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Critique de Hongrie


Avec son second roman « japonais », Roger Raynal nous emmène sur « le pont flottant des songes ». Il vous faudra peut-être un petit temps d'adaptation pour entrer dans une narration particulière qui, une fois comprise, vous balance entre rêve et réalité, et entre deux époques du Japon.
Des chapitres auront Jacques comme narrateur, d'autres Etsuko comme narratrice. Cet homme, surnommé ensuite « Lune d'aube », comme la promesse d'une nouvelle vie, est en quête de cette femme, dont la rencontre soudaine a semblé plus due au destin ou à la fatalité qu'au hasard. Jacques et Etsuko ont l'impression de s'être déjà vus en rêve, ou dans une vie antérieure, et essaient de s'expliquer l'attirance irrépressible qu'ils ont l'un pour l'autre. le lecteur partage leurs pensées, leurs sentiments, leurs songes, leurs pas vers la vérité. Etsuko fuit après chaque rendez-vous, comme on fuit son passé, ou un destin pourtant déjà accompli, il y a longtemps, et qui resurgit… Partagée entre passion et raison, elle ne se sent plus maîtresse d'elle-même… Chacune de ses apparitions est comme un songe pour Jacques, qu'il faut rattraper pour pouvoir le continuer.
Au fil de la poursuite d'Etsuko et ses deux amies, Ayami et Nagiko, les « belles » qui lui échappent régulièrement comme des « papillons de soie » dans leurs beaux kimonos, Jacques va à la découverte de Kyoto et de ses beautés. Personnage central, la ville dévoile ses atours, comme les superpositions de soie des vêtements d'Etsuko. Là aussi, pour Jacques, une impression de déjà vu, alors que c'est la première fois qu'il vient à Kyoto, la capitale de la Lune. de ses rues modernes aux temples et jardins, l'auteur, érudit et documenté, nous plonge dans des descriptions aussi précises que poétiques, en même temps qu'il superpose habilement les strates de son histoire, entre passé lointain et présent, entre rites et traditions du Japon et ambiances d'une grande ville d'aujourd'hui.
Le roman plaira aux lecteurs exigeants, il ne faut pas le cacher, car l'auteur a une langue très littéraire, mais qui reste fluide, avec un charme désuet, qui sait porter la délicatesse des sensations et des sentiments comme le veut le roman japonais, et aux amateurs d'Histoire et de traditions liées au Japon : cela foisonne de noms, de détails sur tout ce qui touche à ce pays, ses légendes, ses comportements, sa cuisine, les lieux ; sont présentes également des références à sa littérature, et peu importe si toute l'intertextualité d'un spécialiste nous échappe… L'ambiance japonaise est là, étrange ou étrangère parfois, mais éminemment poétique dans les évocations. On est dans un autre monde, en voyage profond dans le corps et l'âme d'un pays que l'auteur connaît si intimement, mais aussi dans un monde hors du temps, presque hors de la réalité, suspendu sur ce mystérieux « pont flottant des songes ». Et « le rêve est le doux murmure de la face cachée du monde », écrit Roger Raynal, citant un classique de la poésie japonaise.
J'ai particulièrement apprécié, comme d'habitude chez l'auteur, toutes les mélodies descriptives des éléments naturels (de petites notes délicieuses) mais aussi les descriptions nombreuses des kimonos.
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