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3,88

sur 464 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand les éditions Alma ont repris la publication des meilleurs romans et recueils de Jean Ray, il fallait s'attendre à redécouvrir du très bon récit d'épouvante, mais s'il y en a un qui devait être remis en lumière, c'est bien Malpertuis qui est souvent désigné comme son chef-d'oeuvre personnel.

Premier constat une fois ce livre terminé : il faut le relire. Là-dessus, je rejoins la sentence d'Arnaud Huftier dans sa postface, on sort de cette lecture en se disant qu'il nous faut recomprendre des éléments, notamment dans la première partie du roman. L'histoire centrale est celle de Jean-Jacques Grandsire, dont le grand-oncle Cassave meurt et organise la vie posthume de sa maison Malpertuis. Il convie son entourage à perdurer dans sa demeure afin que le dernier en vie prétende à son immense héritable. On sent déjà poindre l'ambiance « Cluedo » où cohabitent la soeur de Jean-Jacques, Nancy, sa cousine Euryale, son cousin Philarète, ses oncle et tante Charles et Sylvie Dideloo, mais également les trois soeurs Cormélon, un taxidermiste nommé Lampernisse, le commis Matthias Krook ainsi que les serviteurs, Élodie et les époux Griboin. Rôdent autour d'eux la mère Groulle, l'abbé Doucedame et le mystérieux Eisengott. Parmi tout ce « beau » monde, les noms ne sont pas toujours choisis au hasard et chacun semble, tour à tour, intervenir plus ou moins volontairement dans le destin de Malpertuis.
L'horreur pour Jean-Jacques relève d'une alternance malsaine entre un quotidien d'un ennui pathétique et des scènes d'épouvante aussi violentes que spontanées. Jean-Jacques vit sa vie mais des événements étranges surviennent insidieusement : un camarade est retrouvé cloué par la tête à un mur et continue de chanter, un autre est agressé par trois êtres ailés, un autre encore crache des flopées de feu. Bref, Malpertuis est définitivement le repaire de toutes les bizarreries, de façon peut-être un peu trop loufoque pour le lecteur qui ne s'y attend pas (mais en même temps, c'est le but).
Le lecteur retrouve d'ailleurs le style caractéristique de Jean Ray. Ainsi, les adjectifs tarabiscotés, les métaphores glosées et les situations ubuesques sont légion. Rien que dans la scène de présentation de Cassave, Mais avec Malpertuis, Jean Ray utilise, en plus de cela, une construction atypique dans la narration. En effet, le narrateur ne se nomme jamais, mais précise seulement qu'il est le « cambrioleur des Pères Blancs ». Serait-ce Jean Ray lui-même qui se met en scène ? En tout cas, celui convoque un certain nombre de témoins qui vont à leur tour raconter ce qu'ils ont vu ou prétendent avoir vu. Un peu à la manière d'une enquête policière, charge est donc donné au lecteur de trouvé le mystère avant qui lui soit révélé.

Très personnellement, je n'ai sûrement pas la culture pour tout cerner de ce roman si atypique, à part peut-être sur le plan mythologique (et encore). de façon plus générale, Malpertuis marque son lecteur par une épouvante un peu échevelée, mais constamment mystérieuse, à n'en pas douter persévérer dans la bibliographie de Jean Ray ne peut que le plus grand bien.
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Jean Ray au sommet de l'Olympe de la littérature fantastique et de l'épouvante, certes disparu, oublié. Respect ! Et son esprit nous hante. "Mon coeur dans Malpertuis... pierre dans les pierres..." p.51


"Il me faut présenter Malpertuis et me voici frappé d'une singulière impuissance. L'image recule comme les castels de Morgane..." p.52 "Les hommes qui s'endorment dans ses immenses chambres s'offrent au cauchemar, ceux qui y passent leurs jours doivent s'habituer à la compagnie d'ombres atroces de suppliciés, d'écorchés vivants, d'emmurés, que sais-je encore ?" p..57 Héla ! Qui éteint les lumières ? "Je pense aux paroles de Lampernisse : "D'étranges volontés vous imposent tour à tour l'oubli et le souvenir."" p.85


"Je ne puis prétendre que les heures d'effroi se suivaient dans Malpertuis, selon une norme inexorable, qu'elles adoptaient dans l'épouvante, une régularité de marées ou de phases lunaires, comme dans la fatale maison des Atrides." p.87 "Jamais... entends-tu ? Jamais... ne prononce jamais ce nom, si tu ne veux pas que le malheur et l'épouvante soient sur toi !" p.101 Diantre ! Eh bien, ces trois divinités du Panthéon, je tairai donc leurs noms. "Je reconnus le cousin Philatère. Il marcha vers le cadavre, le souleva sans émotion et l'emporta dans la nuit." p.117


"Toute mon âme criait de crainte et de révolte et pourtant je me dirigeais vers le perron. [...] Dans la nuit noire, j'entrai dans Malpertuis." p.162 "Tais-toi... tais-toi ! Tu n'as vu que des fantômes, les reflets des choses cachées." p.174


Soit ! Je ne révélerai ni Zeus dans un éclair, ni toutes ces divinités de sinistre mémoire dont l'essence fut ramenée imprudemment par un marin véreux quitte à embraser le coeur de l'imprudent avant de le pétrifier de terreur. Je me contenterai de rendre hommage à la virtuosité de Jean Ray si habile à instaurer, à travers pas moins de cinq narrateurs, un climat d'une "vastité tourmentée" auquel il est impossible d'échapper.

Un roman aux effets cathartiques à l'heure où tant d'égos en manque de visibilité se voudraient des dieux alors qu'ils sont des poules sans tête s'agitant en tous sens, orchestrant l'anxiété pour mieux vous manipuler. Promettez ! Malpertuis comme vaccin à la peur irrationnelle !


Sans l'ombre d'un doute : Lisez Jean Ray à en devenir nyctalope !


https://www.youtube.com/watch?v=jFajJwjTNOs&list=PLBBW6-WusyfmhywzmmOll-14e0J8jl7zV

Pagination correspondant aux éditions Labor collection Espace Nord, 1993 incluant une éclairante lecture de Joseph Duhamel.
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J'ai entamé ce roman de Jean Ray sans ne rien connaître ni de son auteur, ni de son sujet, en m'attendant au récit d'une maison maléfique – le titre n'en est-il pas Malpertuis ? – qui allait s'en prendre à ses occupants - les héritiers de Quentin Moretus Cassave –, ce dernier sur son lit de mort ayant promis sa colossale fortune au dernier de ses occupants qui allait survivre. Or, le récit de ce qui se passe réellement à Malpertuis va s'avérer beaucoup plus compliqué, pour ne pas dire alambiqué… Très vite une ambiance floue et malsaine s'installe, les personnages sont pour la plupart étranges, lorsqu'ils ne sont pas dans un état presque végétatif, et il n'y a guère d'interactions entre eux comme dans une intrigue classique. Tout part d'une gaine d'étain contenant des documents, volée au couvent des Pères Blancs, et de son voleur qui tente d'y mettre de l'ordre, curieux de ce qu'il y a trouvé, d'où la multiplication des narrateurs et des parties qui donnent le ton au texte, tel qu'il nous l'explique. J'ai beaucoup apprécié l'écriture de l'horreur de Jean Ray, si je la compare à celle de Lovecraft que j'ai découverte brièvement l'an dernier, que je trouve plus poétique. Cela reste une lecture mitigée, un roman que j'ai lu par brides, que j'ai cependant pris plaisir à retrouver, de même qu'à situer dans le contexte de son écriture, Arnaud Huftier écrivant dans la postface : « Au moment même où est publié Malpertuis, l'horreur des camps s'étend à toute l'Europe. » Voilà qui donne à réfléchir…
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Lecture bien étrange pour une maison non moins étrange...

On entre dans Malpertuis sans vraiment avoir compris comment on se retrouve là. On naviguait sur une mer déchaînée et presque soudainement on est installé au chevet d'un mourant qui laisse un bien curieux héritage. En échange d'une grosse somme d'argent, et d'une potentielle fortune plus grande encore, l'entourage de l'étrange Cassave accepte de vivre en huis clos à Malpertuis... Une maison pas comme les autres.

Il m'a fallu quelques chapitres pour entrer dans l'intrigue et parvenir à y comprendre quelque chose tant les personnages étaient nombreux et la construction du début peu claire pour moi. Comme la plume de Jean Ray, que je découvre avec ce roman, est très visuelle, on s'imagine assez vite l'ambiance pesante de la demeure et l'apparence des créatures et phénomènes évoqués. Une fois plongée dans le récit, je l'ai lu assez rapidement. J'ai trouvé l'ensemble assez génial, surtout à la lumière de la dernière partie. Les personnages ne sont pas construits de manière égale, cela participe à l'étrangeté de l'ensemble.

Voilà un grand auteur belge dont je ne connaissais rien et que je lirai à nouveau avec plaisir si je tombe sur un de ses livres.
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Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis que Babelio et Alma Éditeur proposaient, lors d'une opération Masse Critique, un nouvel ouvrage de Jean Ray !
Cet éditeur a eu la brillante idée de rééditer l'oeuvre complète de cet auteur belge qui est un des grands maîtres du fantastique.
Jusqu'à présent, nous avions eu droit à des recueils de nouvelles (La cité de l'indicible peur, Les contes du whisky, La croisière des ombres, le grand nocture et Les cercles de l'épouvante) : il s'agit cette fois d'un roman.
De nouveau orné d'une magnifique couverture de Philippe Foerster, la nouvelle livraison d'Alma s'appelle Malpertuis, avec pour sous-titre "Histoire d'une maison fantastique". Malpertuis est en effet une maison dont on ne sort jamais, peuplée d'étranges personnages et de créatures.
L'histoire de ce lieu et des gens qui y vécurent nous parvient par divers manuscrits réunis dans un mémoire rédigés à cinq mains. le récit débute par les mots de l'abbé Doucedame-le-vieil. Il nous raconte que le moribond Cassave réunit jadis les membres de sa famille dans cette étrange demeure et leur apprit qu'ils devraient y vivre s'ils souhaitaient toucher l'héritage. Le dernier survivant serait l'unique héritier, hormis la présence d'une femme, auquel cas les deux héritiers devraient se marier pour récupérer tout deux la fortune.
La plus grand partie du roman nous est narrée par Jean-Jacques Grandsire, le neveu de Cassave. Une douzaine d'autres personnes vivent ou viennent régulièrement dans Malpertuis. Cette partie de l'histoire est assez décousue, mais elle est écrite dans un style superbe, digne des plus grands textes du genre gothique. Notre héros observe chaque jour d'étranges phénomènes, parfois de terribles scènes à glacer le sang, et n'a de cesse d'essayer de dénouer l'énigme de ces lieux. Ses recherches le marqueront à tous jamais : les maléfices et autres forces en sommeil dans la demeure perturberont en effet gravement sa santé.
Ce n'est que sur la dernière partie de l'histoire qu'on comprend réellement qui sont les hôtes de Malpertuis, ce qui donne d'ailleurs envie de reprendre l'histoire du début pour mieux en saisir le sens.
Cette réédition de Malpertuis est parachevée par une éclairante postface d'Arnaud Huftier, biographe de Jean Ray et maître d'oeuvre de cette édition intégrale. Vivement la suite !
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Une autre histoire de maison hantée, je ne pouvais décemment pas passer à côté. Pas moins de cinq narrateurs de différentes générations interviennent dans ce récit, nous faisant traverser les époques, ce qui lui confère une certaine originalité.
L'abject oncle Cassave, haï par toute sa famille, est à l'agonie. Bien sûr, tout le monde le déteste, mais il est riche, ce qui amène ses descendants à se précipiter à son chevet. Héritage oblige.
Mais ledit héritage ne va pas sans conditions sine qua non. Pour en bénéficier, les héritiers devront vivre plusieurs années à Malpertuis.
La plume est là, la virtuosité aussi. On peut être un peu perdu par le vocabulaire inusité employé par l'auteur, que d'aucuns qualifieront de pédanterie. Moi j'aime bien ce côté un peu désuet, donc ça ne m'a pas dérangée.
L'histoire met un moment à démarrer et encore une fois, certaines longueurs ont pu être déplorées par d'autres lecteurs. Je ne dirais pas que dans ce livre précis ça m'a permis de m'installer, comme j'apprécie souvent le faire, parce que j'ai trouvé ça un peu mou et poussif, mais pas non plus rédhibitoire.
Hormis ceci, le récit part un peu dans tous les sens et j'ai choisi de me laisser porter et d'en retirer le plus de plaisir possible, mais je ne crierai pas au chef-d'oeuvre.
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Malpertuis est le premier roman fantastique de l'écrivain belge Jean Ray. Il est construit sur une suite de manuscrits, et donc de multiples narrateurs dont le principal est Jean-Jacques Grandsire, ce qui en fait le personnage principal.

Le vieux Cassave se sentant proche de la mort lègue son immense fortune. Il convoque les membres de sa famille chez lui, dans la demeure qu'il a nommée Malpertuis. Il annonce que chaque personne voulant toucher l'héritage devra vivre à Malpertuis. Ses ordres sont que seul le dernier vivant pourra avoir la fortune. S'il reste un homme et une femme, ils devront se marier et toucheront l'héritage à deux.

A la lecture du roman, on comprend peu à peu que Cassave était un personnage mystérieux, de même que son étrange demeure et que les différentes. En fait, les personnes habitant la maison sont des divinités déchues. Divinités affaiblies par manque de croyants.

Le sujet est vraiment très intéressant mais la narration extrêmement complexe ne permet pas d'apprécier le texte et l'intrigue.
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Entrez dans la demeure de la malice et voyez si vous en sortez...

Malpertuis est une maison inhospitalière, digne des plus grands films d'horreur. Lorsque son propriétaire, Cassave, est sur le point de mourir, elle se révèle être le point de départ d'un Cluedo sanguinaire. Ses neveux et nièces se doivent de rester en la demeure s'ils veulent hériter d'une fortune innommable. Mais attention, il n'en restera qu'un ! ou deux, qui auront alors la mission de célébrer leurs noces...

Voilà qui est bien étrange ! Amoureux de la mythologie, des thrillers, des enquêtes folles , passez l'huis de Malpertuis (oui oui ça vous dit bien quelque chose...la demeure même d'un goupil des plus célèbres), lancez-vous dans un récit aux narrateurs multiples et ne vous effrayez pas de l'opacité de quelques faits. Il vous faudra être très perspicace ou très patient.

Auteur méconnu (même pas recensé dans le Panorama de la fantasy du merveilleux), il en a certainement inspiré plus d'un...Neil Gaiman au premier plan.

le style pompeux des narrations n'est pas toujours très aisé mais la richesse du vocabulaire n'est pas à négliger. Et de toutes façons, il vous en faudra plus d'une lecture pour en comprendre tous les aspects...

Chapeau monsieur Ray !
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Malpertuis, de Jean Ray, est un petit bijou de la littérature fantastique. Labyrinthe narratif, on y suit les aventures d'un jeune homme, qui suite à la décision testamentaire de son oncle, doit vivre, avec ses cousins et des membres éloignés de la famille, à Malpertuis, seule solution pour percevoir la rente mensuelle que le lui laisse son oncle. Prisonnier de cette maison, bientôt, des évènements inquiétants se produisent et les membres de cette famille dysfonctionnelle meurent un à un. Quelle force surnaturelle s'est mise en branle ? Et comment échapper à ce qui semble être une malédiction familiale ? Univers ambigu, peuplé de symboles et d'allégories, Jean Ray s'amuse à mettre devant nos yeux des évidences qui nous échapperont jusqu'au fin mot de l'histoire. Une petite pépite réjouissante, qui vaut le coup d'oeil, d'autant plus que les éditions Alma ont enfin republié dans son entier cet ouvrage qui avait été trop longtemps charcuté par des versions incomplètes.
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Roman fantastique très riche, lu à l'adolescence, qui m'a laissé le souvenir précis d'une construction remarquable et d'un dénouement passionnant.
Et en plus c'est du Belge!
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