![]() | ThibaultMarconnet 06 décembre 2020
The Day John Kennedy Died (Le jour où John Kennedy est mort) I dreamed I was president of these United States I dreamed I replaced ignorance, stupidity and hate I dreamed the perfect union and the perfect law, undenied And most of all I dreamed I forgot the day John Kennedy died I dreamed that I could do the job that others hadn’t done I dreamed that I was uncorrupt and fair to everyone I dreamed I wasn’t gross or base, a criminal on the take And most of all I dreamed I forgot the day John Kennedy died I remember where I was that day I was upstate in a bar The team from the university was playing football on T.V. Then the screen went dead and the announcer said “There’s been a tragedy, there are unconfirmed reports the President’s been shot, and he may be dead or dying.” Talking stopped, someone shouted, “What?!” I ran out the street People were gathered everywhere saying did you hear what they said on T.V. and then a guy in a Porsche with his radio on hit his horn and told us the news He said, “The President’s dead, he was shot twice in the head in Dallas, and they don’t know by whom.” I dreamed that I was president of these United States I dreamed that I was young and smart and it was not a waste I dreamed that there was a point to life and to the human race I dreamed I could somehow comprehend that someone shot him in the face * J’ai rêvé que j’étais président des États-Unis Je gommais l’ignorance, la bêtise et la haine J’ai rêvé d’une entente et d’une loi parfaites, incontestées Et surtout j’ai rêvé que j’avais oublié le jour où John Kennedy est mort J’ai rêvé que je faisais ce que les autres n’avaient pas fait Que j’étais intègre, et juste avec tout le monde Que je n’étais ni vulgaire ni abject, pas un escroc qui touche des pots-de-vin Et surtout j’ai rêvé que j’avais oublié le jour où John Kennedy est mort Ce jour-là j’étais dans un bar, à la frontière de l’État Je regardais l’équipe de foot de l’université à la télé Puis l’image a été coupée et un présentateur a dit : « Il vient d’arriver une tragédie, la nouvelle n’est pas officielle, on a tiré sur le président, il pourrait être mort ou en train de mourir. » Les conversations se sont arrêtées, quelqu’un a crié : « Quoi ?! » J’ai foncé dans la rue Les gens se rassemblaient ils disaient : vous avez entendu ce qu’ils ont dit à la télé Puis un type en Porsche, sa radio allumée a klaxonné et nous a annoncé la nouvelle Il a dit : « Le président est mort, on lui a tiré deux balles dans la tête à Dallas, ils ne savent pas qui c’est. » J’ai rêvé que j’étais président des États-Unis Que j’étais jeune, intelligent et ça servait à quelque chose La vie avait un sens, ainsi que le genre humain J’ai rêvé que je pouvais comprendre qu’on lui ait tiré dans la figure (p. 180-183) + Lire la suite |
Lou Reed : Lecture publique au studio 104 à Paris [2008 / France Culture]
http://le-semaphore.blogspot.fr/2014/.... Émission : L'Atelier de la création sur France Culture, diffusée le 25 décembre 2013. De Bernard Comment et Manoushak Fashahi (rediffusion "Surpris par la Nuit" – 24/11/2011). Avec : Lou Reed. Bernard Comment. Traduction : Sophie Couronne et Larry Debay. Lecture : Caroline Ducey. Réalisation : Manoushak Fashahi. « Je ne suis pas une rock and roll star, je suis un écrivain qui écrit et produit ses propres trucs. » Le 20 octobre 2008, Lou Reed a fait une lecture publique au CentQuatre à Paris. Pas n’importe quelle lecture : ce sont les textes de certaines de ses chansons qu’il déclame avec une émotion presque palpable, ceux de la radio Lou, fréquence qu’il était le seul à pouvoir capter ; sa radio intime en quelque sorte, son labyrinthe de paroles, d’images toutes plus poignantes les unes que les autres. C’était à l’occasion de la parution d’un livre aux éditions du Seuil, intitulé "Traverser le feu", ouvrage qui rassemble l’intégrale des textes de ses chansons. France Culture a eu la très bonne idée de retransmettre sur ses ondes cet enregistrement unique où la voix du vieux rocker s’avance, nue, sans guitare, portant en bandoulière le feu de ses mots. La traduction française arrive ensuite, relayée par la voix de Caroline Ducey. Puis, quelques chansons viennent émailler le fil de la lecture. Ainsi lus sans musique, les textes de ses chansons prennent une tout autre texture : les images se font plus présentes, plus persistantes. Elles se gravent dans notre esprit comme une marque au fer rouge. Et que dire de cette voix qui a tant vécu, cette voix d’homme – sans doute au fond si proche de l’enfant qu’il fut –, qui nous fait le don unique de son témoignage artistique, de sa parole créatrice ; cette parole qui s’offre à nous comme une embrassade fraternelle… Lou Reed a hissé la grand-voile et navigue sur le fleuve de sa mémoire. C’est cinq ans plus tard, presque jour pour jour, qu’il ôtera le masque bleu de son visage pour regarder Charon droit dans les yeux. En sa compagnie, il se peut qu’il soit allé traverser le Styx pour ensuite laver son corps et son âme dans les eaux bienfaisantes de l’oubli – dans le miroir du Léthé. Sa propre traversée du feu, il devait l’accomplir seul – laissant ses frères humains derrière lui se débrouiller comme ils le peuvent.
Entendre cette voix nue nous lire les mots d’une vie entière, c’est beau comme l’éclair qui fendille l’eau noire du ciel avec son harpon de lumière.
© Thibault Marconnet
le 09 avril 2014
Thèmes : Création Radiophonique| 20e siècle| Musique| Poésie| Rock| Velvet Underground| Lou Reed| Bernard Comment
Source : France Culture