent la curiosité des deux finnois . Il règne dans ce camp une tension entre allemands et finlandais, une défiance permanente que l'on ressent parfaitement dans les phrases de Remes.

La seconde partie du roman raconte, à partir de 1947 , la quête de Inkeri Linddqvist dans le village de Enontekiö , elle est photographe et journaliste et doit effectuer un reportage sur la reconstruction du pays après le départ des troupes allemandes qui ont incendié les villages et les camps répandant les cendres dans ce paysage recouvert pendant des mois par la neige mais dès qu'un rayon de soleil surgit, voit apparaitre des fleurs.

C'est surtout pour cette femme , la recherche de son mari , prisonnier dans le camp d'Inari.et dont elle n'a pas de nouvelles . Elle vit ce séjour comme un devoir vis à vis de lui , alors qu'elle était plus habituée à la savane et la chaleur africaine.

Cette partie de Laponie est surtout le pays des samis , éleveurs de rennes et qui ont été les victimes et les témoins silencieux des exactions des nazis et de leurs recherches anthropologiques .

Inkeri, fait la connaissance de ce peuple, par l'intermédiaire de Piera , un vieil homme qui lui a vendu sa maison et surtout par les enfants qu'elle initie à l'art et à la photographie dans l'école du village.
Le personnage le plus attachant est Bigga -Marja , petite fille de 13 ans quand Inkeri arrive et qui est vraiment écartelée entre la culture sami et son rêve de modernité, de liberté qu'elle idéalise en voulant devenir journaliste , elle découvre en sortant de son village natal avec Inkeri, le regard surpris voir méprisant que les autres pose sur elle et cela l'affecte .
C'est elle aussi qui détient un certain nombre de réponses .

Les mystères sont denses , les samis peu désireux de raconter la période de la guerre , et méfiants vis à vis des étrangers .

Il n'y a qu'à la toute fin du roman qu'on comprend un peu mieux les imbrications des événements .

J'ai eu un peu de mal à situer les différents protagonistes pendant la période de la guerre , le rôle de chacun, leurs intérêts par rapport aux nazis . Cela a un peu gâché ma lecture car je me suis posée beaucoup de questions me demandant ce que j'avais pu rater pour ne pas comprendre en dehors d'une méconnaissance des faits historiques en Laponie pendant la guerre.

La maitrise de ce premier roman est étonnante avec une connaissance de l'histoire et de la culture sami que cet auteur a visiblement à coeur de faire découvrir.

Je remercie Masse Critique privilégiée et les éditions du Seuil . Une remarque spéciale pour la belle couverture de cet ouvrage ...
Commenter  J’apprécie          344
1944 - A travers le journal de Vaïno Remes, nous découvrons le quotidien des prisonniers et gardiens d'Inkari, camp allemand situé sur le territoire Finlandais où sont détenus des serbes, des ukrainiens, et des soviétiques.
Vaimo est sous les ordres de Felde, personnage énigmatique qui précise son appartenance à la Gestapo et non à la police finlandaise, tenant à éviter toute ambigüité.
L'un des prisonnier Kalle semble bénéficier d'un traitement de faveur, ce qui ne manque pas d'intriguer Vaïmo.
1947 – Inkeri, sous couvert de son métier de journaliste désireuse d'effectuer des reportages sur la reconstruction de la Laponie, s'installe dans la maison qu'elle vient d'acquérir.
Pierra, sa petite-fille Bigga Marja et Olavi Heiskanen qui l'accueillent sont prêts à collaborer mais se montrent bien plus réticents lorsqu'ils comprennent que la jeune femme est à la recherche de son mari disparu dans la région pendant la guerre.

En chapitres alternés, l'auteure met peu à peu son intrigue en place, déplaçant ses personnages d'une période à l'autre, nous faisant découvrir leurs caractères et surtout ce qu'ils cachent.
Nous avançons dans un paysage de neige où les bruits sont étouffés comme pour mieux ensevelir le fracas de la guerre ou le silence des secrets.
Les paysages sont magnifiquement décrits, les oiseaux tiennent une grande place dans le roman, ceux du pays de neige mais aussi ceux d'Afrique où Inkeri a vécu dans une autre vie.
L'écriture est très agréable. J'ai aimé avancer lentement dans cette histoire pour mieux m'en imprégner.

Je remercie vivement Babelio et les Editions Seuil qui m'ont permis cette découverte.


Commenter  J’apprécie          270



Autres livres de Petra Rautiainen (1) Voir plus

Lecteurs (376) Voir plus



Quiz Voir plus

C'est la guerre !

Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu

de Corée
de Troie
des sexes
des mondes

8 questions
1124 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , batailles , armeeCréer un quiz sur ce livre

{* *}