Le passagerPatrice Réglat-Vizzavona
BD polar
Marum, 2019, 154p
L'univers de la BD me reste étranger. Mais en passant devant les rayonnages, le dessin m'a happée, les traits, postures, expressions des personnages sont de qualité. Les planches sont très belles, évocatrices d'ambiances.Le dessinateur a choisi la grisaille et le lavis, qui donne l'illusion du relief. Puis le titre, qui m'a rappelé le film
le passager de la pluie, et la quatrième de couverture ont fait que j'ai emprunté l'album.
Deux personnages sont sur un bateau, en quête de solitude. L'un est un solitaire de nature, l'autre, Henri, le personnage principal, fuit ses proches. Il compare la vie au jeu de go. Si un joueur est isolé, il disparaît. Il lui faut donc être connecté avec d'autres. Cette comparaison est-elle un indice à garder pour comprendre l'histoire ?
Les deux amis abordent une île déserte, où ils vivent en autonomie. Henri a trouvé des proies faciles, sauf qu'une bête l'a mordu. Ils tuent et mangent les animaux.
Henri se retrouve seul sur le bateau, en état de détresse. Il est sauvé. C'est un autre homme qui rejoint le monde de ses semblables , totalement extraverti et exalté. Il donne l'impression d'un type pas net.
Il rencontre un taiseux, Erik, qui a un labo de photographe, et une soeur Mona, qui semble une fille plutôt sage mais qui se laisse séduire par Henri. Après leur nuit d'amour, elle ne se sent pas très bien, et se transforme en une nymphomane. Henri veut faire développer ses photos de voyage qui sont excessivement nombreuses, ce qui l'étonne, et sur ces photos, on découvre qu'il y avait un passager sur le bateau : c'est son compagnon de départ, qui ressemble à un dieu de la mer crachant de serpents, ou pire, un homme qu'ont envahi les serpents.
Ayant vu ces photos, Erik disparaît. Il a l'air d'avoir saisi le mystère. Henry retrouve Erik qui veut rester seul, sinon, dit-il, ça l'oblige, à quoi, qui ça, et il vomit à son tour des serpents. Henry regagne le bateau, part et délaisse Mona, et sur le bateau, lui aussi tire de son corps un amas serpentin. le gars avec qui Mona couche semble lui aussi être atteint du même mal. Qui est Mona ? Mais aussi, qui est Erik ?Les dessins deviennent flous.
Je n'avais pas vu sur la couverture en filigrane la créature insectoïde. Ainsi, d'avoir ingéré les oiseaux qui presque se laissaient prendre, les jeunes gens auraient été parasités par un autre animal ? Mais Erik ? D'une aventure maritime qui me plaît presque toujours, on bascule vers du fantastique et de l'horreur. Mona est-elle comme l'un de ces oiseaux, ou bien est-elle l'un d'entre eux ? Ou bien Henry reste un manipulateur psychopathe, qui héberge en son corps un parasite dont il se sert pour tuer ceux qui sont autour de lui ?
La BD lue et relue, on ne sait pas très bien ce que l'histoire raconte. Que vaut une histoire racontée si on ne la comprend pas ?