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EAN : 9782366521832
336 pages
TDO Éditions (06/12/2016)
4/5   1 notes
Résumé :
Une nuit de décembre 1980, un grand espoir du rugby catalan est assassiné devant le Mutant, un célèbre cabaret perpignanais. Chargé de l'enquête, le commissaire Spiriquet, très éloigné des choses du ballon ovale, demande de l'aide à Pallade Vionet, un ancien inspecteur principal de la P.J. en Algérie qui fut un brillant « troisième ligne ». C'est alors toute l'équipe de la Baudroie aux yeux bleus, un bar du centre-ville, qui va se passionner pour cette terrible affa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Que voilà un exercice difficile auquel je vais me livrer maintenant ! Non pas d'écrire une chronique sur un livre que j'ai lu, j'en ai écrit des centaines, mais d'écrire une chronique sur le livre de quelqu'un que je connais.

Alors, bien sûr, je ne connais pas Gérard Raynal, l'auteur en question, intimement, mais le fait de le croiser régulièrement et d'échanger quelques mots pourrait me poser problème pour être objectif et dire clairement ce que je pense du roman.

Bon, ceux qui me connaissent bien savent que j'ai beaucoup de mal avec la diplomatie, en tout cas, quand celle-ci consiste à frôler l'hypocrisie. Cette propension m'a souvent valu des inimitiés, mais, qu'importe, je ne vais pas changer à mon âge.

Mais, remettons le livre et son auteur dans son contexte.

Gérard Raynal est un auteur de ma région, de mon département, une sorte de « gloire locale » qui commence à se délocaliser dans tout le Sud depuis quelques années.

Ancien vigneron, passionné de lecture, il se lancera dans l'écriture et travaillera les mots jusqu'à proposer des ateliers d'écritures.

C'est à cette époque que je fais connaissance avec le bonhomme. Non pas en chair et en os, mais en pixels et en octets, puisque je suis régulièrement son blogue qui parle d'écriture et autre chose.

En parallèle, je fais la connaissance des éditions T.D.O. et son créateur, alors qu'il débute dans le métier et exerce encore dans son garage, en lui proposant mes premiers romans qu'il a le bon goût de refuser (ce qui démontre qu'il sait déceler les mauvais manuscrits, ce qui est déjà un bon point de départ pour un éditeur).

Depuis, l'auteur et l'éditeur ont bien grandi, chacun puisant dans les forces de l'autre pour se motiver et se propulser le plus loin possible puisque Gérard Raynal est devenue la locomotive des éditions T.D.O.

Depuis, je croise régulièrement les éditions T.D.O. ainsi que Gérard Raynal. Pour autant, je n'avais jamais lu de romans de ce dernier, n'étant attiré que par les romans policiers et l'auteur se spécialisant dans les romans terroirs et historiques.

Aussi, quand j'appris que les éditions T.D.O. s'apprêtaient à sortir un roman policier de Gérard Raynal et qu'en plus, celui-ci aurait pour sujet principal le rugby (je suis un ancien rugbyman), l'occasion était trop belle pour la laisser passer.

Et pourtant, je la laissais passer, attendant avec impatience une version numérique (je lis beaucoup la nuit, dans le lit, et une liseuse avec un éclairage intégré, c'est quand même plus pratique qu'un livre papier dans un tel cas).

Mais, le destin avec un gros « C » (que je l'aime ce destin-là !), m'a eu par surprise et mis ce roman dans les mains.

Comme je le disais, Gérard Raynal s'est spécialisé dans les romans « terroirs » et les romans « historiques ». S'il lui est, probablement, arrivé de glisser une petite intrigue policière dans ses romans terroirs et historiques, on comprendra aisément pourquoi l'auteur s'appuie sur une ambiance terroir et sur une base réelle du passé pour lancer son roman policier.

Effectivement, « le pilier assassiné » se déroule en décembre 1980, à quelques mois de l'élection de François Mitterrand, et nous propose des lieux et des personnages ayant existés, notamment ceux concernés par le bar « La Baudroie aux yeux bleus ».

L'action se déroule à Perpignan, et l'USAP, le prestigieux club de rugby de la ville sera au coeur de l'intrigue.

Un meurtre a été commis à la sortie du « Mutant », un cabaret réputé pour ses starlettes transgenres.

Un jeune pilier de l'USAP, promis à un bel avenir, a été tué d'une balle tirée par un fusil.

Le commissaire Spiriquet, pour qui le monde du rugby est imperméable, s'octroie le soutien de Pallade Vionet, un vieil ami qu'il fréquente à « La Baudroie aux yeux bleus » et de son camarade MacKenzie, alias « Ben-Hur », un nain ventripotent qui aime la bonne chair.

Tous trois vont se lancer dans une enquête, chacun avec ses idées, ses hypothèses, non sans penser à se restaurer régulièrement à la Baudroie afin de tenir les clients réguliers et curieux au courant de l'avancée de l'enquête.

gerard-raynal

Moitié roman policier, moitié roman de moeurs, Gérard Raynal profite de son intrigue pour resituer un monde, un décor, une ambiance, qu'il semble avoir personnellement connu, comme les photos sur la page Facebook du livre le démontrent.

D'ailleurs, ces photos sont l'occasion, pour le lecteur, de mettre un visage sur le couple tenant la Baudroie et l'on appréciera, pour qui se souvient du début des années 80, du décor en lambris verni (combien de mètres carrés j'ai posés, à l'époque, en compagnie de mon père, dans la maison familiale !...).

Gérard Raynal parle donc d'un sujet qu'il connaît, qui lui manque probablement et cette nostalgie imprègne complètement le roman, lui conférant l'attrait d'une histoire que grand-papa nous raconterait au sujet de sa jeunesse (même si Gérard Raynal est loin d'avoir l'âge de grand-papa).

Chaque halte à la Baudroie est l'occasion, pour les protagonistes, de manger et boire, et, pour le lecteur, de se rassasier de l'humour et de la bonne humeur de la bande qui passe ses journées entre ses murs.

Et il faut bien avouer que les haltes sont nombreuses et que l'intrigue ne sert que de prétexte à ces scènes, mais là est le principe d'un roman policier d'ambiance qui rivalise rarement au niveau du suspens avec un pur « thriller ».

Car, l'avancée de l'enquête est relativement laborieuse, le duo se contentant de se rendre à un endroit, d'interroger un suspect ou un témoin avant de rayer un suspect ou un mobile tout en mangeant à la Baudroie, puis se lancer sur une nouvelle piste.

Mais je suis bien le plus mal placé pour une telle critique, sachant que je n'ai jamais trouvé un auteur capable de mêler roman d'ambiance et roman policier à suspens, en conservant les qualités des deux sans jamais laisser apercevoir les travers des deux genres.

J'ai même une théorie sur les oeuvres de genres dans lesquelles, pour moi, logiquement, un excès de quelque chose cache un manque d'une autre (il est assez rare, par exemple, de voir un bon film de baston possédant un excellent scénario...).

Cependant, m'est avis qu'un suspens haletant nuirait à l'ambiance et une ambiance prenante, à un suspens élaboré. Aussi, la partie ambiance étant réussie et la partie intrigue demeurant correcte (plusieurs suspects, plusieurs fausses pistes...), ne boudons pas notre plaisir.

Comme je le disais, le roman se déroule à la fin de l'année 1980, soit il y a presque quarante ans et, comme dans tous romans ou films se déroulant quelques décennies ou siècles en arrière, l'auteur ou le scénariste prend le risque de laisser échapper quelques anachronismes.

C'est, malheureusement le cas là (oui, j'avais dit que je ne savais pas user d'hypocrisie et me contenter d'énoncer que les qualités en omettant les défauts).

Effectivement, j'ai relevé quelques anachronismes, qui ne nuisent, cependant pas, à la lecture, mais qui restent notables.

Tout d'abord, les anachronismes avérés :

– Pallade Vionet, si je ne me trompe pas, fait référence, en parlant de MacKenzie, au « Petit Bonhomme en mousse » qui est, forcément, celui de la chanson de Patrick Sébastien. Or, l'action se déroule en 1980 et l'humoriste n'a chanté sa chanson qu'au début des années 2000 (en 2001, me semble-t-il).

– Chez une victime, il est dit qu'elle n'avait pas de cuisinière, juste un micro-ondes. Or, si le micro-ondes est né, par hasard, en 1945, et que ses ventes se sont envolées, aux E.-U., à partir de 1975, il n'est arrivé, en France, il me semble, que dans les années 80 et s'est démocratisé à la fin de cette décennie. Dans tous les cas, je ne pense pas qu'un foyer ne pouvait posséder, comme moyen de cuisiner, uniquement un micro-ondes.

– Il est fait mention, également, des plaques aimantées promotionnelles à plaquer sur les portes de voitures. Là, je n'ai pas de certitude absolue, mais il ne me semble pas qu'elles étaient en vogue par chez nous à l'époque (mais je pinaille).

– Un autre point me dérange plus. Non pas parce qu'il me semble également être un anachronisme, mais, plutôt, que, pour moi, en tant que passionné de rugby, il me semble être un non-sens que j'ai toujours refusé d'employer bien que le terme se soit largement démocratisé ces dernières années. L'auteur parle de rugby à XIII, un terme qui, à mon sens, date de bien plus tard que 1980, mais, surtout, un terme qui est, pour moi, une injure au rugby, au vrai, et qui me semble ne pas avoir sa place dans un roman tournant autour de ce sport.

Effectivement, le jeu à XIII, a été renommé rugby à XIII à cause des gens qui ne faisaient pas la différence entre les deux sports et pensant que, parce que les deux sports permettaient de prendre un ballon ovale à la main, ils étaient, si ce n'est frères, du moins cousins.

Et, bien évidemment, les deux sports sont cousins.

Historiquement parlant, le jeu à XIII, né à la fin 1800 (même si le nombre de joueurs était encore de 15) d'une scission avec la fédération de rugby. Les Anglais, profitant que les rugbymen français sont bannis du tournoi des V nations, en 1931, tentent d'imposer le « rugby à XIII » en France (oui, au début, on appelait déjà cela « Rugby »).

Mais, le terme de « Rugby » ne perdurera pas. Si le « rugby à XIII » prend déjà une claque en étant interdit par le régime de Vichy, c'est, surtout, la rancune de la fédération de rugby qui parvient, en 1948, à faire changer le terme de « rugby à XIII » en « jeu à XIII ».

Depuis, il y a « rugby » qui est, forcément, à XV, voire, à 7, et le « jeu à XIII ».

Ce n'est qu'en 1993 que le « jeu à XIII » est autorisé à reprendre son nom d'origine de « Rugby à XIII ».

Cela n'a l'air de rien, mais, en 1980, tout joueur de rugby jouait, forcément, au rugby à XV ou à 7 et non à XIII, et les treizistes étaient des joueurs de « jeu à XIII ».

Comment, vous trouvez que je chipote ? Oui, je chipote, mais j'ai toujours été ulcéré que l'on parle de rugby pour du jeu à XIII. Mais là n'est pas l'important, l'important, ce n'est pas la rose, mais c'est qu'en 1980, on parlait de « jeu à XIII » et non de « rugby à XIII ».

Et à part ça ? À part ça, un personnage secondaire qui change de prénom en cours de route, un autre dont l'orthographe du prénom change, également, en cours de route... et voilà.

Mais bon, passons sur ces quelques légers problèmes et revenons-en à l'ouvrage lui-même.

Car, le but principal d'un roman étant d'apporter un plaisir de lecture, le challenge est largement réussi parce que le plaisir est là, notamment grâce à des personnages hauts en couleur, attachants, drôles, et une histoire rythmée et truculente.

Au final, un bon roman qui se dévore rapidement malgré ses 336 pages et qui propose des personnages intéressants et fait naviguer le lecteur dans le milieu du rugby et dans les vieilles rues de Perpignan et de ses alentours...

P.S. le livre se terminant sur une fin ouverte, espérons que Gérard Raynal nous fera le plaisir d'écrire une suite à son roman.
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