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sur 1833 notes
Aïe, une fois de plus, j'ai lu un roman comme on marche pieds nus sur les galets. Entre douleur et perte d'équilibre, j'ai avancé cahin caha sur la plage des pages d'Eric Reinhardt, attentive à chaque mot, à chaque émotion, m'appliquant sincèrement à y dénicher les formes séduisantes ou torturées, les formes mystérieuses qui intriguent et dans lesquelles se niche la magie du temps et de la nature…

En vain ai-je cherché.

De poésie, je n'en ai pas trouvée ; à peine quelques jolies phrases aussi fugaces que des papillons impossibles à prendre au filet.
De séduction, je n'en ai pas trouvée ; à la place, des scènes de sexe quasi cliniques, aussi dénuées de sensualité que de sensibilité.
La sincérité, le naturel, je ne les ai pas trouvés, dérobés à mes regards par le style pompeux, souvent prétentieux, d'un auteur poseur qui, selon l'expression consacrée "se regarde écrire". Le narrateur m'a donné la pénible impression de se masturber à chaque ligne (et pas seulement dans le train).
D'amour - ce que je nomme vraiment "amour" -, peu de traces tangibles mais un court mirage né en quelques clics sur internet et étouffé dans l'oeuf.
Par contre, des forêts, une multitude, je rends à César... Des forêts denses, sombres, impénétrables, encombrées de taillis de mensonges, d'ornières de malheurs, de fûts de violence, d'écorces de haine et de lichens de psychologie, souvent facile et superficielle.

Arrivée au bout de la promenade, j'ai quitté la plage, soûlée d'ennui et déçue dans ma quête ; je ne saurai jamais pourquoi ce titre s'était gravé dans mon cerveau comme un message d'optimisme et d'élévation, je me sens fatalement dupée ; j'ai eu froid, j'ai eu faim d'une beauté qu'on s'est obstiné à me refuser. Bénédicte Ombredanne (quel nom !) fut malheureuse, il semble en effet qu'elle ait été injustement désignée pour subir et souffrir, toute sa vie, elle se sera enlisée dans le malheur, feignant de ne pas voir les issues de secours qui bordaient sa route... Une âme torturée, nulle part à sa place, une âme qui aurait voulu vivre en héroïne et qui n'aura été que victime.

Un récit triste et plombant.
Après, si vous rêvez d'apprendre à tirer à l'arc ou de visiter une clinique psychiatrique vintage, foncez.


Challenge de lecture 2015 - Un livre recommandé par un ami
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Il était une fois Bénédicte Ombredanne, intelligente, agrégée de lettres passionnée de littérature, belle, âgée de trente-six ans, mariée, deux enfants. Elle avait à l'aube de sa vie adulte tout pour être heureuse, une famille aimante, une boulimique et joyeuse envie de vivre. Un portrait d'une jeune femme d'aujourd'hui dans lequel de nombreuses lectrices pourraient probablement glaner des éléments d'identification.

Mais voilà, les parcours de vie apparemment tout tracés achoppent souvent aux vicissitudes du réel et comme dirait un duo célèbre : les histoires d'amour finissent mal, en général !

Éric Reinhardt, par un procédé d'auto-fiction ingénieux nous l'annonce dès le premier chapitre : il a rencontré en 2008 cette lectrice, ému par une lettre admirable qu'il a reçue à la suite de la parution d'un de ses romans. Ayant ressenti des failles chez cette femme, il a poussé l'investigation - le roman - pour découvrir son histoire, et offrir ici le portrait subtil d'une héroïne au bord du gouffre, compatissant certes, mais non complaisant, car elle semble bien s'être laissée enfermée progressivement Bénédicte, à force de renoncements personnels face à un mari, ami d'enfance terne et sans grande envergure, et deux enfants égoïstes.

Alors naturellement, un jour, elle aspire à se retrouver, à jouir davantage de la vie, à ne plus subir, à " un âge auquel il est impardonnable de se priver des plaisirs, des jouissances, des richesses et des gratifications qu'on est en droit d'attendre de la réalité quand on est une femme sensible, intelligente et cultivée. "
Sur un coup de tête, elle s'inscrit sur Meetic - quelques savoureux échanges virtuels - et rencontre Christian, antiquaire habitant à l'orée d'une forêt qui se propose de l'initier au tir à l'arc et plus si affinités.
Pour la suite, ne comptez pas sur moi. Il faut se laisser embarquer dans les valses-hésitations de Bénédicte, la jalousie maladive de son mari, les révélations de sa soeur...l'héroïne brièvement heureuse n'est malheureusement pas tirée d'affaire, empêtrée dans ses contradictions et atermoiements, elle peine à récupérer les rênes de son existence.

Ce roman de révolte d'une femme, mais aussi de l'auteur me semble-t-il, face au harcèlement conjugal et aux renoncements quotidiens d'une épouse et mère est un bijou de précision psychologique, à l'écriture fluide et agréable.
La tension entre Bénédicte et son mari devient insoutenable au fil du roman, la joie et le plaisir qu'elle parvient à arracher au quotidien ne faisant que péniblement contrepoids.
On a souvent envie de la secouer Bénédicte, signe que l'alchimie romanesque opère, d'autant que plusieurs occasions se présentent à elle pour s'échapper, enfin, dont en filigrane le bonheur de l'écriture qu'elle redécouvre.
" Quel bonheur que d'écrire, quel bonheur que de pouvoir, la nuit, souvent la nuit, s'introduire en soi et dépeindre ce qu'on y voit, ce qu'on y sent, ce qu'on entend que murmurent les souvenirs, la nostalgie ou le besoin de retrouver intacte sa propre grâce évanouie, évanouie dans la réalité mais bien vivante au fond de soi..."

Un magnifique roman témoignage qui peut et souhaite peut-être servir de signal d'alarme aux héroïnes du quotidien.
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Ce roman m'a littéralement bouleversée, le coeur serré et les larmes aux yeux, je referme la dernière page de cette terrible histoire.

Bénédicte Ombredanne, trentenaire, agrégée de lettres, se prend d'affection pour l'écrivain Eric Reinhardt suite à la lecture de son roman. L'écrivain se retrouve bouleversé à son tour par cette femme qui semble avoir accusé les mauvais coups toute sa vie. Il nous raconte son histoire.

L'histoire d'une femme emmurée dans une relation toxique, malsaine, destructive, elle se sent prisonnière, ligotée de toute part. Son mari Jean-François est un homme ignoble, un tortionnaire sans coeur. Après une énième dispute violente, Bénédicte n'en peut plus, elle s'inscrit sur Meetic et sur ce marché de l'amour, elle rencontrera Christian, le cupidon de l'amour avec son arc à flèches. Bénédicte se précipite la gueule ouverte, le coeur pendant, la bouche asséchée dans cette rencontre sans lendemain. Tout va très vite. Tout est beau, tout est puissant, la passion, le désir, le bonheur, la simplicité d'être un peu aimée pour ce qu'elle est. Les pages sont comme un rayon de soleil dans la forêt noire, une lumière qui enveloppe ces deux-là avant l'orage. Car ce qui attend Bénédicte à son retour ressemble fort à l'enfer.

La forêt, de manière allégorique est très bien mise en avant ici, que ce soit à travers tous les dangers que celle-ci recèle, l'ombre qu'elle laisse planer sur ses promeneurs, la liberté d'attraper la lumière pour grandir encore, Bénédicte est une femme meurtrie, prisonnière de son mari, mais chez qui brûle une lumière et une envie de liberté magistrale. Qui n'aura de cesse d'être étouffée par le mépris et l'indifférence des siens.

Un roman bouleversant et d'une tristesse infinie où l'agonie d'une femme est travaillée avec brio, une psychologie à fleur de peau pour décrire les ravages de la perversion, une femme comme bien d'autres qui ne s'en sortira pas indemne comme bon nombres de lecteurs...
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Pour mon premier Reinhardt, je m'attendais à un livre bouleversant et réussit. Les critiques élogieuses abondaient dans ce sens. Mais voilà en ce qui me concerne, pour « L'amour et les forêts », je serais bien moins emballé que la plupart. Car, je me suis profondément ennuyé sur la première partie du livre, entre des discussions sur Meetic, un cours sur l'utilisation d'un archer et une certaine préciosité de Reinhardt, ma déception était à la hauteur de l'envie. Et puis, tout à coup, Reinhardt cesse enfin de se regarder écrire et par la voix de la soeur jumelle de Bénédicte Ombredanne, le roman prend enfin son envol. Et là ça devient bouleversant. La souffrance morale, physique de Bénédicte vous éclate à la figure. Comme sa soeur, on aimerait la prendre dans nos bras et la consoler de cet enfer familial. On se révolte devant ce mari abominable dans la manipulation. Et l'on termine le coeur chaviré par les drames vécue par cette femme. « le système Victoria » m'attend maintenant, histoire de me faire une idée plus précise de cet auteur couronné par le Renaudot des lycéens.
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Bénédicte Ombredanne désire rencontrer l'auteur car elle a beaucoup aimé son dernier livre. Elle lui raconte sa vie difficile, auprès d'un mari pervers, harceleur, Jean-François, qui lui fait subir tous les jours une maltraitance psychologique sans bornes.
Bénédicte est agrégée de lettres et enseigne dans un collège. Elle a deux enfants Lola et Arthur dont elle suit les études de très près. Chaque instant de son existence est contrôlé par son mari, elle doit justifier son emploi du temps sans arrêt, n'a pas le droit d'avoir un portable car elle pourrait lui échapper, c'est lui qui l'appelle, qui gère le budget au centime près et se met en colère dès que les explications de Bénédicte ne sont pas suffisamment claires.
Un soir, en rentrant, elle le trouve les yeux rivés sur l'écran de télévision, hurlant dès que les enfants prononcent un mot, car on parle de harcèlement moral et il se reconnaît dans le tableau décrit par les femmes qui témoignent. Il passe une partie de la nuit à pleurer et bien sûr, c'est sa femme qui le console.
Cette nuit-là, persuadée qu'il est conscient de son problème, elle a une furieuse envie de liberté, s'inscrit sur Meetic et discute notamment avec un homme qui lui plaît, Christian et qu'elle finit par rencontrer pour passer avec lui une journée mémorable.
Comment va-t-elle réagir après cette rencontre ? Prendre sa vie en mains ? Je vous le laisse découvrir.

Ce que j'en pense :

J'aime beaucoup ce livre. J'ai eu un coup de foudre en regardant la grande librairie où l'auteur a raconté comment est né ce livre. Si on aime les longues phrases, à la Balzac... un thème difficile qui est abordé sans tabou, cette lecture ne peut pas laisser indifférent à plus d'un titre.
L'écriture est très belle, musicale. Enfin un auteur qui fait de belles et longues phrases et ne s'arrête pas à sujet, verbe, complément. Qu'il parle d'un paysage, des arbres dans la forêt, ou qu'il parle des affects, du ressenti et de la fragilité de son héroïne.
Au début, c'est léger, la rencontre entre l'auteur et Bénédicte, leurs conversations dans le bar… et tout à coup la violence surgit et on hésite à continuer à lire, car elle est décrite de façon très réaliste, les mots sont percutants. J'ai détesté Jean-François viscéralement, avec une sombre envie de meurtre et je me demandais pourquoi elle restait, elle, si brillante par rapport à lui, pauvre aussi bien intellectuellement qu'affectivement. On le voit enfermer progressivement sa femme, l'isoler, la surveillant sans cesse avec perversité.

Bref, un livre poignant, sublime et tellement juste qui ne m'a pas laissée indemne, et qui fait réfléchir face à ce fléau. Certes, je suis dithyrambique, mais c'est justifié et je pense qu'il touchera beaucoup de lecteurs, peut-être davantage les amoureux des belles phrases, remplies de musicalité. Donc : coup de coeur, pépite.

Note : 9,2/10

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Je ne ferai pas un long commentaire car tout a déjà été écrit à propos de ce roman!
Suite à un échange épistolaire Eric Reinhardt rencontre une de ses lectrices: Bénédicte Ombredanne,jeune femme cultivée,agrégée de lettres, mére de deux enfants, victime de harcèlement conjugal par un homme tyrannique, odieux et veule qui ne cesse de l'insulter et de l'humilier, il ne supporte pas qu'elle puisse rayonner et s'épanouir.....
Bénédicte Ombredanne vit un enfer quotidien, d'autant plus révoltant qu'il est vécu comme quelque chose de honteux!
Mais l'auteur construit aussi un roman dans le roman:
Que connaît- on au juste de soi?
Que sait- on des pouvoirs de l'autre?
De quoi sont tissées nos existences?
Qu'est-on capable d'offrir de soi?
Ce roman bouscule le lecteur, l'indigne, le stupéfie,l'émeut, le fascine....
C'est un ouvrage puissant, profond, érudit, ambigu, poignant, un récit sur la condition de la femme dont on ne sort pas indemne...il rend hommage à la puissance de l'écriture et ses mécanismes , à "ses pouvoirs magiques".
Il contient de très belles pages sur la littérature et le " bonheur de la lecture".
Écrire selon l'auteur c'est " être mordu de l'intérieur" par une espèce d'urgence à raconter, à transformer le monde en une oeuvre d'art à l'image de Bénédicte Ombredanne devenue sublimée par la grâce de la fiction.......
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L'amour et les forêts - Eric Reinhardt - Lu en Octobre 2017.
- Bénédicte Ombredanne, agrégée de lettres, épouse de Jean-François, manipulateur, harceleur, mère de deux enfants profondément égoïstes, Lola et Arthur.
- Christian, son amour d'une après-midi, rencontré sur internet.
- Marie-Claire Ombredanne épouse du frère de Jean-François, esthéticienne, sans enfants, soeur jumelle de Bénédicte.
- Eric, écrivain et narrateur.

Bénédicte Ombredanne, jeune femme intelligente, gaie, sociable mais manquant de confiance en elle, un peu fragile, mais ne se plaignant pas, après avoir lu le dernier livre d'un écrivain Eric, décide de lui parler de ce qu'elle endure au quotidien avec son mari. Entre eux se tisse un échange de courrier.
Un jour de révolte, elle s'inscrit su rle site de rencontre Meetic et décide de
rencontrer Christian qui paraît correspondre à ses attentes. Il est antiquaire et vit au milieu de la forêt. Entre eux, c'est le coup de foudre.
Ce fut le plus beau jour de sa vie qu'elle conservera dans sa mémoire.
Elle n'aura pas la force ni le courage de revoir Christian, elle a peur.
Son mari l'apprend et je vous laisse deviner sa descente en enfer.
Après une tentative de suicide, elle sera hospitalisée quelques jours malgré sa demande de rester plus longtemps.
Elle continuera à vivre sa triste vie pour finir par contracter un cancer que son mari nie absolument en lui disant que c'est "dans sa tête".
Cancer qui est à coup sûr une réaction violente due à son extrême mal-être psychologique.
Elle s'en est allée seule dans la nuit du 21 janvier 2011.
La seule personne qui a vraiment compris l'immense détresse de Bénédicte, c'est sa soeur jumelle Marie-Claire, mais il était déjà trop tard.
Qu'on aime ou pas cette histoire, elle nous montre cependant combien le harcèlement moral est destructeur pour la personne qui le subit et peut conduire à la mort.
Je dois avouer que je ne sors pas bien de cette lecture, je ressens un grand malaise, mais néanmoins, je ne voudrais pas ne pas avoir lu ce livre.

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Au moment d'attaquer mon petit commentaire je me documente un peu et découvre avec surprise la polémique lancée depuis presque un an autour de ce roman… Eric Reinhardt dénoncé pour contrefaçon et atteinte à la vie privée.

Allons bon.

Parlons donc un peu de l'histoire qui parle de l'histoire dont parle l'histoire de "L'amour et les forêts"…

Pour ce livre-ci l'auteur n'a jamais nié s'être inspiré de plusieurs témoignages féminins d'après lesquels il aurait imaginé son héroïne. Il part en outre d'une rencontre qu'il dit véridique : une lectrice lui écrivit un jour son admiration dans un long et touchant message à la suite duquel un lien plus personnel se tissa entre eux. Au fil des confidences réciproques elle révéla l'enfer conjugal dont elle était victime, faisant même parvenir à Reinhardt le début d'un manuscrit qu'elle avait entrepris d'écrire sur le sujet.

Inspiration d'accord, mais le bât blesse un chouia lorsque la lectrice sus-citée (notons l'allitération en S, c'est pour le côté suspicieux) découvre et affirme que "L'amour et les forêts" relate (presque) intégralement sa propre vie, identifiable au travers de flagrantes similitudes et de détails fort embarrassants pour elle qui plus outre. Certaines phrases issues de ses écrits auraient même été retranscrites mot pour mot dans le roman incriminé (légère allitération en cri pour le côté ça-craint).

Quoi qu'il en soit… Malaise.

Et au-delà de la controverse… malaise aussi, car l'histoire est sombre, qui oscille entre autofiction, fantasme et réalité. L'héroïne, pour le moins déroutante, apparaît comme pétrifiée dans ses idéaux déchus, victime presque inerte d'une conjugalité cauchemardesque qu'elle entend pourtant dissimuler coûte que coûte à l'ensemble de ses proches (que l'ami lecteur qui n'a pas été tenté ici de lui botter les fesses me jette la première bûche). Et puis bien sûr dans la famille Kesskonrigole je demande le mari, remarquable cas clinique de pervers manipulateur narcissique (le gros mot à la mode) du genre à vous pourrir l'entrain d'une escadrille de merles rieurs en moins de temps qu'il n'en faut à une militante écolo pour devenir ministre.

Pourtant j'ai aimé. J'ai aimé à nouveau l'écriture vigoureuse d'Eric Reinhardt qui m'avait auparavant captivée dans "Le système Victoria". J'ai aimé le principe d'autofiction dans lequel il se met en scène. J'ai aimé le portrait psychologique de ses personnages, quand bien même il semble parfois poussé à la limite de la caricature. J'ai aimé enfin cette représentation si édifiante du mécanisme abject de la manipulation mentale – on ne sait jamais ça peut servir. J'ai aimé ce roman Monsieur Reinhardt, et peut-être même vous écrirai-je un jour pour vous le faire savoir...


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Bon sang ... Quelle écriture de rêve ! Toute en métaphores et en poésie, j'ai eu l'impression de retrouver mes chers classiques lus très jeune ! Un enchantement !

Eric Reinhardt se met lui-même en scène lorsqu'il accepte de rencontrer Bénédicte Ombredanne, une lectrice admirative de son dernier livre et qui lui a écrit une merveilleuse lettre. Ils vont se rencontrer deux fois et correspondre par mails. L'auteur nous raconte la vie épouvantable que subit Bénédicte.

Bénédicte,jeune, était joyeuse et adorait la vie mais un revers amoureux d'importance l'a laissée en pleine dépression et c'est le moment que choisit Jean-François, son futur mari, pour lui faire des avances. Jean-François est aussi terne et insignifiant que Bénédicte était lumineuse et pétillante.
Occasion bénie pour Jean-François pour tenter de séduire cette demoiselle en détresse, voilà donc qu'il sert à quelque chose, qu'il a une aura toute neuve ce personnage falot . Dès leur mariage (que personne n'approuve), il va se comporter en superbe specimen de pervers narcissique, n'épargnant aucune insulte, aucun dénigrement à Bénédicte qui s'enfonce graduellement dans un renoncement à la vie, dans une image de plus en plus déplorable d'elle-même. J'ai lu ici et là qu'elle aurait dû se ressaisir, c'est facile à dire mais lorsque vous êtres la proie d'un P.N., qui souffle en permanence le chaud et le froid, vous perdez tous vos repères et toute confiance en vous. Jean-François dresse insidieusement leurs propres enfants contre leur mère ...

Un jour ou plutôt une nuit de révolte, elle s'inscrit sur Meetic, site de rencontres, et après quelques échanges burlesques avec quelques mâles en rut, elle découvre Christian. Ils décident de se rencontrer, se plaisent, tombent même amoureux. Christian lui propose même de l'épouser et de prendre soin de ses enfants comme un père. Mais voilà, l'opportunité de changer de vie ne convient pas à Bénédicte qui a pourtant passé la plus belle journée de sa vie en compagnie de Christian ... Elle a peur, on ne sait plus très bien de quoi si ce n'est de son mari et puis, à mon avis, c'est un peu tard, elle est déjà complètement détruite par Jean-François et n'ose plus rien entreprendre de son propre chef. Cette journée restera donc le seul point lumineux de sa triste vie.

Il faut bien comprendre la stratégie du pervers narcissique : être creux, coquille vide, il se nourrit de la substance de personnes intelligentes,douces, aimantes,consolatrices pour mieux tenter de s'approprier ces qualités qu'il ne possède point et pour cela c'est une véritable machine de démolition qu'il met en marche, ce qu'il préfère c'est faire passer son(sa) conjoint(e) pour fou(folle) ainsi non seulement plus personne n'accordera de crédit à ce que celui(celle)-ci raconte mais en outre le(la) victime se mettra elle-même à douter de son état mental et n'osera plus prendre de décision ! Je vous invite à lire le livre de Marie-France Hirigoyen "le harcèlement moral au quotidien" qui vous éclairera davantage que je ne puis le faire.


L'amour et les forêts est un livre dur,attachant mais également fortement actuel qui nous laisse désemparés devant la souffrance mortelle infligée aux victimes de P.N. le tout servi, je me répète par une écriture
remarquable. Je n'oublierai jamais ! ...

Et j'ajouterai que Bénédicte n'est en aucun cas une Emma Bovary des temps modernes, Charles, le mari d'Emma n'était pas un tortionnaire mais au contraire un brave gars, peu séduisant sans doute mais profondément gentil et épris de sa femme !
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Touché par la lettre de félicitations qu'elle lui a adressée après la lecture de son dernier roman, l'auteur/narrateur accepte de rencontrer Bénédicte Ombredanne. Au cours de leur second entretien, la jeune femme lui raconte le calvaire qu'elle vit au quotidien auprès de son mari, et ses rares tentatives pour sortir de cette domination étouffante.

Une fois n'est pas coutume, j'ai lu ce roman très rapidement après avoir vu son adaptation cinématographique par Valérie Donzelli. J'étais motivé par l'animation prochaine d'un débat sur le thème de l'emprise.

J'ai été enthousiasmé par la première partie du roman, rapportant le contenu des discussions entre le narrateur et Bénédicte Ombredanne, que l'auteur ne nomme jamais autrement, ce qui crée une ambiance très factuelle, type "témoignage de justice".
La seconde partie, qui relate un entretien avec Marie-Claire, la soeur jumelle de Bénédicte, m'a un peu déçu. Peut-être parce que cet échange vient nuancer la personnalité de la jeune femme et contrebalancer un peu la perversité de l'époux. Aussi sans doute, du fait de l'écriture ; j'y reviendrai.

Bénédicte, le personnage central du Roman, est présentée sous deux éclairages qui mettent en relief des facettes nuancées. le comportement du mari semble faire l'unanimité contre lui. Marie-Claire, la jumelle, semble plus équilibrée. On peut juste s'étonner, et cela contribue à créer des ombres dans le portrait de Bénédicte, qu'elle n'apparaisse jamais dans les propos de sa soeur.

La forme de la narration est intéressante. L'auteur y rend compte d'entretiens un peu comme s'il avait lui-même vécu les événements. La lecture est relativement aisée. le lecteur n'est pas perturbé par un excès de vocabulaire précieux ou un abus de figures de style.
J'ai cependant trouvé l'écriture de la seconde partie moins légère, moins fluide, que celle de la première. Dommage pour cet excellent roman qui aurait pu être un vrai coup de coeur.
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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