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3,03

sur 137 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sous le titre assez moyen de « La fille de mon meilleur ami » se cache l'un de ces petits bouquins qui se dégustent comme des cafés serrés. de ceux qui, d'un seul trait, vous gorgent d'arômes subtils, à la fois toniques et délicats.
Equilibre entre force et finesse, dosage impeccable entre ce qui est dit et ce qui est sous-jacent, entre ce qui s'exprime et ce qui se sent et une note finale qui laisse en bouche comme une petite touche d'amertume.

Ristretto donc que ce texte bref, dont le charme persiste dans le temps, nous laissant apprécier tout le talent d'un auteur qui va à l'essentiel, qui évite les longues digressions et affectionne particulièrement les formats courts des novelas.
Avec justesse et modération, Yves Ravey fait de l'art dans du peu.
Et avec presque rien, une poignée de personnages, un cadre de banlieue, des phrases écrémées et un style sans détour, l'auteur nous projette dans ce qui se présente au départ comme une gentille historiette mais se révèle bien vite un bel objet littéraire aux formes effilées, très séduisant dans sa limpidité, plus grave qu'il n'y paraît de prime abord.

Ainsi le récit se dévide comme une évidence, l'air de ne pas y toucher, porteur toutefois d'une fatalité qui sourd presque de manière nonchalante, distillant goutte à goutte une atmosphère de roman noir avec cette simplicité élégante et faussement distante qui lui donne toute sa suavité.
Fausse simplicité, fausse désinvolture, Yves Ravey ne s'encombre pas de superflu et chaque mot tombe pile là où il le faut, net, juste, d'une imparable efficacité.
Des phrases courtes sans aspérité, concises, lisses et précises, sur une écriture lucide, factuelle et sans bla-bla.
Cela peut sembler simple, ça ne l'est que pour mieux nous prendre dans les filets d'un univers en demi-teinte, un peu gris, un peu glauque, un peu banlieusard, un peu provincial, un peu cynique, le genre d'histoires courues d'avance à la chute aussi infaillible qu'inéluctable.

Et c'est ainsi, avec une assurance tranquille, au gré d'une mécanique toute efficace dans sa placidité, que l'on accompagne William Bonnet, d'abord gentiment compatissant par la promesse qu'il a faite à un ami militaire décédé de veiller sur Mathilde, sa fille plus ou moins dérangée, puis peu à peu intrigué par le profil de ce personnage qui se révèle à nous en homme moins charitable et honnête que ce qu'il nous avait semblé au départ. Ainsi, que fait-il avec plusieurs fausses cartes de visite et d'identité ? C'est néanmoins un homme qui tient ses promesses. Et lorsqu'à sa sortie de l'hôpital psychiatrique où elle fait régulièrement de longs séjours, Mathilde lui demande de l'emmener voir le fils qu'elle a eu avec Anthony, son ex-mari, et que la justice lui a enlevé, William, bien que se doutant que cette requête sera source d'ennuis et par fidélité à la parole donnée, finit par céder et accepte d'accompagner la jeune femme.

L'enfant vit chez son père maintenant remarié dans une bourgade de province.
Connaissant le caractère imprévisible de Mathilde, William s'emploie à repérer les lieux, rôde, enquête, s'attarde…
Et lorsqu'il rencontre la belle Sheila aux yeux verts, la nouvelle femme d'Anthony…et quand il remarque à quel point ce dernier, trésorier du syndicat et collecteur de la caisse de solidarité des usines Rhône-Poulenc, semble attaché à son petit cartable de cuir….l'idée ne tarde pas à germer qu'il y aurait peut-être un bon coup à se faire dans cette petite ville de banlieue en plein piquet de grève, une occasion à saisir…Oui, il se pourrait bien qu'il touche le gros lot…
« Attention William, sais-tu bien où tu mets les pieds ? » a-t-on alors envie de lui conseiller. « As-tu pensé à Mathilde ? »
Mathilde et ses crises inattendues, Mathilde et son esprit en capilotade…belle et sauvage Mathilde…déroutante, déconcertante, surprenante Mathilde… avec elle, on ne sait jamais comment les choses vont tourner…

Alors fonctionnera, fonctionnera pas, le plan de William Bonnet ? On a envie d'y croire, on n'y croit guère, on attend la chute, la tuile sur le coin de la gueule, tout en s'attachant à ce type pas trop comme il faut mais terriblement sympathique. La mécanique se met en place, le suspense s'installe avec le tranquille savoir-faire de l'auteur et nous, on boit ça d'un trait, café serré, corsé, ristretto…
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Montauban (on n'devrait jamais quitter Montauban !), Louis se meurt, il à une fille qu'il faudra retrouver, protéger…
On s'attend à voir débarquer Lino Ventura, comme dans « Les tontons flingueurs ». Mais non, il ne s'agit pas d'un remake…
Louis est mort. Et William lui à fait la promesse de retrouver Mathilde, sa fille dont il a perdu la trace…

« La fille de mon meilleur ami », mon septième Ravey ; et le plaisir est toujours au rendez-vous. le style, d'abord, concis, sec même, adouci par ces dialogues en style indirect ; ensuite une intrigue dont même le plus futé des lecteurs ne pourra pas imaginer le développement ; et enfin, une fin inattendue…
Un petit bouquin qui ne manque pas de rappeler un des thèmes favoris de Paul Guimard : le grain de sable qui vient faire dérailler ce qu'on croyait acquis. Mais pourquoi cette idiote de Mathilde s'est elle crue obligée de dire qu'elle ne connaissait pas ce cartable, là, dans le coffre ?
Bref, il y a de nombreux autres Ravey et je me mets immédiatement en recherche.
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C'est en lisant une critique de Bookycooky que l'envie m'est venue de découvrir cet auteur.
Il faut dire que j'aime particulièrement cette maison d'édition…

La découverte a été à la hauteur de mon attente !

L'histoire débute au chevet de Louis qui avant de mourir confie à son meilleur ami l'existence de sa fille et lui demande de veiller sur elle.

C'est une écriture où les phrases dans leur apparente simplicité créent une musique toute particulière. L'humour s'invite et le sourire vient aux lèvres.
Les personnages se complexifient aux fils des pages et le lecteur doit revoir son pont de vue.

Yves Ravey joue avec nous comme avec ces personnages, tout en finesse et avec l'élégance d'un gentleman cambrioleur.

J'ai adoré et je suis ravie de voir qu'il me reste à découvrir beaucoup d'autres livres aux titres tout aussi intrigants.
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Toujours aussi sobre et efficace : une écriture blanche au service d'une histoire implacable ; la souricière dans laquelle les personnages resteront finalement coincés se met peu à peu en place sous nos yeux. Une sorte de fatum pèse sur Mathilde et William. Ils ne peuvent jouer aucun autre rôle que le leur, et ils l'interprètent sans affect apparent, consciencieusement, comme une nécessité qui se déroule au fur et à mesure de leurs pas, presque sans eux.
Il y a des éléments de tragique chez Yves Ravey : certes les personnages ne souffrent pas des ravages d'un amour interdit et n'agonisent pas dans des effusions de sang. Mais leurs passions n'en sont pas moins irrésistibles et funestes : il y est tout de même question de parole donnée, d'amour maternel, de chantage et de vol. Les murs de la prison et de l'hôpital psychiatrique se profilent très nettement.
Une désespérance subtile baigne l'oeuvre.
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Sur son lit de mort, Louis a fait promettre à son ami de s'occuper de sa fille Mathilde qui a passé plusieurs années en hôpital psychiatrique et qui, de ce fait, a perdu la garde de son fils. L'homme promet et, au nom de cette amitié, s'engage dans une relation pour le moins ambiguë avec Mathilde…

« La fille de mon meilleur ami » est un court roman noir d'Yves Ravey.
Au long de l'intrigue, nous marchons dans les pas et les pensées de l'ami, dépositaire d'une promesse faite à un défunt. de ce fait, on ne peut que le tenir en bonne estime, celui-ci s'occupant de Mathilde et donc, restant fidèle à son engagement. Mais au fur et à mesure, l'aura brillante s'estompe, l'image se fissure et vient révéler une autre nature : celle d'un escroc et d'un manipulateur. de son côté, Mathilde apparaît comme une femme instable, insaisissable et fragile, qui profite du soutien que lui offre l'ami de son père.
Dès lors, l'intrigue prend un autre tournant, les deux protagonistes se servant de leur relation pour poursuivre chacun leurs desseins. le suspens croît au fur et à mesure jusqu'à l'ultime rebondissement qui laissent les possibles ouverts sur bien des fins… « Ils annonçaient une forte chaleur cette nuit. A n'en pas douter, la route du retour serait agréable, même si ça devait tourner à l'orage ».
Portée par une écriture sèche, précise, quasi-clinique, laissant filtrer peu d'émotions, l'histoire épouse des méandres tortueux et obscurs, ceux d'esprits perturbés et mus par leurs propres intérêts. Un récit court, dérangeant, dont l'écriture chirurgicale sert et nourrit la noirceur. Bouleversant !
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C'est une source d'ennuis, Mathilde.
On ne connaissait pas encore le franc-comtois Yves Ravey, apparemment réputé pour s'intéresser à ce qui n'intéresse habituellement personne : les petites gens, les banlieues provinciales, les choses ordinaires.
Dans ces décors de seconde zone, il nous concocte ce qui pourrait passer pour des romans noirs de série B. Si l'on n'y prête pas attention.
Sans aucun effet de manche littéraire, il nous plonge sans trop d'explications dans une petite tranche de vie (ses romans ne sont guère épais, à peine plus qu'une nouvelle). Une tranche de quelques heures qui partent en vrille en moins de pages qu'il n'en faut pour l'écrire.
William Bonnet a juré à son meilleur ami (sur son lit de mort) qu'il prendrait soin de sa fille, Mathilde.
Sauf que la vie de Mathilde est partie en vrille depuis longtemps et qu'elle cherche aujourd'hui à revoir le fils que le juge lui a enlevé. William Bonnet semble prendre sa promesse très à coeur, Mathilde aussi peut-être, et se met en peine de ménager une entrevue avec le fiston hébergé par une mère adoptive.
On voit l'ami Bonnet s'enfoncer consciencieusement dans le noir, mettre inexorablement un pas devant l'autre, juste là où il faut pas. C'est clair pour tout le monde, même pour lui aussi sans doute.
Mais Yves Ravey n'entend pas nous laisser tranquillement sur cette seule piste : William Bonnet semble avoir lui aussi des casseroles accrochées aux fesses et l'image du bon copain qui prend soin de la fille de son meilleur ami devient rapidement très floue. Et puis y'a encore d'autres trucs cachés dans le noir qu'un jeu d'éclairage va soudain mettre en lumière.
De ce tout petit bouquin, on retiendra deux ou trois trucs : d'abord une belle écriture, sobre et claire, en parfaite adéquation avec la description minutieuse de ces petites choses qui s'enchaînent de manière désastreuse. Ensuite des tours de passe-passe, un art de la prestidigitation littéraire : oh, regardez donc ma main droite là pendant qu'avec la gauche je prépare le chapitre suivant.
Et puis (mais comment fait-il avec cette économie de mots ?) l'art de planter quelques éléments de décor qui resteront gravés sur nos rétines : un parasol et un gin tonic sur la terrasse désolée d'un motel de province, un vieux cartable fatigué dans le coffre d'une vieille Nissan Sunny, ...
Tout cela dans un concentré de quelques pages qui vous laissent inévitablement un petit goût de revenez-y.
Et donc on va y revenir, c'est certain, nous voici accrochés ...
Pour celles et ceux qui aiment que Mathilde soit revenue.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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Ce court roman de Yves Ravey est raconté par William Bonnet, un homme qui a promis à son meilleur ami sur son lit de mort de veiller sur sa fille. Mais cette fille, un tantinet perturbée et qui sort d'un hôpital psychiatrique, veut voir son fils élevé par son ex-mari et sa nouvelle compagne. William, qui n'est pas très clair non plus et qui n'hésite pas à employer des méthodes contestables, accepte de l'aider...
Un roman noir étrange au style précis mais qui brouille les repères du lecteur quant aux intentions réelles de ses personnages. Un bel exercice de style.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Ce roman à suspense est bien rythmé. Les phrases sont courtes, les personnages intéressants mais pas assez développés par l'auteur. Cette histoire m'a tellement plu (il s'agissait de mon premier livre d'Yves Ravey) que j'étais légèrement frustré par cette écriture très sèche qui va à l'essentiel. J'aurais voulu en lire plus, en apprendre plus sur ces personnages.
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agréable à lire, captivant et fin à imaginer
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Une sombre histoire de mère qui veut revoir son enfant aidé par un ami de son père disparut quelques temps plus tôt. L'auteur met en place une machine narrative efficace, portée par une écriture sèche et incisive.
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