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EAN : 9782843626784
284 pages
Terre de brume (22/01/2021)
4.83/5   3 notes
Résumé :
La mer traverse l'oeuvre de Jean Ray/John Flanders comme le Fulmar a traversé les Sept Mers durant sa longue carrière. La cinquantaine de textes réunis ici, pour la plupart inédits en français, en sont la preuve. « Le monde marin apparaît, parfois véhiculant l'épouvante, parfois unique solution, ultime espoir pour oublier le passé et fuir l'horreur, parfois moyen pratique pour découvrir l'aventure. Il recèle le mystère. Derrière l'horizon se cache toujours quelque î... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Grace au travail documentaire et éditorial de quelques amateurs de l'oeuvre de Jean Ray, dont notamment André Verbrugghen, traducteur, et Claude Deméocq, préfacier, les lecteurs francophones peuvent découvrir ces textes inédits en volume et originalement publiés en néerlandais.

PAR-DELA LES SEPTS MERS...DANS LE SILLAGE DU FULMAR, propose donc de courts contes, publiés entre 1928 et 1957 dont le thème central est la mer.

La mer et ceux qui la pratiquent, quelque soit le type de bateau sur lesquels ils voyagent, ces marins vivent des aventures souvent tragiques, où le mystère et parfois le fantastique ont leur place.

Ces contes, très courts, vont à l'essentiel, c'est le talent de conteur du prolifique Jean Ray, qui une fois encore fait son office, quand en quelques phrases, parfois quelques mots, un personnage est décrit, un décor planté.

Rien de surprenant à ce que cet auteur soit régulièrement réédité, même si c'est de manière un peu confidentielle, et qui l'ait ses fidèles, Jean Ray a gagné depuis longtemps déjà son statut d'écrivain classique dans les genres fantastique et d'aventures.
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Etoiles Notabénistes : ******

ISBN : inconnu en 1947, date à laquelle parut la nouvelle - Idem pour le recueil "Le Livre des Fantômes" présenté en jaquette dans une édition de 1963 chez Robert Laffont

Rarement le précepte "faire du neuf avec du vieux" n'aura été aussi bien appliqué que dans le fantastique littéraire. Pourtant, tout aussi rares sont ceux qui, dans ce genre périlleux par excellence, parviennent à créer réellement quelque chose de nouveau avec ces mythes si anciens que sont les fantômes jouant des accords lugubres sur les maillons des chaînes dont les munit la Tradition, les vampires assoiffés du sang des humains et contraints de se protéger, par tous les moyens, des rayons du soleil, les loups-garous auxquels c'est la lune qui fait des misères, les zombies qui ont bien du mal à éviter le "gore" désormais si en vogue ... Et j'en passe.

Jean Ray appartient à cette race illustre de novateurs. Il a utilisé pratiquement tous les thèmes de la littérature fantastique et d'épouvante et il les a repris d'une manière telle que son style et sa façon de faire restent à jamais inimitables.

Le style, nous l'avons déjà dit ici ou là, ne casse pas trois pattes à un canard. Il se caractérise par une simplicité apparente et finalement aussi rusée qu'un agriculteur de l'Ancien temps, un franc-parler qui décoiffe parfois, et le recours fréquent à l'histoire emboîtée dans une autre histoire ou encore racontée, cela ne manque jamais, entre amateurs d'alcools - et notamment de whisky. Sans oublier les exclamations et les expressions assez excessives qui rappellent que Jean Ray oeuvra, avec son "Harry Dickson", dans un genre qui se rapprochait carrément du roman-feuilleton mi-policier, mi-fantastique, et qui n'était jamais en aussi bonne forme que lorsqu'il s'ébattait joyeusement dans l'Incroyable pur et simple. C'est un aspect que certains admirent, que d'autres aiment moins quand, encore, il ne les désolent pas.

N'empêche que, tout ça, c'est Jean Ray et que nous ne saurions nous détourner, avec un snobisme imbécile, de certaines de ses créations les plus étonnantes puisque les renier, ce serait aussi renier quelques uns des plus épouvantables frissons que nous avons jamais éprouvés le soir, en lisant des nouvelles comme, par exemple, cette "Ronde de Nuit A Koenigstein", laquelle se fonde non pas, à proprement parler, sur le thème du spectre ou de la maison hantée, mais sur celui de l'esprit familier, en général lié à la famille des Anges - appelons un chat un chat - qui, sans accepter de se classer parmi les Déchus, se permet une certaine bienveillance envers ceux qui respectent sa volonté.

Or, la volonté de Maguth, puisque tel est le nom de cet esprit que met ici en scène l'auteur belge, c'est qu'on ne le dérange pas. Personne. Sauf en de rares exceptions, Maguth, véritable misanthrope de l'Au-Delà, aime la solitude. Il a pour habitude de se manifester sous deux formes : soit sous celle d'un habit bleu assez vif mais un peu vieillot, qui s'anime tout seul, soit sous la figure d'un petit homme pestant et de nature plutôt sanguine et désagréable. Quiconque le croise doit avant tout manifester son respect à l'entité avant de tourner les talons et de détaler à toutes jambes : demeurer dans le coin qu'à choisi Maguth pour résider un laps de temps indéterminé ne saurait vous attirer que des ennuis. Tâchez de vous en souvenir.

La nouvelle ici évoquée se déroule en Allemagne, en deux parties. La première - en guise de mise-en-bouche - raconte les aventures de l'un des héritiers du domaine de Koenigstein, Herr Dunkelwitz, qui eut maille à partir avec Maguth au point d'envisager un instant un exorcisme mais qui, sagement, préféra laisser la place libre à l'esprit qui ne souhaitait, en fait, que vivre bien tranquille dans son cher château, sans aucun humain autour de lui. Pour le récompenser de la compréhension dont il avait fait preuve en renonçant à le combattre, Maguth devait d'ailleurs rappeler à Dame Fortune de couvrir par la suite Herr Dunkelwitz de tous les bienfaits possibles et imaginables.

Qu'il se fâche ou pas, Maguth n'est pas mesquin.

Dans de telles conditions et le temps passant, le château de Koenigstein ne pouvait que tomber dans un état de délabrement tel que, à la fin du XIXème siècle, des spéculateurs bavarois y virent une sacrée bonne affaire. Ils rénovèrent les ruines et en firent un hôtel. En ces temps où la tuberculose sévissait dans tous les milieux, le climat de la Forêt-Noire, surtout en été, était souverain contre la maladie. En hiver, par contre, l'hôtelier fermait et l'on attendait le renouveau du printemps.

Mais cet automne-là, on était encore au mois d'octobre quand débarqua à l'Hôtel une douzaine de jeune gens bohèmes, venus d'Angleterre et qui effectuaient sans doute le "tour d'Europe" traditionnel qui était alors le lot des riches étrangers qui avaient des pères suffisamment aisés pour le leur permettre. La saison était anormalement douce. Les jeunes gens, avec l'insouciance de leur âge, s'installèrent sans autre forme de procès, et même lorsque l'hôtelier les prévint que, pour son compte, il préférait partir, ils n'en firent pas un drame et ils s'apprêtèrent, les inconscients, à passer à Koenigstein la froide saison qui s'annonçait. Après tout, il y avait provisions et vins et des chandelles en suffisance. Pour le chauffage, de bonnes réserves de bois. Tout pour plaire, pourvu qu'on tolérât quelques inconvénients saisonniers ...

La manière dont Jean Ray nous fait part du mécontentement de Maguth, découvrant la volonté déterminée des jeunes gens de lui gâcher son bel hiver de solitude, est habile et non dénuée d'ironie. Cela se passe dans le grand salon, le soir, bien sûr, avec des bougies et des lampes allumées, salon où tous se sont réunis pour écouter l'un des douze leur lire le poème "Ronde de Nuit à Dumfries", écrit - mais sans doute inachevé - par un poète éminent que le jeune homme compte parmi ses ancêtres. Très sincèrement, nous ignorons si Jean Ray avait connaissance des "Dix Petits Nègres" d'Agatha Christie lorsque lui vint l'idée de sa "Ronde de Nuit à Koenigstein" mais, bien qu'il ne comporte que quatre strophe, le poème qu'y déclame, non sans talent, Herbert Evans, le descendant du poète disparu imaginé par l'auteur belge, ne manquera pas de faire songer tous les amateurs à la fameuse comptine prise pour base par Agatha Christie dans l'intrigue de son plus célèbre roman.

Par le biais de ses pouvoirs surnaturels, Maguth trouve le moyen de se glisser dans ce texte pourtant authentique qu'est la "Ronde de Nuit au Château de Dumfries" et d'y faire miroiter aux jeunes gens qui ont osé - sans le savoir, il me semble bien, d'ailleurs - s'opposer à son besoin de solitude hivernale, le sort qui les attend en punition de leur désinvolture.

Le reste ...

Le reste, il vous faut le lire. Surtout si vous n'avez jamais entendu parler de "Ronde de Nuit à Koenigstein". Telle quelle en effet et à notre humble avis, cette nouvelle appartient à la somme de petits bijoux que renferme l'intégrale de Ray. Vous ne devriez d'ailleurs avoir aucun problème à vous la procurer dans "Le Livre des Fantômes", où elle sortit pour la première fois en recueil. Bonne lecture ! ;o)
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Vous aimez les aventures de mer, les pirates, les mystères difficilement explicables ? Alors ce livre est fait pour vous... si vous aimez les histoires courtes. Hé oui ! 46 contes en 280 pages desquelles il faut déduire préface, postface et autre bibliographie. Mais une bibliographie utile puisqu'elle énumère toutes les éditions des contes qui ont précéder ce recueil. Et avec Jean Ray et sa manie de publier ne français, flamand, hollandais ou allemand... et même en anglais, il est vite fait de retrouver un texte sous un autre titre sans se souvenir du recueil dans lequel on l'a lu.

J'ai donc dévoré ce volume — même si j'ai entrecoupé sa lecture par d'autres pour faire durer le plaisir. Car ils deviennent rares, les textes de cet écrivain que je n'ai pas lus au moins une fois ! Et ici, il n'y a qu'un texte que je suis certain d'avoir lu ailleurs. Je suis donc satisfait de mon achat. Mais j'aimerais que l'éditeur tienne compte pour de futurs volumes de deux remarques : Une coquille par page, c'est trop. Je ne les ai pas comptées mais le compte exact ne doit pas être loin. La plus remarquable : ne je à la place je ne. Pour les autres ; c'est principalement des lettres oubliées. Deuxième point, et non des moindres : mesdames et messieurs des éditions Terre de brume, changez d'imprimeur ou laissez tomber le flocage. Car est-ce bien normal que celui-ci commence à se décoller avant même la fin de la première lecture ? Non. Je sais bien qu'il me sera répondu par certaines personnes que, pour 19 €... Hé bien pour 19 €, je n'ai pas ce problème sur les livres que je fais imprimer par lulu.com. Qu'on ce le dise. Mais c'est quand même les coquilles qui me sont le plus désagréables.

En bref : Malgré mes récriminations, j'attends avec impatience un éventuel nouveau volume de cette collection des inédits de Jean Ray/John Flanders. Et pas comme le Monstre de Borough qui contient un court roman déjà publié par Casterman et deux nouvelles peut-être inédites.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
...] ... Les douze se voyaient confinés dans Kœnigstein, trois jours sur quatre, et ils ressentirent les premières approches de l'ennui.

Nul pourtant ne songeait encore au départ : des soirées artistiques des plus variées furent organisées, mais elles commençaient déjà fort tôt et s'achevaient en des heures tardives.

Ce fut au cours de l'une d'elles qu'Herbert Evans proclama qu'il réservait une surprise à ses amis : un poème inédit et absolument inconnu de son célèbre arrière-grand-oncle Burns.

- "Il appartenait à ma vieille tante, Myrtle Evans," déclara-t-il. "Elle le gardait si jalousement qu'elle l'enferma dans un coffre de la banque d'Edimbourg. Tante Myrtle est morte en mai dernier, trop inopinément par bonheur pour le léguer à un club littéraire ou à un musée."'

On s'installa dans le grand salon de réception de Kœnigstein et, pour la circonstance et aussi pour honorer la mémoire de Burns, on tripla le nombre de bougies et de lampes.

D'une main tremblante, Evans tira de son portefeuille un mince papier jauni couvert d'une écriture heurtée et, d'une voix émue, lança le titre :

La Ronde de Nuit de Dumfries

Puis il fit une pause et expliqua :

- "Il faut ajouter que ce poème est ou paraît inachevé.

- Ne nous faites pas languir !" supplia-t-on autour de lui.

Et Evans, qui déclamait très agréablement, s'exécuta :
Ils étaient douze au vieux manoir de Dumfries
Quatre fleurs de tendre et jeune beauté,
Et deux fois quatre chênes de virile jeunesse.
Ils vouaient leurs journées aux chants et aux couleurs
Et leurs nuits aux rêves de gloire et de fortune.



Une nuit, entre toutes radieuses,
Ils chantèrent la noire beauté des cieux morts.
Ils répandirent le vin des offrandes.
Puis, quand ils firent l'appel de leurs noms,
Ils surent qu'ils étaient treize.



Qui donc est le treizième convive
Qui transformait par son insolite présence
Le solide chiffre de douze, aimé des gens posés,
En un nombre maudit par l'Ecriture ?
Allons, parlez, qui est le treizième ?



Ronde de nuit au vieux manoir de Dumfries,
Ronde de nuit où coule le vin parmi les chansons.
Ronde de nuit où l'on est douze et treize pourtant,
Sans que l'on sache qui est le treizième ?
Allons, parlez, qui est-il ?

Herbert Evans se tut ; il s'attendait à une tempête d'applaudissements, mais il n'en fut rien ; un silence de plomb régnait dans le salon et il vit des visages inquiets levés vers lui. ... [...]
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Hobson respira profondément l'air nauséabond de la cellule.
Un cafard gigantesque lui tomba du plafond sur la tête et il ne se sentit pas le courage d'écraser la dégoûtante vermine.
Il allait être pendu.

La nuit de Singapore.
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[...] ... - "Qui est Maguth ?

- Maguth ?" s'étonna le prêtre. "Que voulez-vous dire ?

- Rien. Je vous répète : qui est Maguth ?"

Brunn dut avouer son ignorance ; pourtant, au bout de quelques moments de réflexion, il admit que ce nom, tout en ne lui étant pas familier, ne lui était pas inconnu. Il demanda un peu de temps pour consulter ses livres et descendit la colline, perplexe et pensif.

Mais, le même jour, il revint, fort excité.

- "C'est vraiment par hasard, Herr Dunkelwitz," dit-il, que j'ai ouvert le livre interdit qui a nom l'Heptaméron Magique et dont la lecture est redoutable aux esprits non avertis.

"Maguth s'y trouve mentionné parmi les anges de la conjuration du jeudi, dits "anges de l'air", qui ne se trouvent pas au-delà du cinquième ciel. Des démonographes, et non des moindres, entre autres Stein, tout en ne le rangeant pas parmi les esprits déchus, le disent terrible et aussi bien familier de l'Enfer, et de la Terre que des premiers jours célestes.

- Par conséquent, un démon," dit Herr Dunkelwitz.

Brunn nia d'un lent et hésitant mouvement du chef.

- "Cela, on ne pourrait l'affirmer sans verser dans une erreur dangereuse, mais je me hâte d'ajouter qu'il est peut-être plus terrible qu'un pur esprit infernal.

- Continuez," invita le châtelain.

- "Même l'Heptaméron se montre discret à son égard. Voici d'ailleurs les quelques lignes qu'il lui consacre : "Maguth, ange du jeudi, ange de l'air, habitant du feu, se complaît à de longs et parfois effrayants séjours terrestres. Il apparaît alors sous un corps sanguin et bilieux, d'une taille moyenne, aux mouvements horribles et épouvantables. Ses desseins, à l'encontre des autres esprits du jeudi, sont toujours inconnus. Une de ses autres formes particulières est un habit couleur d'azur."

- Ah !" fit Dunkelwitz. "Voyez donc, Monsieur le chapelain." ... [...]
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Minuit sonnait quelque part au fond des rues brumeuses, quand Elslander commanda le punch à l'Arack.
Si vous faites cas de votre corps et de votre âme, ne buvez jamais de punch à l'arack !
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