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EAN : 9782070461691
528 pages
Gallimard (15/01/2015)
3.8/5   762 notes
Résumé :
Le cadavre d’une jeune fille est découvert sur les bords de la rivière Baztán dans une étrange mise en scène. Très vite, les croyances basques surgissent : et si toute cette horreur était l’oeuvre du basajaun, un être mythologique ? L’inspectrice Amaia Salazar, femme de tête en charge de l’enquête, se voit contrainte de revenir sur les lieux de son enfance qu’elle a tenté de fuir toute sa vie durant.
Jonglant entre les techniques d’investigation scientifique ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (175) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 762 notes
Pampelune, capitale de la Navarre, début des années 2010, Amaïa Sanchez, inspectrice nommée depuis peu à la section des Homicides est réveillée au petit matin pour se rendre sur une scène de crime à Elizondo, un village de la vallée de la Baztan dont elle est originaire. Pour l'aider, deux coéquipiers l'Inspecteur Fabio Montes et le stagiaire Jonan Extaide, sous inspecteur.

La victime, une jeune fille de treize ans, Aïnhoa Elizasu, gît nue les vêtements arrachés, bras allongés et mains tournées vers le ciel, étranglée par une cordelette, la toison pubienne rasée sur laquelle a été déposée un txatxingorri un gateau traditionnnel de cette région du pays basque.
Très vite, le parallèle est fait avec le mode opératoire d'un autre meurtre perpétré un mois auparavant. La brigade régionale de Pampelune est sur le pied de guerre, le point de vue et l'aide de la garde civile d'Elizondo pourraient être déterminants. Les supputations vont bon train, les crimes seraient-ils l'oeuvre d'un berger, d'un célibataire de la montagne, d'un chasseur, d'un voyou, d'un pédophile ou d'un psychopathe bien caché. Ici, à Elizondo les familles se côtoient depuis des générations mais certains secrets demeurent bien gardés.

En quelques lignes Dolores Redondo installe le cadre de cette affaire, une région rurale et montagneuse où aujourd'hui encore les croyances et superstitions cohabitent avec les réalités de terrain. Histoire, géographie, météo, folklore mythologique participent à l'installation d'une atmosphère surnaturelle. Dans un hiver qui se meurt et attend le printemps, les hêtraies basques sont des écrins idéaux et naturels pour être le réceptacle d'histoires extraordinaires et, le basajaun, le gardien invisible, le garant de l'équilibre des lieux, personnage mythologique bienveillant, est mis à rude épreuve ainsi que les nerfs de l'inspectrice. Peut-être que Mari, autre figure de croyances populaires intercédera pour apporter la lumière sur cette affaire ! En effet avec ce retour aux sources, l'inspectrice, fille du pays, replonge dans un passé tumultueux et réveille des blessures enfuies, mettant à mal son esprit cartésien.

L'immersion dans cette petite communauté, l'intrusion dans l'intimité des personnages, héroïne comme personnages secondaires, grâce à des profils psychologiques travaillés, la familiarisation rapide et progressive avec les proches de l'inspectrice ressemblent à celles ressenties et partagées à la lecture de la série de Camilla Läckberg mettant en scène Erica Falck et son compagnon Patrick Hedström. Il est possible de la rapprocher de sa compatriote Fred Vargas de part la facette historique mais pour moi la ressemblance s'arrête là et cette comparaison notée sur la quatrième de couverture semble plutôt être un argument vendeur.

Ce polar, le Gardien invisible, premier volet de la trilogie du Baztan de l'auteure basque espagnole, Dolores redondo, a été une évasion, l'occasion de renouer avec le genre.
Une parenthèse agréable qui invite le lecteur à découvrir cette région.

A lire sur un tapis de mousse à l'ombre d'une hêtraie avec un fidèle compagnon à ses côtés pour les les lectrices à l'imagination débridée…

PS : Je n'ai pas encore goûté de txatxingorri mais j'envisage de grignoter dès que je peu un sandwich aux calamars accompagné d'une bière, un remontant contre les coups de mou vanté par l'héroïne de Dolores Redondo !

Une lecture détente.
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L'an dernier , je découvrais avec grand plaisir un nouvel auteur de polar espagnol, Victor del Arbol, avec La tristesse du samouraï. Et bien, rebelote ! Mais cette fois, c'est une auteure : Dolores Redondo. Un nom à retenir ! Plus encore à lire tant son roman est original , captivant et surprenant. le gardien invisible, premier volet de la trilogie Batzan (le deuxième, déjà écrit, paraîtra en fin d'année en Espagne), est un policier classique qui très vite tourne au roman noir, très noir. Il nous plonge dans le Pays basque espagnol profond, sombre, où la mythologie et les croyances populaires perturbent les relations humaines… La folie et la cruauté ne sont jamais très loin.

" Oublier est un acte involontaire. Plus on essaie de laisser quelque chose derrière soi, plus cette chose vous poursuit ". Quand Amaia Salazar est promue responsable de l'enquête sur les meurtres de jeunes filles à Elizondo (village de Navarre à cinquante kilomètres de Pampelune), tout un équilibre fragile et patiemment élaboré pour échapper à son passé s'écroule. Comment elle, l'inspectrice rompue aux techniques d'investigation les plus modernes, formée aux méthodes du FBI à Quantico pour traquer les tueurs en série, peut-elle être tenue en échec sur ses terres ? Ces meurtres de jeunes filles savamment mis en scène la confrontent à ses propres fantômes. Cerise sur le gâteau, le ou les meurtriers laissent sur le cadavre un petit biscuit, une spécialité de l'entreprise familiale ! La souffrance, la mort, le non-dit, autant de symptômes qui gangrènent sa faculté de jugement. Quelque chose obstrue son champ d'investigation. Sous les dehors de la réussite professionnelle et affective, elle va mal. Angoisses, cauchemars et puis cette infertilité presque inexplicable… Pourquoi a-t-elle quitté la vallée ? Pourquoi vivait-elle, petite, avec sa tante et non pas avec ses parents ? Quelles rancoeurs et quelles rivalités pourrissent les relations des trois soeurs héritières de la fabrique de txatxingorris gérée d'une main de fer par Flora ? Flora, l'archétype de " l'etxeko andreak ", ces femmes de la vallée qui règnent sans partage sur leur maison et leur terre, pendant que les hommes sont trop loin ou trop faibles. Amia, fillette traumatisée, a soigneusement enfoui en elle l'indicible. Presque à son insu. L'enquête va fonctionner comme un révélateur de ses terreurs anciennes.

Le Gardien invisible est un polar de territoire. Et quel terroir ! La Navarre imprègne chaque page, chaque rebondissement, et s'insinue au coeur des motivations psychologiques des personnages. La nature suinte, les odeurs exhalent le long des berges du Baztan, entre mythes locaux et résurgences historiques. Ce pays de rêves et de légendes hante les nuits de Amaia Salazar. Crime humain, dévoration animale ou monstre légendaire ? Certains affirment avoir croisé le basajaun (sorte de yeti) et la mythique Maïa. L'intrigue est donc complexe mais Dolores Redondo mêle habilement le réalisme d'une enquête policière et d'une intrigue familiale à la magie de la mythologie basque. La construction est solide : l'enquête progresse lentement, brisée irrégulièrement par de courtes évocations d'un passé angoissant vécu par une petite Amaia de huit ans. Progressivement, passé et présent se confondent, l'assassin actuel rejoignant le monstre ancien. Envoûté par la poésie singulière de cet auteur, le lecteur s'enfonce dans une intrigue dont la banalité n'est certes pas la signature !

Un roman puissant, passionnant, fascinant, qui résonne longtemps… Et on n'a qu'une hâte, retrouver au plus vite Amaia ! Dommage que l'éditeur se soit égaré dans des erreurs de frappe et de construction particulièrement choquantes !
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Carla, Ainhoa et Anne, trois jeunes filles, presque encore des adolescentes, retrouvées assassinées en quelques semaines, près du village d'Elizondo, au Pays basque espagnol. La mise en scène, identique dans les trois cas, ne laisse pas place au doute : un tueur en série sévit !
Originaire du village, l'inspectrice Amaia Salazar est chargée de conduire les investigations. Elle est considérée comme une des meilleures enquêtrices du pays, mais les traumatismes de son enfance et la résurgence de la vieille légende du basajaun, étrange créature supposée vivre dans la forêt, vont nuire à son discernement...

Un très bon polar, où les rouages de l'enquête sont décrits avec minutie.
La trame de l'histoire est tout à fait crédible : l'imagination des tueurs en série n'est elle pas sans limite ? L'intrigue est complétée par les tourments familiaux de l'inspectrice, qui donnent de l'épaisseur au personnage principal et à son entourage.
N'y cherchez pas de l'action à un rythme endiablé et de multiples rebondissements. On est plus dans le registre de la recherche obstinée d'indices et de l'observation de l'environnement.
L'écriture est belle, parfaitement adaptée à l'intrigue et à son rythme. Elle ne cherche pas à faire de ce roman un page turner mais plutôt à susciter la réflexion et à inciter à la curiosité.
Un polar qui a de nombreuses qualités donc. Malheureusement, la dimension fantastique qu'apporte le basajaun ne passe pas bien chez moi : soit on fait du polar, avec un minimum de réalisme, soit on fait du fantastique et on peut tout ou presque se permettre. le mélange des deux crée une mixture qui m'est indigeste. Cela coûte à ce roman son cinquième ♥. Dommage...
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Avez-vous déjà vu un basajaun ? Peu de personne en ont eu la chance.
C'est un être tout droit sorti de la mythologie Basque, une sorte de protecteur de la forêt, une créature à mi-chemin entre l'homme et l'animal.
Cette enquête policière se déroule au Pays Basque, et cela nous donne l'occasion de nous familiariser avec les coutumes et les traditions de cette région, où les habitants semblent accorder une grande importance aux mythes anciens.

De très jeunes filles sont retrouvées mortes, leur corps abandonné sur les bords de la rivière.
L'inspectrice Amaia Salazar, originaire du coin est donc chargée de l'enquête, et celle-ci va l'emmener très loin dans le passé, un passé obscur qu'elle a tenté d'oublier.
L'ambiance des petits villages reculés, un peu hors du temps est très bien retranscrite.
On est totalement immergés dans les secrets d'une petite communauté où tout le monde se connaît, où les familles forment des sortes de clans dans lesquels chacun a une place à tenir et un rôle déterminé à jouer au risque de faire basculer l'équilibre de tout le groupe.
Premier tome d'une trilogie, ce roman se lit d'une traite et m'a donné très envie de découvrir les suivants, afin de continuer à cheminer avec Amaia Salazar et apprendre davantage de choses sur le Pays Basque.
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J'ai toujours eu envie de visiter le pays Basque mais après la lecture de se roman, j'ai juste envie de sauter dans le premier avion qui part. Dolores Redondo, en dehors de la très bonne enquête, nous fait découvrir sa région de façon merveilleuse. Les paysages, la gastronomie, les légendes et même quelques mots en basque, je ne peux qu'être conquise par le roman.
"Amaia sourit aux souvenirs des légendes que lui avait racontées tante Engrasi dans son enfance. Il n'était pas étrange, au milieu de cette forêt, de croire à l'existence de ces créatures magiques qui avait forgé la culture ancestrale de la région. Toutes les forêts sont puissante, certaines redoutables car profondes et mystérieuses, d'autres sombres et sinistres. Dans le Baztán, la foret est fascinante, d'une beauté sereine et ancestrale qui symbolise malgré elle son visage le plus humain, le plus éthéré et enfantin, celui qui croit aux fées merveilleuses qui vivaient dans la forêt, et qui dormaient toute la journée pour sortir à la tombée de la nui afin de coiffer leurs longs cheveux dorés avec un peigne d'or qui conférait à son possesseur le don de voir ses réaliser n'importe quelle faveur. Faveur qu'elles accordaient aux hommes qui, séduits par leur beauté, leur tenaient compagnie, sans être épouvantés par leurs extrémités palmées. Amaia sentait dans cette forêt des présences si tangibles qu'il était facile d'y accepter l'existence d'un monde merveilleux, un pouvoir de l'arbre supérieur à l'homme, et d'évoquer le temps ou, en ces lieux et dans toute la vallée, êtres magiques et humains vivaient en harmonie. "
Son adaptation sort sur grand écran prochaine et j'espère qu'elle sera a la hauteur du roman car l'auteure a mis la barre très haute !

Mais parlons un peu de l'intrigue. On fait la connaissance de l'inspectrice Amaia Salazar, une jeune femme attachante qui cache une part d'ombre. Elle est à la tête d'une équipe de policier pour résoudre une série de meurtres de jeunes filles. Comme toujours, très mauvaise enquêtrice, j'ai soupçonné tout le monde sauf, la bonne personne et je dois dire que les révélations finales m'ont surprises. L'intrigue, en tout cas, est passionnante. On oscille entre la réalité et le mystérieux, la vérité et les légendes, l'enquête et la mythologie.

Vous l'aurez compris ce premier tome est un régal et est surtout très prometteur pour la suite que je ne tarderai pas à dévorer !
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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critiques presse (5)
Actualitte
30 mars 2015
Une lecture intense et fluide qu'il importe de ralentir uniquement pour faire durer le plaisir.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Bibliobs
03 juillet 2013
Avec «le Gardien invisible», Dolores Redondo inaugure une trilogie criminelle qui fait fureur en Espagne. C'est du polar sauce basquaise [...] N'est-ce pas la première fois, dans l'histoire du polar, que le méchant est une forêt, le salaud, une rivière, le serial killer, un paysage?
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
04 juin 2013
Mythologies basque et familiale se confondent, l'intrigue se nimbe d'une atmosphère quasi surnaturelle. La magie opère.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Lexpress
16 avril 2013
La première qualité du roman est de plonger illico le lecteur dans un environnement étrange par sa nature, souillée, et par ses figures mythologiques, toujours vivaces. [...] Dolores Redondo excelle à alterner ses intrigues procédurales et familiales.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lhumanite
15 avril 2013
Tout ça est rondement bien mené, et Dolores Redondo a le sens des rebondissements même si elle ne les maîtrise pas complètement. Son écriture fait mouche lorsqu’elle décrit la forêt, le silence, les arbres, le craquement des feuilles sous les pas d’apparitions mystérieuses.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (85) Voir plus Ajouter une citation
Amaia sourit aux souvenirs des légendes que lui avait racontées tante Engrasi dans son enfance. Il n’était pas étrange, au milieu de cette forêt, de croire à l'existence de ces créatures magiques qui avait forgé la culture ancestrale de la région. Toutes les forêts sont puissante, certaines redoutables car profondes et mystérieuses, d'autres sombres et sinistres. Dans le Baztán, la foret est fascinante, d'une beauté sereine et ancestrale qui symbolise malgré elle son visage le plus humain, le plus éthéré et enfantin, celui qui croit aux fées merveilleuses qui vivaient dans la forêt, et qui dormaient toute la journée pour sortir à la tombée de la nui afin de coiffer leurs longs cheveux dorés avec un peigne d'or qui conférait à son possesseur le don de voir ses réaliser n'importe quelle faveur. Faveur qu'elles accordaient aux hommes qui, séduits par leur beauté, leur tenaient compagnie, sans être épouvantés par leurs extrémités palmées. Amaia sentait dans cette forêt des présences si tangibles qu'il était facile d'y accepter l’existence d'un monde merveilleux, un pouvoir de l'arbre supérieur à l'homme, et d’évoquer le temps ou, en ces lieux et dans toute la vallée, êtres magiques et humains vivaient en harmonie.
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Engrasi plia soigneusement sa serviette en disant :
-James, la douleur est parfois si profonde et enkystée qu'on souhaite et qu'on croit qu'elle va rester là, cachée et muette, qu'on refuse d'admettre que celles que l'on n'a pas pleurées et expiées en leur temp puissent revenir régulièrement dans notre vie tels les vestiges d'un naufrage. Elles échouent sur la plage de notre réalité pour nous rappeler qu'il existe une flotte fantôme immergée, qui ne nous oublie jamais et qui reparait progressivement pour nous réduire en esclavage à vie. Ne reproche pas à ta femme de ne pas t'en avoir parlé. Je ne crois pas qu'elle y ait songé elle-même aussi clairement une seule fois depuis la nuit où c'est arrivé.
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[...] ... Amaia recula d'un coup et la cordelette qu'elle portait autour du cou et d'où pendait la clef se prit entre les doigts de sa mère qui, tels des griffes, se refermèrent sur elle. La fillette tira la tête en arrière, affolée, la cordelette brûlant sa peau à force de frotter. Sa mère la secoua brutalement à deux reprises et Amaia fut sûre que le cordon allait lâcher, mais le noeud cautérisé résista, la faisant chanceler comme une marionnette dont on aurait lâché les fils. Elle heurta la poitrine de sa mère qui la gifla avec une telle violence que, sans la résistance de la cordelette qui s'enfonça davantage dans sa chair, Amaïa serait tombée.

La petite leva la tête, planta le regard dans celui de sa mère et, voyant son courage renforcé par l'adrénaline qui coulait à flots dans ses veines, lui lança :

- "Non, tu ne m'aimes pas, tu ne m'as jamais aimée."

Dans un ultime effort, elle parvint à se libérer des mains de Rosario. Les yeux de sa mère, la stupéfaction passée, balayèrent frénétiquement l'espace, tandis qu'elle allait et venait dans la fabrique, semblant chercher quelque chose.

Amaïa sentit monter en elle une panique qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant, et, de façon instinctive, sut qu'elle devait fuir. Elle tourna le dos à sa mère et courut vers la porte avec une telle précipitation qu'elle trébucha et tomba à terre. Alors elle sentit des changements dans sa perception. La fabrique tout entière semblait être devenue un tunnel ; les recoins s'obscurcirent et les arêtes s'arrondirent, ployant la réalité jusqu'à transformer la pièce en un trou de ver de terre froid et brumeux. Au bout du tunnel, la porte apparaissait lointaine et auréolée, on aurait dit qu'une lumière puissant brillait de l'autre côté et que des rayons avaient filtré entre le chambranle et le battant. Et pendant ce temps, tout s'obscurcissait autour d'elle, les couleurs s'évanouissaient comme si la rétine de ses yeux avait soudain été privée de ses cellules réceptrices.

Ivre de peur, elle tourna la tête vers sa mère, le temps de voir s'abattre sur elle le rouleau en acier avec lequel son père travaillait la pâte feuilletée. Elle leva en vain une main afin de se protéger et sentit ses doigts se fracturer avant que le cylindre n'atteigne sa tête. Après tout devint noir. ... [...]
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Tu sais ce que je crois, Flora ? Je crois que tu fais partie de ces femmes dévouées qui se consacrent corps et âme à soutenir une famille, dans le seul but de disposer d’une bonne dose de culpabilité et de reproches dont elles peuvent accabler les autres, jusqu’à ce qu’elles se retrouvent avec leur abnégation et leurs récriminations mais plus personne autour d’elles pour en entendre parler. Voilà ce qui t’arrive, Flora. En fin de compte, dans ta tentative de moraliser, de diriger et de mener tout le monde à la baguette, tout ce que tu obtiens, c’est de faire le vide autour de toi. Personne ne t’a demandé d’être une héroïne ou une martyre. 
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L’architecture d’un village ou d’une ville témoigne des existences et préférences de ses habitants autant que les habitudes d’un homme révèlent sa personnalité. Les lieux reflètent un aspect du caractère, et ce lieu parlait d’orgueil, de courage et de lutte, d’honneur et de gloire. Il avait été conquit certes par la force, mais aussi grâce à l’intelligence représentés à juste titre par un échiquier, que les habitants d’Elizondo exhibaient avec la dignité de qui doit sa maison à l’honnêteté et à la loyauté dont il a fait preuve.
Et au milieu de cette place d’honneur, et d’orgueil, un assassin osait représenter son œuvre macabre, comme un roi noir impitoyable avançant implacablement sur l’échiquier et dévorant les pions blancs. Avec la même superbe, la même ostentation et la même arrogance que tous les tueurs en série qui l’avaient précédé.
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