La journée de la terre.
- Le temps également s'est contracté : plus on avance dans notre histoire, plus l'évolution va vite.
- Oui, si l'on ramène les 4,5 milliards d'années de notre planète à une seule journée, en supposant que celle-ci soit apparue à 0 heure, alors la vie naît vers 5 heures du matin et se développe pendant toute la journée. Vers 20 heures seulement viennent les premiers mollusques. Puis, à 23 heures les dinosaures qui disparaissent à 23h40, laissant le champ libre à l'évolution rapide des mammifères. Nos ancêtres ne surgissent que dans les cinq dernières minutes avant 24 heures et voient leur cerveau doubler de volume dans la toute dernière minute. La révolution industrielle n'a commencé que depuis un centième de seconde !
- Et nous sommes entourés de gens qui croient que ce qu'ils font depuis cette fraction de seconde peut durer indéfiniment...
[...] il n'y a qu'une seule morale qui vaille dans cette histoire, une seule donnée essentielle : nous ne sommes que de dérisoires étincelles au regard de l'univers. Puissions-nous avoir la sagesse de ne pas l'oublier.
Il pleut sur la planète. Tombées du ciel, de subtiles molécules s'agencent dans les lagunes et inventent les premières gouttes de vie.
Nous nous croyions au centre du monde? Galilée, Copernic et les autres sont venus nous détromper : nous habitons en réalité une planète banale, située dans la banlieue d'une modeste galaxie. Nous pensions être des créatures originales, à l'écart des autres espèces vivantes? Las ! Darwin nous a perchés sur l'arbre commun de l'évolution animale...Il va donc nous falloir une fois encore ravaler notre orgueil mal placé : nous sommes les dernières productions de l'organisation universelle.
La vie, c'est comme ça. Si elle nous parait résulter d'une suite de coïncidences, c'est parce que nous oublions les millions de pistes qui n'ont pas abouti. Notre histoire est le seul récit que nous pouvons reconstituer. Voilà pourquoi elle nous semble si extraordinaire.
C'est la jolie formule de Konstantin Tsiolkovski, le père de l'espace soviétique russe : " La terre est notre berceau, mais on ne reste pas éternellement dans son berceau..."
- ... De plus, en Tanzanie on a découvert leurs empruntes de pas, fossilisées dans une dalle volcanique : ce sont les traces d'un bipède de 35 millions d'années. Les chercheurs anglais qui les ont relevées ont remarqué que celles-ci étaient croisées, comme si la marche était hésitante.
- Qu'en ont-ils conclu ?
- Qu'il s'agissait peut-être de deux australopithèques aui passaient à cloche-pied. Ou, ont ajouté des français facétieux, que la consommation d'alcool était peut-être plus ancienne qu'on ne le croyait... (Yves Coppens)
Au premier acte, donc notre histoire commence. Mais peut-on vraiment dire "commencer"? On verra que cette notion de début n'est pas accessoire, loin de là. Elle est au coeur des débats métaphysiques et pose la fascinante question du temps. Nous l'aborderons par le plus lointain passé auquel la science peut accéder : quinze milliards d'années avant notre ère, le fameux bing bang, cette obscure lumière qui devance les étoiles. Et à l'exemple des enfants, on se posera cette question pertinente : qu'y avait-il avant ?
Sommaire
Prologue
Acte I - L'univers (par Hubert Reeves)
- Le chaos
- L'univers s'organise
- Terre !
Acte II - La vie (par Joël de Rosnay)
- La soupe primitive
- La vie s'organise
- L'explosion des espèces
Acte III - L'homme (par Yves Coppens)
- Le berceau africain
- Nos ancêtres s'organisent
- La conquête humaine
Épilogue
- Que de coincidences quand même!
- Ce ne sont pas des coincidences. Considérons un soldat qui nous raconte un recit de guerre extraordinaire. Il était dans un appartement, un missile est tombé sur l'immeuble, il a été protégé par un lit. Au cours d'une mission, il a sauté en parachute, celui-ci s'est mis en vrille, mais notre homme est tombé dans un marécage qui a amorti sa chute. Si son histoire paraît inouie, c'est tout simplement parce qu'il est là pour nous la raconter. Il y a eu des millions d'histoires de soldats qui se sont, elles, terminées tragiquement mais, bien sûr, ces derniers ne sont plus là pour les raconter. La vie, c'est comme ça. Si elle nous paraît résulter d'une suite de coincidences, c'est parce que nous oublions les millions de pistes qui n'ont pas abouti. Notre histoire est seul recit que nous pouvons reconstituer. Voilà pourquoi elle nous semble si extraordinaire.