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Yves Ravey (Autre)
EAN : 9782707346667
144 pages
Editions de Minuit (04/03/2021)
3.34/5   193 notes
Résumé :
Jean Seghers est inquiet : sa station-service a été déclarée en faillite.
Son veilleur de nuit-mécanicien lui réclame ses indemnités et, de surcroît, il craint que sa femme entretienne une liaison avec le président du Tribunal de commerce.
Alors, il va employer les grands moyens.
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
3,34

sur 193 notes
La veille ils ont fêté leurs dix ans de mariage.
Cette nuit sa femme Remedios est rentrée à l'aube raccompagnée par Walden, le président du tribunal de commerce. Il est sorti et a lancé un grand salut. Que sa femme rentre si tard, aucun souci, c'est la présence de Walden qui le préoccupe. Il le lui dit. Walden est offensé et démarre. Sa femme trouve son comportement bête et mal élevé vu qu'il vient de déposer son dossier de dépôt de bilan de la station de service qu'il gére à ce même tribunal où le Walden est président.
Vous pensez qu'il y a un problème ?
Deux femmes vont le confronter à ses propres difficultés.....dans un décor qui rappelle les tableaux de Hopper.

Chez Ravey tout est cartes sur table, pourtant jusqu'au bout on n'y croit pas, cherchant la petite bête 😁! C'est court, sans fioriture, sans psychologie, à la limite du minimalisme, très cinématographique avec des personnages impassibles esquissés en quelques traits. Et pourtant rien ne manque à cette fausse intrigue qui se déroule dans un climat de mal être constant , et qui nous tient en haleine jusqu'à un final qui laisse pantois 😆!
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Rien ne va plus pour Jean Seghers : sa station-service est en faillite, tout laisse à croire que sa femme le trompe avec le président du Tribunal de commerce, et son employé lui réclame le paiement immédiat de ses indemnités. Mais notre homme et narrateur n'a pas dit son dernier mot…


Clair, net et sans bavure : Yves Ravey n'abandonne pas sa marque de fabrique et nous plonge à nouveau dans un de ses courts récits dont le minimalisme fait toute la force de frappe. La situation est banale, les personnages ordinaires et l'intrigue d'une extrême simplicité, pourtant le texte subjugue, surprend et finit par ouvrir des perspectives aussi dérangeantes qu'inattendues. En se cantonnant à l'observation et à la description sèches de leurs faits et gestes, la narration suscite une impression étrange de décalage et de malaise face à des personnages dont le lecteur, perturbé par un tel vide, ne pourra que supputer les sentiments et la psychologie. Sur ce plan, la conclusion, que d'aucuns pourront juger trop abrupte et à première vue frustrante, est une apothéose de non-dit, où s'entrevoit soudain un au-delà du récit, glaçant et diabolique.


Aussi implacable que dépouillée, cette noire histoire aux accents chabroliens se lit d'un trait et vous laisse, déstabilisé, sur les bords de ce faux vide qu'est le non-dit.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Jean Seghers est le gérant d'une station-service qui est en cours de dépôt de bilan. Il suspecte sa femme Remédios d'entretenir une liaison avec le président du tribunal de commerce. Son employé Ousmane lui réclame son indemnité de licenciement. Sa mère Dolorès refuse de l'aider. ● Sur une intrigue très convenue, qui relève à la fois du roman noir et du vaudeville, l'univers très particulier d'Yves Ravey se déploie dans toute sa splendeur. Il est fait notamment de non-dits et d'inquiétante étrangeté. On a l'impression d'être dans un monde très légèrement décalé par rapport à celui que nous habitons. C'est incroyable de parvenir à faire cela avec des mots. D'une totale originalité à chaque fois les livres d'Yves Ravey me ravissent. ● Sa prose est serrée, il n'y a pas un mot en trop et aucun mot ne pourrait être retranché, peu d'auteurs arrivent à faire cela. ● Même si la fin vraiment trop rapide ne m'a pas plu, je recommande vivement ce livre et cet auteur.
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Jean Seghers sur le point de perdre sa station service, en redressement judiciaire et sa femme, infidèle, imagine un moyen radical de résoudre ses problèmes.
Première incursion dans le monde très particulier d'Yves Ravey (merci Idil) qui en très peu de pages, et une histoire au premier abord banale, intrigue, dérange et déstabilise. Comme son héros, champion de la manipulation, on a le sentiment d'être baladé par l'auteur dont le récit en apparence prosaïque nous pousse à de multiples supputations sur le dénouement, qui finalement arrive tellement inattendu et abrupt qu'il nous laisse sans voix. Vraiment du grand art.
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Finalement, rien n'est aussi mystérieux qu'un texte d'Yves Ravey. Précisément parce que tout paraît simple, évident, transparent. Jean Seghers, le narrateur, gérant d'une station-service en faillite, soupçonne sa femme de le tromper. Il l'observe, l'interroge, suit l'amant… Rien de plus banal, terriblement banal même...
Et pourtant…
Pourtant, on sent très vite qu'on pénètre dans un espace du leurre, du faux-semblant. Or, l'ancrage dans le réel et la simplicité formelle ne devraient pas donner lieu à cette étonnante impression d'étrangeté qui émane du roman, à ce sentiment diffus et insaisissable d'évoluer en réalité dans un univers onirique plutôt « hors-sol ». Si cela se produit, c'est justement parce que les apparences sont trompeuses : rien n'est vrai mais tout participe à nous donner l'illusion du vrai. Que nous dit l'auteur sinon que notre lecture du réel (de la réalité) est impossible, soit parce que le réel n'existe pas (il n'y a que des points de vue sur le réel) soit parce que notre appréhension du réel est sans cesse faussée par des signes-écrans qui nous empêchent de le déchiffrer et d'accéder à une éventuelle vérité des êtres et des choses.
Allez, si on avait le temps, on pourrait s'amuser à chercher le pourquoi du comment, tenter quelques pistes, histoire de voir où ça nous mènerait  : (ce que je ne vous dis pas, c'est que discrètement, je commence une recherche sur l'oeuvre de Ravey, enfin… si je trouve un généreux directeur de thèse prêt à consacrer un peu de temps à une jeune quinqua-étudiante !)
Bon, (ça commence bien, je ne trouve pas mes mots… je sens que tout va être raté : la chronique et la thèse), d'abord, (je vous rappelle que ma problématique est - vous suivez, hein?- «Réalité et étrangeté : vers une esthétique du leurre dans l'oeuvre d'Yves Ravey »), d'abord donc, les lieux chez notre romancier n'existent pas : on les pensait américains (oui, la station-service au bord de la route, ça ne vous rappelle rien?), on les découvre alsaciens-francs-comtois (ce qui signifie que jusqu'à la page 39, nous ne savons pas où nous sommes) (et la mère qui porte un maillot de Sochaux!) de toute façon, il n'est jamais question d'un paysage représentatif d'un espace géographique réel, les textes ne s'ancrent pas dans une géographie. On s'en fout de savoir où on est. C'est pas le problème. Dans le fond, je me demande si on ne serait pas plutôt sur une scène de théâtre éclairée par des projecteurs, au milieu de décors colorés en carton-pâte... Donc, l'absence de géographie pourrait nous mettre sur la piste…
Le lieu de l'action maintenant : certes, il est décrit avec beaucoup de précision, même l'orientation est mentionnée, mais plutôt comme si l'on observait un plan et non le réel. Encore une fois, une piste à creuser...
L'onomastique nous trompe aussi, nous égare… Jean Seghers est le narrateur, sa femme s'appelle Remedios, un nom espagnol (mais elle ressemble à une actrice américaine), Xavier Walden, le Président du tribunal a un nom américain, Dolorès, la mère de Jean et Salazare (avec un e?) son nouveau compagnon ont des prénoms espagnols. C'est quoi ce bazar ? J'ai comme l'impression que Ravey s'amuse à brouiller les pistes, me fait chercher là où il n'y a rien peut-être rien à trouver...
Et puis, si l'on y réfléchit bien, les actions des personnages (notamment du narrateur) sont aussi assez étranges , certainement parce que seuls les actes sont décrits, nous n'avons aucune analyse psychologique. (C'est très fort d'ailleurs parce que même le « je » ne dit rien de lui, ce qui signifie que le point de vue interne est inopérant chez Ravey, il tombe à l'eau, il est un leurre, lui aussi, dans la mesure où il ne permet pas d'accéder à la vérité de l'être! Non, si vérité il y a, elle est ailleurs, où on ne l'attend pas, où on ne pense pas la voir.) Ravey s'en tient aux faits, aux gestes ou aux paroles. A nous de nous débrouiller avec ça, en tentant d'interpréter l'attitude des protagonistes, mais le risque d'erreur est grand. Ce qui fait qu'on a parfois le sentiment qu'il y a du Meursault chez le narrateur, une espèce d'écart entre lui et le monde, tout simplement parce que l'on n'a pas forcément accès à ses motivations, à sa conscience, ce qui peut donner l'impression qu'il n'en a pas, qu'il ne pense pas ou pas assez. Par exemple, tout se passe comme si, lorsque l'on veut se débarrasser de quelqu'un, on le tue et c'est tout. Pas de tergiversations, de tempête sous un crâne, pas de problèmes moraux... On agit et on espère ensuite que les choses vont s'arranger d'elles-mêmes.
Enfin, si l'on jette un coup d'oeil rapide sur la communication entre les êtres, on voit qu'elle ne se fait jamais vraiment directement : chacun semble en effet enfermé dans sa bulle, dans une sphère bien hermétique qui l'empêche d'échanger, d'accéder aux autres immédiatement et, à plus forte raison, spontanément, sans passer par des intermédiaires qui risquent de fausser le propos, d'altérer la communication voire de l'annuler. Et malgré cette apparente absence de communication, chacun semble étrangement exercer sur l'autre, en sourdine, je veux dire sans en avoir l'air, des rapports de force latents, silencieux et sournois, extrêmement puissants malgré leur invisibilité.
Bon allez, j'arrête là. L'univers raveysien est vertigineux et je risque fort de vous en reparler quelque temps (c'est trois ans une thèse, non?)… Promis, quand je donnerai mes premiers cours à la Sorbonne, je vous ferai signe...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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critiques presse (7)
LesInrocks
10 janvier 2022
L’auteur multiplie les pièges qui encerclent son narrateur, et fait planer une angoisse diffuse sur un roman qu’on ne lâche pas.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeMonde
07 juin 2021
L’écrivain signe « Adultère », son dix-septième roman. C’est l’occasion de reparcourir une œuvre qui se tient toujours à la lisière du roman noir, à travers quelques traits saillants.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
26 mars 2021
« Adultère » est la confession compendieuse d’un pauvre type, que des déconvenues sociales et sentimentales transforment en salaud. Dans ce bref roman, tout est, mine de rien, oppressant et diabolique.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
17 mars 2021
"Adultère" d’Yves Ravey, un très beau moment de lecture pour un roman-thriller comme du Hopper.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesInrocks
09 mars 2021
Yves Ravey échafaude avec Adultère un roman noir fulgurant. Comme à son habitude, c’est angoissant, concis, et totalement inattendu.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
SudOuestPresse
05 mars 2021
On entre dans un livre d'Yves Ravey comme dans un film de Chabrol : on connaît le procédé, les obsessions ; on traque variantes et nuances.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeFigaro
04 mars 2021
Le charme puissant de ce roman tient au fait que le lecteur voit tout, et qu'il assiste impuissant au dérèglement des êtres et des circonstances.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Dolorès m’a redemandé comment ça allait, si j’avais des soucis avec la station. Elle éprouvait le sentiment que
quelque chose clochait. Et je lui ai rappelé, pour éviter d’avoir à parler de Remedios et de Walden,
qu’au début, mon intention était de reprendre une autre station-service, même groupe pétrolier, mais plus grande, plus gros chiffre d’affaires,
et Remedios serait de la partie, évidemment. Ma mère s’est confondue, cette fois, avec l’obscurité.
Je n’entrevoyais plus qu’un léger contour de sa silhouette, mais je l’entendais parfaitement. Elle m’a
dit : À supposer que cela se produise, crois-tu que ta femme serait d’accord pour t’accompagner ?
C’est évident, ai-je répondu, pourquoi ce doute de
ta part, maman ? J’ai proposé à Dolorès, toujours
en retrait dans l’ombre, de la raccompagner en lui
prenant le bras. Merci, Jean, je peux rentrer seule,
et j’ai posé la question suivante : N’aurait-elle pas
observé quelque chose d’anormal ?
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Cette femme, toute experte qu’elle fût, ne détenait aucune preuve. Elle m’a retenu dans le bureau en me demandant si c’était sérieux, mon voyage ? si je partais sans ma femme…? Au fait, votre femme…? Je n’ai su quelle était sa question. Elle s’est retournée. L’adjudant Bozonet se tenait au milieu de la piste, en chemise, car il faisait déjà chaud. J’ai aperçu, à cette occasion, trois de ses collègues de la cellule d’investigation au milieu des cendres. Il s’est adressé à Hunter, d’un signe réservé de la main, tout en restant sur place. Et je me suis convaincu, une nouvelle fois, que la présence de l’adjudant était ma chance.
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Je vous rappelle qu’Amina est très sensible, elle est donc susceptible d’interpréter toute parole dans un sens négatif. Je dis aussi que, pour parler seul à
seul, il a bien fallu que vous arriviez au momentoù Ousmane était dans le parc. Pour ce faire, il a fallu compter avec le temps : le temps qu’Ousmane sorte de chez lui pour se rendre au parc municipal, le temps qu’il reste dans l’aire de jeu, le temps
qu’il revienne avec les enfants qui avaient emporté leur ballon. Pour cela, il faut être présent, au pied
de l’immeuble, avant le départ d’Ousmane. Il faut donc l’avoir épié pour être en mesure de constater,en toute certitude, que la voie est libre.
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"Elle a regardé autour d'elle, un peu empruntée, et puis, a-t-elle ajouté, sans que je m'y attende, passant d'un sujet à l'autre : Vous me permettez de changer de chaussures... ma voiture est juste à côté?"
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Ma mère ne dépensait pas sans compter. Elle était très économe, mais elle ne comptabilisait pas
le montant de ses rentrées d’argent reçues sous forme de rente mensuelle. Il va sans dire – mais nous n’en parlions jamais – que mon père ne lui versait aucune pension complémentaire. Je pouvais donc lui emprunter un peu d’argent, sans que cela constitue un drame. Au pire, je risquais quoi ?
une réflexion désagréable lors de ma prochaine visite, ce qui, dans ce cas, me disais-je, serait parfaitement compréhensible.
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Vidéo de Yves Ravey
Le romancier et dramaturge Yves Ravey parle de la création des personnages #ecrire #écrire #écriture #ecriture #écrireunroman #litterature
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