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Inspecteur Anselme Viloc tome 3 sur 6
EAN : 9782354521479
285 pages
Vents salés (13/05/2016)
4.32/5   38 notes
Résumé :
Réédité en semi poche aux Éditions Cairn collection Les polars du noir au Sud en mars 2021
Un jour de septembre, 6 h 45. La pointe du Cap-Ferret est déserte. Les touristes ont décampé et les rares sédentaires ne se risquent pas si tôt face à un océan d'humeur changeante. Alors que fait là cette silhouette immobile perdue au milieu des blockhaus? Qu'attend-elle, cette jeune femme?
Cela m'interpelle, moi, Anselme Viloc, le "flic de papier".
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Anselme Viloc, surnommé le flic de papier, policier un peu rêveur du commissariat de Bordeaux, découvre un jour une jeune femme amnésique sur la plage de la pointe du Cap Ferret. Elle ne parle que de son fils, alors que les expertises médicales montrent qu'elle est vierge...
Le policier est chargé d'enquêter pour retrouver l'identité de la femme, bientôt reconnue comme étant Marina Decosse. Deux proches de la jeune femme, au passé trouble, décèdent alors de mort suspecte.
Le commissaire Plaziat, patron du flic de papier, demande à celui-ci de poursuivre son enquête pour comprendre l'énigme et retrouver le ou les coupables...

Ce roman atypique, plus roman noir que vrai polar, vaut d'abord par son ambiance : les dunes du Cap Ferret, les cabanes des villages ostréicoles, les vases du fond du bassin d'Arcachon, etc.
Les personnages sont au diapason des vagues du bassin d'Arcachon, aussi nonchalantes que celles de l'océan peuvent devenir violentes, comme les actes criminels peu à peu découverts. L'interaction famille-travail joue également un rôle important.
Les clés de l'intrigue seront retrouvées dans le passé de familles traumatisées par les guerres et que le hasard a fait se croiser. La façon dont l'auteur nous apporte la solution, faite de rigueur d'enquête mâtinée de doses d'intuition et d'ésotérisme, concourt également à la création de l'ambiance.
Ajoutons que c'est bien écrit, richement mais sans excès de fioritures. le lecteur est mis dans la peau d'Anselme Viloc, avec une alternance d'actions, de faits nouveaux et de descriptions de l'environnement qui donne un peu de dynamisme, mais pas trop pour ne pas casser l'ambiance.
Un très bon roman qui exhale un parfum de bassin d'Arcachon !
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Anselme Viloc a une spécialité : trouver à enquêter là où son supérieur ne voit rien à chercher.
Pour sa troisième enquête, il trouve sur la plage une jeune femme en état de choc et sans identité.
Elle déclare en boucle qu'elle sait où est son fils mais le hic c'est qu'elle est vierge.
Il n'en faut pas plus à notre "flic de papier" pour être sur le coup.

Il a un mois pour percer cette énigme, mais il n'est pas seul, son second fait du porte à porte de façon plus classique (même s'il file le parfait amour avec Solange, mère de Lily), Lily presque 
12 ans et ses réflexions affûtées comme la lame d'une épée, sa fraîcheur et son amour des chats comme marque de reconnaissance et David fidèle parmi les fidèles, le premier à avoir accepté Anselme lorsqu'il a débarqué au Cap.

Ainsi s'installe le bonheur du lecteur qui retrouve un personnage récurrent et un univers. Cet opus est toujours aussi poétique que les précédents et ,ce n'est pas antinomique avec polar, mais il est plus malicieux aussi, l'auteur s'amuse visiblement à balader son lecteur sur une enquête qui débute sur rien.

Mais avec Anselme rien veut dire beaucoup. Il ne tarde pas à découvrir l'identité de l'inconnue et à retrouver ce qui reste de sa famille. Elle est visiblement fragile comme l'était sa mère, et malgré cette identification, ni la mémoire ni la connaissance ne refont surface.
L'enquête prend tout son sens.
De bavardages en largages de petits secrets, la machine à remonter le temps est en route.
La plage, les blockhaus, le lieu où à échouer notre amnésique deviennent des pièces de puzzle à mettre en place et notre flic de papier excelle dans l'exercice.
Mais les événements se précipitent et notre flic se retrouvent avec non pas un mais deux macchabées.
Et son boss le commissaire Plaziat sort le grand jeu et ses sarcasmes à deux balles, il pronostique un troisième cadavre.
Si Viloc accepte le bon sens éclairé de sa petite protégée Lily, il a plus de mal a intégrer le médium que son chef lui refile comme une prime. Cadeau Léonard le deviendra.

Si vous voulez en savoir plus....Lisez-le, pas question pour moi de vous en dire davantage. Si ce n'est qu'une nouvelle fois l'auteur tient ses promesses, c'est original et si le dénouement de cette énigme se trouve dans les remous de la seconde guerre mondiale, une fois de plus pour l'auteur il n'y a pas de hasard juste des coïncidences. Mais quelles coïncidences ! Et c'est là tout le talent de Guy Rechenmann, il nous concocte une histoire qui comme un bon plat a mijoté longuement.

Notre "flic de papier" s'épanouit , voir plus sans perdre une once de ses particularités et même mieux encore son humour est de plus en plus "iodé" pour notre plus grand plaisir.

Troisième opus à être baladée par Anselme et je suis bluffée, par l'étoffe de cet anti-héros, sa fantaisie et sa poésie.

Pour moi il fait parti des flics cultes comme Morse. Les enquêtes sont tellement plus savoureuses lorsque la tête et le coeur remplacent l'artillerie lourde.

Je me demande si une visite guidée des lieux ne va pas être la prochaine destination des touristes qui viennent se ressourcer au Cap-Ferret.

La conclusion je la "pique" à son boss : "Vous êtes un phénomène, Viloc, du bureau des rêves à La Légende des siècles, vous ratissez large. Si je ne vous avais pas, je m'ennuierais". Et moi lectrice j'attends déjà le suivant.
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Autant le dire, un petit moment d'adaptation m'a été nécessaire pour comprendre pourquoi ce « flic de papier » travaille à l'instinct sur des affaires que personne à part lui n'a flairé comme étant potentiellement à creuser. Anselme Viloc est inspecteur, dans les années 90, dans la région du bassin d'Arcachon.
Alors qu'il fait son jogging sur la pointe du cap Ferret, Anselme Viloc croise une femme assise devant un blockhaus. Elle est prostrée, en catatonie depuis des heures apparemment. Et comme Viloc marche à l'instinct, il s'en inquiète. A juste titre d'ailleurs, puisqu'impossible de savoir qui elle est, de la faire parler, d'échanger quoi que ce soit de « raisonnable » avec elle. Photos dans les journaux, enquête, investigation classique, rien n'y fait et sans l'obstination de Viloc, l'affaire aurait sans doute été classée ou confiée à un autre service.
Nous voilà emportés dans un polar assez déroutant au départ, car il se passe 30 ans en arrière. Là, point de téléphone portable, d'ordinateur ou de geek pour trouver en quelques clics des solutions improbables. Nous sommes face à un bon vieux flic, enfin, vieux pas tant que ça quand même, qui travaille à l'ancienne avec une équipe peu visible finalement, accompagné dans ses réflexions par Lily, une gamine affutée et très sensée, et aidé par Léonard un dessinateur singulier et terriblement intéressant. Mais surtout Anselme se guide à l'instinct, il a du caractère et sait être peu respectueux de la hiérarchie quand il sent qu'il est sur la bonne voie. le commissaire n'apprécie pas trop ce type d'enquête, sans mort, ni cadavre et lui laisse peu de temps pour la résoudre. Finalement, de péripétie en péripétie, puis de cadavre en incendie, Viloc soulève un lièvre bien plus gros que ce qu'il n'y parait au départ. Il creuse dans le passé des protagonistes et fait émerger quelques relents nauséabonds de la grande Histoire. J'aurai d'ailleurs aimé un peu plus de lignes sur cet épisode et sur la résolution de cette énigme particulièrement bien fouillée. Viloc nous entraine dans la réalité et les à côté de la seconde guerre mondiale, plonge dans la vengeance, la manipulation, et va bien plus loin dans la psychologie humaine que ce qu'on y voit de prime abord.
Dans ce roman, il n'y a pas profusion de sang ou de violence, ce qui prouve que pour tenir son lecteur ce n'est pas forcément indispensable. de longues digressions nous entrainent dans les pensées et les souvenirs d'Anselme, dans sa région, ses enquêtes précédentes (opus néanmoins compréhensible sans avoir lu les précédents) avant de dévoiler le mystère qui fera comprendre au lecteur toute la puissance de son titre « A la place de l'autre ». Atypique, un peu flâneur, poète et en apparence rêveur, Viloc est certainement un flic à connaitre et à suivre !
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Bon ce coup ci, ne repartons pas sur le pitch du bouquin puisqu' éditeur et autres contributeurs s'en chargent parfaitement...
Qu'Anselme Viloc soit un flic atypique, bien entendu. Que ses enquêtes recèlent suffisamment de mystères et de complexité pour être qualifiées d'excellents romans policiers cela tombe sous le sens.
Mais Guy Rechenmann nous arnaque comme à son habitude en agitant une apparence de légèreté derrière laquelle se cachent bien d'autres choses.
Chacun de ses romans sont des "matrioshkas", ces fameuses poupées russes. Il y a toujours une idée dans l'idée et un sens caché dans le sens aperçu.
Exemple :
Pourquoi les trames s'emberlificotent elles entre passé récent et passé lointain ? Pour prétexte à histoires et Histoire ? Pour démontrer qu'il suce du phosphore en citant abondance de références que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ? Par nostalgie d'une parenthèse de tranquillité révolue ? Oui pour tout ça mais pas seulement. Parce que l'auteur refuse aussi le piège de l' homme connecté... Eve a bouffé la pomme et il est le seul à comprendre la cynique symbolique du logo d'Apple : "Voilà le même fruit, il vous a coûté le paradis mais reprenez en , histoire de nous gaver de pognon en vous privant d'une part supplémentaire de liberté"... En fait Guy Rechenmann est un résistant discret dont la culture et l'humour sont au service de causes perdues...il propose donc deux niveaux de lecture au cas où son lecteur soit intelligent. On ne sait jamais, avec un coup de pot hé hé...

Pour ce troisième Viloc , reviennent et s'agrègent les personnages principaux croisés dans les deux romans précédents et (ré) apparait un petit nouveau que l'on avait connu dans un autre bouquin sans aucun rapport avec cette série. Etrange adolescent dans " Des Fourmis dans les doigts", Léonard est désormais adulte et vient aider Anselme en tant que médium dessinateur.
C'est caractéristique de notre inspecteur préféré : Anti Sherlock Holmes têtu, ses enquêtes partent de rêves ou de situations banales, se concrétisent au fur et à mesure pour devenir de vrais mystères. Il charge les collègues des tâches de police et se consacre lui à l'écoute, à l'observation, au feeling et voire parfois au mysticisme. Il confie ses interrogations, ses blocages aux amis, fait appel à des aides improbables et collecte les remarques de bon sens et les intuitions. En fait Viloc est un flic fainéant. Il pose les pièces du puzzle sur la table et quand tous les copains en résolvent une partie, il procède alors à l'assemblage final.

On se poile souvent en lisant ce roman. Peut être même plus que d'habitude. Mais là aussi, derrière les aphorismes, les phrases détournées ou les sentences humoristiques, il y a beaucoup de profondeur. Avec Guy Rechenmann, c'est pas juste rigoler pour rigoler: Quand vous poufferez de rire , relisez la phrase : La deuxième fois vous y trouverez quelque chose d'important. La troisième fois, vous poserez le bouquin et partirez en réflexion. "A la Place de l'Autre" est une gare de triage de laquelle repartent de nombreux convois chargés d'émotions différentes.

On a toujours coutume de dire que le dernier roman d'un auteur est le plus abouti. Ce n'est pas toujours vrai, mais dans celui là, Guy Rechenmann a l'image de Viloc, a rassemblé tous les morceaux pour livrer ce qui commence à ressembler à une oeuvre. De touche à tout génial et surdoué qui s'était mis à tâter l'écriture, il est désormais écrivain avant tout. Toutes ses expériences se sont finalement rassemblées dans cette plume que l'on espère ne plus jamais voir s'arrêter.



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Je ne boude jamais le plaisir et le bonheur de retrouver Guy Rechenmann et son flic de papier Anselme Viloc. Je ne pouvais donc que me précipiter sur A la place de l'autre, polar préalablement paru aux éditions Vents Salés en 2016 et réédité en ce mois de mars 2021 par les éditions Cairn dans la collection du Noir au Sud.

Partons à la recherche de l'enfant perdu en voyageant dans notre belle région Nouvelle-Aquitaine avec Anselme et Guy Rechenmann

« Dites-moi, vous etes un drôle de gaillard. Vous êtes légèrement improbable comme disait je ne sais plus qui. D'abord vous prenez la déposition d'un rêve ou d'un cauchemar, c'est selon, et aujourd'hui vous faites encore plus fort, car, je me répète, il n'y a ni déposition, ni plainte, ni corps, enfin rien du tout, seulement une illuminée sur une plage, débitant une litanie. Comprenez-moi, Viloc, vous êtes dur à suivre…Vous savez aussi bien que moi que l'onirique est à la police ce que la franchise est à la politique. »

Une intrigue familiale atypique

Autant vous prévenir de suite: ici vous ne trouverez pas de meurtre, pas de sang, pas de violence ou de coup de feu, pas de moyens modernes de communication. L'intrigue se déroule 30 ans en arrière, à l'époque de l'instinct, de l'intuition avant la « facilité moderne ». En apparence, tout est simple… et pourtant, Guy Rechenmann parvient sans aucun problème à maintenir l'attention de son lecteur jusqu'à l'ultime page. Comme quoi, il ne faut jamais s'arrêter à des clichés…

Anselme découvre une femme amnésique, en position de yogi face à l'océan, lors d'une ballade avec le chien de ses amis sur la plage de la Pointe du Cap-Ferret. Il l'installe dans sa voiture et la conduit au CHU de Bordeaux. Qui est-elle? Que cache cette femme rapidement surnommée « la Yogi de la pointe » et qui répète sans cesse « c'était le 21, c'était le 21′, et « je sais où est mon fils, je sais où il est » alors même qu'elle n'en a jamais eu ? Quel est son secret?

Seul un Anselme Viloc pouvait résoudre cette énigme. Je vous laisse découvrir comment au travers d'un voyage dans le temps qui vous conduira à l'époque de la seconde guerre mondiale. Histoires familiales, éducation, ressentiment, manipulations, vengeance… vous ne vous ennuierez pas mais serez une nouvelle fois impressionné par l'imagination débordante de Guy Rechenmann.

« Accoudé au bar du Rat Mort, je savoure avec Jérémy mon succès sur la rationalité blanche, sous la forme d'une bière de la même couleur. Rien à voir avec une race quelconque, non, la rationalité procédurale ou blanche, comme je la nomme, caractérise un comportement influencé par l'usage d'une raison ne bénéficiant pas de toute l'information pour prendre une décision.»

Un style inimitable

Notre spécialiste, notre Flic de Papier si cher à Guy Rechenmann a encore frappé. Ou comment d'un fait divers sur la plage du Cap Ferret il déroule la pelote et met à jour une histoire familiale aussi sordide que dramatique.
Il est impossible de ne pas reconnaître Guy Rechenmann d'ailleurs en tournant les pages tant son style est caractéristique et son humour inimitable. On retrouve tout ce que l'on connait et apprécie.

• La façon atypique d'enquêter de Anselme, la confiance qui lui est octroyée à partir de rien ou presque.

• Les piliers de Anselme: le bassin d'Arcachon, la musique et le Jazz et ses proches: Sylvia, Lili, …

• Son amour des recherches et de l'Histoire avec ses études fouillées des archives, la recherche du moindre fait jusqu'à l'enfance des interlocuteurs.

• L'humour, la poésie, les très nombreuses divagations et digressions pour perdre le lecteur. Guy Rechenmann prend un malin plaisir comme à l'accoutumée à nous mener en bateau, à brouiller les pistes.

L'esprit rationnel deviendra fou, l'amoureux de Anselme s'en délectera. de multiples chemins explorés et de voies de garage ou de sans issue, un vrai labyrinthe habilement conçu, le jeu de piste est parfaitement maîtrisé par Guy Rechenmann. Il nous captive, nous happe et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page…

«Heureusement Plaziat n'est pas un idiot, ce n'est pas le cas de tous, il a du flair, il est à l'écoute. Il sent quand il y a anguille sous roche et si le poids des informations recueillies jusque-là ne fait pas pencher le fléau de la balance de mon côté. loin de là, le boss, dans sa grande sagesse, mise sur un arrivage imminent de révélations pour inverser la tendance tel un Terre-neuva dépressif qui reprend des couleurs en tombant sur un banc de morues, là s'arrêtant la métaphore piscicole »

Vous l'avez je pense compris: j'ai aimé, j'ai souri, je me suis cultivé, j'ai voyagé, j'ai frémi, j'ai compati… en lisant A la place de l'Autre de Guy Rechenmann.

J'applaudis et je recommande A la place de l'Autre. Une belle réussite.


Lien : https://www.alombredunoyer.c..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je doute que Lily soit douée pour le bonheur. Le bonheur est l’antithèse de la réflexion dans la mesure où, à en croire nos médias et à entendre nos élites bien pensantes, il est simple à trouver. En réalité il est au raisonnement ce que l’aiguille est à la meule de foin, introuvable. Le bonheur serait un gros fromage et Lily n’en veut qu’une miette, cela suffit pour calmer son jeune appétit, trop, provoquerait une indigestion. Vous imaginez, un trop plein de bonheur, insoutenable, en plus très mauvais pour le business: plus d’anti-stress, médicaments, cigarettes, alcool bref une catastrophe économique. Pas de danger pour le grand capital, je suis comme Lily, je ne crois pas au bonheur ou plutôt si, mais au faux, celui du produit marketing, la pure invention à but lucratif de l’homme dans toute sa démence. Il n’y a qu’à voir les différentes formes qu’il a revêtues au cours des temps. Homme bon est décidément mon oxymore préféré.
Apanage de l’intelligence, Lily aura son cortège de sujets de satisfaction et de petits plaisirs mais sa vie se passera à ordonner ses accords et ses contradictions en essayant de se convaincre à profiter de l’instant :
Le bonheur est un équilibre.
Elle ne croit pas à l’uniformité, elle sait que la différence n’est jamais heureuse. L’homme vraiment intelligent est un pédagogue, il éclaire les pensées et, du coup, amortit les inégalités tel un édredon :
Le bonheur est un discernement.
Elle s’y emploie déjà malgré son jeune âge et Léonard a compris cet esprit brillant en lui offrant ce simple croquis de chat, son refuge d’enfant :
Le bonheur est un souvenir.
Il a mis pile dedans, normal, il est médium
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Et vient l’annonce faite à Marina, la mort de l’enfant. Silence. Elle me fixe, ne semble pas comprendre. Puis lentement s’assoit sur son lit face à la baie vitrée. Un couple de corbeaux est là, sur la pelouse blanchie, à l’écoute, une voiture passe non loin d’eux.
Un coup d’œil au toubib avant qu’elle ne plonge la tête entre ses mains et sanglote. Le toubib me fait signe de ne pas intervenir, il faut la laisser s’épancher, vider toutes les larmes de son corps et avec un peu de chance un morceau de sa folie viendra avec. Désencombrer son esprit, l’épurer, c’est ce que le docteur Angot s’efforce de faire depuis son internement et il a pris la décision de lui annoncer la nouvelle dans ce but, une sorte d’électrochoc rédempteur, un pari. Nous sommes immobiles dans la chambre à supporter le râle continu de Marina et à observer les deux corbeaux, symboles de tristesse et de malheur, s’escrimant, par des évolutions spectaculaires, à trouver une pitance en piquant le sol durci.
Le spectacle de ces volatiles pourrait être un mauvais présage mais Lily m’a affirmé qu’ils sont les plus intelligents du règne animal, conjuguant prudence, sociabilité, courage et fidélité, « les couples restent unis pour la vie », argument massue et en guise de conclusion elle avait été jusqu’à conspuer La Fontaine qui, à ses yeux, faisait passer l’oiseau noir pour prétentieux, hâbleur, bref un peu benêt, tout l’inverse de ce qu’il est. Un des corbeaux a l’air de nous fixer à travers le vitrage, plusieurs secondes. Lily a raison, l’oiseau n’a de noir que son plumage. Les pleurs s’estompent, se fondent et s’arrêtent. Marina se redresse, nous fait face et les yeux encore mouillés nous assène :
Quand est-ce qu’on l’enterre?
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Dites-moi, Viloc, vous êtes bien « Le » spécialiste de la disparition, non ? Alors qu’est-ce que vous nous foutez une timbrée sur les bras ? Une foldingo amnésique et pour faciliter l’affaire, pas un papier sur elle... ni dans son sac et reprenez-moi si je me trompe, seuls un pull-over noir, trois kleenex, une paire de lunettes de soleil version 1970, un porte-monnaie avec un billet de dix francs et trois francs cinquante en pièces, une demi-douzaine d’épingles à cheveux et une clef, unique, qui doit correspondre à une serrure mais laquelle et où ? Ça c’est une autre question... L’affaire du siècle, Viloc. Pas de plainte, pas de corps, rien... juste une émanation d’intuition, une sorte d’archéologie préventive.
C’est nouveau, pour le dépaysement sans doute. Une nouvelle approche du métier ? Envie de changer d’air ?
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ŕ Vous devez connaître alors la réflexion de notre Victor Hugo national : « C’est parce que l’intuition est surhumaine qu’il faut la croire; c’est parce qu’elle est mystérieuse qu’il faut l’écouter ; c’est parce qu’elle semble obscure qu’elle est lumineuse » Ŕ Il s’arrête, me regarde de bas en haut. Dites-moi, vous êtes un drôle de gaillard. Vous êtes « légèrement improbable » comme disait je ne sais plus qui. D’abord vous prenez la déposition d’un rêve ou d’un cauchemar, c’est selon et aujourd’hui vous faites encore plus fort car, je me répète, il n’y a ni déposition, ni plainte, ni corps, enfin rien du tout, seulement une illuminée sur une plage, débitant une litanie. Comprenez-moi, Viloc, vous êtes dur à suivre... vous savez aussi bien que moi que l’onirique est à la police ce que la franchise est à la politique. Cependant, je dois l’avouer, vous avez fait du bon boulot avec la petite Frontjoie et le ferrailleur dément1, une vraie performance – il fait une pause. Je vous laisse un mois, allez, j’attends votre rapport... Filez...
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il y a des choses que l'on ne peut jamais oublier, Lily.La mémoire est une maison avec des fenêtres équipées de volets. Si tu ouvres ou fermes les carreaux en fonction de la température ambiante, les rayons du jour et la prégnance de tes souvenirs auront toujours un accès facile, en revanche si tu clos le volet plein, la clarté ne rentrera plus, ni celle du soleil ni celle de ta mémoire.
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