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EAN : 978B00976Q872
669 pages
Le Jeune Européen (30/11/-1)
4/5   4 notes
Résumé :
Les Décombres, écrit de juillet 1940 à mai 1942 entre Moras-en-Valloire, Vichy et Neuilly-sur-Seine, est un pamphlet antisémite et collaborationniste de Lucien Rebatet, écrivain et critique de cinéma, publié à l'été 1942 aux éditions Denoël. Il est souvent qualifié de « best-seller de l'Occupation ». extrait de Wikipédia
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Journaliste et critique d'art, Lucien Rebatet se trouve en Allemagne au moment de la reprise de la rive droite du Rhin par les armées hitlériennes. Quelques années plus tôt, il avait fait partie des troupes françaises qui occupaient misérablement cette même Rhénanie. Il avait tenu la rubrique musicale puis littérature et cinéma à « L'Action Française », revue royaliste dont la vedette était Charles Maurras. À l'époque, personne ne croit qu'Hitler va réussir à se maintenir au pouvoir bien longtemps. Seul Maurras pressent le danger. Bien informé, Rebatet sait que la France n'est pas militairement en état de combattre efficacement l'Allemagne. Aussi est-il farouchement opposé à une guerre qu'il sait perdue d'avance. L'ennui, c'est qu'il se sent bien seul à prêcher le pacifisme. Même Maurras finit par se ranger du côté des bellicistes. Mobilisé, Rebatet commence la drôle de guerre du côté de Grenoble dans une unité de chasseurs alpins, puis est nommé à Paris dans les services secrets de l'armée avant de rejoindre une unité combattante vite mise en déroute faute de matériel et finalement de voir la fin des hostilités en Dordogne…
Présenté un peu partout comme « pamphlet violemment antisémite », « Les Décombres » n'est pas que cela. En effet, les trois quarts du livre présentent un témoignage assez intéressant sur le monde du journalisme d'avant-guerre. Toute une partie est consacrée à Charles Maurras qui semble avoir énormément déçu Rebatet. Une autre l'est à la drôle de guerre (la condition misérable du bidasse de base est fort bien décrite). Celle consacrée aux services de l'état-major se livrant à des occupations aussi ridicules que byzantines ne l'est pas moins. Quant au tableau du gouvernement de l'Etat Français à Vichy, il n'y a pas plus lamentable de médiocrité d'après l'auteur qui y retrouve nombre de profiteurs, magouilleurs et autres responsables de la débâcle. Pour fuir tous ces personnages qu'il exècre, Rebatet fuit Vichy et regagne Paris rejoindre ses rares amis et les colonnes de « Je suis partout ». Les deux parties violemment anti-sémites en début et fin d'ouvrage sont évidemment les moins intéressantes et même carrément indigestes à la lecture. On peut et on doit faire un détour ! Quant au personnage, même si on peut écouter son témoignage, il reste au bout du compte plutôt antipathique. Personne ne trouve grâce à ses yeux pas plus l'ouvrier du faubourg que la marquise emperlousée, pas plus le Juif que l'Anglais, pas plus le franc-maçon que le curé de campagne, pas plus l'homme politique que le journaliste de la presse capitaliste, pas plus le général que le ministre. Toute cette haine lui revint d'ailleurs en boomerang en 1945 lors de l'Epuration avec une condamnation à mort commuée en travaux forcés à perpétuité. Il suffit de lire cet ouvrage pour comprendre pourquoi.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Après avoir chèvre-chouté suffisamment pour ne pas tirer un seul coup de canon qui fût utile, manœuvré avec assez de bonheur pour faire encercler intégralement son armée, la 8e, le général Laure se trouva le 22 juin parfaitement coincé à son tour, aux environs de Gérardmer, dans la mairie de La Bresse.

“Une section allemande arrive à toute vitesse, sans perdre de monde, car les défenseurs de La Bresse ont épuisé leurs munitions. Le général Laure s’assied à sa table de travail, ses officiers autour de lui, et tous le revolver à la main, pour qu’il soit dit qu’ils ont combattu jusqu’à la fin“.

Cinq minutes plus tard, un allemand pénétrait dans la salle, et ces messieurs posaient leurs revolvers sur le bureau.

L’histoire ne dit pas toutefois s’ils étaient chargés. Une certaine expérience nous permet d’en douter, les officiers supérieurs connaissant mieux que quiconque les dangers qu’offre la manipulation des armes à feu. D’autre part, la recherche de huit ou dix chargeurs de 6 millimètres 35, vers la fin juin et dans l’armée du général Laure, devait être une entreprise absolument sans espoir.

Le général Laure, pour prix de cette mâle résistance a été augmenté en grade et en décorations, choisi comme chef suprême de la Légion des Combattants, c’est-à-dire du grand Parti de l’État Français.

Je prétends qu’une institution qui compte dans son passé Turenne, Lasalle ou Marceau, et qui ose arguer de telles pantomimes pour prouver à la face du monde qu’elle a sauvé l’honneur, je prétends que cette institution est devenue un fléau public.
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Ce sont les états-majors intacts, aux mille képis, les serins du S.R. qui ont tablé sur six mois de résistance serbe, un an de résistance grecque, trois ans de résistance javanaise, et, quand les Allemands et les japonais se seraient rejoints sur l’Oural et l’Himalaya, quand le Mikado siégerait à Washington et Hitler à Londres, s’écrieraient joyeusement : “Ils sont foutus, on ne tient pas des fronts pareils”, et s’élanceraient, rêve tant caressé, pour aller déborder l’aile gauche du nazisme entre Bourges et Nevers, avec deux obus par canon.
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L’Action Française traînait derrière elle, comme un pilier de tripot, un faix de dettes toujours grossissant, elle se faisait escroquer avec une naïveté de vieille rentière bigote. Son extravagant budget alimentait à longueur d’année la verve furibonde et superbement soldatesque de deux ou trois lucides et truculents vétérans de ce bobinard, selon leur mot favori, tous du reste d’une fidélité que rien ne pouvait ébranler. L’un d’eux disait de Pujo : "Il dort vingt heures sur vingt-quatre, et il lui faut quatre heures pour se réveiller".
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Ce furent les jours où l’on pouvait voir, dans les feuilles gasconnes et périgourdines, devenues les premières gazettes de France, des colonels d’infanterie demandant à la rubrique des objets perdus si quelqu’un n’avait point retrouvé leur C. H. R. *

* Compagnie hors rang
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Là sont à la fois le sabre, le goupillon, le chandelier à sept branches, le tablier en peau de cochon, la faucille, le marteau et le veau d’or, tous les emblèmes d’un monde révolu, jetés pêle-mêle sur le radeau du grand naufrage.
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Vidéo de Lucien Rebatet
France Culture : Faut-il republier les textes antisémites du XXème siècle ? (2015). A l'occasion de la publication chez Robert Laffont, des œuvres de Lucien Rebatet, et de l'annonce d'une traduction de "Mein Kampf" chez Fayard, Caroline Broué reçoit Pascal Ory, professeur d’histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Florent Bayard, historien, chercheur au CNRS (Centre Marc Bloch, Berlin), spécialiste du négationnisme et de la Shoah.
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