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EAN : 9782362792410
Alma Editeur (09/11/2017)
4.03/5   65 notes
Résumé :

Rien ne vaut l’atmosphère d’une vieille et accueillante taverne pour écouter les histoires étranges des pèlerins de passage : Chaucer le savait bien quand il imagina les troublants Contes de Canterbury qui frappèrent tant les esprits. Quelques siècles plus tard, celui que l’on considère désormais comme l’un des maîtres absolus du fantastique, lui rendit le plus magnifique des hommages en réunissant à son tour dans La Cotte d’Armes une assemblée de conteurs d... >Voir plus
Que lire après Les derniers contes de CanterburyVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Une belle plume que ce Jean Ray qui montre qu'en plus de bien écrire, il sait aussi bien raconter. On peut ainsi le comparer sans hésitation au grand maitre Howard Phillips Lovecraft. J'ai suivi sans hésitation l'avis de mon amie babelionaute NicolaK et je ne le regrette pas. Je me suis embarqué dans un faux roman déguisé en recueil de nouvelles qui se veut être la suite de l'oeuvre de Geoffrey Chaucer. Cet écrivain médiéval avait déjà rédigé un recueil « les contes de Canterbury » et Jean Ray va en ressusciter les personnages pour sa suite.

Nous retrouvons dans une taverne les personnages de Jean Ray mêlés à ceux de Chaucer. C'est dans une atmosphère gothique et mystérieuse, que les héros en chair et en os du premier vont échanger avec les êtres fantomatiques du second. Chacun à tour de rôle, ils nous racontent une histoire effrayante voire carrément sanglante. Des histoires à vous glacer le sang surtout racontées la nuit, à l'ombre des bougies dans une pénombre propice aux apparitions de monstres, démons et autre habitués du genre.

L'aspect désuet de l'oeuvre écrite en 1946 va certainement en rebuter quelques-uns. Mais Jean Ray sait nous prendre par la main et son style parvient à nous maintenir en haleine tout au long des nombreuses nouvelles qui composent son recueil. le Belge manie la langue française avec brio. Les contes (et les conteurs) sont d'une perplexité stupéfiante. Ils sont à la fois humoristiques et terrifiants mais aussi poétiques et touchants. Les scènes qu'il décrit sont d'une précision extrême dans leur ambiance comme dans leur atmosphère. On y côtoie des personnages à la Pieter Bruegel aux panses bien rebondies se complaisant dans des odeurs de tabac hollandais mêlées à celles des nourritures et plats bien flamands comme le Waterzooï. Mais on y trouve aussi l'odeur de la bière anglaise, du Fish and Chips et du tabac blond. de la senteur du bois brûlé dans la cheminée à celle plus métallique du sang des victimes, des bouges de Londres aux bordels d'Amsterdam ; des marins aux bourreaux dans un melting-pot à la sauce fantastique.

Je conseille vivement cet ouvrage aux amoureux des lectures fantomatiques, lues à haute voix, entourés d'amis-es de même sensibilité, à la lueur des bougies et par nuits glaciales… Avec le bruit des portes qui grincent et du vent qui hurle dans la cheminée, en présence d'un chat noir roulé en boule sur les genoux du conteur.

« Dans une poignée de sable de la route, j'ai mis un rayon de soleil qui brille, un murmure du vent qui se lève, une goutte du ruisseau qui passe et un frisson de mon âme, pour pétrir les choses dont on fait les histoires. »
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La nomination à la masse critique spéciale “Mauvais genre” – la défunte “Imaginaire”, que j'aimais beaucoup –, m'a permis de pouvoir lire un recueil de nouvelles d'un auteur que j'apprécie tout particulièrement : Jean Ray. C'est une chance d'avoir pu être sélectionnée et je remercie Babelio ainsi que les Éditions Alma. Je les remercie même plutôt deux fois qu'une, car cette maison d'Éditions dépoussière les textes de Jean Ray – cet écrivain talentueux.

Si pour beaucoup Howard Philips Lovecraft est un Maître du Fantastique, en ce qui me concerne, je lui préfère le génial belge Jean Ray. J'adore ses rythmiques tournures de phrases, son univers et un parfois humour noir que j'ai pu lire à travers « Le carrousel des malices » – qui sera réédité par Alma.

« Les derniers contes de Canterbury » sont un hommage à Geoffrey Chaucer. Il reprend les protagonistes de l'ouvrage « Les contes de Canterbury » parut au XIVe Siècle. Jean Ray ne s'arrête pas là, puisqu'il honore également « Le Chat Murr » qui est une oeuvre de Ernst Thedor Amadeus Hoffmann. le félin intervient régulièrement.

Le présent ouvrage regroupe près d'une quarantaine de textes de qualité inégale, mais tous, ou presque, sont du genre Fantastique. Et quoi de mieux qu'en cette période Halloween que se retrouver autour d'une tablée et des fantômes comme convives. Chacun raconte à sa manière un événement tragique. Parfois léger, sombre, glauque ou bien humoristique, ces textes sont agréables à lire, bien que quelques récits puissent être perçus comme désuet dans la forme.
L'ordre de lecture est bien pensé. Nous partons d'un restaurant digne d'un « Rituel de chair » – qui aurait pu être plus développé –, en passant par quelques bourreaux, des marins, pour terminer par des Démons. En bonus, nous avons même le droit à d'autres récits – intitulé “… Et autres textes” – dont l'excellent « Le démon d'Highbottam ».
Parmi ces savoureuses lectures, j'ai beaucoup aimé « La terreur rose » dont on peut admirer la prose magnifique de Jean Ray et qui flirte avec la Science-Fiction. J'ai adoré la tendre histoire « La plus belle petite fille du monde », sombre et tragique. J'ai bien aimé aussi « Tyburn », très Fantastique. Autre récit que j'ai apprécié fut « Le chat assassiné », qui touchera bien évidemment tous les propriétaires de ce cher félin.

En définitive, j'ai apprécié de recueil particulier. Je pense qu'il faut avoir lu les deux ouvrages dont l'auteur s'est inspiré, pour mieux le savourer et le comprendre. Ce sont de bons récits noirs et Fantastiques, parfait pour se divertir. Je suis d'accord avec Arnaud Huftier qui nous parle du talent de l'écrivain en postface. Je l'ai trouvé un ton en dessous « Le carrousel des malices ». Mais j'aime la plume de Jean Ray.
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Savoureux et très sombre recueil de nouvelles paru en 1944.
Tobias Weep et son ami Reid Unthank font partie d'un cercle littéraire recherchant l'auberge dans laquelle Chaucer aurait écrit ses histoires. Après quelques errances, ils tombent sur la taverne et sont invités à participer à un autre cercle, constitué de fantômes, où chacun des convives raconte une histoire, lesquelles sont particulièrement sanglantes dans la première partie du recueil, laquelle s'achève par Suite à Tyburn, narrée par Tipps, un bourreau, qui nous raconte en détails les contraintes de son "travail" ainsi que son amour pour Mistress Squeak. L'un des meilleurs récits de l'ouvrage, à mon avis.
La seconde partie est moins violente, mais chaque nouvelle vaut le détour. Ce livre est un pur bijou, incontournable.
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Un livre bien écrit, une plume riche, truffée d'imaginaire, criante de folie parfois, toujours interpellante dans sa vision de l'horreur ou sa grande tendresse.
Un recueil de nouvelles, unies dans un même fil, c'est beau, c'est fluide, c'est génial pour qui n'aime pas vraiment les nouvelles.
Un récit de contes noirs à souhait, le Diable nous frôle à chaque page, d'un souffle, d'un doigt. Et pourtant, on en redemande, car le Diable a parfois de ces bontés qui nous laissent pantois.
Et on apprend que c'est le prolongement moderne d'un manuscrit ancien du XIVème siècle, inachevé pour cause de mort de l'auteur Geoffrey Chaucer. Une suite sombre, effrayante, tellement humaine finalement que le tout semble naturel dans son étrangeté bien glauque.

L'auteur, belge, il faut le dire, manipule la langue de Molière en lui donnant des accents de celle de Shakespeare et c'est d'un charme fou même si les sujets abordés sont des plus terrifiants. J'ai adoré !
Mercie à Babelio et Masse Critique pour cet ouvrage superbe par le fond, la forme et l'objet.
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J'avais fait la connaissance de Jean Ray à travers les aventures d'Harry Dickson, et prolongé mon plaisir avec le recueil de nouvelles : Les contes du whisky. J'avais hâte de découvrir cet autre ouvrage de nouvelles, considéré comme un des livres majeurs de l'auteur : Les derniers contes de Canterbery.

Comme tous les samedis soirs, dans l'arrière-salle de la taverne de la Pie savante, le club littéraire d'Uppper Thames se réunit pour mener des travaux et discussions littéraires. En ce soir de fin octobre, un débat enflammé porte sur la possibilité (ou non) que la vieille taverne de la cotte d'Armes soit reconnue comme le berceau des contes de Canterbury du célèbre Geoffrey Chaucer… Les membres de l'académie choisissent alors d'envoyer leur secrétaire, Tobias Weep, vérifier la validité de leur hypothèse sur place. Et le jeune homme de se retrouver au sein d'une bien étrange assemblée, composée des mêmes pèlerins dépeints cinq siècles plus tôt par le père de la littérature anglaise, tous réunis pour une nuit remplie de contes et inoubliable…

Retranscrits dans leur version intégrale, mais surtout dans l'ordre souhaité par Jean Ray, ce recueil de nouvelles est extrêmement plaisant. Au-delà de l'esthétique même de l'ouvrage, particulièrement réussie et soignée par la maison d'édition Almaediteur, j'y ai trouvé une préface et une postface, instructives et documentées, quelques autres nouvelles de l'auteur.
Il s'agit là de littérature fantastique de haut vol, avec des contes et des conteurs de tout genre : drôles, terrifiants, stupéfiants, cruels et poétiques… On frissonne, on rit, on se laisse happer par ce délire embrumé et enfiévré, éthylique. Haut en couleur et verbe fin, Jean Ray est un auteur à redécouvrir, qui sait jouer avec nos peurs et nos cauchemars, qu'il peuple de fantômes, de marins pervertis, de bateaux perdus, de tavernes enfumées et de mauvaise réputation.
Savoureux !
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critiques presse (2)
SudOuestPresse
30 novembre 2023
Ces « nouveaux contes » respectent la trame chorale de l’illustre modèle, et entraînent le lecteur dans un maelstrom d’horreurs sans nom, dont le véritable auteur pourrait être le diable, « le plus grand conteur d’histoires ».
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Marianne_
07 novembre 2023
En mettant ses pas dans ceux de l’illustre Geoffrey Chaucer, l’écrivain belge avait voulu marquer l’histoire de la littérature. Et il le fait à sa manière, en proposant une pièce maîtresse de la littérature fantastique.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Le rose n’est pas une couleur, c’est le bâtard du rouge triomphant et de la lumière coupable ; né d’un inceste où l’enfer comme le ciel ont joué un rôle, il est resté la teinte de la honte. Mais cela, je ne l’ai senti que plus tard, quand il m’était devenu impossible de sortir encore de la géhenne.
La connaissance d’après coup, celle qui arrive trop tard pour vous sauver, me rappela que le rose est jumelle à l’horreur.
Pleur sanglante des poumons phtisiques, mousse aux lèvres des hommes qui meurent la poitrine percée, tissus visqueux des fœtus, prunelles affreuses des albinos morbides, témoin du virus et du spirochète, compagnon des sanies et de toutes les purulences, il a fallu l’innocence et l’admiration des enfants et des jeunes filles pour l’entourer de désirs et de préférences, et cela même démontre sa malice et sa ténébreuse essence.
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Les bruits étaient sympathiques et excellents : des grésillements de graisse chaude, des flonflons de bouilloire, des bruits en fusée de rôtis arrosés, le choc clair des casseroles et de la vaisselle, un glou-glou de bouteilles qui semblait parodier une cascadante série de baisers goulus.
Toute sa sympathie d’homme affamé serait allée vers les odeurs des viandes chaudes et des sauces épicées, si un effluve étrange, doux et terrible, n’était venu flotter autour de lui.
— Je connais cela, murmura-t-il.
Et, soudain, une cruelle fantasmagorie se déroula en film silencieux dans sa mémoire : il revit les boueuses tranchées où saignaient d’innombrables cadavres de Tommies et de Feldgrauen.
— Cela sent la mort, dit-il, le sang… Pouah !
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— Elle veut que l’on baptise tout de suite la petite, parce qu’elle est catholique.
— Diable, dit Septimus, voilà une autre histoire.
— Oui, dit un matelot, si le mioche meurt et s’il n’est pas baptisé, il n’ira pas au ciel, et sa petite âme viendra tout le temps se plaindre à bord des bateaux de la Row, voilà ce que je dis, moi.
— Ce gentleman à raison, affirma Jim Holloway.
— Et comment faire ? demanda Septimus Kamin au barman.
— On lui verse de l’eau sur la tête et l’on dit : Je te baptise au Nom du Père, du fils et du Saint-Esprit.
— De l’eau, dit Septimus méfiant.
— De l’eau, répéta le barman.
— Pas possible, grogna Holloway.
— Je sais ce que je dis !
— Si tu le dis, c’est pas avarice et par méchanceté, trancha Holloway, pour que notre filleul soit mal baptisée et que cela ne te coûte rien ; voilà toujours pour toi, cul de bouteille.

« L’assomption de Septimus Kamin »
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(Souvenirs heureux du bourreau de Tyburn) Je fréquentais assidûment la taverne du Pécheur Repenti et j'y prenais fréquemment mes repas, surtout aux jours du pâté de pintade au vin d'Espagne. A l'un des angles dans Spite Street, s'ouvrait la boutique du boulanger Miffins, un bien digne commerçant à qui je réservais ma pratique et qui devint mon ami.
Les jours de fête il confectionnait à mon intention un gibet en pain d'épices, et je me souviens avec émotion d'un de mes jours d'anniversaire où il m'offrit une épée de justice en sucre argenté sur laquelle le sang des suppliciés avait été représenté par du sirop de framboise.
Aux pauvres gens qui habitaient un peu plus loin vers Wardour Ham, je laissais emporter les fagots non consumés des bûchers ou les rondins tournés au charbon, et je leur offrais le vieux chanvre du gibet impropre à un nouvel usage. Ils m'en surent si bien gré que bientôt ils ne m'appelèrent plus que "le bon sir Benjamin" et ils poussèrent même la reconnaissance jusqu'à me proclamer leur principal bienfaiteur, après Dieu et le roi.

p. 77
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Le prologue fantastique
Comme il existe des gens stupides par le monde !
Une des plus éclatantes preuves de cet aphorisme sans tolérance devait être, à mon avis, la fondation d'un club littéraire à Upper-Thames, et l'établissement de son siège dans une arrière salle de la taverne de la "Pie Savante".
La faute en fut à cette vieille canaille de Sir Daniel Creswell, qui se complut à jouer d'affreux tours posthumes à ses héritiers en léguant de grosses sommes à un tas d'institutions saugrenues.
L'une d'elles fut ce club littéraire d'Upper-Thames.
Parfaitement, je le répète, une sombre joie au coeur : un club littéraire dans Upper-Thames ! Dans cette hideuse artère où il n'y a de place que pour des bureaux de courtiers maritimes, des bars de mariniers, des hangars, des magasins de solde et des postes de douane et de police fluviale...
(extrait du prologue)
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Présentation des Derniers contes de Canterbury, de Jean Ray
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