Trop souvent, em matière de police, on confond hasard, instinct et chance, à moins qu'on veuille y introduire un terme assez frelaté en pareille occurrence : le flair.
Le flair policier n'existe pas, quoi qu'en disent les auteurs du genre, mais il se peut que ce nom idiot ait pu s'appliquer à une faculté spéciale, se développant au long de sa carrière, chez le policier averti.
Cette facult, que les profanes apparentent à une sorte de sixième sens n'est, à vrai dire, qu'une résultante de l'exercice quotidien du raisonnement, de la logique, de l'application rationnelle de diverses méthodes, qu'elles soient inductives ou déductives.
Le biographe de Harry Dickson, en rédigeant les mémoires de ce dernier, a pu constater souvent que le célèbre détective arrivait maintes fois, sans se donner apparemment beaucoup de peine, à découvrir tel ou tel point névralgique d’une cause.
Chance, hasard ou bien le fameux « flair » inventé par les ignorants ?
Non : « mnémotechnique » est un terme plus approprié. Les anciennes causes servent beaucoup les causes nouvelles et, quand Dickson affirmait que le mémorial du crime se présente souvent comme une chaîne de raisonnements et de faits, tel un livre de géométrie euclidienne, il formulait une vérité profonde.
Tom Wills n’avait pas été en vain à la dure école du maître et, en de nombreuses circonstances, cette faculté l’avait servi.
- Oh, s’écria Tom Wills, tout ce qui se trouvait inscrit dessus a disparu !
- Les choses vaines s’envolent comme des oiseaux perchés sur la branche, dit le docteur Mirwahr, mais terribles sont celles qui restent.
- Et que sont-elles ? s’enquit le détective.
Le visiteur fit un geste las.
« Comme il baissait les yeux ,il aperçut,collée contre le tronc de l’arbre qui lui servait de poste de guet,une forme immobile.Elle était tellement menaçante que Dickson eut peine à réprimer un geste de répulsion
Une cagoule sombre la recouvrait entièrement et,de la large manche d’un habit monacal,sortait une main énorme,monstrueuse.
Présentation des Derniers contes de Canterbury, de Jean Ray