Le livre qui paraît, aujourd’hui, je l’ai commencé il y a bientôt quinze années, non dans le silence du cabinet, mais dans la libre nature. C’était en Irlande, au sommet d’un tertre qui commande les rapides du Shannon, ses îlots tremblant sous la pression des eaux et le noir défilé d’arbres dans lequel le fleuve s’engouffre et disparaît après un brusque détour. Étendu sur l’herbe à côté d’un débris de muraille qui fut autrefois un château fort et que les humbles plantes ont démoli pierre à pierre, je jouissais doucement de cette immense vie des choses qui se manifestait par le jeu de la lumière et des ombres, par le frémissement des arbres et le murmure de l’eau brisée contre les rocs. C’est là, dans ce site gracieux, que naquit en moi l’idée de raconter les phénomènes de la terre, et, sans tarder, je crayonnai le plan d
Grâce à cet incessant renouvellement des roches, l'Océan crée à chaque heur un terre différente de l'ancienne par l'aspect et la disposition des couches. Aussi pour l'esprit du géologue, le fond invisible des mers ne devrait-il pas avoir moins d'importance que la surface émergée des continents : le sol qui nous porte aujourd'hui, nous et nos cités, disparaîtra comme ont déjà disparu en tout ou en partie les continents des époques antérieures, et les espaces inconnus que recouvrent les eaux surgiront à leur tour pour s'étendre à la lumière du soleil en masses continentales, en îles, en péninsules.