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EAN : 9782369148289
400 pages
Libretto (01/06/2023)
3.43/5   21 notes
Résumé :
Au beau milieu du Montana, une femme vit à l’écart de ses semblables et leur préfère la compagnie des animaux, des arbres et des livres. Ce récit autobiographique principalement écrit à la première personne s’apparente à un roman documentaire. Construit en 21 chapitres aux titres célébrant la faune sauvage, il raconte tout autant le choix de la solitude que de la vie au contact de la nature. En effet, cette naturaliste autodidacte vit une véritable initiation qui ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
On ouvre certains livres pour rêver, d'autres pour voyager, d'autres encore pour apprendre. Celui-ci, dès que j'ai eu lu les premières phrases, j'ai su que je le lisais pour respirer, pour reprendre mon souffle plus exactement, pour quitter l'air vicié d'une société enfouie sous un voile qui, à force d'être gris, devient noir de suie. Un livre pour vivre tout simplement, pour revivre...


Catherine Raven a manqué de l'attention et de l'amour de ceux dont elle était en droit d'attendre qu'ils la préservent dans un cocon de sentiments bienveillants. Pour réponse à ce manque et au rejet, elle fuit les relations sociales, pas tant par choix mais parce qu'elle croit ne pas en avoir les codes, elle vit sans véritables amis, solitaire, dans une sorte de dénuement qu'elle trouve salutaire. Obligée très jeune de subvenir à ses besoins en ne comptant que sur elle-même, elle devient garde forestière des parcs nationaux, elle croise un jour un garde qui lui donne l'impulsion pour s'inscrire à la faculté de biologie plutôt que de vivre d'emploi temporaire en emploi temporaire. C'est presque une intégration à la société humaine au fil des études mais, une fois le diplôme en poche, elle fait volte face et n'espère plus qu'acquérir un peu de terre, isolée, à l'écart, en pleine nature sauvage, pour y vivre seule, puisqu'elle est persuadée qu'elle n'arrivera jamais à composer avec ses semblables.
Quand commence le récit, elle vit dans le tout petit chalet qu'elle a fait construire – elle reviendra sur les péripéties qui lui ont permis de posséder un toit au lieu d'une toile de tente.

Parler de ce livre est ardu parce qu'on peut le lire de différentes manières en privilégiant un thème ou un autre en fonction de ce qu'on est disposé à écouter. Il est tellement foisonnant qu'essayer de le définir est vain. J'espère sincèrement ne pas trahir son propos en parlant de ce qu'il m'a enseigné.

Alors, oui, c'est la rencontre avec un renard, oui c'est la naissance d'une amitié, c'est l'écriture de la définition même du mot "amitié".… Mais ce livre est tellement plus que cela.
C'est une immersion dans un Montana reculé, sauvage, pas forcément hostile mais pas toujours bienveillant non plus. Un regard permanent sur une parcelle de biodiversité, sur une portion de vie à l'état naturel, une chaîne de vie dans laquelle tous les maillons s'imbriquent.
C'est un manifeste écologique, une description détaillée d'un séjour que l'on ferait aux côtés de Catherine Raven, Une leçon permanente de biologie, accessible, qui fait fouiller les traités botaniques et les guides des oiseaux pour illustrer, au plus près, les propos de l'écrivaine.
C'est une prise de conscience de l'harmonie – même si une violence n'en est pas exclue, de la vie à l'état naturel quand l'homme n'intervient pas aussi bien pour la faune que pour la flore.
C'est un questionnement – et surtout celui du lecteur, de savoir s'il est prêt à accepter de se remettre en cause, sur les choix de vie et ce qu'ils impliquent au plan personnel et universel.

Dans notre monde, ou pour être moins ambitieux, dans nos sociétés, ce livre devrait être lu par chacun : alors que le mot "humanité" n'a plus trop sa place pour qualifier nos attitudes, comment faire admettre que les qualités que tout être vivant devrait posséder sont tolérance et respect et l'amener à imaginer une notion d'humanité élargie à tout être vivant – un mot existe mais certains y voient une forme d'extrémisme, donc on le taira, pour un regard privé de la notion de hiérarchie, alors que le respect de son frère de couleur ne va déjà pas de soi.
Si on accepte que chaque vie vaut une autre, ce livre devient une évidence, et un plaidoyer pour respecter notre environnement et prendre le plus grand soin de notre bien le plus précieux : la terre et toutes les formes de vie qu'elle abrite

Catherine Raven ne cherche pas à suivre les tendances, les modes, elle préfère de loin une vie solitaire, à une vie d'horaires réglés et réguliers même si cette dernière lui offrirait des conditions de vie plus dignes. Ce qu'elle veut c'est faire partie de ce monde sauvage, l'observer, l'analyser, le défendre et surtout apprendre au plus grand nombre à le comprendre. Son désir d'authenticité est immense.
Alors oui, la présence de Fox, l'entraîne dans cet éloignement de toute forme de vie sociale ou, alors, une vie sociale en pointillés simplement nécessaire pour ne pas connaître la misère. Il devient un alibi pour se retrancher des rapports humains dans lesquels elle reconnaît ne pas exceller. Prendre soin de son monde sauvage en intervenant le moins possible, en observant l'attitude de ce renard qui lui accorde son attention, justifie sa vie à l'écart, celle que finalement elle avait déjà choisie, à l'obtention de son diplôme. Retrouver la part de monde sauvage qui sommeille en elle et expliquer qu'elle existe en chacun pour peu qu'on veuille bien l'entendre, et également en définir les codes dans et par sa relation à Fox...
Certains passages seront difficiles à accepter : laisser la nature éliminer le plus faible, ne pas secourir l'animal blessé, la place de la chasse… mais à chacun de ralentir la lecture, d'essayer de comprendre les implications des décisions choisies et de vivre le cheminement à travers ces pages comme un cadeau de l'auteure.


Nous avons intensément besoin de ce type de livre tant nous nous enfonçons dans une société dans laquelle, il n'existe plus que l'homme et ses exigences, que l'homme et son ambition, que l'homme et son désir de tout s'approprier et d'exercer un pouvoir sur tout… Comprendre qu'il nous faut vivre en symbiose avec tout ce qui nous entoure conditionne notre avenir sur cette terre, notre avenir au niveau de l'espèce parce qu'il apparaît comme une évidence que si nous ne le faisons pas, nous disparaîtrons… mais les autres formes de vie continuerons d'exister, cependant.

«  Je partage une curieuse vision du monde avec (…) environ un million d'autres personnes (sur un monde qui en comprend sept milliards). Instinctivement, nous percevons un monde dominé par Dame Nature, sa faune et sa flore sauvages, et des éléments non humains : le sable, le ciel ou la mer. Nous ne faisons pas exprès d'ignorer les humains ; nous avons simplement du mal à nous focaliser sur eux. »



Merci à Babélio et aux éditions Phébus pour ce fabuleux cadeau !
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Le lieu m'a tenté : le Montana. le sujet : cette femme qui vit seule à l'écart et n'a pour compagnie que les animaux. Biographie d'une docteur en biologie ? Super ! Et magnifique photo de couverture d'un renard. Parce que le héros principal est un renard qui vient lui rende visite tous les jours à 16h15. Beaucoup d'informations qui font trop documentaire. Bien aimé le passage, page 158, où j'apprends pourquoi Saint-Expury s'est engagé pour combattre les nazis et que le Petit Prince serait fondé sur une amitié. Je me suis traînée dessus bien que j'ai en ai aimé beaucoup de réflexions.
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Catherine Raven, biologiste de profession, s'est mise à l'écart de la civilisation, dans une forêt perdue au milieu de nulle part en Californie. Elle s'y est fait construire un chalet d'où elle peut à sa guise observer la faune et la flore. Qu'on se le dise elle n'est pas proche des animaux humains, elle leur préfère mille fois la présence des animaux non humains. de cette présence à la nature dont nous faisons partie, Catherine deviendra proche d'un renard qu'elle nommera Fox et avec qui elle nouera une très proche relation, toujours dans le respect.

L'écriture est belle mais effectivement et je rejoins d'autres critiques, la chronologie est confuse et parfois on ne sait pas où l'on en est dans le déroulement du récit et de la relation entre ces deux êtres. Les descriptions assez longues de la faune et de la flore ne m'ont pas dérangée et contribue à cette belle lecture. Dommage que l'autrice soit à ses heures perdues chasseuse, mais elle s'en explique en assumant le fait que si elle mange de la viande autant tuer l'animal non humain elle-même.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique, qui m'a permis de découvrir un éditeur dont le catalogue me semble prometteur !
Malheureusement pour ce roman-ci, je n'ai pas été complètement prise par l'histoire ; j'ai trouvé la narratrice (et auteure) peu attachante, car vraiment très étrange dans la plupart de ses réactions et de sa manière d'être : par exemple, elle insiste énormément tout le long du roman sur la honte qu'elle ressent à s'attacher à un renard, alors que c'est quelque chose de tout à fait naturel de s'attacher à des animaux qu'ils soient sauvages ou non. Il y a une véritable insistance là-dessus qui m'a parue assez répétitive ; je ne sais pas si un trait culturel américain qui me passe au dessus de la tête ?
On sent bien sa formation scientifique car la narratrice est très pointue dans ses descriptions (notamment des plantes), qui peut rendre la lecture assez opaque et lourde par moments. Malgré tout, on ressent avec plaisir le côté nature sauvage et libre durant notre lecture, ce qui est agréable.
Je n'ai pas vraiment apprécié les chapitres où l'auteur parle à la place du renard, qui donne un effet un peu artificiel qui détonne avec la manière dont est écrit le reste du récit.
En bref, je crois que je ne m'attendais pas vraiment à ce type de récit, ce qui m'a un peu déroutée et m'a parfois empêchée de me plonger tout à fait dans le livre. Ce n'est absolument pas un mauvais livre, loin de là, mais il faut se rendre compte que c'est un récit autobiographique très dense, très complet, assez des chapitres dont la chronologie n'est pas toujours explicite.
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J'ai des sentiments assez mitigés pour ce roman autobiographique. Reçu dans le cadre d'un partenariat, j'avais très hâte de me plonger dans ce roman plein de nature américaine !

La forme de Fox et moi et le style d'écriture de l'autrice m'ont fait l'effet d'un de ces romans que l'on t'oblige à lire au lycée notamment les descriptions naturalistes qui m'ont beaucoup fait penser aux magnifiques descriptions de la ville d'Émile Zola. Nous sentons également que Catherine Raven est une universitaire : ses descriptions sont précises, sa réflexion suit les trames de la littérature scientifique et ses références sont passionnantes. Elle nous cite avec facilité Saint-Exupéry ou encore Herman Melville.
Catherine Raven est passionnante.
Fox et moi nous narre la rencontre et les deux années de vie entre Catherine, narratrice, et Fox qui comme son nom l'indique est un renard roux sauvage. Catherine Raven est une biologiste animalière qui a pas mal baroudé dans les parcs naturels des États-Unis. Vivant dans un chalet en plein milieu de l'état du Montana, là où l'on peut se retrouver seul avec la nature, Catherine écrit des manuels de biologie, fait des cours universitaires… Les humains, ce n'est pas vraiment sa came. Je me suis beaucoup identifié à elle sur ce point-là, si bien que je lui prête de nombreux traits autistiques.
Ainsi, Catherine Raven est seule au milieu de la nature américaine lorsqu'elle rencontre Fox. Fox, renard curieux des humains, joueur et espiègle. C'est une belle et triste histoire que l'autrice nous narre.

Je disais que l'autrice est passionnante, sa réflexion l'est toute autant. Les premiers instants de relation entre Fox et elle sont tintés des réflexions biologistes de comment doit être le scientifique. C'est à dire ne pas prêter de traits humains à un vulgaire animal sauvage, uniquement le fréquenter si c'est à vocation scientifique. Irrémédiablement attirée par Fox, Catherine Raven lutte entre ces idéaux scientifiques et son coeur. C'est intéressant à lire car le récit est parsemé de liens entre la littérature et les textes scientifiques à ce sujet.
Mais il y a clairement un défaut d'accessibilité dans ce livre. Fox et moi m'a fait l'effet d'un livre de cours car il est dense, certaines citations que l'autrice fait prennent la moitié de la page, sa réflexion est pointue. C'est passionnant mais il faut s'accrocher et avoir un certain bagage académique.
La narration est également plutôt instable, rajoutant une couche de difficulté à tout cela. Catherine Raven jongle entre les différents souvenirs qui touchent sa vie et son quotidien avec Fox. Je me suis perdu à plusieurs reprises à savoir la temporalité du récit. Les bas-et-viens m'ont fait faire des bulles dans le cerveau et ont cassé ma concentration à plusieurs reprises. Dommage dommage !

Fox et moi : une amitié peu ordinaire est un livre complexe qui donne envie de soi-même se retrouver dans la nature. Il nous montre des scènes de vie américaines qu'on tend à oublier avec l'hyper-urbanisme des certaines parts de ce pays. Si cette lecture m'a plus, elle a été assez fastidieuse pour moi à finir.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Combien d'arcs-en-ciel avais-je vus, rien que dans cette vallée ? Une centaine, facilement, et je m'arrêtais toujours pour les regarder. Je compris alors que le renard, comme un arc-en-ciel et tous les autres dons de la nature, avait une valeur intrinsèque absolument indépendante de sa longévité. Ensuite, chaque fois que je débattais sur le fait de consacrer tout ce temps à un animal dont la durée de vie excédait à peine un battement de paupières, je me rappelais les arcs-en-ciel.
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Les humains achètent, encagent et incarcèrent toutes sortes d'animaux ; ils les font enregistrer paient la taxe, les tiennent en laisse. Ces animaux vivent dans des caisses comme le mouton de Saint-Ex. Quiconque détient la caisse - ou la cage - impose son imaginaire aux animaux ainsi confinés. Les gens peuvent humaniser ou déshumaniser leurs animaux encagés selon leur bon - ou mauvais - vouloir.
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Dans Terre des hommes, Saint-Ex écrit qu’au début de notre âge adulte notre avenir est aussi malléable que la glaise. Notre imagination continue de façonner notre avenir jusqu’à ce que nous soyons adultes, nous glissons dans le moule que la société prépare pour nous, et durcissons. Une fois que nous sommes sortis du moule, notre glaise durcie ne peut se ramollir ou se travailler de nouveau. Tandis que nous grandissons jusqu’à la maturité et nous laissons incorporer à ce monde centré sur les adultes, notre imagination se contracte.
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J'étais rentrée surexposée aux images, aux sons et aux odeurs d'un monde dominé par les humains, et maintenant j'avais besoin de me concentrer sur autre chose, comme guetter des battements d'ailes, humer l'odeur musquée des cerfs. Je voulais contempler de nouveau les nuages sans crainte de passer pour impolie.
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Si ceux d'entre nous qui se sont ventousés à des endroits inhospitaliers essaient d'éviter les humains, ce n'est pas parce que nous n'aimons pas nos semblables, mais parce que nous adorons ce que les humains ont détruit. Les choses sauvages. Les horizons. Les trolls.
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