Comme les autres lecteurs qui ont donné une critique de ce livre, je suis un utilisateur quotidien du vélo. Un beau jour, j'ai vendu ma voiture et acheté un Fixie. Je pédale chaque jour sur 12 kms aller-retour pour me rendre à mon travail. Et depuis, je m'intéresse de plus en plus au sujet du vélo, par-delà mon expérience personnelle.
Dans
le pouvoir de la pédale, on trouve de tout. C'est une mine d'informations sur les pratiques et sur les comportements individuels, sur les projets associatifs, sur les décisions prises par l'État ou les collectivités locales en France, en Europe, et même dans le monde entier. C'est à la fois un hymne au vélo, un état des lieux, une enquête de terrain et un plaidoyer pour une autre façon de vivre. Je m'y suis retrouvé, mais seulement en partie.
Le deuxième chapitre, sur les sept "fausses" images du vélo, ne m'a pas convaincu. Je n'ai jamais remarqué que des entreprises utilisaient une image de vélo comme logo pour faire chouette. Je n'ai jamais entendu dire que le vélo, c'est pour les "bobo". Personne ne se moque de moi parce que je vais au travail en vélo par tous les temps : au contraire, j'ai des retours très positifs de mes collègues, qui ne sont pas les gars les plus ouverts du monde. Enfin, je suis sceptique sur le côté écologique du vélo qui lui porterait préjudice ! C'est là le problème : tout ce qui est dit dans ce chapitre est basé sur des idées préconçues d'
Olivier Razemon, sur quelques remarques relevées ici et là, mais rien de plus. Il n'y a rien pas de concret dans ce chapitre. Pour une entrée en matière, c'est décevant, surtout quand je lis une phrase comme : "On ne peut pas imaginer tout le mal que l'écologie a fait au vélo..." Je suis aussi étonné que les risques d'accidents soit minimisés dans le livre ; l'auteur en vient même à dire que plus il y aura de cyclistes, plus il y aura de morts dans l'absolu et pas en pourcentage, et que tout ça passe par pertes et profits, et voilà. On ne trouve aucune critique sur le comportement de la police qui ne verbalise pas les automobilistes ne respectant pas les cyclistes et les pistes cyclables. Enfin, je trouve dommage que le livre présente par moments la caricature du cycliste qui est forcément cool, alors que son auteur prétend lutter contre les caricatures dont le vélo est victime.
Malgré ses défauts, je suis en accord avec l'argument principal du livre : le vélo est un moyen de transport, mais aussi un moyen de transition économique, pour aller vers un mode de vie plus doux.
Olivier Razemon donne beaucoup d'exemples et de contre-exemples. Son hymne au vélo est aussi une critique d'un mode vie qui gangrène toute la planète. Il démontre bien comment nous avons laissé la voiture envahir notre vie, notre territoire. Deux exemple sont très frappants. le premier, c'est celui de l'incitation au port du casque pour les cyclistes : on découvre que derrière se cachent les constructeurs automobiles et que, lorsque les citoyens d'un pays est astreint au port du casque, le nombre de cyclistes diminue (et donc que le nombre d'automobilistes augmente). le deuxième est plus développé et montre comment le système de type Velib' est une fausse bonne idée qui coûte très cher, n'a pas les conséquences prévues et absorbe presque tout le budget consacré à la transition cyclable des villes.
Olivier Razemon fait du même coup l'inventaire de tous les avantages liés au vélo. La liste est longue, bien développée, et on voit bien que ces avantages se retrouvent au niveau individuel, au niveau de la société et au niveau de la planète. Il démontre parfaitement que tout le monde peut y trouver facilement son compte.
Donc, pour toutes les informations données au fil du livre et pour sa critique d'une société ultra-motorisée, j'en recommande la lecture. Pour le côté fouillis, pas toujours très bien construit, parfois caricatural, j'ai quelques regrets.