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Olivier Razemon (Autre)
EAN : 9782374252612
224 pages
Rue de l'échiquier (18/02/2021)
3.81/5   13 notes
Résumé :
Egoïstes et méprisants, riches et sans-gêne : "les Parisiens" , ou supposé tels, cristallisent une obsession française. Au temps du coronavirus, "les Parisiens" ont ainsi été accusés de propager l'épidémie et d'imposer au reste du pays des règles sanitaires qu'ils ne respectent pas. Mais qui sont ces "Parisiens" qui monopolisent l'attention ? Parle-t-on des "habitants de Paris" ou des "habitants de l'Ile-de-France" ? La confusion est significative.
La conurba... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Les Parisiens » : le mot parfait pour générer un mélange de mépris et d'agressivité en un temps record. Accusés d'être arrogants et méprisants tout autant qu'ignorants, les Parisiens sont les boucs émissaires de tous les problèmes du pays.

L'auteur cherche d'abord à définir ce que ce terme « Parisien » signifie exactement. Et ça varie beaucoup selon le contexte :

– dans la région d'Île-de-France, il y a une différence marquée entre Paris, petite et grande couronne, banlieue… différences qui sont largement ignorées par le reste du pays.

– le terme de Parisien sert à souligner les différences entre « citadin » et « campagnard », deux rôles qui charrient leur lot de clichés : le Parisien débarque à la campagne pour faire des randonnées en petits mocassins en cuir de mouton, pense que le lait se fabrique en usine et ne sait pas faire la différence entre une carotte et une tomate ; à l'inverse, le campagnard se lève à 5h30 et se couche à 18h30, et tue lui-même sa vache pour préparer son steak du soir.
Est également présente en filigrane la vieille idée de la corruption des habitants de la ville par rapport au bon sens des gens qui vivent proches de la terre.
Si ces idées correspondent très peu à la réalité de la France contemporaine, elles sont encore fortement ancrées dans l'imaginaire collectif.

– Enfin, le Parisien incarne celui qui « n'est pas d'ici ». Tous les touristes, du moment qu'ils n'arborent pas l'accent local, seront qualifiés de Parisiens par les locaux, même s'ils viennent d'Arras ou de Dijon.
Le terme, enfin, est également utilisé pour disqualifier les décisions d'un pouvoir jugé trop centralisateur. Une décision « prise à Paris » incarne bien cette idée d'une décision imposée de force, et totalement déconnectée des réalités locales.
Qu'un choix ait déjà été fait à la capitale est parfois suffisant pour le disqualifier ailleurs : l'auteur donne l'exemple de propositions de création de pistes cyclables et le « On n'est pas chez les bobos parisiens ici » immédiat qui s'ensuit.

Bref, au final, on se rend compte qu'on est tous un peu le Parisien de quelqu'un.

Vivant en Belgique, j'ai été amusé de constater que tous les arguments peuvent également s'appliquer aux « Bruxellois », qui remplissent exactement le même rôle.

L'auteur fustige également les politiques qui n'ont le nez que sur Paris, la comparent aux autres grandes villes européennes et mondiales, et cherchent en permanence à rendre la ville plus compétitive, plus dense, et tout un tas d'autres superlatifs. Il milite à l'inverse pour un « dégonflement » de Paris pour redynamiser des villes « secondaires », qui ne demandent que ça et pourraient offrir des meilleures conditions de vie à toute une partie de la population.

Les fuites massives de la capitale lors des confinements de cette dernière année est la preuve pour l'auteur que les gens y vivent plus ou moins contraints, pour le travail, et pas forcément par plaisir. Il faudrait cependant voir si ces tendances se poursuivent quand le COVID-19 sera derrière nous. Après tout, quand on interdit tout dans une ville ce qui fait justement le charme de cette ville, on comprend l'envie d'aller voir ailleurs d'une partie de ses habitants.
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Entre anthologie des clichés, essai sociologique et ouvrage de synthèse historique et géographique, l'ouvrage d'Olivier Razemon embrasse son sujet avec une certaine réussite. Il prend en défaut les simplifications hâtives à travers un travail d'enquête et de recherche bien poussé. Le Parisien, comme le provincial en miroir, est davantage un fantasme de la société française qu'une réalité objective et uniforme. Mais dès que l'on pousse l'analyse, on découvre un monde complexe, quelle unité pourrait-il y avoir entre un ouvrier de Tremblay-en-France et un cadre supérieur du 7ème arrondissement ? L'entrée en matière de l'essai est à ce titre assez frappante, et pas dénuée d'humour, lorsque l'auteur analyse la période du premier confinement, et la présupposée fuite des Parisiens venus diffuser le virus dans une province méprisée où se trouve leurs résidences secondaires cossues. Dans les faits, on y voit que la proportion de départs fut faible, qu'il y eut autant de mouvements dans la région lyonnaise, que les Romains comme les Stambouliotes eurent le même réflexe de chercher un peu d'espace, où que nombre de ces départs furent le fait d'étudiants sans ressources, de couples de professions intermédiaires installés chez des amis etc. Les chapitres plus historiques (de JeanFrançois Gravier à la création de la Datar par exemple) m'ont paru un petit peu plus scolaires, mais globalement l'essai est très bien construit...
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Pour une niçoise adoptée par Paris pour poursuivre mes études, la lecture de ce livre me paraissait essentielle.

Déjà, il faut noter que je trouve très agréable le fait de lire un essai écrit par un journaliste : on y trouve une certaine rigueur tant dans les informations sourcées que dans la forme même de l'ouvrage (la table des matières est particulièrement détaillée).

Ensuite, le livre débute par une grosse entrée en matière de la perception par les français, des parisiens : hautains, riches, solitaires, malpolis, agressifs, etc. Ils sont responsables de tous les maux. Encore plus, au temps de la crise sanitaire : méprisants les règles sanitaires, fuyant la capitale, ils seraient responsables de la propagation du virus.
Mais, en fait, qu'est-ce qu'est un parisien : une personne née à Paris ? Un habitant de la capitale ? de la région parisienne ? Un mode de vie (le fameux « bobo ») ? le non provincial ? le citadin ? le parisien intra-muros ou le banlieusard ? Chacun peut avoir son interprétation… Ce qui est sûr c'est que la capitale et ses habitants font parler d'eux : surtourisme, surpopulation, hyperdensité, prix de l'immobilier, pollutions sonore, visuelle, atmosphérique, etc. La crise sanitaire l'a encore prouvé, les sondages montrent que les parisiens préfèreraient vivre ailleurs (en témoignent d'ailleurs les nombreux départs vers Bordeaux depuis la mise en place de la ligne grande vitesse Paris-Bordeaux).

Vient enfin un petit cours d'histoire sur Paris afin de mieux comprendre la construction de la région Ile-de-France et son extension nouvelle (le Grand Paris). Alors que Paris semble tout concentrer : pouvoirs, entreprises, attractivité, emplois, richesses, prise de décisions déconnectées du reste du territoire… ; des villes moyennes perdent de leurs habitants et les villages sont désertés. Les politiques publiques de décentralisation et déconcentration prennent alors tout leur sens. Il est urgent de réorganiser le territoire.

C'est un livre très complet dont je recommande la lecture, bourrés d'exemples, au ton très juste qui met en lumière une problématique très actuelle.
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Je connais depuis longtemps le blog d'Olivier Ramezon , "L'interconnexion n'est plus assurée'" que je lis régulièrement depuis quelques années.

En 2019, lors d'une opération Masse Critique de Babelio, j'avais été ravie de recevoir son livre 'Chronique impatiente de la mobilité quotidienne', qui était justement une compilation passionnante de ses notes de blogs.

L'opération 'Masse critique non-fiction' de février 2021 m'a permis d'obtenir son dernier ouvrage qui est centré sur les PArisiens et leur perception par le reste des français, puis sur les différents projets du Grands Paris et leur possible impact sur la vie quotidienne.

La crise du covid-19, au printemsp 2019 a fait ressortir l'anti-parisianisme quand les 'Parisiens' (voire franciliens) ont été vus fuir la capitale pour venir envahir les campagnes et y apporter la maladie.

Attisée par les médias et certains intellectuels profitant de leur échappée campagnarde pour y rédiger leur 'Journal de Confinement', favorisée par le déploiement du télétravail, cet exode pas-si-massif a permis de faire le point sur les avantages comparés de la ville et de la campagne !

Davantage d'espace vs une couverture 3 G hoquetante, des produits locaux voire très locaux vs des cuisines du monde à chaque coin de rue, un super-marché en zone péri-urbaine vs l'épicerie en bas de chez soi ou une voiture absolument nécessaire vs des transports en commun ou des pistes cyclables partout disponibles ! Deux conceptions de la ville / de l'espace et de ses usages ...

Un ouvrage qui évoque en deuxième partie les projets du Grand Paris dont certains devraient être revus à la lumière des ensignements de la crise sanitaire et de l'évolution majeure et rapide des différentes façons d'exercer son activité professionnelle. le télétravail derait sonner le glas des nouveaux programmes d'immobilier de bureau et, peut être, favoriser la conversion de bureaux existants en immeubles d'habitation. %ais quid de ces projets de nouvelles lignes de métro censés relier des pôles d'actiivité encore à créer et qui n'existeront peut être jamais ...
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Je ne vais pas vous faire un résumé de cet ouvrage comme la plupart des critiques précédentes. Je vais essayé de vous donner mon avis personnel de « provincial ».
Ce livre est un état des lieux , une sorte de définition socio-économique approfondie de Paris et des parisiens ( au sens large du terme) .
Pour moi il s'agit d'un livre écrit par un parisien pour les parisiens. Il est écrit par un universitaire qui à mon humble avis aurait dû faire une thèse sur le sujet plutôt que de publier un ouvrage destiné au grand public.
Je suis Lyonnais et je n'ai jamais eu de complexe par rapport à Paris et c'est le cas pour la majorité des provinciaux . Ce dont parle le livre ce sont les idées reçues dont personne n'accorde guerre d'importance hormis peut-être les habitués du café du commerce. L'auteur tente en toute discrétion derrière un récit qui semble méthodique et objectif , de défendre sa ville. Je ne lui en tiens pas rigueur car quand on défend sa ville, on defend aussi sa vie; en effet, pourquoi rester dans un tel enfer (pour certains) si on n'y trouve pas d'intérêt ou de plaisir personnel .
Bref, j'ai eu beaucoup de mal à le lire car j'ai trouvé cet ouvrage nombriliste et centré sur une problématique qui n'intéresse au fond que les parisiens. Ces mêmes parisiens qui ne sont pour la plupart que des « provinciaux défroqués », prendront plaisir à lire ces lignes pour justifier le fait d'avoir abandonné leur région d'origine.
Ce livre ne traite pas du chauvinisme et pourtant il en est l'essence même.
Je le recommande donc aux personnes ayant un lien affectif avec Paris , pour les autres passez votre chemin , vous allez vous ennuyer.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les deux migrations, la fuite anxieuse de mars 2020 et l'éparpillement joyeux des week-ends de juillet, présentent des points communs. La plupart des exilés choisissent en effet comme destination un endroit où ils possèdent des attaches, qu'ils y passent leurs vacances habituellement ou qu'ils y aient déjà vécu. Autrement dit, le départ des citadins, et des Franciliens en particulier, n'a été possible que parce que ceux-ci conservent des liens forts avec une petite ville, un village, une « campagne », dans leur région d'origine ou de cœur.
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L'hypertrophie francilienne et la crise climatique présentent bien des points communs. Dans les deux cas, pour inverser la tendance, il faut renoncer aux projets orgueilleux, optimiser les ressources, proposer des alternatives heureuses, miser sur la sobriété et l'humilité.
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Les deux migrations, la fuite anxieuse de mars 2020 et l'éparpillement joyeux des week-ends de juillet, présentent des points communs. La plupart des exilés choisissent en effet comme destination un endroit où ils possèdent des attaches, qu'ils y passent leurs vacances habituellement ou qu'ils y aient déjà vécu. Autrement dit, le départ des citadins, et des Franciliens en particulier, n'a été possible que parce que ceux-ci conservent des liens forts avec une petite ville, un village, une « campagne », dans leur région d'origine ou de cœur.
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Même les amoureux éperdus de Paris n’en peuvent plus des tensions, du coût de la vie, du manque d’espace, de la pollution. Lors de ces ébats impromptus sur le lieu de vie idéal, centre-ville, quartier résidentiel ou banlieue éloignée, au cours desquels chacun vante son mode de vie tout en écartant les arguments des autres, la seule manière de mettre tout le monde d’accord consiste à affirmer que « de toute façon » il y a trop de monde en région parisienne.
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Même les amoureux éperdus de Paris n’en peuvent plus des tensions, du coût de la vie, du manque d’espace, de la pollution. Lors de ces ébats impromptus sur le lieu de vie idéal, centre-ville, quartier résidentiel ou banlieue éloignée, au cours desquels chacun vante son mode de vie tout en écartant les arguments des autres, la seule manière de mettre tout le monde d’accord consiste à affirmer que « de toute façon » il y a trop de monde en région parisienne.
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Vidéo de Olivier Razemon
Dimanche 2 octobre 2022 "Paris et le désert français... 75 ans plus tard" avec Olivier RAZEMON, journaliste et auteur et Max ROUSSEAU, géographe, animée par Catherine CALVET, journaliste
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