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Critique de frandj


Cet ouvrage a été publié en 2023, donc bien après l'affaire des caricatures de Mahomet et le massacre à "Charlie Hebdo". Pour moi, il présente un grand intérêt, car il étudie précisément les positions de l'Islam sur les représentations artistiques. Il pose des questions simples comme celle-ci: la peinture et la sculpture sont-elles licites ? La réponse n'est pas simple. Dans l'Islam, deux courants se sont longtemps opposés, pour ou contre les représentations figuratives des créatures de Dieu. Ceux qui étaient contre s'opposaient vigoureusement à la prétention (païenne) de rivaliser avec Allah. L'écrit a toujours eu et garde la primauté: c'est évidemment le cas du texte sacré (Coran). Et la sculpture a été généralement bannie car, rappelant trop les "pierres levées'" elle était suspecte d'idolâtrie. Mais il se trouve que la peinture a été assez répandue pendant plusieurs siècles, notamment en Turquie et en Perse - et Mahomet lui-même a été représenté d'une manière explicite. Certes, sans surprise, la caricature du prophète a toujours été considérée comme un blasphème; par contre, sa représentation figurative ne suscitait pas d'opposition... Un retour de bâton s'est produit au XXème siècle. Sous l'influence du wahhabisme (mais pas que), l'Islam est devenu beaucoup plus rigoriste sur le plan artistique. On est pratiquement revenu à l'interdiction des représentations picturales de tous les êtres vivants. Quant à la photographie et au cinéma, ils ont été (et restent) autorisés, en vertu de la (fumeuse) théorie de la "captation de l'ombre créée par Dieu".
Plus généralement, l'auteur se demande aussi: « peut-on penser librement, croire ou abjurer, non pas en son for intérieur, mais publiquement, se déclarer athée sans être poursuivi en justice, ostracisé ou livré à la vindicte populaire ? » (p. 15). En terre d'islam existent non seulement le crime de blasphème, mais aussi l'interdiction de l'apostasie et les poursuites contre l'offense à la religion. Par ailleurs, il faut noter que nombre de pays musulmans sont actuellement soumis à des régimes politiques très autoritaires. Evidemment, la presse satirique y est contrôlée... - Dans la dernière partie, l'auteur évoque des voies possibles pour réformer l'Islam. C'est un "vieux serpent de mer" dont on parle souvent ici, mais auquel on finit par ne plus croire. J'avoue que je ne me suis pas attardé sur cette partie.
Je signale que Hamadi Redissi est un universitaire tunisien. Son courage et sa lucidité sont remarquables dans un pays où la liberté d'expression et même de conscience sont de plus en plus menacés
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