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Critique de MaggyM


Première rencontre avec Temperance Brennan que beaucoup connaissent à travers la série télévisée Bones. Une série que je n'ai jamais vue, pas le moindre épisode.
C'est dire si je suis rentrée dans ce premier tome sans aucun a priori, et par là, aucune attente particulière.

D'entrée de jeu, j'ai bien accroché avec l'héroïne : anthropologiste, un brin sarcastique, frondeuse à ses heures, aimant se la jouer solo quand les choses ne vont pas assez vite pour elle, sombre par certains côtés, divorcée pleine de regret, mère inquiète mais pas maman-poule. Pour un personnage destiné à être récurrent, on a de la matière.

Côté intrigue, tout part d'un squelette de femme trouvé façon puzzle dans la propriété d'un presbytère. Et comme le Dr Brennan, Tempe pour les intimes, n'a pas oublié ses neurones au vestiaire, elle fait très vite le rapprochement avec une autre affaire et commence à parler de tueur en série. Au grand dam de Luc Claudel, flic bourru, qu'on pressent misogyne sur les bords et qui est bien décidé à ne pas se laisser marcher sur les pieds par cette femme en blouse blanche. L'enquête était intéressante, jalonnée de rebondissements divers et variés, des moments de tension se succédaient par vague et les cent dernières pages étaient haletantes.
Et puis c'est amusant de retrouver une enquête « moderne » à une époque où internet était encore presque un gadget réservé à quelques-uns, où les bases de données consolidées entre forces de l'ordre relevaient plutôt du bricolage maison et où personne n'était équipé de téléphones portables. Ah ces téléphones portables, qu'est-ce qu'ils ont pu manquer à nos enquêteurs ! Parce que des coups de fil et des messages aux secrétaires ou sur répondeur, il y en a eu des tas. Et il est certain que l'enquête se serait déroulée d'une toute autre manière si elle s'était déroulée aujourd'hui. Finalement, c'est parce que les portables n'existaient pas que Tempe a dû prendre autant de risques seule, que certaines victimes n'ont pas pu être prévenues avant de se transformer en victimes, que les suspects n'ont pas pu être tracés à temps, que les parents s'inquiètent pour leurs enfants… C'est là qu'on se rend concrètement compte de ce qu'un objet usuel pour tous aujourd'hui a sans doute complètement changé la façon de travailler de la police entre autres sur les vingt dernières années.
Si j'ai trouvé le personnage de Tempe assez crédible sur la durée, Claudel frôle régulièrement la caricature du macho préhistorique tant il refuse de voir les évidences que même le lecteur non averti comprend d'emblée. Ce qui fait de lui un personnage assez agaçant et qu'on espère voir s'assouplir s'il fait partie des futurs tomes.

J'ai trouvé que l'autrice parvenait à bien insérer les détails techniques à son intrigue sans perdre le lecteur. Bon, il est vrai que plusieurs pages sur les procédés permettant de distinguer les scies entre elles était un peu plus long que nécessaire, mais j'ai trouvé ce passage assez visuel et intéressant. On sent tout au long de la lecture de Kathy Reichs s'est beaucoup documentée et qu'elle prend plaisir à partager sa science.
Question décor, l'entièreté du récit se déroule dans la ville de Montréal qui est particulièrement bien décrite, y compris dans ses mauvais côtés. Ce qui a ajouté une touche assez dépaysante pour la belge que je suis. J'ai par contre vraiment regretté que la langue employée (dans la traduction française du moins) ne soit pas plus immersive dans la culture canadienne. En effet, il n'est pas rare, pour des romans canadiens de mêler le français, l'anglais et les expressions du cru ; les notes en bas de page permettent alors à ceux qui sont moins à l'aise avec cette approche cosmopolite de ne pas se perdre. Ici, point de tout cela. Très peu d'expressions québécoises dans les dialogues, à part des Chris ! beaucoup trop nombreux pour ne pas arriver à saturation. Et le fait que le texte mentionne régulièrement que telle phrase a été énoncée en français alors qu'elle est bien évidemment rédigée en français, tandis que tel mot fût prononcé en anglais et que dans la continuité il est écrit en français également, m'a gâché mon plaisir. Je ne sais pas si c'est un défaut de la traduction et si le récit d'origine mêlait les langages. le titre, mix entre français et anglais, me laissait supposer une plume plus internationale que celle que j'ai lue. Et finalement, les décors montréalais se sont peu à peu estompés sous un français franco-français trop impeccable pour être honnête.
Ce qui ne m'empêchera pas de lire le tome suivant à l'occasion et de découvrir la série télé, même si d'après les challengers avec qui j'ai lu ce roman en lecture commune, m'ont déjà prévenue que la Temperance de la télé, « ça n'a rien à voir »
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