AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CelineChaix


Lucien REBATET, journaliste et écrivain de la 1ère moitié du 20ème siècle, a publié en 1942 LES DECOMBRES, pamphlet fasciste et antisémite. A suivi l'Inédit de Clairvaux, écrit lors de son séjour en prison. Ce livre contient donc ces deux ouvrages, celui d'un vainqueur et celui d'un vaincu ainsi qu'un extrait de l'émission radiophonique Radioscopie, des extraits du procès et de l'instruction de celui-ci.

L'écrivain raconte l'avant seconde guerre mondiale via le spectre du journal fasciste antisémite, anti français, et collaborationniste dont il était rédacteur : JE SUIS PARTOUT « JSP ».
Anti français est un terme qu'il va nuancer. Il est surtout très vindicatif à l'égard de ceux qui ont contraint, les Juifs et les Anglais pour ne pas les nommer, la France à entrer en guerre, mais aussi du gouvernement qu'il estime être à la solde des Anglais. Ces Britanniques qui ont offert les Français aux Allemands en les sacrifiant pour assurer leur propre victoire.
C'est notamment pour cela qu'il pense que l'Allemagne doit gagner puisqu'elle rendra son prestige à la France et finira de la débarrasser du peuple Juif.

Suite à sa mobilisation qui ne va guère durer, Rebatet relate le quotidien des soldats français, la débandade de l'armée avec des recrues inadaptées et inadaptables, des contre-ordres de pseudo chefs incompétents, certains étant parfois eux-mêmes contre la guerre, des missions sans queue ni tête. Egalement des chauffeurs de poids lourds qui n'ont même pas le permis de conduire, désignés parce qu'au moment de partir en mission, on se rend compte qu'il manque un chauffeur et qu'on n'a pas le temps d'en chercher un. Il décrit notamment la compagnie à laquelle il est affecté, la 107ième, cette description fait d'ailleurs penser au film la 7ème compagnie.

Ce documentaire est très intéressant car l'auteur, étant journaliste et très cultivé, s'intéresse au cinéma, à l'art, la peinture notamment, fréquente les politiciens parisiens et nous livre le fonctionnement de tous ces milieux. C'est un témoignage important sur la guerre, la société, la vie de ses citoyens, même s'il faut prendre du recul bien évidemment sur certains propos.
Par exemple, quand l'auteur parle du quotidien sous la domination allemande, elle semblerait presque « douce ». Il semble oublier le couvre-feu, les arrestations, les perquisitions et la délation, entre autres.
Il sera pourtant concerné par les arrestations de certains de ses amis journalistes de JE SUIS PARTOUT, et donc les perquisitions dans son entourage qui l'ont choqué.

Bien évidemment, il déteste les Juifs, les femmes, on notera que le livre est remarquablement bien écrit, beaucoup de vocabulaire, parfois désuet aujourd'hui, n'oublions pas que nous sommes en 1940. Mais dès qu'il parle des Juifs (je n'utiliserai pas l'autre mot dont ils sont affublés) et des femmes, son langage devient vulgaire, parfois sale, je retrouve du Céline. Il fait d'ailleurs de nombreuses références à cet auteur.

Le second ouvrage, L'inédit de Clairvaux, va nous raconter la presque fin de JSP, de nombreuses notes d'un docteur en histoire, Mme VERGEZ-CHAIGNON donnent des précisions sur les écrits, mais apportent également des corrections aux dires de l'auteur qui déforme parfois (souvent !) la réalité. Certaines redondances à noter puisque Clairvaux reprend des faits évoqués dans Les décombres, redondances de l'auteur et explications du docteur en histoire, inutiles si on a lu Les décombres. Je dis bien « si », puisque les deux livres sont indépendants l'un de l'autre.

Livre parfois difficile à lire car l'auteur s'étale sur certains sujets à n'en plus finir.
Je pense qu'un spécialiste de cette partie de l'histoire qui lit ce recueil doit appréhender sous un autre regard les arguments énoncés par l'auteur sur les causes, les conséquences de la guerre et la vie au quotidien.
Je referme ces 1100 pages en ayant appris beaucoup de choses mais je suis contente d'aller retrouver un roman plus léger.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}