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EAN : 978B004QJ3PSK
(30/11/-1)
3.67/5   9 notes
Résumé :
résuém non trouvé
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ça fait du bien parfois de lire une petite comédie sans prétention, qui ne recherche pas l'esbroufe ni le fort message à portée philosophique.

Juste un petit texte plaisant, bien écrit, avec le charme inégalable d'un début XVIIIème, sans la mécanique pesante des quiproquos à la Molière, avec un petit air de Beaumarchais avant l'heure.

Oui, je dois bien reconnaître que j'ai beaucoup aimé cette comédie en cinq actes, malgré, ou en raison, de la légèreté du propos.

C'est tout simple, ça tient en quelques mots. Un vieil avare, Géronte, est aux portes du trépas, son neveu, Éraste aimerait bien tâter du magot mais il n'est pas seul en lice sur les rameaux de l'arbre généalogique. le testament peut seul pourvoir à ce modeste inconvénient.

La femme de chambre, Lisette, bonne à tout faire (vraiment tout) pour le vieux souhaiterait bien, elle aussi, ne pas être oubliée dans les dernières volontés, sans parler de Crispin, le redoutable roublard qui sert Éraste.

Durant toute la pièce il sera donc question de faire cracher aux vieux des écus qu'il semble bien décider à ne pas lâcher facilement. Mais si une histoire d'amour vient se greffer là-dessus, il se pourrait bien que cela vienne tout compliquer des plans du brave Éraste et de son équipe de vautours bien décidés à éplucher ce qui restera de la carcasse de Géronte.

Jean-François Regnard aurait pu en faire une pièce très grinçante mais ce n'était manifestement pas ses intentions, il ne fait pas du neveu un horrible calculateur, Géronte n'est pas pathétique au dernier degré, même le fieffé coquin de Crispin semble pouvoir s'amender et la belle Isabelle n'apparaît pas mue d'un désir de richesse.

C'est donc juste le parfum léger de la comédie que semble rechercher l'auteur, un vaudeville avant l'heure, un exercice récréatif et c'est bien ce qu'il produit. On en sort tout guilleret, sans prise de tête, sans embarras, sans poids sur le coeur, et c'est très bien ainsi. Merci Monsieur Regnard.

Ceci n'était que mon avis dont je vous fais les légataires universels, mais ne vous réjouissez pas trop vite, ce que je vous offre n'est pas grand-chose.
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C'est la pièce la plus connue de Reganrd, qui continue à être citée et même jouée relativement fréquemment encore maintenant. La pièce a été créée en janvier 1708. Dès le mois de février, Regnard lui adjoint une petite pièce en un acte, La critique du Légataire, peut-être pour répondre à ses détracteurs, ou pour lancer ou entretenir une polémique, ce qui permettait souvent d'attirer des spectateurs plus nombreux. Cette petite pièce suit de très près La critique de l'Ecole des femmes de Molière, et au contraire du Légataire, n'a pas vraiment eu du succès : seulement trois représentations.

L'intrigue du Légataire est assez décousue, chaque acte s'engage presque dans une autre direction. Dans le premier, nous découvrons Géronte, un riche vieillard, pourvu d'un neveu pauvre, Eraste,amoureux d'une jeune femme Isabelle. La mère de cette dernière est d'accord pour le mariage, mais à condition que Géronte fasse d'Eraste son légataire universel, ce à quoi s'emploient Crispin, le valet d'Eraste, et Lisette, la domestique de Géronte, les deux serviteurs projetant un mariage entre eux. Géronte est plutôt bien disposé à l'égard d'Eraste, mais lui aussi envisage d'épouser Isabelle, ignorant les sentiments des deux jeunes gens.

Au deuxième acte, la mère d'Isabelle est toute prête à accorder la main de sa fille à Géronte, même si elle préférerait Eraste. Mais l'intérêt financier prime. Les domestiques et Eraste profitent de quelques signes de maladie chez Géronte pour le persuader que le mariage lui serait néfaste dans son état. Il s'apprête à faire son testament en faveur d'Eraste, mais compte faire deux legs importants à deux membres éloignés de sa famille qu'il ne connaît pas.

Au troisième acte, Crispin se déguise tour à tour en neveu et nièce de Géronte : un neveu brutal qui menace son oncle, et une nièce qui l'insulte. Géronte est donc décidé à laisser tout son bien à Eraste. Il accepte aussi le mariage de son neveu et d'Isabelle. Tout semble aller pour le mieux, les notaires sont convoqués pour le testament.

Au quatrième acte, Géronte tombe en catalepsie, et ne semble pas pouvoir être ranimé avant de mourir. Crispin se déguise pour recevoir les notaires et leur dicter un testament, dans lequel il n'oublie pas de laisser des legs importants à Lisette et à lui-même. Eraste est outré, mais ne peut dénoncer la supercherie.

Au cinquième acte, coup de théâtre : Géronte revient de sa catalepsie. Mais il est affaibli, ce qui permet à son entourage de le persuader que c'est bien lui qui a dicté le testament, mais qu'il ne s'en souvient plus. Il est particulièrement incrédule devant les legs faits aux deux domestiques, mais finit par les accepter. le mariage d'Eraste et Isabelle peut enfin avoir lieu.

Il n'y a pas une action unique dans la pièce, mais une suite de rebondissements, qui s'enchaînent. A chaque fois, il y a un obstacle, qui semble être levé finalement assez facilement, Géronte étant visiblement attaché à son neveu, et au final plutôt raisonnable. Mais une autre difficulté surgit qu'il s'agit de résoudre rapidement. Cela donne à la pièce un rythme effréné, le lecteur ou spectateur n'a pas le temps de s'ennuyer. Cela donne aux acteurs, en particulier celui qui joue Crispin des occasions de briller, d'enchaîner des déguisements, des reparties. On est dans le burlesque pur, ce qui a comme contrepoint d'appauvrir peut-être l'analyse psychologique des personnages : Eraste est surtout intéressé par l'argent de son oncle avec qui il se montre très hypocrite, Isabelle est quasi inexistante, Crispin est une franche fripouille, même s'il est sympathique par son entrain, Lisette est un peu trouble, on se pose des questions sur ses relations avec Géronte. Au final le personnage le plus univoque est Géronte : vieux et malade, il est un peu la victime des manigances de ceux qui l'environnent. Cela donne une autre image du vieillard, un peu moins stéréotypée qu'habituellement dans les pièces de l'époque.

Incontestablement une excellente pièce dont la réputation n'est pas usurpée.
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C'est souvent plein d'esprit,

'Quelque trait d'avarice admirable et nouveau. Il a pour médecin pris un apothicaire Pas plus haut que ma jambe, et de taille sommaire : Il croit qu'étant petit, il lui faut moins d'argent ; Et qu'attendu sa taille, il ne paiera pas tant.'

C'est comme Molière assez peu confiant en la médecine,

'Mais il faut tant d'argent pour se faire soigner,
Que, puisqu'il faut mourir, autant vaut l'épargner.
Ces porteurs de seringue ont pris des airs si rogues !...
Ce n'est qu'au poids de l'or qu'on achète leurs drogues.
Qui pourrait s'en passer et mourir tout d'un coup,
De son vivant, sans doute, épargnerait beaucoup.'

Et puis d'un réalisme à toute épreuve,

'Votre époux, vous laissant mère et veuve à vingt ans,
Ne vous a pas laissé, je crois, beaucoup d'enfants.
Rien que neuf ; mais, le coeur tout gonflé d'amertume,
Deux ans encore après j'accouchai d'un posthume.'


Et l'arrêt toujours interlocutoire nous fait balancer entre deux filouteries.

Regnard, pourquoi l'oublier autant aujourd'hui?
Lien : http://holophernes.over-blog..
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"Le style de Regnard est comme le bon vin qu'il versait à ses hôtes, il est aisé, c'est bien le mot, c'est sa devise."
- Sainte-Beuve 1852

Qui en dehors de certains érudits, (dont je ne suis malheureusement pas...) cite ou connait encore Regnard. Je n'ai pas vraiment besoin de faire un sondage sur le trottoir de ma rue. Je crois que je connais la réponse. (Dans ma rue il y a peu d'érudits)

C'est bien parce qu'en continuant mon rangement, je suis tombé sur ce titre que j'ai voulu aller un peu plus loin. Quand on se remet dans l'ambiance du texte on apprécie. C'est très bien écrit, et on se demande pourquoi certains autres auteurs ont eu du succès et celui-ci a disparu de nos discours.
Sûrement parce qu'on ne peut pas parler de tout le monde...
La totalité de son oeuvre peut peut-être donner une explication. Tout n'est pas de la même veine.
Enfin, ça m'a fait du bien de découvrir ce texte.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
{N. B. : spéciale dédicace pour Jean-Marie Le Pen, qui, en son temps, a su, lui aussi, devenir fort opportunément un magnifique légataire universel. Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'affaire, voir http://www.ina.fr/video/CAA7601137001}

GÉRONTE : J'ai fait mon testament ?
CRISPIN : On ne peut pas vous dire
Qu'on vous l'ait vu tantôt absolument écrire ;
Mais je suis très certain qu'aux lieux où vous voilà
Un homme, à peu près mis comme vous êtes là,
Assis dans un fauteuil auprès de deux notaires,
A dicté mot à mot ses volontés dernières.
Je n'assurerai pas que ce fût vous. Pourquoi ?
C'est qu'on peut se tromper. Mais c'était vous, ou moi.
[...]
M. SCRUPULE (lisant) : " Déshéritant, en tant que besoin pourrait être,
Parents, nièces, neveux, nés aussi bien qu'à naître,
Et même tous bâtards, à qui Dieu fasse paix,
S'il s'en trouvait aucuns au jour de mon décès. "
GÉRONTE : Comment ! moi, des bâtards ?
CRISPIN : C'est style de notaire.
GÉRONTE : Oui, je voulais nommer Éraste légataire.
À cet article-là, je vois présentement
Que j'ai bien pu dicter le présent testament.
M. SCRUPULE (lisant) : " Item. Je donne et lègue, en espèce sonnante,
À lisette... "
LISETTE : Ah ! grands dieux !
M. SCRUPULE (lisant) : " Qui me sert de servante,
Pour épouser Crispin en légitime nœud,
Deux mille écus. "
CRISPIN : Monsieur... en vérité... pour peu...
Non... jamais... car enfin... ma bouche... quand j'y pense...
Je me sens suffoquer par la reconnaissance. [...]
GÉRONTE (au notaire ) : Monsieur, de tous ces legs je veux être éclairci.
M. SCRUPULE : Quels éclaircissements voulez-vous qu'on vous donne ?
Et je n'écris jamais que ce que l'on m'ordonne.
GÉRONTE : Quoi ! moi, j'aurais légué, sans aucune raison,
Quinze cents francs de rente à ce maître fripon,
Qu'Éraste aurait chassé s'il m'avait voulu croire !
CRISPIN : Ne vous repentez pas d'une œuvre méritoire ;
Voulez-vous, démentant un généreux effort,
Être avaricieux même après votre mort ?

Acte V, Scène 6.
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LISETTE : Géronte n'est point mort, puisqu'il revit en lui :
Voilà son air, ses traits ; et l'on doit s'y méprendre.
CRISPIN : Mais, avec cet habit, si son mal m'allait prendre ?
ÉRASTE : Ne crains rien, arme-toi de résolution.
CRISPIN : Ma foi, déjà je sens un peu d'émotion :
Je ne sais si la peur est un peu laxative,
Ou si cet habit est de vertu purgative.

Acte IV, Scène 4, (1288-1294).
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CLISTOREL : On m'a dit par la ville, et c'est un fait certain,
Que de vous marier vous formez le dessein.
LISETTE : Quoi ! ce n'est que cela ?
CLISTOREL : Comment donc ! dans la vie,
Peut-on faire jamais de plus haute folie ?
GÉRONTE : Et quand cela serait ? pourquoi vous récrier,
Vous que depuis un mois on vit remarier ?
CLISTOREL : Vraiment, c'est bien de même ! Avez-vous le courage
Et la mâle vigueur requise en mariage ?
Je vous trouve plaisant ! et vous avec raison
De faire avecque moi quelque comparaison !
J'ai fait quatorze enfants à ma première femme,
Madame Clistorel (Dieu veuille avoir son âme) ;
Et, si dans mes travaux la mort ne me surprend,
J'espère à la seconde en faire encore autant.
LISETTE : Ce sera très bien fait.
CLISTOREL : Votre corps cacochyme
N'est point fait, croyez-moi, pour ce genre d'escrime.

Acte II, Scène 10, (691-706).
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CRISPIN : Moi, Monsieur ! De sa mort je ne suis point la cause ;
Et le défunt, tout franc, a fort mal pris la chose.
Pourquoi se saisit-il si fort pour des discours ?
J'en voulais à son bien, et non pas à ses jours.

Acte III, Scène 8.
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GÉRONTE : Il faut tant d'argent pour se faire soigner,
Que, puisqu'il faut mourir, autant vaut l'épargner.
Ces porteurs de seringue ont pris des airs si rogues !
Ce n'est qu'au poids de l'or qu'on achète leurs drogues.
Qui pourrait s'en passer et mourir tout d'un coup,
De son vivant, sans doute, épargnerait beaucoup.

Acte I, Scène 3.
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