Temperance Brennan, tome 6 : Os troubles

J'ai regardé la photo. En esprit, j'ai vu les costauds qui bousculent les plus faibles dans la cour de récré ; ceux qui piquent l'argent du repas aux plus petits ; les langues de vipère qui repèrent les défauts et les fragilités chez les autres et qui s'amusent à les faire saigner, comme on gratte une croûte ; les enfants qui agacent, tourmentent et persécutent leurs victimes jusqu'à ce qu'elle finissent par demander grâce.
J'ai ressenti de la colère, de l'accablement et aussi de la tristesse.

Tout ira bien.
Faux.
Car les choses sont passées au pire avant même d'avoir mal tourné.

Dans l’affaire présente, la totalité des restes carbonisés que je venais d’examiner tenait dans une tasse. C’était ceux du bébé de Tamela Banks. Pour un poêle à bois, un nouveau-né n’est jamais qu’une petite bûche toute bête, pas très différente des vraies.

- De toute façon, le monsieur était là quand je suis passée déposer le chien. Ben dis donc, maman, tu t'emmerdes pas ! Beau mec !
Et de hurler dans tout l'appartement : "Ma mère est à la colle avec un gendarme !"
- Katy !

- Ce n'est pas que je ne l'aime pas...
- C'est quoi, alors ?
- C'est que je n'aime pas ne pas savoir si je l'aime bien ou pas.

(, trad. Viviane Mikhalkov, p.243, Pocket/Thriller, n°12806)

— Bonjour, monsieur Ryan, a-t-elle dit en lui tendant sa main grassouillette.
Ryan en a baisé le bout des doigts.
— Bonjour, madame. Parlez-vous français ?
— Un petit peu. Mes grands-parents étaient québécois.
— Excellent.
Rachel s’est tournée vers moi, les sourcils levés en arc de cercle et les lèvres arrondies en un O minuscule.
— Dis seulement : «Assis, garçon ! », ça suffit.
Ryan a lâché ses doigts.
— Assis, garçon ! a dit Rachel en accompagnant ses mots d’un geste des deux mains vers le bas. Et assise, la fille aussi ! »

L’examen avait confirmé les soupçons. Cette affaire avait été mon tout premier contact avec le milieu des coroners. Aujourd’hui, je suis anthropologue judiciaire dans les villes de Charlotte et de Montréal et je n’enseigne plus qu’une seule matière, l’anthropologie judiciaire