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Critique de Pois0n


Ne voyageant pas beaucoup, de la même façon que d'autres dévalisent les boutiques de bibelots, je suis du genre à ramener un livre souvenir au moindre déplacement. C'est comme ça que je me retrouve à avoir une carte de fidélité dans une petite librairie sur la côte, où je ne mets les pieds au mieux que deux fois l'an. Évidemment, le choix y est bien moindre que dans nos librairies de grande ville, et de toutes façons, je n'y vais pas pour récupérer des livres figurant sur ma wishlist : bien au contraire, j'aime m'y faire surprendre, découvrir des ouvrages que l'on ne trouve pas forcément ou plus ailleurs. C'est comme ça que ce « Contes de la mer » s'est retrouvé entre mes mains. Ça tombe bien, j'aime bien le folklore. Allez, zou, adjugé, vendu ! Quant au contenu, ça a été la surprise, puisque dans ces circonstances, je n'ai même pas pris la peine de chercher s'il existait des critiques.

Contes de la mer, ce sont 123 pages pour quinze histoires, contées par cinq auteurs différents sous la houlette de Sébastien Recouvrance. Si les siennes ainsi que celles de Paul Sébillot s'ancrent bien dans le conte merveilleux, les six d'Anatole le Braz penchant davantage du côté du récit fantastique voir même horrifique. Quand aux trois qui restent, elles touchent davantage au folklore, avec la légende presque brute de la ville d'Is (ou Ys), un récit impliquant le Hollandais Volant (ici nommé Voltigeur Hollandais) et un dernier les morrigans (morgans). Un point commun toutefois : la Bretagne ! Soit les récits s'y passent, soit les protagonistes en sont originaires, mais l'on ne s'éparpille pas. Un bon point, rendant ainsi l'ouvrage complémentaire avec le « Légendes de la mer » de Bernard Clavel, par exemple.

Globalement, on passe un très bon moment de lecture, d'autant que la majorité des récits n'ont rien de connu : Paul Sébillot et Anatole le Braz ont tous les deux cités leurs sources, à savoir des histoires contées originellement à la fin du 19e siècle, dont deux par un mousse de seize ans. de quoi contextualiser le côté raciste de l'une des histoires, où les Chinois sont décrits comme étant « les plus voleurs du monde »... mais n'excusant certes pas le choix de remettre ce texte en lumière en l'insérant dans le présent recueil à la fin des années 90.

Pendant la majeure partie de l'ouvrage, tout va donc très bien. On passe du merveilleux pur des six premières histoires à du fantastique légèrement flippant sur les bords à partir des « Trépassés de la baie ». Tous sont accrocheurs, mais il faut reconnaître que les récits choisis par Anatole le Braz sortent nettement du lot grâce à leur ambiance sombre et leur fin rarement optimiste. Sans oublier la longueur inhabituelle de « L'aventure du pilote ». Parsemé de gravures, le livre est en outre très agréable à parcourir, bien que de nombreuses coquilles en goguette finissent par agacer.
Les deux seuls maillons faibles sont en fin de compte les récits d'Ernest du Laurent de la barre : « La ville d'Is » et « Le vaisseau fantôme », plombés par leur narration chaotique, avant que « Les Morgans de l'île d'Ouessant » ne vienne clore le recueil sur une bien meilleure note.

Le temps de quelques soirées, Contes de la mer aura donc été un chouette voyage temporel dans la Bretagne du 19e siècle.
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