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2,68

sur 85 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Carlos est divorcé de Carmen avec laquelle il a eu un fils, Jorge, dont il a été trop longtemps séparé. Carlos trouve que Jorge est un peu trop dans les jupes de sa mère. Il décide donc de l'emmener passer un weekend en montagne avec lui, histoire de le dégourdir un peu et surtout de mieux le connaitre. En partant, il laisse discrètement le manuscrit de son dernier roman chez son ex-femme, juste pour qu'elle le lise, selon le mot qu'il lui laisse.

« Il a laissé son roman à Carmen et elle lui a laissé son fils. Carlos se demande ce que ça signifie. Est-ce que par hasard l'enfant serait un roman qu'il doit lire et apprendre à interpréter ? A-t-il un sens qui n'est pas visible ? Carmen a-t-elle écrit l'enfant comme ça seulement pour qu'il le lise et comprenne quelque chose, pour qu'il reçoive le message ? Alors, à qui appartient cette peur : à Carmen ou à son fils ? »

Dès les premières pages, Carmen croit se reconnaitre dans un des personnages de ce roman particulièrement noir. Plus, elle avance dans sa lecture, plus le trouble l'envahit. Et si Carlos avait voulu lui dire quelque chose par le biais de son livre ? Et s'il y avait un message à découvrir entre les lignes de ce roman ? Et s'il y avait un sens caché à tout ça ? Et si le plus important se trouvait dans Ce qui n'est pas écrit ?

« On dit souvent que le romancier manipule le lecteur, mais elle, comme lectrice, n'était-elle pas en train de manipuler le roman dans le sens où elle avait décidé de le lire ? Lire dans la direction contraire à ce qui est écrit n'était-ce pas un autre acte de violence, un exercice de pouvoir ? »

D'emblée, on se dit qu'il va y avoir un problème, que tout ne va pas se passer comme prévu. On pense aussi à Sukkwan Island, ce père et ce fils qui partent ensemble dans un endroit isolé. Mais ici, même si l'envie de savoir est forte, l'intérêt est ailleurs. Fiction et réalité entremêlés et parfois réalité rattrapée par la fiction.

La structure du roman est triple. le récit de la confrontation du père et du fils d'une part, celui de la mère angoissée d'autre part, et enfin le roman dans le roman. Celui de Carlos qui prend vie par la lecture de Carmen. Sans lecteur, pas d'existence pour le roman. Ne dit-on pas parfois qu'un roman est différent pour chacun de ses lecteurs ? Rafael Reig nous livre une intéressante réflexion sur le processus de création littéraire, sur ce qu'on lit, ce qu'on lit entre les lignes et ce que chacun met derrière les mots.

« Celui qui écrit a le pouvoir, celui qui lit se soumet. »

Ce qui n'est pas écrit est un roman noir aussi étonnant qu'oppressant dont la construction et la réflexion qu'il suscite font la force, l'intérêt et l'originalité.


Merci à Babelio et aux Éditions Métaillié pour cette belle découverte.
Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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«Ce qui n'est pas écrit» se lit entre les lignes.

Carlos emmène son fils pour une excursion à la montagne. Renouer les liens père-fils après ce douloureux divorce avec Carmen. Un fils qu'il trouve un peu trop timoré, un peu trop sous l'emprise de sa mère. Cette balade dans la nature, dans un environnement sauvage et hostile devrait lui faire du bien. Sac-à-dos, lampes de poches, couteau suisse. Tu éteins les portables, et l'expédition peut commencer.

Ah, j'oubliais de préciser qu'après avoir récupéré son fils chez son ex-femme, il laisse discrètement un manuscrit. Une note au stylo : Lis-le ! Plus qu'une requête, Carmen sent cette phrase comme un ordre, l'injonction d'un ex-mari. Passe ainsi un long week-end, éprouvant et de plus en plus terrifiant. Carlos, ce poète maudit que personne n'a voulu éditer, le voilà maintenant avec un roman. Noir en plus, du genre thriller vulgaire, un mélange de sang et de sexe. Pas vraiment un très bon cru. Mais Carmen se sent viser, à chaque page, à chaque ligne. Ou du moins, à chaque interligne. Elle se voit dans ce roman, elle voit des morceaux de sa vie. Et cette fille kidnappée, attachée, humiliée ne serait-ce pas une image détournée de son fils. Et le téléphone qui ne répond pas. le malaise s'installe. le thriller de Carlos sombre dans le polar scabreux en même temps que le thriller de Rafael Reig se montre plus ambigu. Deux romans à l'intérieur d'un même livre, deux histoires différentes mais que des détails semblent réunir vers une même fin tragique… Plus qu'une prémonition ? Mais le plus éprouvant n'est-il pas de lire « Ce qui n'est pas écrit »…

[...]
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Ce qui n'est pas écrit n'est pas uniquement un thriller psychologique. Entre les lignes, ce qui est aussi écrit ressemble à un message subliminal adressé au lecteur, à une thèse sur le pouvoir que détient l'écrivain sur ses lecteurs, vus comme des victimes consentantes se laissant embarquer par un scénario que l'écrivain, seul maître à bord, décide. de leur côté, les lecteurs peuvent cependant modeler l'histoire en fonction de leur interprétation des non-dits et de leurs angoisses personnelles qu'ils projettent dans le livre. Il existe donc autant de lectures que de lecteurs, et celles-ci, bien sûr, échappent à l'écrivain.
La construction du thriller est articulée selon les bases classiques d'une histoire racontée à plusieurs voix, mettant en scène trois récits différents évoluant dans leur référentiel propre, sans interconnexion (c'est voulu), mais dont les effets de miroirs renvoient des éclairages d'une partie vers l'autre, créant par construction des superpositions, des réflexions, des perspectives nouvelles, mais peut-être aussi des illusions d'optique et quelques facétieux tours de passe-passe de l'auteur. L'écrivain est un illusionniste qui berne son lecteur.
Les trois récits permettent de tenir en haleine le lecteur grâce à l'alternance des chapitres qui s'achèvent toujours par un « cliffhanger » insoutenable. Les transitions sont élaborées par une petite astuce littéraire exploitant le principe des mots croisés, avec des définitions de mots à chercher. Si vous ne trouvez pas tout de suite, hop, tournez la page et commencez le chapitre suivant, qui commence par… le mot en question ! Une astuce comme une autre pour empêcher le lecteur de lâcher le bouquin !
Un thriller angoissant et plein de suspense donc, qui nous plonge d'emblée dans l'univers anxiogène d'une famille madrilène où tout n'est pas rose, ni le passé, ni le présent, ni même, très probablement, l'avenir. Couple séparé. Garde alternée. le mot divorce apparaît dès la quatrième ligne et donne le ton. le mot pipi apparaît dès la quinzième ligne (et ce ne sera pas pour la dernière fois !)
Le premier récit est celui de la mère, Carmen, qui a du mal à laisser son fils Jorge, quatorze ans, partir en week-end avec Carlos, le père, pour une randonnée en montagne « entre hommes ». D'autant plus que Carlos, écrivain en herbe, lui a laissé le manuscrit de son premier roman, à lire au cours du wee-kend. « Je veux que toi, tu le lises », lui a-t-il écrit. Ce roman recèle-t-il des messages à son intention ?
Le second récit est celui du père, Carlos, qui veut profiter de cette escapade pour mieux connaître ce fils qu'il n'a pas vu grandir, et qu'il voudrait façonner à son image, virile, dure. La confrontation entre le père et le fils va très vite être étouffante.
Le troisième récit est celui du manuscrit, un polar noir, très noir. le personnage principal du manuscrit est un truand, Riquelme, c'est aussi un clone fantasmé de Carlos, plus violent, plus brutal… Créé pour faire peur à Carmen ?
Les points de convergence entre l'histoire réelle du livre et le récit du manuscrit vont se multiplier, provoquant chez Carmen une extrême confusion (et parfois chez l'auteur aussi, semble-t-il, les images de la fiction et de la réalité finissent par se confondre un peu).
Si la violence physique est omniprésente dans le manuscrit, récit fictif, la violence n'est pour autant pas absente des autres récits. Cette violence, psychologique, alimente le moteur de l'angoisse et du suspense.
Pour Rafael Reig, ce trop plein de tension psychologique nécessite d'être équilibré par quelques éléments plus légers du récit, permettant ainsi de relâcher la pression. A cet effet, l'auteur fait très vite retomber le lecteur de la sphère psychologique à la sphère physiologique. Ainsi, pour faire bonne mesure, le fils fait plusieurs fois pipi sur lui, la mère se masturbe, le père compare la taille de son pénis avec tout ce qu'il trouve, l'urine sert à éteindre les feux de camp, le fils pète sous la tente, le crachat se mélange aux larmes, le truand libidineux défèque sur sa victime, le sperme jaillit, le sang coule, les morceaux de cervelle éclaboussent, et j'en passe. Ouf, ça défoule…
Malgré la belle construction intello de ce roman, il faut admettre une certaine propension à la description de scènes extrêmement glauques tout au long de ses pages.
Le 1 horizontal, en dix lettres. Aptitude à excuser, à pardonner les fautes, à ne pas les sanctionner sévèrement.
Indulgence. Quelques bonnes étoiles peuvent néanmoins être attribuées au roman, pour l'efficacité du suspense. Mais attention, malgré le contexte d'une opération Masse critique propice à l'indulgence, ceci n'était pas écrit d'avance !
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La famille est le lieu de toutes les perversions, à moins que ce ne soit la littérature … et son principal coupable, l'écrivain … ou encore l'imagination du lecteur…

Avec ce roman policier à trois voies, Rafael Reig manipule le lecteur pour qu'il imagine le pire dans «Ce qui n'est pas écrit».

Carlos, un père de famille divorcé, enragé de ses rêves de grandeur jusqu'alors défaits, et en manque d'amour de son fils dont il a été séparé pendant un an à cause de ses violences, vient chercher chez son ex-femme Carmen l'adolescent de quatorze ans, Jorge, pour passer trois jours en montagne avec lui. Après leur départ, Carmen découvre le manuscrit d'un roman au titre inquiétant, «Sur la femme morte», abandonné par Carlos comme un caillou blanc dans son appartement, avec une note l'enjoignant à le lire.

Les trois fils alternés du récit, celui du roman – l'enlèvement d'une jeune femme par une bande de truands pathétiques -, l'excursion en montagne d'un père manipulateur et pervers et de son fils paralysé par la culpabilité, et la peur croissante de Carmen restée seule, au fur et à mesure qu'elle découvre le roman de Carlos, qu'elle lit et interprète comme une menace voilée à l'encontre de Jorge, convergent et semblent par moments se superposer. À moins que l'angoisse ne naisse que de l'imagination débordante de Carmen, et de sa culpabilité vis-à-vis de Carlos et de son fils ?

Avec des personnages aux personnalités et perversions manquant un peu de nuances, mais une construction terriblement habile, ce roman qui se lit d'une traite, est un thriller oppressant et efficace.

Avertissement final : Surtout ne lisez pas la quatrième de couverture, elle contient un malheureux «spoiler».

"Elle embrassa Jorge et les vit descendre ensemble, le père et le fils, enfermés dans la cage de verre de l'ascenseur.
Vues d'en haut, leurs têtes ressemblaient à deux pierres de rivière lancées au fond d'un puits, chacune avec son sac à dos sur les épaules."

"Elle a besoin de continuer à lire pour savoir ce qu'il y a derrière cette fenêtre de mots, mais elle a peur de s'exposer, d'être lue quand elle lit."
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Dans le cadre de l'opération Masse Critique...
Merci à Babelio et aux éditions Métailié.

Comme toujours, cette critique s'adresse à ceux et celles qui ont déjà lu l'ouvrage et non aux personnes cherchant l'idée de leur prochaine lecture (car je vais dévoiler pas mal de choses).

Encore une fois, je vais séparer ma critique en trois points : la forme, le fond et mon point du vue.

1) La forme

C'est un ouvrage travaillé que nous avons là, avec une première de couverture intrigante qui renseigne aussitôt sur le registre (thriller). le format est assez agréable avec une couverture souple ce qui en fait donc un livre que l'on peut emporter partout sans problème.

En ce qui concerne l'intérieur, le corps de police est assez grand, de même que l'interlignage, ce qui permet une bonne fluidité de lecture. de plus, le texte est organisé en courts chapitres (6 pages en moyenne) allant par trois (je reviendrai sur ce petit "rituel" un peu plus loin), donc il permet aux lecteurs de suivre une lecture par étapes et s'arrêter quand bon leur semble (très important pour moi qui aime bien finir de lire ce que j'ai commencé).

Enfin la quatrième de couverture est pour moi le gros défaut majeur du livre (je parle toujours de l'objet-livre). En effet, je sais qu'un texte de quatrième doit inciter le lecteur à lire le livre mais là, il en dit beaucoup trop ! Il révèle l'histoire jusqu'à plus de la moitié du livre et du coup le lecteur avance sans surprise. Donc gros point noir pour moi de ce côté là : il faut laisser du suspens...

2) le fond

Premièrement, je trouve l'histoire extrêmement captivante et le procédé narratif très original. L'auteur a réussi à habituer son lecteur à un rituel très simple : d'abord Carmen qui lit le roman, puis le roman, puis l'escapade camping entre le père et le fils. Et évidemment, les liens entre ces trois histoires sont omniprésents et on se prend à ce jeu inévitable de "lire entre les lignes".

À chaque chapitre, on s'attend à ce que tout bascule. Comme Carmen, on se met à interpréter chaque mot du roman de Carlos.

À de nombreuses reprises, Carmen évoque le fait que le lecteur lit aussi ce qu'il a envie de lire, ce qui s'applique bien sûr à nous. Et justement, plusieurs questions restent en suspens même après la fin (Quelle idée Carlos avait en tête en confiant son manuscrit à Carmen, si idée il avait ? Que s'est-il passé entre Yolanda et Jorge ? Qui des deux a provoqué l'autre ? Qu'y a t-il d'écrit sur les deux dernières pages du manuscrit de Carlos ?...) ce qui implique que chaque lecteur va créer sa propre histoire, avec ses propres réponses à ces questions.

3) Mon avis personnel

J'ai beaucoup accroché et j'ai trouvé que la lecture par étapes (avec les trois histoires successives) rendait l'ouvrage plus prenant.

Les personnages sont attachants (même si un peu trop torturés à mon goût), l'angoisse monte crescendo et on se met vraiment à attendre ce moment où tout va basculer.

Personnellement, je ne m'attendais pas du tout à cette fin dramatique. Je pensais que Rafael Reig était en fait en train de noyer le poisson, d'induire le lecteur en erreur afin qu'il s'imagine le pire pour qu'au final... il ne se passe rien de dramatique (dans la vie réelle, je ne parle pas du roman). Et pourtant si ! Je dois l'avouer, en tant que lecteur, j'ai été bien eu.

La fin est toutefois un peu trop expédiée et aurait mérité quelques pages de plus, afin d'accentuer le tournant encore plus sombre que prend le roman.

J'ai adoré le clin d'oeil à la fin, sur les trois corps à la morgue et l'homme à la joue en sang attendant pour reconnaître sa fille.
Comme si le roman était en fait réel et se déroulait en même temps que l'histoire. Comme si Carmen, en lisant le roman de son ex-mari, lui avait donné vie. C'est je pense le message essentiel que veut véhiculer l'auteur ici : l'auteur ne fait que 50 % du travail et laisse aux lecteurs le loisir de finir son oeuvre. Ainsi, il y a autant d'histoires différentes que de lecteurs, car chacun y met son ressenti, ses expériences, ses craintes, ses désirs...

Je trouve amplement mérité que cet auteur ait reçu un prix littéraire pour cet ouvrage, qui est particulièrement efficace, et surtout, très original.
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Livre lu dans le cadre de l'opération Masse critique, organisée par le site Babelio. Merci beaucoup à eux, ainsi qu'aux éditions Métailié, pour la découverte de ce roman.

Jorge, quatorze ans, est anxieux. Il attend son père Carlos, qui l'emmène en montagne pour un week-end entre hommes. Les relations entre eux ne sont pas simples. L'adolescent a l'impression que quoi qu'il fasse, il décevra ce père qu'il connaît peu car le divorce de ses parents a été douloureux et les a séparés. Quant à Carlos, il est agacé par ce fils gauche et empâté, qu'il juge surprotégé par une mère possessive. Après le départ de son fils, Carmen, la mère, découvre que Carlos a déposé dans l'appartement, sans le lui dire, le manuscrit de son premier roman. Un roman policier très noir dans lequel elle se plonge immédiatement, et dont la lecture fait naître en elle une angoisse grandissante. Car cette histoire entre en résonance avec le vécu de leur couple, et elle est convaincue que son ex-mari, par ce biais, veut lui faire passer un message.

Et si l'angoisse monte chez Carmen, elle monte également très vite chez le lecteur, dans ce récit à trois niveaux de lecture où les chapitres alternent la narration des différentes étapes de la randonnée, la lecture que fait Carmen du manuscrit, et enfin le manuscrit lui-même (dont le héros se nomme Antonio Riquelme). Angoisse car le week-end ne va bien sûr pas être un moment de réconciliation entre le père et son fils. Carlos est un alcoolique dépendant désespérément du whisky pour pouvoir avancer dans la vie, et le lecteur craint à tout moment qu'un drame ne survienne. Cette crainte s'accroît lorsque, comme Carmen, il croit déceler des avertissements et des messages dans le manuscrit de ce roman particulièrement noir et violent, dont le sujet est un enlèvement. D'autant plus que son personnage principal, Riquelme, présente des ressemblances avec Carlos. Bref, l'angoisse naît de ce qui est écrit, et surtout de ce qui n'est pas écrit. de ce que le lecteur imagine d'après les suggestions de l'auteur.

En cela, ce livre diablement bien ficelé est bien plus qu'un simple roman noir. C'est aussi une réflexion sur l'écriture, sur son pouvoir et celui de l'auteur qui crée une oeuvre littéraire. Lorsque l'histoire s'achève, on en ressort troublé et avec des questions qui demeurent. Où la réalité a-t-elle rejoint la fiction ? Où était-elle vraiment dans ces trois niveaux de lecture ? Au final, qui a manipulé qui ? Ces questions, loin de laisser le lecteur sur sa faim, achèvent de le convaincre qu'il vient de refermer un excellent roman, écrit par un auteur dont il faut retenir le nom.

Lien : http://tassedethe.unblog.fr
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Carlos emmène son fils Jorge en montagne pour le week-end. Carmen, son ex-compagne et la mère de l'enfant, tombe sur le manuscrit d'un polar laissé par Carlos. Au fil de sa lecture, elle y voit des menaces à peine voilées et des sous-entendus inquiétants. Elle appelle Jorge mais celui-ci ne répond plus…
Première traduction en français d'un auteur espagnol ayant remporté plusieurs prix pour son oeuvre. L'auteur a une parfaite maitrise de ses intrigues.Ce roman noir est construit comme un thriller psychologique. Il basé sur les frustrations et les rancoeurs de chacun des quatre personnages principaux. La mère, Carmen envahissante voire castratrice, le père, Carlos, absent puisque divorcé d'office. le fils, Jorge, pris en étau entre cette mère trop aimante et ce père qui cherche à se faire une place. Enfin l'ex futur maîtresse, Yolanda, qui a rongé son frein durant tout le temps qu'à durée le mariage de son amant et qui maintenant veut la place qui lui revient de droit.
L'auteur met en scène, en la personne de Carlos, un écrivain qui aimerait devenir un auteur à succès de roman policier. Et c'est à travers son polar que l'on découvre une partie de l'intrigue. La construction et l'idée du roman dans le roman sont géniales. Cette mise en abîme permet de jouer sur les rôles respectif de l'auteur et du lecteur dans cette double histoire. Ce « va et vient » interactif permet ainsi de dédoubler l'angoisse et le tension psychologique qui en résultent. Et inéluctablement, Rafael Reig nous entraîne vers une fin irrémédiablement noir.
C'est remarquablement fait. Parfaitement maîtrise. Une réussite.
Lien : https://collectifpolar.com
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Je suis toujours ravie de découvrir des petites perles comme ce roman-ci. Je ne savais pas exactement à quoi m'attendre en postulant pour ce titre, mais le résumé m'a suffisamment intriguée pour que je tente l'aventure. Quel plaisir de découvrir un livre qui sort des sentiers battus et qui mélange fiction et réalité avec délice, nous emportant dans une histoire palpitante à suivre.

Carlos est un homme qui survit comme il peut. Sa vie est partie en vrille, sa femme est partie, il voit son fils Jorge très peu et il n'arrive pas du tout à communiquer avec lui. Il décide alors de l'emmener à la montagne dans une sortie entre hommes, mais rien ne se passera finalement comme prévu. Restée seule, Carmen, la mère de Jorge, se pose beaucoup de questions quand à cette sortie et encore plus quand elle se met à lire le dernier manuscrit de son ex qu'il lui a confié juste avant d'emmener son fils. Un manuscrit qui ressemble étrangement à une confession de bien mauvaise augure.

J'ai adoré la présentation de ce roman entre chapitres se passant à la montagne, en ville chez Carmen et extraits du roman. Car le livre de Carlos prend une part importante dans ce récit, comme un roman dans le roman, ce qui rend la lecture très originale et palpitante. Chaque avancée dans la fiction, nous fait craindre le pire pour la sortie entre "hommes". Carlos va-t-il faire quelque chose? Est-il vraiment au bout du rouleau? A-t-il commis un acte reprochable? Tant de questions qui vont nous accompagner durant toute notre lecture et qui vont créer une certaine tension psychologique bien heureuse.

Si ici nous ne sommes pas en présence d'un thriller à proprement parler mais plutôt d'un polar, le côté plus calme permet une plongée plus en profondeur dans la psychologie des personnages. Cela permet de poser les bases d'un univers sombre, mêlant tensions, craintes et révélations, de quoi contenter tous les lecteurs de romans policier.

En bref, un polar comme je les aime qui nous offre un récit inattendu et original. Un livre qui se lit non-stop de bout en bout!
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Carlos emmène son fils ado Jorge (avec qui il ne vit plus) passer un week-end en montagne pour resserrer les liens entre eux. Mais il est rapidement agacé de découvrir que son fils n'est pas comme il l'espérait et surtout, Jorge a manifestement peur de lui. Pendant le temps de leur randonnée, Carmen, la mère de Jorge et ex-femme de Carlos, feuillette le manuscrit que ce dernier a oublié chez elle en venant chercher leur fils et peu à peu, cette lecture la met mal à l'aise : elle croit voir dans cette histoire d'enlèvement une intention de faire du mal à son fils...

Merci à Babelio et aux éditions Métailié pour l'envoi de ce roman dans le cadre de l'opération Masse Critique ! J'ai découvert un auteur que je n'aurais probablement jamais lu et une oeuvre très intéressante et très prenante. S'il m'a été un peu difficile d'y entrer dans les premiers chapitres (à cause de l'alternance des points de vue, une technique littéraire avec laquelle j'ai toujours eu du mal), j'ai ensuite été happée par l'atmosphère sombre et pesante de cette histoire dont le suspense va croissant jusqu'au dénouement que j'ai ressenti, un peu à la manière de Carmen, comme une délivrance... le style de l'auteur se met au service d'une véritable atmosphère qui se construit peu à peu, poisseuse, violente, comme le poison du doute qui envahit Carmen à la lecture du manuscrit de Carlos et qui ne cesse de se demander s'il joue avec elle ou s'il y a un message caché dans ce texte. Tout est précis, minutieusement construit (un peu à la manière d'un mot croisé, ceux qui liront le livre sauront de quoi je parle), c'est un roman assez fascinant, bien que très glauque. J'ai trouvé la fin très habile et j'ai désormais bien envie de lire James Hadley Chase, auquel un hommage subtil est rendu. Une excellente découverte !
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Au début j'ai été assez déroutée. Car si l'auteur a le mérite de rentrer directement dans le vif du sujet, sans tourner autour du pot ou faire quelques longueurs inutiles, j'avoue avoir eu du mal à vraiment rentrer dans l'histoire. En fait, j'avais l'impression que quelque chose m'échappait, sans trop savoir quoi. En même temps, il s'agit d'un thriller, et le propre du thriller est bien de semer le doute dans l'esprit du lecteur.
Et puis j'ai fini par vraiment accrocher à l'histoire, à l'écriture et aux personnages.

Ici, l'auteur nous livre une histoire qui alterne réalité et fiction. En effet, entre les points de vus des protagonistes, se trouve insérée la fiction qu'est en train de lire Carmen, la mère. Et au fur et à mesure, on comprend l'importance que va prendre ce roman dans le roman, sur Carmen.
Au début, j'ai eu du mal à voir le rapport qu'il pouvait y avoir entre le réel et le fiction, puis au fil des pages il se fait plus clair, et ainsi on devine le trouble qu'il peut causer à Carmen, on comprend pourquoi elle se met à craindre pour son fils Jorge, on en apprend plus sur sa relation avec Carlos, son ex mari.
Les personnages, tous autant qu'ils sont, ont un côté psychologique que j'ai trouvé très perturbant. On comprend rapidement que les relations entre eux est loin d'être évidente. Entre Carmen qui a tendance à trop couver Jorge, Carlos qui voudrait que Jorge soit moins bébé et plus homme, et Jorge lui-même qui ne sait plus où se situer, ce relations se font instables. Et puis il y a aussi cette ambigüités sur les sentiments de Carlos envers son fils. Car le père désire ardemment reconquérir l'amour de son fils pour lui, et en même temps je n'ai pu m'empêcher de me demander si c'était un réel amour père/fils qu'il recherchait, ou bien si Jorge n'était pas qu'un simple instrument de vengeance envers sa mère.

Ce qui n'est pas écrit est donc un très bon thriller, qui tient en haleine jusqu'au bout. J'ai aimé l'originalité du style narratif. J'aurais tout de même un bémol à mettre : Dans le roman il est fait référence à Pas d'orchidées pour Miss Blandish, de James Hadley Chase, or l'un des personnages raconte la fin du livre. le truc c'est que je n'ai jamais lu le livre, ni vu le film, sauf que maintenant je sais comment ça se termine. Et moi, j'aime pas qu'on me raconte la fin d'une histoire que je ne connais pas. Surtout lorsqu'il s'agit d'une fin si particulière.
Lien : http://desliresdestoiles.wor..
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