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sur 115 notes
Notre château d'Emmanuel Régniez
Le Tripode

C'est un récit lancinant presque obsédant que nous livre Octave. Il vit dans son château avec sa soeur Vera depuis l'accident qui a couté la vie de leurs parents. Ils vivent reclus dans leur imposante demeure. Chaque jeudi Octave fait sa sortie hebdomadaire dans le centre-ville, là il rencontre le libraire qui lui fournit les livres de la semaine. Un gars formidable qui a toujours en rayon la liste complète des livres que lui demande Véra.
Dans la vie de ce couple atypique, les livres ont une place considérable, ils sont le monde qui s'offre à eux, un monde accessible et inépuisable.
Mais ce jour-là, Octave perd les pédales, dans le bus se rendant au centre, il a reconnu Véra. Véra la recluse, qui n'aurait pas mis le nez dehors depuis vingt ans. Lui aurait-elle menti ?
Et si c'était le signe avant-coureur que cette journée apportera son lot de mauvaises surprises.
L'auteur joue avec la corde gothique, les codes de l'inquiétude, de l'incertitude, les cartes se brouillent et entre réalité et imagination on ne sait plus très bien, jusqu'au point de bascule où le monde merveilleux, doucereux, et ouaté se révèle un monde abominable, de vice, de mensonges comme peuvent parfois l'être les familles.

J'ai retrouvé ce livre dissimulé dans un rayonnage obscur de ma bibliothèque. Entre Poe et K. Dick. Un ticket de caisse en guise de marque page atteste que je l'ai lu en 2016 avec de nouvelles chaussures.
Une couverture inquiétante tout comme les photos de Thomas Eakins qui clôturent l'histoire, et les deux morceaux de musique que l'auteur nous propose : Couperin et Schubert. Ecoutez-les, ils donnent le ton de l'histoire à la perfection. Avec tout ça, je me dis qu'il y a 8 ans le Tripode nous proposait déjà des lectures « concepts ».
Je ne sais pas si j'ai aimé ce livre, en tout cas il m'a dérangée, fortement. Et ça j'aime, quand ma lecture me bouscule ! Quand elle me cueille au moment où je m'y attends plus !
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Ne vous fiez pas aux dires de l'éditeur, ce roman n'est pas un roman fantastique, gothique. Et je suppose que les libraires ont fait de même. Ah, les classements !

Il utilise les images de ce genre : un château isolé, une grande bibliothèque, des évènements bizarres, des secrets de famille, etc...
Mais il raconte une histoire qui apparaît comme étrange et cruelle, obsédante.
” Tout est dans Notre Château. Il est impossible d'en sortir. Nous ne pouvons pas en sortir. Il n'y a pas de dehors, de grand dehors. Il y a Notre Château et seulement Notre Château. En entrant dans Notre Château, nous avons tout quitté, parents, amis, objets ; et depuis nous reconstruisons nos souvenirs.”
Un jeudi pourtant, tout déraille et bascule………
Et peu importe de savoir si c'est une histoire de fou, névrosé, de frères et soeur amants.
Qu'il s'agisse d'une histoire de fantômes
Qu'il s'agisse d'une maison qui a sa volonté propre.
C'est une histoire qui se nourrit aussi de la « reine des neige ». Pas celle de Walt Disney, celle d'Andersen, plus ambiguë. D'une danseuse, qui claudique après un accident et qui devient cruelle.
Une histoire confuse et de désirs inavouables. de « madame rêve » et ses rituels immuables.
Une histoire qui allie photos anciennes, fanées, mélancoliques et transparentes du photographe et peintre américain Thomas Eakins à
Un texte au style dénué d'ornements, au rythme fait de répétitions en boucles entêtantes, de martellement obsédant qui s'accélère dans les pages finales. Comme une musique itérative.
Qui répète et répète comme un balancement de psychotique.
Il y a, dans Notre Château, de la musique et des images .De la littérature qui inquiète, trouble et intrigue.
A lire en écoutant la musique proposée par Emmanuel Régniez :
Les Barricades mystérieuses de Couperin
L'andante du trio en mi bémol de Schubert
Ou la musique plus actuelle du compositeur suisse Nik Bartsch, mélancolique et répétitive.

Et là, petit pincement de coeur : la musique n'accompagne pas. Elle apporte .Autrement dit : il manque au texte une petite musique qui lui apporterait la grâce.

Je vais essayer avec un autre texte du même écrivain : Emmanuel Régniez & Cédric Friggeri, Ordinaire(s), Vingt-quatre chants (à partir de l'oeuvre de Simenon).



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Quelle histoire !
La lecture vous envoûte,le récit ne laisse aucun répit.
Les personnages troublants à souhait déambulent tels des fantômes.
Le texte est rythmé comme une partition et cette chanson de geste vous entraîne dans ce monde clos.
Je crois que ce livre ne peut être qu'aimé ou rejeté.
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le synopsis et le titre évoquent évidemment furieusement "Nous avons toujours vécu au château", de l'inégalable et glaçante Shirley Jackson, peut-être la dernière véritable représentante du gothique au siècle dernier. Chez Emmanuel Régniez, un frère et une soeur vivent reclus dans un manoir à l'écart du monde depuis la mort mystérieuse de leurs parents, lui ne s'autorisant qu'une sortie hebdomadaire en ville pour les achats de première nécessité (nourriture et livres), elle restant cloitrée dans la demeure. Tous deux peuplent leur quotidien de contes de fées et de fables étranges, jusqu'au jour où leur monde du dedans et le monde du dehors se heurtent brutalement, début d'une chute vertigineuse qui fera côtoyer au lecteur folie et frissons...

Des personnages agoraphobes, une ambiance de conte macabre, un quotidien rythmé par la pensée magique, la vraie-fausse candeur des protagonistes, coincés quelque part entre une enfance idéalisée et un âge adulte redouté, synonyme de l'image parentale qu'on souhaite, à l'évidence, reléguer aux oubliettes... La liste des similitudes entre le château d'Emmanuel Régniez et celui de Shirley Jackson est longue ; l'auteur français ne s'en cache pas : la romancière américaine est une de ses sources d'inspiration. Mais peut-être son ombre plane-t-elle trop sur "Notre château", dont on se demande s'il parvient à exister par et pour lui-même. Pas sûr...

Comme souvent avec les oeuvres qui se réclament un peu trop d'un certain mimétisme ou d'une lignée littéraire, tous les éléments qui ne seront pas outrageusement calqués sur l'original paraitront exagérément différents et laisseront un goût amer. Ils donnent l'impression que l'auteur se démarque soudain radicalement de son modèle pour prouver qu'il a son univers bien à lui, mais l'ensemble parait alors factice et manque de naturel, de fluidité. Chez Jackson, la folie des personnages s'insinue lentement, par petite gouttes de sueurs froides qui glissent le long du dos, sur la toile de fond d'une réalité à peine dissonante et dont les fausses notes apparaissent progressivement avant de nous happer totalement. Ici, l'écriture écholalique à l'excès choisie par l'auteur pour appuyer la bizarrerie du narrateur sonne faux d'emblée.

Ceci dit, petit à petit, on pourrait admettre que l'histoire racontée par Emmanuel Régniez prend son autonomie. Elle emprunte même des chemins prometteurs mais tous sont tués dans l'oeuf car l'auteur ne les exploite jamais entièrement. En fait, on reconnait dans ces éléments successifs l'influence d'autres grandes plumes du gothique qu'il évoque également en fin d'ouvrage : Edgar Poe, Henry James, Théophile Gautier, Lovecraft... Dès lors, on ne cerne que trop bien où le romancier est allé chercher l'idée d'un couple frère/soeurs aux relations incestuelles vivant dans une maison hantée, celle d'une demeure douée de vie propre, ou encore la sexualité latente et malsaine qui se mêle au monde faussement innocent d'une enfance de façade. Mais comme un soufflé qu'on sort trop vite du four et qui s'effondre, aucune des voies suggérées par ses illustres prédécesseurs, entre les mains d'Emmanuel Régniez, ne dépasse le stade du clin d'oeil. Son livre reste, au final, un enchainement d'easter eggs parsemés au fil d'un texte cruellement linéaire alors qu'ils auraient pu servir à approfondir encore et encore tout ce qui reste à l'état de suggestion. Face à tant de potentiel inabouti, on comprend difficilement les critiques élogieuses des libraires et chroniqueurs ; "Notre château" était certes prometteur mais reste facile et approximatif.

En bref : Un roman court plein de potentiel mais elliptique et ampoulé à l'excès, qui ne parvient pas à aller au-delà des clins d'oeil aux oeuvres gothiques dont il se réclame. C'est bien dommage car il y avait vraiment un univers à exploiter : celui de l'auteur, qui reste encore trop caché derrière ceux de ses sources d'inspiration.
Lien : http://books-tea-pie.blogspo..
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Dérangeant, fort, il ne vous laissera pas de marbre
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« Je m'appelle Octave. Ma soeur s'appelle Véra. Nous vivons ensemble, dans la même maison, que nous appelons : Notre château. Nous ne fréquentons personne, ne parlons à personne et vivons tous les deux, rien que tous les deux, dans Notre château. » le quotidien de la soeur et du frère tourne autour de la lecture et la seule sortie de la semaine est dédiée à l'achat de livres. C'est lors d'une de ses sorties qu'Octave aperçoit sa soeur à bord d'un bus de la ligne 39. Véra ne prend jamais le bus, elle déteste le bus. Cette vision inexplicable va faire basculer la vie au château.

« Notre château » est le premier roman d'Emmanuel Régniez et le moins que l'on puisse dire est qu'il est singulier. L'auteur nous plonge dans une atmosphère étrange, gothique qui frôle la folie. le texte m'a évoqué « le Horla », Edgar A. Poe mais également « Les autres » le film d'Alejandro Amenabar. L'écriture contribue à créer cette étrangeté, Octave répète les faits comme pour s'assurer de leur véracité, comme pour se rattacher à la réalité. Mais peu à peu, celle-ci semble lui échapper. La frontière entre réalité et rêve (ou folie) semble s'estomper dans son esprit.

Emmanuel Régniez joue avec les codes du roman gothique. Il compare, par exemple, le château à un cercueil où Octave et Véra vont mourir. A un autre moment, les rideaux sont poisseux de sang. le fantastique, l'irréel sont ainsi distillés tout au long du roman. La figure du fantôme est également très présente et c'est ce qui m'a fait penser au film d'Amenabar. Les livres favoris des parents disparus sont « Hamlet » et « Wuthering Heigts », deux oeuvres où le lecteur croise des fantômes. L'auteur nous parle aussi des fantômes laissés par les bibliothécaires lorsqu'un un livre est emprunté. Un fantôme du passé va également refaire surface à la fin de l'histoire mais là je ne peux vous en dire plus et vous laisse la surprise !

« Notre château » d'Emmanuel Régniez est un premier roman surprenant, obsédant qui vous plonge dans les méandres d'un esprit au bord de la folie.
Lien : https://plaisirsacultiver.co..
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Un livre à la lisière du roman fantastique et du conte funeste, qui nous rappelle qu'il faut toujours se méfier des enfants qui grandissent "mal" et qui, une fois adultes, continuent à se raconter des histoires.
Un 1er roman ultra-référencé et un peu agaçant.
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Notre Château d'Emmanuel Régniez

édition le Tripode

Premières phrases: » Tout a commencé un jeudi. Je ne peux pas me tromper de jour, puisque c'est le jeudi et uniquement le jeudi que je vais en ville. Il n'y a que ce jour-là que j'ai pu voir ce que j'ai vu. je ne vais jamais en ville les autres jours. »

Ce court roman servi par une écriture étonnante et peu ordinaire, vous déstabilisera, vous surprendra et vous déroutera, j'en fait le pari.
La seule chose que je puisse vous dévoiler, c'est qu'Octave et Véra sont frère et soeur , qu'ils vivent dans « Notre Château » en total isolement, et que seul Octave se rends en ville, le jeudi, uniquement le jeudi, par le bus n° 35.
Jamais Octave et Véra ne s'éloignent de »Notre Château », protecteur et rassurant.

Emma aime:
-être surprise
-cette écriture inclassable
-les éditions « Le Tripode » qui parvient toujours à me surprendre

Lien : https://www.instagram.com/le..
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Un bouquin bizarre, plein d'étrangetés, de fantômes, de secrets, de noirceur, d'interdits…
Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris mais c'était une expérience de lecture intéressante.
Bien sûr, ces phrases répétées et non finies sont déconcertantes.
Étrange.
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Très étrange comme livre ! Au vu des critiques pas toujours positives voire même pas sympas du tout, j'avais remisé cette lecture pour un jour prochain. Ce jour est arrivé par le biais d'un challenge, qui m'a fait repensé à ce fameux château ! Que dire, oui il a des répétitions mais je pense qu'elles font parties intégrantes du personnage plus ou moins bizarre. Ce fut dans un roman courant, j'aurai trouvé cela agaçant, prévenu par les critiques des uns et des autres, je me suis demandée le pourquoi du comment ! Comment un éditeur pouvait mettre sous presse un roman avec autant de défauts ! Alors pourquoi ces répétitions ? Il a forcément une raison !
Il faut lire le livre pour comprendre et ressentir l'ambiance étrange de ce château, du passé de ce couple de frère et soeur, et ces phénomènes bizarres qui surviennent, et puis, ce troisième personnage qui survient la grande soeur !
Je pense qu'il a manqué un peu de matière pour que le roman prenne toute sa puissance et sa teneur afin qu'il soit compris dans toute sa rondeur et non par petits bouts ici et là. Alors je comprends maintenant que certains lecteurs ont été déçu.
Ce roman aurait mérité d'être creusé, il aborde des sujets graves comme la perte brutale de ses deux parents d'un coup, il parle de ce deuil, de l'oubli , etc... puis par petites touches, le narrateur met en avant des indices, mais pas suffisamment franches pour que la lumière se fasse, il laisse juste le lecteur supposé que ... et c'est là sans doute sa force et sa faiblesse ! Car oui, certains lecteurs aiment les jeux de piste et découvrir seuls le trésor, le coeur du roman sans qu'on lui mette des grandes pancartes fléchées et encore moins un GPS pour aller d'un point A à un pont B, soit du début à la fin du roman. Seulement ce dernier est un peu court pour jouer et ressentir toute l'ampleur de l'enjeu. On reste sur sa faim, et j'aurai aimé aller plus loin de ce dédale d'une certaine folie.
Et les photos à la fin du livre nous interroge encore et plus encore la note de l'auteur finale : J'ai découvert les photographies du peintre anglais Thomas Eakins en finissant d'écrire Notre Château et ce fut comme une révélation.
Alors si il avait vu ses photos avant d'avoir écrit j'aurai mieux compris mais là non, donc je m'interroge encore sur le sens de tout cela.
et je ne connais pas ce Thomas Eakins du coup me voilà repartie vers une autre découverte.
Soyez curieux lisez ce petit livre
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