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4,01

sur 616 notes
C'est ma première lecture de Dolores Redondo et la première réflexion qui me vient à l'esprit est que l'exigence est le maitre- mot . Exigence de l'auteure envers elle- même et exigence du lecteur ou de la lectrice également. S'il a fallu plus de deux ans à Dolores Redondo pour écrire ce remarquable roman , il faudra un nombre conséquent d'heures au lecteur pour venir à bout de ces plus de 600 pages dans lesquelles une grande attention s'impose pour saisir toutes les connections menant au dénouement . Oui , une attention de tous les instants ou alors la quasi - certitude de se " perdre " (...et dans les bayous , vous verrez , ça fait pas vraiment envie ... ) , voilà, à mon avis , le contrat indispensable à parapher dès les premières lignes de ce roman atypique et " tellement machiavélique ", finalement .

Le point de départ est énoncé rapidement : un tueur en série est recherché pour le massacre de plusieurs familles . le psychopathe profite de catastrophes climatiques pour perpétrer ses forfaits et ...disparaître en tout quiétude .
Remarquée pour des compétences particulières que l'on découvrira au cours du roman , Amaia Salazar , stagiaire au FBI , est intégrée à l'équipe de l'agent Dupree . Les supputations quant à l'identité du coupable vont bon train et conduisent les enquêteurs en Louisiane , peu avant l'arrivée destructrice de la tempête Katrina ..Vous vous souvenez ?

Celui qui a hérité du pseudonyme de " Compositeur " sera - t - il , cette fois encore au rendez-vous?

Ce roman s'organise en différentes étapes vraiment fouillées, travaillées , bien écrites .( traduites).
Ce seront tout d'abord de longues discussions menées par les enquêteurs dans les locaux du FBI puis dans une caserne de pompiers de la Nouvelle Orléans , avant un périple plutôt glauque , mais plus " vivant " ( quoi que )....dans la ville inondée regorgeant de cadavres humains ou animaux , d'odeurs pestilentielles ... Et là, dans l'horreur va se débattre une population qui , en plus de la catastrophe , devra supporter l'indifférence , voire le mépris des autorités , les tirs de snipers , les pillages , les assassinats , le manque de nourriture , de soins , de secours . L'apocalypse . La déchéance. Les rituels vaudous comme seule issue , comme seule espérance . Les bayous crachent sur ces pauvres gens , le mépris d'une nation ! (non , non , rien n'a changé ... tout ...tout a continué.)

Quant à Amaia, elle va " briller " dans cette histoire , poussée par une force intérieure extraordinaire acquise depuis son enfance très particulière passée en Navarre et relatée en parallèle, par étape, tout comme d'ailleurs celle de l'agent Dupree. Des histoires loin d'être banales et qui nourrissent nos interrogations et notre intérêt jamais démenti , nous conduisant , comme tout le reste du roman d'ailleurs , aux portes de la mort , aux portes du paranormal , à la frontière du surnaturel , à l'extrême limite de la " ligne rouge " ....

Pour moi , ce roman a nécessité des pauses , des moments " de respiration " . J'avoue en avoir eu besoin , avoir effectué quelques retours en arrière aussi et , en même temps , j' ai toujours ressenti le besoin de " reprendre " assez vite , jamais d'abandonner malgré la tension et l'angoisse . Comme me le disait mon épouse, un livre " à ne pas lire lorsque vous recevez vos petits- enfants " !!! mais plutôt à découvrir lorsque vous ê tes sûrs que rien ne viendra vous perturber et embrouiller votre esprit , lorsque le soleil brillera ( pour le moral ) ....

Je pense que c'est le type de roman destiné à recevoir autant de critiques négatives que de critiques dithyrambiques , on aime ou on n'aime pas et je pense aussi qu'il peut entraîner des abandons , oui , bon , 650 pages ....ce n'est pas rien . C'est mon avis mais ce n'est pas non plus " la vérité vraie " , j'aimerais bien savoir , c'est tout .

Par contre , je sais que je vais continuer à lire cette auteure , ça c'est certain ...enfin pas tout de suite quand même, ma PAL contient des " petits romans sympas et plus ...légers " . Oui , c'est ça , plus léger, plus " soft " comme on dit ...Là , j'ai " ma dose " mais , "non , rien de rien , non , je ne regrette rien .."


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Remarquée pour ses talents de profileuse lors d'un séminaire international du FBI aux Etats-Unis, la sous-inspectrice espagnole Amaia Salazar accepte de prêter main forte à l'agent Dupree, dont l'équipe est sur les traces d'un tueur en série. L'homme profite de catastrophes naturelles pour s'en prendre, ni vu ni connu, à des familles entières. Or, une alerte ouragan vient d'être lancée : Katrina approche de la Nouvelle-Orléans…


Encore une histoire de psychopathe et d'enquêteurs de choc, me direz-vous. Oui, mais pas n'importe laquelle. Dolores Redondo nous embarque dans une atmosphère toute particulière, aux ingrédients subtilement distillés, qui a toutes les chances de vous envoûter. Et, dans le domaine des sortilèges, Amaia Salazar a une longueur d'avance sur tout le monde. Confrontée dès le plus jeune âge à l'expérience traumatisante du Mal au travers d'une mère mortellement venimeuse, la jeune femme connaît par coeur les signaux du danger et réagit avec une intuition et un sens de la psychologie confondants. Autour des personnages s'épaississent peu à peu le trouble et la curiosité du lecteur, insensiblement amené à la frontière du surnaturel, alors que, sur le fond apocalyptique du terrifiant désastre qui a frappé la Nouvelle-Orléans, viennent se superposer de dérangeantes pratiques vaudoues faisant écho aux terrifiants souvenirs d'enfance d'Amaia. On en oublierait presque notre imperturbable et opportuniste psychopathe, s'il ne continuait à frapper en profitant plus que jamais de la diversion…


Le mélange entre passé et présent, réalité concrète et irrationnel troublant, le tout dans un moment de tourmente historique et tragique restitué avec vérité, font de ce roman un édifice original, aussi complexe que puissant, dont la lecture reste paradoxalement fluide et aisée. L'un de ses temps forts reste indubitablement l'évocation de la Nouvelle-Orléans sous les eaux. Sa population la plus pauvre, celle des quartiers noirs, ne fut majoritairement pas évacuée. Rassemblée en dernier recours dans le grand stade du Superdome dont le toit fut partiellement arraché, elle demeura plusieurs jours coupée du monde et démunie de tout. le retard et la désorganisation des secours auraient-ils été les mêmes s'il s'était agi des habitants blancs des beaux quartiers ?


Point n'est besoin d'avoir lu les précédentes enquêtes d'Amaia Salazar pour suivre et apprécier celle-ci. Sans doute la jeune femme est-elle un brin trop douée pour demeurer absolument crédible. On lui pardonne aisément, tant on prend plaisir à la suivre dans cet ensorcelant thriller noir, dont le machiavélisme flirte avec le démonisme.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Heureux mélange que ce roman ! Il allie le suspense d'un thriller, la réflexion d'une enquête policière, et l'ambiance de la Nouvelle Orléans avec son bayou, ses croyances vaudou et… son ouragan Katrina ! Je trouve parfois les romans d'enquêtes répétitifs mais celui-ci m'a dépaysée.


Amaia Salazar, sous-inspectrice espagnole, participe à un séminaire international du FBI à Quantico. Pour s'être démarquée lors d'un exercice de profilage, elle est ponctuellement intégrée à l'équipe du grand ponte car l'exercice était en réalité une véritable affaire, que ses talents pourront aider à résoudre : Plusieurs familles ont été retrouvées mortes dans leurs maisons après des catastrophes naturelles. Ces morts pourraient sembler « naturelles » dans le charnier des tempêtes, mais elles présentent d'étranges similitudes : même victimologie avec père, épouse, trois enfants et une grand-mère, toujours regroupés dans le salon les têtes vers le nord. Ces détails étaient passés inaperçus lors des triages post-apocalyptiques, jusqu'à ce qu'un témoin rescapé assiste au meurtre de l'une des familles : Il affirme qu'un homme a tué chaque membre par balle puis mis leur mort en scène en faisant de grands gestes. A partir de ce moment, la traque commence. D'autres morts suspectes sont réétudiées et tout le monde est sous tension, car nous sommes en 2005, juste au moment du passage du Katrina sur la Louisiane. Il y a donc tous les risques que le désormais nommé « compositeur » utilise cet ouragan pour camoufler d'autres meurtres. Pour le trouver, le temps presse : il faut établir son profil !


Cette enquête principale est tout à fait dans la veine de la série Esprits criminels : L'établissement du profil progresse par les échanges de raisonnement entre agents. Chacun explique la progression de ses recherches et points de vue tout au long du roman, rendant le récit très pédagogique. Mais l'originalité est dans le décor, et les protagonistes seront dans une sacrée panade puisqu'ils se sont transportés sur le lieu présumé des prochains crimes : en pleine trajectoire de l'ouragan à la Nouvelle-Orléans. L'auteure plante le chaos qui règne avant, pendant, et après la tempête. J'ai beaucoup aimé naviguer avec l'équipe (car tout est inondé). A sa tête, l'agent Dupree qui connaît bien le terrain : Il y a vécu, et qu'il y a même déjà traqué une autre sorte de criminel… le baron samedi : l'Esprit des morts, auquel croit beaucoup la population imprégnée de rites vaudous. Et vous avez déjà essayé d'attraper un fantôme ? Alors il court toujours, et la mort rôde tout autour de notre enquête, nous obligeant à nous plier nous aussi, aussi cartésiens que l'on soit, à certains rites « vaudous », mot qui signifie « l'esprit qui parle ». Car ce qui fait que la magie, blanche ou noire, fonctionne, c'est que l'on y croit. Or, la population est persuadée d'avoir la mort aux trousses.


Quant à Amaia, elle est habituée de ces ambiances du fait de ses origines espagnoles, d'une région où l'on chassait les sorcières, et en ayant connu une elle-même… L'auteur alterne le récit de l'enquête présente en pleine tempête avec, d'une part, le passé mystérieux de l'agent Dupree qui achète des grigris et consulte des marabouts et, d'autre part, l'enfance tortueuse et intrigante d'Amaia, sauvée par l'esprit de la forêt… Chaque histoire progresse dans un bon rythme. Et même si la magie est présente qui offre son lot de dépaysement appréciable, l'auteure ne tombe pas dans la facilité du fantastique qui explique tout. Elle intrique parfaitement ces trois ambiances dans la réalité, et l'on s'enfonce dans ce roman comme l'on pénètre dans le bayou : avec curiosité et anxiété, sans trop savoir à quelle sauce on va être mangé. Voilà comment on dévore avec passion 670 pages en trois jours de vacances. La bonne nouvelle, c'est que cette histoire est précédée d'autres tomes à découvrir. Merci à HundredDreams pour la découverte, j'ai adoré ce moment !
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Dolores Redondo est une auteure espagnole que j'aime particulièrement. Je l'ai découverte il y a quelques années avec son incroyable trilogie de la vallée de Baztan.
Sous son regard, cette région enclavée des Pyrénées espagnoles devient sombre, inhospitalière, inquiétante, oppressante. Mêlant habilement traditions, légendes et créatures magiques nés du folklore basque, l'auteure installe un climat menaçant, mais aussi captivant.

Ce quatrième tome est un préquel qui se lit indépendamment des trois premiers, mais si vous souhaitez le lire, je vous conseille très fortement de commencer par le premier tome « le gardien invisible », sinon les trois premiers tomes perdront, je pense, de leur intérêt et ce serait vraiment dommage de passer à côté de cette trilogie originale, addictive et très bien écrite.

Avec « La face nord du coeur », l'auteure enferme le lecteur dans un huis-clos moite et lourd ayant pour cadre, non plus la région basque, mais la Louisiane ravagée par l'ouragan Katrina. Ce changement de décor, le Bayou et la Nouvelle-Orléans, laisse la culture cajun, les superstitions et les croyances vaudou, fifolets, gaueko, et autres, se mélanger à la culture basque d'Amaia.
*
Ce changement de décor avec les ravages du cyclone Katrina confère beaucoup de réalisme à l'intrigue, entretenant une tension incroyable et un suspens qui monte au rythme des eaux qui envahissent la Nouvelle-orléans. Dolores Redondo décrit remarquablement bien la Louisiane ravagée par la montée des eaux, la détresse des habitants livrés à eux-mêmes, l'arrivée tardive des secours, les violences urbaines.
« Les tempêtes ne ramènent rien… Elles emportent tout. »
*
Août 2005, Etat de Louisiane
Amaia Salazar suit une formation de profileuse aux Etats-Unis dans le cadre d'un échange entre le FBI et Europol.
Remarquée très vite pour ses excellentes capacités de profilage et ses dons extraordinaires que l'on pourrait appeler intuition, instinct, l'agent Dupree la recrute dans son équipe pour retrouver un tueur en série qui profite des catastrophes naturelles pour cacher ses crimes.
« Une perle rare, un être capable de raisonner avec toute la logique scientifique du monde, et aussi sensible à l'invisible que le Petit Prince. »
*
Amaia Salazar est une enquêtrice que j'aime beaucoup. Alors oui, il est vrai qu'elle a un caractère secret, irascible, tourmenté, qui rejoint les clichés du policier au passé trouble, mais Amaia touche le lecteur par son histoire personnelle et son terrible passé qui prennent autant de place dans l'intrigue que l'enquête policière.
« Amaia était une enquêtrice-née. Un de ces êtres doués naturellement de la capacité de discerner la trace du mal. Un privilège douteux, certainement, acquis lors d'un séjour dans son enfer personnel. »

Discrète mais d'une présence rassurante.
Irascible, mais d'une empathie rare.
Abimée mais courageuse, faisant de son passé une force.
L'enquête devient vite prenante, faisant écho au passé douloureux et traumatisant d'Amaia.
« Non, l'ama ne te mangera pas cette nuit.
Dors, petite sorcière. »

Par flashback, le lecteur découvre les traumatismes de son enfance, tout en suivant les progrès de l'enquête. Les scènes de crime sont sobres, un plaisir pour le lecteur qui n'est pas submergé d'images horribles.

« Ce que la chenille appelle fin,
le reste du monde l'appelle papillon. »
Lao Tseu
*
Sous la plume très visuelle de Dolores Redondo, le roman nous entraîne dans une intrigue complexe et passionnante dans laquelle les anciennes croyances Vaudou et la mythologie basque s'entremêlent.
*
Avec ce quatrième tome autour de l'enquêtrice Amaia Salazar, Dolorès Redondo confirme son talent en proposant une intrigue prenante, des personnages bien travaillés, une héroïne attachante, un décor apocalyptique angoissant et une atmosphère surnaturelle liée aux croyances populaires.
Mélange de genres, à la fois roman policier et fantastique, j'ai passé un très bon moment.
N'hésitez pas à découvrir cette auteure.
*
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Pour avoir lu de Dolores Redondo "La trilogie du Baztan", je retrouve la sous inspectrice Amaia Salazar avec énormément de bonheur. "La face nord du coeur" me semble être une espèce de préquelle à la trilogie du Baztan. On y découvre Amaia stagiaire au FBI et sa rencontre avec son mentor et ami, l'agent Dupree, de grande renommée.
C'est quasiment quatre récits en un.
Des familles entières tuées par balle et dont les meurtres sont camouflés par les conséquences de cataclysme tel une tornade ou un ouragan. Meurtres sur lesquels enquêtera Salazar avec les agents du FBI.
L'ouragan Katrina et les citoyens de la Nouvelle Orléans qui doivent évacuer leur maison et voient leur ville détruite par la montée des eaux. Dolores Redondo a su nous rendre compte de toute l'horreur de cette catastrophe et nous faire vivre de façon toute crue et tellement réelle l'apocalypse.
L'histoire d'enlèvements de jeunes filles à la Nouvelle Orléans et jamais résolues. le baron Samedi, être maléfique s'il en est un, serait à la tête de la planification de ces enlèvements et ces affaires obsèdent l'agent Dupree qui n'a de cesse de vouloir en connaître la fin.
Puis, l'histoire de l'enfance d'Amaia Salazar à Élizondo, une enfance malheureuse, perturbée mais heureusement amadouée et tendrement, loyalement aimée par une tante bienveillante.
C'est un roman envoutant, prenant, captivant où souvent il est question de convictions, de superstitions, de croyances sinon de foi. C'est un roman exigeant pour le lecteur comme il a dû être exigeant à écrire mais c'est six cent pages d'une écriture puissante, brillante.
Et, on y ressent à fleur de peau, les peurs de la nuit, les frissons, les angoisses , les perceptions.
Et quand Dolores Redondo nous dit que lorsque la chenille voit la fin, les autres voient le papillon, et bien tout est dit .
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La trilogie du Baztan m'avait scotchée chez moi une semaine durant, à une époque où renoncer à toute vie sociale signait la puissance d'un livre, et non la persistance d'un virus flanqué de ses variants et autres recomposants. Aussi ai-je sauté sur la préquelle, même si elle se situe far away from the Pays Basque. Certes, les bayous de Louisiane, comme la vallée du Baztan, traînent une longue réputation de sorcellerie; mais justement: comment le lecteur va--t-il garder le plaisir de la découverte quand il s'agit pour l'auteur de se couler dans une mythologie connue, même approximativement, de tous: celle du vaudou et des morts-vivants?
Redondo relève le défi en entrecroisant l'enquête en Louisiane avec les souvenirs que des meurtres familiaux font surgir chez notre enquêtrice à l'enfance fracassée: à sa mère-sorcière et son père faible s'opposent un père-monstre et une mère soumise. La narration alterne l'enquête américaine et le meurtre programmé de la petite Amaïa par les diables du Baztan. Dans ces deux mondes, le surnaturel est à la fois un fait social et une exploration de l'inconscient. le vaudou existe parce qu'on y croit, et on y croit parce qu'il explique, comme les contes de notre enfance, les forces qui nous animent: l'angoisse, l'amour, la haine, le désespoir, la lâcheté...
Mais l'exil en Louisiane permet aussi une incursion dans le roman social puisque l'enquête se déroule pendant l'ouragan Katrina. À l'enfant abandonnée aux monstres par son père que fut Amaïa font écho non seulement les familles massacrées par un père dévoyé, mais aussi les Afro-Américains laissés seuls face à la tempête, sans soins ni secours, que leur nationalité américaine n'a pas protégés et que Washington a reniés en regardant ailleurs. Trois intrigues comme trois fils qui se nouent: quand ils ne se détournent pas, ceux qui promettaient de vous protéger vous écrasent de leur mépris et de leur haine. L'Amérique n'est qu'une famille dysfonctionnelle dont les Noirs et les pauvres sont les bâtards qui n'intéressent personne.
Mais en littérature aussi il existe des péchés capitaux qui justifient ma note dubitative: notamment le ravaudage (qui consiste à nouer de façon sommaire et voyante la trilogie et sa préquelle) et l'auto-promotion ("Salazar, quelle femme extraordinaire vous faites" "Mais quelle femme extraordinaire vous faites, Salazar" - chère auteure, laissez-moi en juger au lieu de me seriner le point de vue de Dupree, je sais lire).
Ce n'est donc pas le livre de trop - loin de là. Mais peut-être est-il temps d'abandonner Amaïa Salazar à ses démons pour exorciser d'autres territoires.
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Amaia, l'héroïne de la trilogie du baztan, est de retour dans ce roman intense et terriblement noir. Partie étudier aux États Unis, dans l'antre du FBI, elle est loin de son Pays Basque natal, même si de nombreuses incursions y sont faites tout au long du récit quand l'histoire narre son passé. Suivant son intuition , avec l'aide de l'inspecteur Dupree et son equipe, elle va se retrouver à pister un tueur de famille…
Un excellent polar, sans temps mort, qui mêle habilement (comme dans le gardien invisible) croyances populaires, folklore local et environnement hostile. le terrain de chasse du tueur en série (et d'Amaia) est la Nouvelle Orléans, en pleine confusion avec l'arrivée du terrible ouragan Katrina. Sous fond de vaudou et de tempête apocalyptique, un texte rude, dense et terriblement addictif.
Dévoré en 2 petits jours
Un ❤️
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Le premier chapitre m'a littéralement happée, jusqu'au moment où l'on retrouve l'inspectrice Amaya Salazar en formation à Quantico. Là il y a quelques chapitres dont l'écriture m' a semblé un pensum, une sorte de passage obligé pour nous expliquer la place de chaque flic par rapport aux autres. Un peu soporifique. Heureusement une fois ce passage passé cela redevient passionnant. Ce roman, écrit après la trilogie du Baztan la complète parfaitement par rapport à l'histoire d'Amaya : le lecteur obtient quelques réponses à des questions en suspens. L'intrigue secondaire dans le bayou m'a moins intéressée. Par rapport à la trilogie, j'ai regretté l'atmosphère locale propre au Baztan, mais je reconnais que Dolores Redondo sait parfaitement dépeindre les différentes atmosphères des scènes de crime, l'ambiance à la Nouvelle-Orléans pendant Katrina ainsi que celle des bayous de Louisiane. En revanche, j'ai trouvé que, malgré le rôle majeur des croyances religieuses ou autres, celles-ci étaient traitées de manière à la fois respectueuses et rationnelles, ce qui n'était pas toujours le cas dans la trilogie où Amaya se laissait un peu trop emporter à mon goût vers le mythologique et le surnaturel. En plus l'intrigue est ici passionnante, prenante, et très bien traitée. Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours quelque chose d'irritant dans les livres de cette auteur alors qu'elle sait mettre en place et construire des intrigues addictives et qu'elle a l'art de dépeindre une atmosphère ? C'est peut-être à lire après le premier tome de la trilogie (Le gardien invisible) pour cesser d'être énervé par les coups de fil à l'agent Dutree dans la trilogie, et pour apprécier les allusions au passé d'Amaya dans celui-là ! Un des meilleurs romans avec tueur en série que j'ai lu pour l'instant !
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J'ai lu tous les livres de Dolores Redondo, c'est peu dire que j'apprécie énormément ses romans.
Après la trilogie du Baztan, je me disais qu'il serait compliqué de faire mieux en gardant les mêmes « ingrédients ». Et bien le moins que l'on puisse dire c'est qu'avec « La face nord du coeur », l'autrice a plus que relevé le défi : c'est pour moi l'un de ses meilleurs romans voire le meilleur !
Dans ce nouvel opus, nous voici loin du pays basque espagnol d'où est originaire Amaia Salazar, l'héroïne de la trilogie. Nous voici cette fois à la Nouvelle-Orléans lors du passage de l'ouragan Katrina.

En 2005, Amaia Salazar est détachée de la police forale de Navarre, pour suivre une formation de profileuse au siège du FBI dans le cadre d'un échange avec Europol.
Très vite remarquée pour ses excellentes capacités d'enquêtrice, une intuition et une perspicacité sortant de l'ordinaire, celle-ci est intégrée à l'équipe de l'agent Dupree lancée sur les traces d'un tueur en série, recherché pour plusieurs meurtres de familles entières.
Surnommé le Compositeur, insaisissable depuis 18 ans, celui-ci frappe toujours lors de grandes catastrophes naturelles… justement une alerte ouragan vient d'être lancée : Katrina approche de la Nouvelle-Orléans… ! Quoi de mieux pour un psychopathe avide de détresse humaine et de désespoir de milliers de familles, pour agir incognito... Dupree en est certain, c'est là-bas que le tueur va de nouveau agir.

C'est avec effroi que nous allons suivre Amaia et l'équipe du FBI sur les traces du psychopathe dans cet enfer que devient très vite La Nouvelle-Orléans suite au passage de l'ouragan.

Durant la lecture, on est totalement asphyxiés par l'ampleur de la catastrophe ; Plongés dans la ville inondée, regorgeant de cadavres humains et d'odeurs immondes. Dévastée et anéantie, la population la plus pauvre, en majorité noire, erre dans ce cataclysme, totalement coupée du monde et démunie de tout, attendant en vain les secours promis.

Face à ce désastre, on en oublie presque le tueur…. Mais il est bien là, tapi dans l'ombre, prêt à agir au sein de ce chaos sous couvert d'anonymat.

C'est avec un grand talent et un réalisme époustouflant que la romancière nous décrit cette ambiance et ces scènes apocalyptiques de l'après Katrina. Elle nous envoute en nous invitant à la suivre dans les Bayous, à découvrir les rituels et superstitions vaudous, tout ce folklore qui ressemble à s'y méprendre au folklore du Baztan si cher à notre enquêtrice. L'association de ces moments avec les souvenirs terrifiants de l'enfance basque d'Amaia, que l'auteur intercale entre les chapitres, constitue un mélange effroyable de réalité et de souvenirs.

Voici donc pour moi un très grand thriller noir, non seulement envoutant et ensorcelant mais également emprunt de romanesque…un pavé de près de 700 pages oui mais un pur bonheur.

A découvrir pour tous ceux qui ne l'ont pas encore lu avec un petit conseil : si vous le pouvez, lisez avant la trilogie du Baztan !

Quant à moi, je suis juste extrêmement impatiente de découvrir son prochain roman. Est-il possible de faire encore mieux ?
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Livre reçu à l'occasion d'une Masse Critique spéciale avec rencontre avec l'auteure. Je remercie donc Babelio et les éditions Gallimard pour l'envoi de ce roman. le résumé m'a intrigué mais je ne connais pas du tout l'auteure. Il semblerait que ce roman soit le prélude d'une trilogie.

Malgré un prologue un peu bizarre, le premier chapitre donne envie de se lancer dans l'aventure. Malheureusement, le soufflet retombe bien vite quand on retrouve une jeune enquêtrice en pleine formation à Quantico avec des phrases à rallonge. J'ai même été obligée d'utiliser mon marque-page pour arriver à suivre… Malgré toute ma bonne volonté, j'avance lentement dans l'histoire. J'ai l'impression d'assister à un cours magistral du FBI mais pas à une enquête en cours. C'est certes très visuel mais vu que j'ai du mal avec la construction de ce roman, ça me donne plutôt l'impression d'être du remplissage. Certains ont parlé de page-turner ; pour ma part, il me fait l'effet d'un somnifère. C'est long et très lent alors que l'enquête d'origine semblait intéressante, intrigante et différente des autres. Des meurtres en pleine tempête ! de quoi étonner donc !! Grâce aux quelques spoils qu'il y a eu pendant la rencontre, ça m'a donné envie d'en savoir plus car j'aime beaucoup la Nouvelle-Orléans et le mysticisme qui l'entoure. Mais malgré tous mes efforts, j'ai finalement jeté l'éponge, je n'accroche vraiment pas à la construction de cette histoire ni au style trop visuel de l'auteure. En mon sens, pour ce genre de roman noir, il y a trop de détails dont certains semblent sortir d'une pub promo, comme le flic de la Nouvelle-Orléans et les avantages du gilet pare-balles en aramide… Pourtant, l'histoire avait tout pour me plaire mais malgré toute ma bonne volonté, je l'ai abandonné avant même la moitié du roman. Je ne découvrirais donc pas, comme certains, la trilogie et Amaia sur d'autres enquêtes. Je n'arrive même pas à m'intéresser plus aux personnages. Dommage pour moi.

Comme vous l'aurez compris, je vais passer pour le vilain petit canard mais ce roman a été une grosse déception pour moi. J'aurais aimé avoir le même coup de coeur que les autres pour ce roman et avoir une nouvelle auteure dans mon panel. Par contre, j'ai passé un excellent moment en compagnie de l'auteure même si celui-ci ne s'est pas passé comme je l'espérais. Je pensais à quelque chose de plus libre mais on en apprend un peu plus sur l'auteure et sa manière de construire son histoire (recherches, passé, …). du fait des nombreux détails, j'ai eu l'impression de lire un bon scénario pour un film mais pas un roman noir ni un thriller. Je vous conseille néanmoins de le découvrir pour vous en faire propre avis. Pour ma part, je passe mon chemin même si l'auteure est très sympathique.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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