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Critique de horline


Tout commence sur ces «terres maudites, où son épouse l'avait forcé à s'installer» et tout s'achève quelques années plus tard, au même endroit. Entre temps, le monde a basculé pour Roscoe.
Il y a la prison de Kilby dont la violence pourrait le briser, et ce même si elle s'enorgueillit d'être l'une des prisons les plus modernes des États-Unis. Il y a la mélancolie et la culpabilité qui pourraient le dévorer à petit feu pour avoir entraîné dans sa chute son fidèle compagnon, un homme de couleur dont on ne donne pas cher de sa peau dans cet Alabama des années vingt. Enfin, il y a la faille immense qui le sépare de sa femme et le ressentiment qui pourrait les y précipiter.
Un travail comme un autre a tout du roman noir et désenchanté, mais il n'est pas totalement dénué d'espoir.
Peut-être parce que Virginia Reeves reprend les codes de la littérature du Sud américain, on retrouve dans ce récit : des vies cabossées, des rêves brisés ou laissés en chemin, des hommes mis à rude épreuve ; mais aussi une certaine mystique de l'existence régénératrice qui donne profondeur et douceur à l'histoire. C'est toujours captivant de suivre la mue d'un homme alors que le monde ne lui donne guère de raison d'espérer.

Ce premier roman est séduisant, non seulement parce qu'il s'inscrit dans «un courant littéraire» (si on peut l'appeler ainsi) que j'apprécie, mais aussi parce qu'il obéit à une construction habile qui isole chacun des époux dans leur narration et fait télescoper passé et présent pour donner du relief à l'histoire.
Malgré la brutalité qui irrigue le récit, j'ai également aimé l'idée plus évanescente selon laquelle on peut être prisonnier de murs autres que ceux d'une prison...
Tout comme j'ai goûté la langue cicatricielle de l'auteure qui permet à Roscoe de se confronter au noyau nu de l'existence pour éventuellement saisir le sens des choses... est-ce qu'il saisira pour autant l'occasion de rechercher une sérénité à laquelle on n'accède qu'en faisant la paix avec ses rêves et blessures d'enfant ?

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