À l’âge de seize ans, Jonathan ne s’intéressait qu’à l’alpinisme. Son examen d’équivalence2 en poche, il put dire adieu au lycée. Mais l’université ne l’intéressait pas. Il passait ses étés à faire le guide sur le mont McKinley et les hivers à parcourir les pentes comme pisteur. Chaque cent économisé alimentait sa cagnotte pour l’expédition suivante. À son palmarès, il inscrivit bon nombre de grands noms : le Nordwand – la paroi nord de l’Eiger, l’Aconcagua, le K2 par la « Voie magique » – son fameux pilier sudouest – et sans bouteille d’oxygène. Tout n’était qu’adrénaline : se défouler en allant au bout de ses limites, au bout de l’audace, avant de décrocher à l’ultime seconde.
Il était fier de sa façon de s’économiser. Néanmoins, il savait que ce penchant était dangereux et, pire, autodestructeur. Il savait aussi qu’il était la conséquence de son goût immodéré du risque. Il se retrouva à défier des hommes de plus en plus massifs, à s’aventurer dans des établissements de plus en plus louches. Et il commença à perdre. Mais même alors, il fut incapable de se guérir de ce vice. Pour ses ascensions, il cherchait des routes non répertoriées. Il brûlait de trouver des voies impossibles. Il se languissait d’aller plus loin, plus haut, plus vite.
Il est inutile de garder le silence. À quoi bon aggraver la situation ? Pourquoi s’infliger tant de souffrance inutile ? Tu sais bien ce qu’on dit : « À la fin, tu parleras de toute façon. » Allez, habibi, soyons civilisés.
Au cours des six dernières années, il avait dirigé le Service d’analyse et de prévention, plus connu sous le sigle SAP. Celuici avait pour mission d’assurer la sécurité intérieure du pays contre les extrémistes, les terroristes et les espions. Ce même rôle était assumé aux États-Unis par le FBI, en Grande-Bretagne par le MI5 et en France par la DST. Von Daniken frissonnait. Il espérait que l’avion n’allait plus tarder à se poser.
Des logiciels algorithmiques passaient au crible les transmissions, en quête de mots-clés trahissant des messages potentiellement intéressants et immédiatement exploitables. Parmi ces mots-clés, on avait, dans les différentes langues, des termes comme « Federal Bureau of Investigation » – le FBI américain –, « Renseignement », ou encore « prisonnier ». À 4 h 55, la veille, Onyx avait ciblé une information de ce type.