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sur 114 notes
Octave et Véra vivent depuis vingt ans dans une vaste demeure sans photos ni miroirs, dont ils ont hérité à la mort accidentelle de leurs parents. "Notre Château", comme ils l'appellent, est la bulle qui les coupe du monde, le cocon entourant le couple misanthrope formé par le frère et la soeur, dont la relation fusionnelle exhale de troubles relents.

Leur isolement est volontaire, en accord avec leur décision de consacrer leur temps à lire, occupation à laquelle ils s'adonnent dans l'écrin que constitue "Leur Bibliothèque", et à l'origine de la seule sortie que s'autorise Octave, le narrateur. Ce dernier, tous les jeudis, se rend ainsi en ville, afin de se réapprovisionner en livres.

Un fait insolite, survenu à l'occasion d'une de ces escapades livresques, est le préambule à une série d'événements étranges et déstabilisants qui vont fissurer la quiétude de la routine immuable dans laquelle est figée l'existence des deux habitants du château.

Octave n'oubliera jamais ce jeudi 31 mars au cours duquel il a vu, à 14h32, sa soeur dans le bus 39, qui relie la gare à la cité des trois fontaines, le quartier de leur enfance. Car Véra a une horreur quasi viscérale du bus. D'ailleurs, quand son frère annonce l'avoir aperçue en ville, elle prétend ne pas avoir mis les pieds hors de la maison...

"Notre château" est un texte intrigant, qui emprunte au genre gothique, composé de courts paragraphes dont la succession confère sa vivacité à ce texte original.

J'ai un peu craint au départ de subir un laborieux exercice de style, l'auteur usant de répétitions censées singulariser la parole de son narrateur -Octave-, qui au final alourdissent le style. Heureusement, cela ne dure pas, et l'on se retrouve rapidement envoûté par l'ambiance surnaturelle et de plus en plus angoissante qui plane sur ce singulier château, dont on se demande s'il est réel, ou un fantasme né de l'imagination du héros. Peu à peu la folie affleure, le mystère laisse subtilement la place à une horreur d'autant plus glaçante qu'elle est surtout suggérée...

Un plaisir de lecture prolongé par la découverte, en fin d'ouvrage, de photos publiées à la demande de l'auteur, prises par le peintre anglais Thomas Eakin (1844-1916), dont le caractère à la fois mystérieux et nostalgique, parfois austère, voire lugubre, colle parfaitement à l'atmosphère du roman d'Emmanuel Régniez...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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C'est un livre envoutant et dérangeant. Il nous accueille nous invite à entrer dans sa chaleur, sa douceur puis il nous déroute, on ne sait plus si le narrateur perd la raison ou si le monde bascule autour de lui.
Un frère et une soeur vivent reclus depuis des années dans leur maison familiale, qu'ils ont baptisée « Notre château ». Seule la visite hebdomadaire du frère à la librairie du centre ville fait exception à leur isolement volontaire. Et c'est au cours de l'une ces sorties rituelles qu'il aperçoit un jour, stupéfait, sa soeur dans un bus de la ligne 39.
Écriture belle et puissante d'un conte cruel contemporain hors du temps.
L'édition est belle et fait particulier il y a des photos à la fin . Pour ma part, les photos ne sont pas utile, elles portent en elles d'autres pistes et j'aurai préféré finir cet instant de lecture juste avec les mots.

Auteur à suivre c'est certain.
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Etrange. Ce roman est étrange. Il est étrange que ce roman soit étrange. Vraiment étrange.

Cette phrase vous interpelle, vous interloque ? Certes. Mais toute la narration de ce drôle de roman est ainsi, construite de mots qui se répètent, s'entremêlent, s'inversent. Étrange. Comme cette obsession pour "le bus n°39 qui va de la gare à la Cité des 3 Fontaines, en passant par l'Hôtel de Ville"...
Un roman lancinant, supposé gothique (mais certes pas à la manière de ceux de Carlos Luis Zafon) dont je n'ai malheureusement pas saisi la portée, peut-être pas compris le sens ou les choses cachées (sauf le dernier "chapitre" de quelques lignes ?).

Etrange. Et finalement, c'est parfois assez sympa de sortir de sa zone de confort et d'être un peu perdue à cause d'un bouquin. Et de conclure sur la série de photos en fin de volume qui interrogent. Etrange.
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Reclus dans un « château », un frère et une soeur vivent une relation plus que fusionnelle après le décès de leurs parents.
Vera s'interdit de sortir de la demeure. Oui mais un jour Octave la croise dans un bus. Pourquoi ?
Le roman se déroule autour d'une phrase répétitive « le bus n°39 qui va de la Gare à la Cité des 3 fontaines en passant par l'Hôtel de Ville ». Envoûtant, obsédant, surprenant et interrogateur. le lecteur est tenu en haleine du début à la fin.Coup de coeur
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Quel drôle de livre .
Je ne vais pas résumer l'histoire d'autres l'ont fait avant moi .
Je veux juste dire à quel point j'ai trouvé ce livre original assez angoissant car fondé sur le deuil qui peut conduire au repli sur soi voire à la folie.
Je voudrais insister sur l'écriture qui a maintes reprises flirtent avec la poésie
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Octave et Véra vivent dans ce qu'ils appellent « Notre château », une belle maison héritée de leurs parents. Depuis 20 ans, il y vivent seuls ne restant jamais, ne recevant personne. Ils se suffisent et ils sont heureux. La maison ne doit jamais être seule, elle a besoin d'eux, ils ont besoin d'elle. C'est pourquoi, ils sortent séparément. Véra pour aller faire le jardin et Octave, chaque jeudi, pour aller chercher en ville. Un jouer, Octave aperçoit Véra dans le bus, elle qui ne sort jamais, elle qui ne prend jamais le bus. Elle nie pourtant être sortie et avoir pris le bus. Lui ment-elle ? A-t-il rêvé ? Devient-il fou ?

Notre château est un huis clos inquiétant, oppressant. La couverture représente parfaitement l'ambiance du récit. La relation fraternelle de Vera et Octave est inhabituelle, cette interdépendance semble irréelle, malsaine. Les pièces immenses de cette immense maison, ces vieux tableaux et ces milliers de livres classés dans la bibliothèque créent rapidement un sentiment de malaise. « Que se passe-t-il dans cette maison ? » cette question m'a obsédée tout le long de ma lecture. Emmanuel Régniez distille par petites touches quelques indices qui rendent le récit complètement addictif.

Certains pourront sans doute déploraient les répétitions, le refrain envoutant. Bien qu'elles m'aient perturbée dans les premières pages, elles créent rapidement un effet hypnotique et servent efficacement l'ambiance.

Notre château est un premier roman très spécial et très réussi.
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Ce roman fait partie la sélection des 68 premières fois

Il y a eu un roman désopilant : « Jupe et pantalon » de Julie MOULIN

Il y a eu un roman extravagant : « En attendant Bojangles » d'Olivier BOURDEAUT

Il y a désormais un roman hallucinant !

Octave et Véra sont frère et soeur. Ils sont orphelins depuis une vingtaine d'années, leurs parents sont décédés dans un accident de la route. Depuis, ils vivent dans une demeure qu'ils appellent « Notre Château », bien légué à leur père. Octave et Véra y vivent reclus et passent leurs journées à lire, sauf le jeudi où là, un autre rituel se met en place. Alors que leur vie est réglée comme du papier à musique pourrait-on dire, voilà que survient un événement extraordinaire : « le jeudi 31 mars à 14H32, j'ai vu ma soeur dans le bus n° 39 qui va de la Gare à la Cité des 3 Fontaines, en passant par l'Hôtel de Ville. Je vais tout de suite dire quelque chose : ma soeur ne prend jamais le bus, ma soeur ne va jamais en ville. » Il n'en faudra pas plus pour que le château de cartes ne s'écroule !

A l'image de cet extrait de la page 13, tout le roman tourne autour d'une organisation minutieusement paramétrée de la vie de ces 2 personnages que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir. Chronométré à la minute et composé de nombreuses répétitions au mot près, ce petit air maniaco-dépressif en fait assurément l'un des incontournables de cette sélection !

Ce roman, aussi court soit-il, n'en présente pas moins d'attrait.

Tout d'abord, il a l'originalité de convoquer différentes disciplines artistiques :

La musique avec des extraits de partitions en introduction et conclusion,
La photographie avec les clichés réalisés par Thomas EAKINS (1844-1916) et présentés en fin de roman, Emmanuel REGNIEZ écrit d'ailleurs : « en finissant d'écrire Notre Château et ce fut comme une révélation » !
La peinture avec une très belle définition je trouve de l'artiste de ce domaine :

Il faut beaucoup d'art et de compréhension de la nature pour être un peintre. […] le vrai peintre possède une sorte de vision qui transforme ses modèles, ou qui fait surgir, du monde spectral dans lequel il vit, quelque chose d'équivalent à un décor véritable. P. 64


Et enfin la littérature. Et alors là, pour les doux et dingues de l'aventure des 68 premières fois, le sujet devrait faire écho avec quelques menus plaisirs du lecteur qui se cache en vous.
Que pensez-vous de ce petit passage ?


Une maison qui contient beaucoup de livres est une maison ouverte au monde, est une maison qui laisse entrer le monde. Chaque livre qui entre est un fragment du monde extérieur et, tel un puzzle, quand nous posons ensuite le livre dans les rayons de Notre Bibliothèque, nous recomposons le monde, un monde à notre image, à notre pensée. P. 39


J'ai adoré le passage sur le choix des livres que réalise Véra et les termes employés :


Le mercredi soir, elle me prépare une liste de quatre ou cinq livres qu'elle désire, me dit-elle, ardemment lire. J'aime bien quand elle insiste sur le ardemment. P. 15


Je crois que l'adverbe « ardemment » est très bien choisi et révèle à quel point la tentation d'un livre peut être forte ! Je crois savoir que vous aussi vous souffrez de ce mal !

Ensuite, il s'agit d'un roman qui traite d'un sujet particulièrement sensible, celui du deuil. Et là, j'avoue que l'écrivain, Emmanuel REGNIEZ, le fait avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse. Il aborde notamment la question de la rupture liée à un accident et de ses conséquences sur ceux qui restent :


La vie avec nos parents était une vie faite d'éclats de rire, la vie avec nos parents était une vie insouciante, la vie avec nos parents était une vie comme on peut en rêver. Et le rêve s'est brisé net un jour avec ce terrible accident de voiture. Et de ce rêve nous portons la nostalgie ; comme si nous avions été chassés, Véra et moi, d'un vert paradis. Nous n'essayons pas de le recréer, nous savons que c'est impossible, nous n'essayons pas de le recréer, nous n'en avons pas la force. P. 84


Ce paragraphe m'a éclairée sur la démarche de l'écrivain en faisant le parallèle avec la phrase livrée, l'air de rien, en avant-propos :


Je soigne ma nostalgie en me racontant des histoires qui pourraient me faire peur.


Il aborde bien sûr le poids des souvenirs et cette impossibilité à s'en émanciper :


Ces souvenirs qui refusent de regagner leur rive. Ces souvenirs qui refusent d'être tranquillement là où ils devraient être. Ces souvenirs qui continuent à être si présents. […] J'aurais tellement voulu oublier, tout oublier. Faire une croix. Tracer un trait. Mais c'est impossible. Mais je n'y arrive pas. P. 110


Mais plus que tout, ce roman est construit autour d'une énigme qu'il convient d'élucider au plus vite. Je me suis prise au jeu et je ne l'ai lâché que tard dans la nuit, impossible de l'abandonner avant d'avoir atteint la page 141 ! Emmanuel REGNIEZ a beaucoup de talent. le scénario est très bien construit, je pense qu'il ferait d'ailleurs un excellent film si j'en crois toutes les images que j'ai désormais en tête et qui risquent bien de m'accompagner longtemps… pour mon plus grand plaisir !

Un grand moment d'évasion au coeur de la littérature !
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C'est un livre bien étrange et beau que Notre château. Aussi étrange qu'une maison vide devienne lieu de vie là où tout appelle à la mort, là où l'on ne peut se défaire du souvenir des aïeuls qui l'avaient autrefois habitée. Dans cette étrange maison vivent deux adolescents : un frère et une soeur. Seuls. Sans parents. Depuis la mort de ces derniers dans un accident de voiture, ils ne sortent plus. Jamais. A l'exception du frère qui se rend chaque semaine à la librairie du centre-ville. Un jour, contre toutes attentes, il a l‘impression d'apercevoir Véra, sa soeur. Dans le bus 39 un 31 mars. Comment est-ce possible? L'histoire est simple. Etonnante autant qu'intrigante. On voudrait savoir, comme lui, ce qu'il en sera de cette sortie... Réelle ou fantasmée ? Ponctuelle ou régulière ? Quel secret cache-t-elle ?
Pour comprendre comment vivent en ce lieu des enfants abandonnés à leurs peurs, il nous faut tendre l'oreille, réussir à saisir les bribes prononcés par ces êtres en transfert qui se parlent peu mais ne peuvent se quitter, vivant là à la marge du monde, dans une bulle qui ne contient rien d'autres que de grandes pièces immaculées et des livres en souvenirs. Là, une impressionnante bibliothèque trône, seule véritable âme qui vive…
Et il nous faudra entendre véritablement les mots inlassablement répétés par les protagonistes, jusqu'à comprendre qu'ils rassurent ceux qui s'en saisissent comme d'un bouclier, jusqu'à ce que le lecteur lui aussi s'en imprègne et parvienne à saisir l'effroi dans lequel les personnages se figent. Apparaît ainsi la poésie d'une voix introspective qui tente de reconstruire ce que l'apparition furtive de Véra a déconstruit.
Car ce jour-là, silencieusement, l'équilibre factice longuement acquis entre ces deux êtres interdépendants a été mis à mal. L'espace de la maison est totalement investi et comme avancerait pas à pas une enquête, une muette observation des gestes de chacun y est faite. Chaque détail compte. Il s'agit de continuer à vivre malgré le dernier lien rompu, la confiance ébranlée… Suspendus, dans l'attente du drame qui pourrait être un nouveau commencement, nous les suivons le coeur battant, dans cette étrange demeure, aussi étrange que nos indicibles peurs. Sorte d'incarnation d'un rempart contre l'angoisse, Emmanuel Régniez affirme au seuil de son texte: « Je soigne ma mélancolie en me racontant des histoires qui pourraient me faire peur. »
Voilà pourquoi, bien longtemps après, des questions subsistent à la lecture de ce livre. Et c'est ce qui plaît, ce qui en fait un texte étrangement à part, une bulle fantastiquement close où le lecteur est ailleurs. La maison devient un laboratoire de l'humain. On y observe l'être entre ses quatre murs, à l'âge où il se forme, et on se demande comment ce sera quand sa douleur n'y sera plus contenue.
Quel incroyable pouvoir ont les écrivains de parvenir à mettre à distance leurs peurs et les nôtres conjointement ! Tenir en nos mains ce livre est un premier pas. Dès la première ligne, Régniez nous invite à franchir un seuil, guidés jusqu'à la fin de la visite, comme en un château hanté, par de superbes et perturbantes photographies des habitants en noir et blanc. Dans cette drôle de maison qui nous reste étrangère, qui nous fascine autant qu'elle nous fait frissonner, nous y trouverons peut-être bien davantage que ce à quoi nous pouvions nous attendre. Parce qu'en frôlant les limites du réel, l'auteur nous convie à entendre la petite musique d'un lieu qui est le miroir d'un monde intime que nous ne cessons également d'habiter plus ou moins consciemment, plus ou moins facilement…

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Notre château : la demeure où vivent Octave et Véra depuis la mort de leurs parents.
Lieu clos où la vie ronronne depuis 20 ans jusqu'à ce que l'inattendu survienne.
L'écriture d'Emmanuel Régniez est lancinante, étouffante.
L'atmosphère du livre est lancinante, étouffante.
Et j'ai étouffé !
Dès les premières phrases du roman, j'ai essayé de comprendre, de décrypter l'à-peine dit, en sachant que l'auteur jouait avec le lecteur.
Notre château, abri d'une relation incestueuse, hôpital psychiatrique, fantasme ? J'ai essayé de démêler le vrai de l'inventer. Et je me suis lassée, perdue dans les conjectures.
Les photos de la fin du livre n'ont fait qu'épaissir ma perplexité.
Je ne suis pas lectrice du fantastique ou du gothique. Je crois que je n'ai tout simplement pas respecté le pacte de lecture que l'auteur me tendait.
Et finalement, je n'ai ressenti aucune émotion, juste un certain plaisir intellectuel au cours une lecture que j'oublierai très vite.
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Octave et Véra, frère et soeur vivent enfermés dans "Notre Maison" suite au décès de leurs père et mère. Ils y vivent totalement reclus, isolés et se suffisent à eux mêmes. Seul Octave en sort 1 fois par semaine pour faire le stock de livres. Mais le 31 mars, il voit Véra dans un bus, elle qui ne sort jamais!!! Toute une série d'evenements plus surprenants les uns que les autres vont se produit-re ébranlant ce monde rempli d'habitudes et de repères.

Roman quelque peu dérangeant, étrange et un peu glaçant. On pénètre dans ce huis clos à petits pas, de peur de déranger ce couple atypique. Divers événements surnaturels (selon Octave) vont se succéder perturbant Octave et le lecteur...
Je ne m'attendais pas à une telle fin, mais elle reste plausible. Ecriture soignée, précise. ce genre de roman n'est pas des mes habitudes, mais j'ai apprécié cette découverte littéraire.
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