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sur 115 notes
C'est un livre bien étrange et beau que Notre château. Aussi étrange qu'une maison vide devienne lieu de vie là où tout appelle à la mort, là où l'on ne peut se défaire du souvenir des aïeuls qui l'avaient autrefois habitée. Dans cette étrange maison vivent deux adolescents : un frère et une soeur. Seuls. Sans parents. Depuis la mort de ces derniers dans un accident de voiture, ils ne sortent plus. Jamais. A l'exception du frère qui se rend chaque semaine à la librairie du centre-ville. Un jour, contre toutes attentes, il a l‘impression d'apercevoir Véra, sa soeur. Dans le bus 39 un 31 mars. Comment est-ce possible? L'histoire est simple. Etonnante autant qu'intrigante. On voudrait savoir, comme lui, ce qu'il en sera de cette sortie... Réelle ou fantasmée ? Ponctuelle ou régulière ? Quel secret cache-t-elle ?
Pour comprendre comment vivent en ce lieu des enfants abandonnés à leurs peurs, il nous faut tendre l'oreille, réussir à saisir les bribes prononcés par ces êtres en transfert qui se parlent peu mais ne peuvent se quitter, vivant là à la marge du monde, dans une bulle qui ne contient rien d'autres que de grandes pièces immaculées et des livres en souvenirs. Là, une impressionnante bibliothèque trône, seule véritable âme qui vive…
Et il nous faudra entendre véritablement les mots inlassablement répétés par les protagonistes, jusqu'à comprendre qu'ils rassurent ceux qui s'en saisissent comme d'un bouclier, jusqu'à ce que le lecteur lui aussi s'en imprègne et parvienne à saisir l'effroi dans lequel les personnages se figent. Apparaît ainsi la poésie d'une voix introspective qui tente de reconstruire ce que l'apparition furtive de Véra a déconstruit.
Car ce jour-là, silencieusement, l'équilibre factice longuement acquis entre ces deux êtres interdépendants a été mis à mal. L'espace de la maison est totalement investi et comme avancerait pas à pas une enquête, une muette observation des gestes de chacun y est faite. Chaque détail compte. Il s'agit de continuer à vivre malgré le dernier lien rompu, la confiance ébranlée… Suspendus, dans l'attente du drame qui pourrait être un nouveau commencement, nous les suivons le coeur battant, dans cette étrange demeure, aussi étrange que nos indicibles peurs. Sorte d'incarnation d'un rempart contre l'angoisse, Emmanuel Régniez affirme au seuil de son texte: « Je soigne ma mélancolie en me racontant des histoires qui pourraient me faire peur. »
Voilà pourquoi, bien longtemps après, des questions subsistent à la lecture de ce livre. Et c'est ce qui plaît, ce qui en fait un texte étrangement à part, une bulle fantastiquement close où le lecteur est ailleurs. La maison devient un laboratoire de l'humain. On y observe l'être entre ses quatre murs, à l'âge où il se forme, et on se demande comment ce sera quand sa douleur n'y sera plus contenue.
Quel incroyable pouvoir ont les écrivains de parvenir à mettre à distance leurs peurs et les nôtres conjointement ! Tenir en nos mains ce livre est un premier pas. Dès la première ligne, Régniez nous invite à franchir un seuil, guidés jusqu'à la fin de la visite, comme en un château hanté, par de superbes et perturbantes photographies des habitants en noir et blanc. Dans cette drôle de maison qui nous reste étrangère, qui nous fascine autant qu'elle nous fait frissonner, nous y trouverons peut-être bien davantage que ce à quoi nous pouvions nous attendre. Parce qu'en frôlant les limites du réel, l'auteur nous convie à entendre la petite musique d'un lieu qui est le miroir d'un monde intime que nous ne cessons également d'habiter plus ou moins consciemment, plus ou moins facilement…

Lien : http://unlivrepour.blogspot...
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Lu dans le cadre des 68 premières fois

J'avoue n'avoir compris qu'à la toute fin le sens probable de ce roman, alors la lecture que j'en ai faite fût autre, et je la livre telle qu'elle, par souci d'honnêteté et parce que les livres sont riches aussi de ce que le lecteur y met.

Notre Château, c'est d'abord une ambiance, avec une petite phrase comme une antienne, « le bus n°39 qui va de la Gare à la Cité des 3 Fontaines en passant par l'Hôtel de Ville ». IL y a Octave, le narrateur obsessionnel, Véra, la soeur si belle, très belle et Notre Château, cette demeure fabuleuse, où tous deux vivent quasi reclus, sur un mode fusionnel.

C'est un monde paisible mais étrange, peuplé de livres et des souvenirs d'un autre temps, celui d'avant la mort accidentelle des parents.
J'ai pensé le narrateur atteint d'un syndrome dissociatif, Octave et Véra n'auraient été que les deux faces d'une même personne.

Détail après détail, cette vie réglée depuis vingt années commence à déraper. Peut-être qu'en réalité le bus s'appelle le n°5 ? A qui cette cigarette fumée ? Pourquoi préparer du café quand on a toujours bu du thé ?

Une fêlure apparait entre le frère et la soeur. Octave perd le contrôle de ce monde, même Véra lui échappe peu à peu. le sang jaillit, l'automutilation comme effort ultime de reprendre possession de son corps.

A ce moment, c'est moi qui ai perdu pied dans ce livre, à l'arrivée de l'autre soeur. Evocation d'une enfance aux douleurs obscures. Et le dénouement qui éclaire. Un peu. Je reste perplexe. Navrée de n'avoir pas embarqué. Et le style, qui au début me semblait original, m'a lassé au bout de cinquante pages.

NB le souvenir m'est revenu de ces deux soeurs, croisées dans les années 80, étranges, comme deux fantômes, l'une tout de blanc vêtue, dentelles et voiles, le visage livide, l'autre comme une jumelle tout en noir. Quand la blanche est morte, on a vu sa soeur quitter le noir pour le blanc.
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Ouaaaouhhhh !!!!! Page 141… Je viens de terminer le premier roman d'Emmanuel Régniez "Notre Château" et j'en reste coite, bouche bée, interdite, éberluée, déglinguée.
Et pour la première fois, je ne sais pas… je ne sais pas si je dois crier à l'imposture, si je dois hurler au génie, si je dois tout relire avant d'écrire. Et bien, j'ai relu et… je ne sais toujours pas.
Cette histoire d'Octave et Véra, frère et soeur, qui vivent dans une demeure héritée à la mort de leurs parents dans un accident de voiture il y a 20 ans, semble banale. Oui, mais, ils vivent comme deux amants et dorment ensemble. Oui, mais la demeure est un château, enfin, c'est comme ça qu'il l'appelle. Oui, mais, ils vivent reclus, sans visites, sans sorties, si ce n'est celle hebdomadaire d'Octave pour se rendre à la librairie. Oui, mais, un jour il voit sa soeur dans un bus. Oui, mais, sa soeur ne prend jamais le bus, sa soeur ne sort jamais du château… Banale, cette histoire ?
Et puis il y a l'écriture. Des mots répétés à l'envi, triturés, emmêlés, des mots qui reviennent, s'agglutinent, des mots tels un mantra qui m'ont entraînée dans une course effrénée, un désir d'en sortir, une crainte, une peur indicibles. le texte de ce récit est tout à la fois, envoûtant, dérangeant, troublant. Fantômes, fantasmes, rêve ou réalité, sagesse, folie ? Je l'ai lu deux fois et je ne sais toujours pas. N'oserais-je avouer que j'ai pu aimer une histoire qui fait mal ? Je ne sais pas.
Je sais juste une chose. Je rêve de rencontrer un jour l'auteur pour lui dire, lui demander, l'interroger…
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Notre château d'Emmanuel Régniez
Le Tripode

C'est un récit lancinant presque obsédant que nous livre Octave. Il vit dans son château avec sa soeur Vera depuis l'accident qui a couté la vie de leurs parents. Ils vivent reclus dans leur imposante demeure. Chaque jeudi Octave fait sa sortie hebdomadaire dans le centre-ville, là il rencontre le libraire qui lui fournit les livres de la semaine. Un gars formidable qui a toujours en rayon la liste complète des livres que lui demande Véra.
Dans la vie de ce couple atypique, les livres ont une place considérable, ils sont le monde qui s'offre à eux, un monde accessible et inépuisable.
Mais ce jour-là, Octave perd les pédales, dans le bus se rendant au centre, il a reconnu Véra. Véra la recluse, qui n'aurait pas mis le nez dehors depuis vingt ans. Lui aurait-elle menti ?
Et si c'était le signe avant-coureur que cette journée apportera son lot de mauvaises surprises.
L'auteur joue avec la corde gothique, les codes de l'inquiétude, de l'incertitude, les cartes se brouillent et entre réalité et imagination on ne sait plus très bien, jusqu'au point de bascule où le monde merveilleux, doucereux, et ouaté se révèle un monde abominable, de vice, de mensonges comme peuvent parfois l'être les familles.

J'ai retrouvé ce livre dissimulé dans un rayonnage obscur de ma bibliothèque. Entre Poe et K. Dick. Un ticket de caisse en guise de marque page atteste que je l'ai lu en 2016 avec de nouvelles chaussures.
Une couverture inquiétante tout comme les photos de Thomas Eakins qui clôturent l'histoire, et les deux morceaux de musique que l'auteur nous propose : Couperin et Schubert. Ecoutez-les, ils donnent le ton de l'histoire à la perfection. Avec tout ça, je me dis qu'il y a 8 ans le Tripode nous proposait déjà des lectures « concepts ».
Je ne sais pas si j'ai aimé ce livre, en tout cas il m'a dérangée, fortement. Et ça j'aime, quand ma lecture me bouscule ! Quand elle me cueille au moment où je m'y attends plus !
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D'une voix qu'on imagine monocorde, avec la précision répétitive et obstinée d'un autiste du type de Rain Man, Octave raconte sa vie. Enfin, si on peut appeler cela une vie : depuis vingt ans, il partage la superbe maison héritée des parents et baptisée « Notre château » avec sa soeur Véra, selon un rythme immuable : tous les jeudis, il se rend à la librairie pour acheter la liste que sa soeur désire « ardemment » lire. Car les livres occupent – au sens physique et intellectuel du terme – une place énorme dans leur vie. « Notre bibliothèque » est le lieu vital de la maison. Train-train, silence, la vie s'écoule comme un fleuve d'ennui.
Et pourtant... Octave est sûr, absolument sûr, qu'il a vu sa soeur dans l'autobus n°39, ce jeudi matin, elle qui ne sort jamais. Elle soutient le contraire. Qui ment ? Qui se trompe ? Et si la réalité pouvait être discutable, discutée ? Si les événements pouvaient se tordre jusqu'à l'absurde, jusqu'au vertige de la raison ? D'autant que des phénomènes étranges commencent à se produire dans la maison trop bien réglée de ce couple frère-soeur.
Le style de l'auteur reproduit le schéma mental des personnages, entre sursauts indignés et litanie murmurée des phrases, à l'infini, en un vertige hypnotique auquel on ne résiste plus malgré l'effort pour s'y soustraire. L'angoisse sourd progressivement des pages (la référence à « Shining » est bien vue) et on s'attend au pire. La «maison est le troisième personnage qui, actif et muet, prend part à la vie du couple pour le protéger. le pire s'est produit, le pire peut encore se produire. Un livre dérangeant, glaçant, dont on se souvient.

Moi, je regarde avec méfiance mes fenêtres à guillotine...en écoutant le trio pour piano et cordes de Schubert, le portrait de la « Jeune fille en buste » d'Hippolyte Flandrin sur mon écran...
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Incroyable édifice néo-gothique, au service de l'obsession délétère comme des inquiétudes et vertiges intimes.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/02/07/note-de-lecture-bis-notre-chateau-emmanuel-regniez/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Un roman encore recommandé par un de mes libraires qui m'a dit avoir été touché et gêné à la fois à la lecture de ce roman. Alors voilà, je l'ai pris et après lecture je comprends mieux ce qu'il n'arrivait pas à me dire. Comment parlé d'un livre qui n'a pas vraiment d'histoire. C'est un roman d'atmosphère. Les pages se tournent assez bien avec de courts chapitres. Petit à petit, on apprend plus de chose sur le couple frère/soeur et tout (ou presque) se situe dans le château. L'espace à l'air très grand mais les descriptions sommaires sont plus celles de la bibliothèque, de la cuisine ou de la chambre à coucher.

Le titre s'explique par l'attraction du lieu, de ce château. le château a t'il une âme? Retient-il vraiment prisonnier les habitants? les fantômes? On ne le sait pas. Est-ce Octave qui est un peu fou de vivre reclus ou le château le retient-il? Nous ne le serons pas. Vous pouvez aussi faire votre choix sur l'interprétation du récit.

Le plus important est ce qui se dégage de l'écriture. J'aurais presque cru moi aussi entendre des bruits dans le château ou presque qu'il m'aurait parlé. C'est vraiment une ambiance dans laquelle nous prend la main Emmanuel Régniez. Cela m'a rappelé mes lectures de nouvelles d'Edgar Poe où il régnait une étrange atmosphère. Quelque chose de malsain qu'il serait difficile à décrire. L'auteur rajoute une couche sur l'étrangeté puisque le frère et la soeur ont une relation un peu particulière. La solitude des grands espaces à tendance à rapprocher les êtres. Cette relation est-elle réelle?

A la fin du livre, l'auteur a inséré des photos du peintre anglais Thomas Eakins (1844 - 1916) qu'il a trouvé étonnante. Etonnante surtout parce qu'elle correspond au climat de ces mots. Il y a peut-être un fantôme dans les photographies en noir et blanc.

Un livre étonnant qui se dévore assez vite. Toutefois, je ne saurais vous dire si j'ai adoré ou pas tellement que je suis partagé entre la sensation de lecture et le récit en lui-même. Une certitude, un premier roman où un style s'affirme et il est bien différent de ce que vous connaissez.
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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La couverture...elle paraît étrange, particulière et donner envie ou non de plonger dans le livre. J'ai franchi le cap et je suis rentrée dedans.
Je suis arrivée d'un seul coup dans le quotidien de deux personnes qui ne cherchent pas du tout à sortir de leur isolement, ils sont bien ainsi ! Leurs habitudes sont tellement bien rodées que rien ne peut changer.
Pourtant un grain de sable, aussi banal qu'un bus, va enrayer la machine. Et là, catastrophe car toutes les certitudes, les rituels, la confiance mutuelle vont en prendre un coup et la vie, leur vie va changer, forcément !!!
Ce livre est particulier et énigmatique, mais il est mordant et attirant. La construction des chapitres, la répétition, les sentiments, le mélange entre le réel et le rêve.
On ne sait pas pourquoi l'action est toujours dans le château, pourquoi ne sortent-ils pas du tout, pourquoi ils sont si pâles ?
Dès le départ, on se demande où veut en venir l'auteur car il commence avec une phrase et celle-ci se répète plusieurs fois. Bizarre !
Et puis en fait c'est ce que j'ai beaucoup aimé car il y a du rythme et de la force dans ce premier roman. Même si par moment ce récit semble conter une vie irréelle, on s'y sent bien. Et la fin m'a laissée un peu sur ma faim ! Je n'avais pas spécialement envie de quitter cette lecture.
Comme quoi, une fois de plus, le contenant c'est bien, le contenu c'est mieux !
Lien : http://leslecturesdelailai.b..
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Une ambiance bien soulignée par les photos à la fin du livre , et par la suggestion de musique en première page. On se laisse bien embarquer par le récit,sans savoir où cela mène...
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le synopsis et le titre évoquent évidemment furieusement "Nous avons toujours vécu au château", de l'inégalable et glaçante Shirley Jackson, peut-être la dernière véritable représentante du gothique au siècle dernier. Chez Emmanuel Régniez, un frère et une soeur vivent reclus dans un manoir à l'écart du monde depuis la mort mystérieuse de leurs parents, lui ne s'autorisant qu'une sortie hebdomadaire en ville pour les achats de première nécessité (nourriture et livres), elle restant cloitrée dans la demeure. Tous deux peuplent leur quotidien de contes de fées et de fables étranges, jusqu'au jour où leur monde du dedans et le monde du dehors se heurtent brutalement, début d'une chute vertigineuse qui fera côtoyer au lecteur folie et frissons...

Des personnages agoraphobes, une ambiance de conte macabre, un quotidien rythmé par la pensée magique, la vraie-fausse candeur des protagonistes, coincés quelque part entre une enfance idéalisée et un âge adulte redouté, synonyme de l'image parentale qu'on souhaite, à l'évidence, reléguer aux oubliettes... La liste des similitudes entre le château d'Emmanuel Régniez et celui de Shirley Jackson est longue ; l'auteur français ne s'en cache pas : la romancière américaine est une de ses sources d'inspiration. Mais peut-être son ombre plane-t-elle trop sur "Notre château", dont on se demande s'il parvient à exister par et pour lui-même. Pas sûr...

Comme souvent avec les oeuvres qui se réclament un peu trop d'un certain mimétisme ou d'une lignée littéraire, tous les éléments qui ne seront pas outrageusement calqués sur l'original paraitront exagérément différents et laisseront un goût amer. Ils donnent l'impression que l'auteur se démarque soudain radicalement de son modèle pour prouver qu'il a son univers bien à lui, mais l'ensemble parait alors factice et manque de naturel, de fluidité. Chez Jackson, la folie des personnages s'insinue lentement, par petite gouttes de sueurs froides qui glissent le long du dos, sur la toile de fond d'une réalité à peine dissonante et dont les fausses notes apparaissent progressivement avant de nous happer totalement. Ici, l'écriture écholalique à l'excès choisie par l'auteur pour appuyer la bizarrerie du narrateur sonne faux d'emblée.

Ceci dit, petit à petit, on pourrait admettre que l'histoire racontée par Emmanuel Régniez prend son autonomie. Elle emprunte même des chemins prometteurs mais tous sont tués dans l'oeuf car l'auteur ne les exploite jamais entièrement. En fait, on reconnait dans ces éléments successifs l'influence d'autres grandes plumes du gothique qu'il évoque également en fin d'ouvrage : Edgar Poe, Henry James, Théophile Gautier, Lovecraft... Dès lors, on ne cerne que trop bien où le romancier est allé chercher l'idée d'un couple frère/soeurs aux relations incestuelles vivant dans une maison hantée, celle d'une demeure douée de vie propre, ou encore la sexualité latente et malsaine qui se mêle au monde faussement innocent d'une enfance de façade. Mais comme un soufflé qu'on sort trop vite du four et qui s'effondre, aucune des voies suggérées par ses illustres prédécesseurs, entre les mains d'Emmanuel Régniez, ne dépasse le stade du clin d'oeil. Son livre reste, au final, un enchainement d'easter eggs parsemés au fil d'un texte cruellement linéaire alors qu'ils auraient pu servir à approfondir encore et encore tout ce qui reste à l'état de suggestion. Face à tant de potentiel inabouti, on comprend difficilement les critiques élogieuses des libraires et chroniqueurs ; "Notre château" était certes prometteur mais reste facile et approximatif.

En bref : Un roman court plein de potentiel mais elliptique et ampoulé à l'excès, qui ne parvient pas à aller au-delà des clins d'oeil aux oeuvres gothiques dont il se réclame. C'est bien dommage car il y avait vraiment un univers à exploiter : celui de l'auteur, qui reste encore trop caché derrière ceux de ses sources d'inspiration.
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