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Hadrian'S Wall tome 1 sur 2
EAN : 9782344011362
144 pages
Glénat Comics (12/10/2016)
3.81/5   8 notes
Résumé :
En 1985, les tensions entre les États-Unis et l'Union Soviétique ont abouti au désastre nucléaire. Pour trouver la paix, les deux superpuissances se sont associées pour établir ensemble la première colonie spatiale. Mais cent ans plus tard, en 2085, une nouvelle Guerre Froide est en train de naître entre la Terre et la Colonie. C'est dans ce contexte que vogue le Hadrian's Wall, un vaisseau chargé d'explorer l'espace interstellaire pour y répertorier les ressources ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome contient la première partie d'une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les épisodes 1 à 4 de la minisérie, initialement parus en 2016/2017, coécrits par Kyle Higgins & Alec Siegel, dessinés, encrés et mis en couleurs par Rod Reis, avec l'aide d'Eduardo Ferigato. L'histoire se termine dans Hadrian's Wall, tome 2. Ce commentaire porte sur l'histoire entière.

En 1985, la guerre nucléaire a éclaté : Moscou et New York ont été rasées par les bombes. Durant les décennies suivantes, les deux supers pouvoirs ont travaillé ensemble sur un programme de conquête spatiale. Un siècle plus tard, une nouvelle guerre froide pointe le bout de son nez, entre la Terre et la plus grande des colonies Theta. L'astronaute Edward Madigan a effectué une sortie dans l'espace, à l'extérieur du vaisseau Hadrian's Wall. Il est en train de le contempler quand la visière de son casque se fissure soudainement. Les fissures se propagent, l'air commencent à s'échapper. Soudain les visières cèdent complètement et il meurt sous l'effet de la décompression. Sur Terre, en 2085, à Seattle dans l'état de Washington, Simon Moore fait la queue dans une pharmacie pour obtenir ses médicaments. Il commence à se disputer avec le pharmacien sur la somme qu'il lui a rendue. Derrière lui dans la queue, les autres clients commencent à s'impatienter. Il cède à la pression et accepte le montant de monnaie. Il rentre chez lui sous la pluie. Dans la rue, il est accosté par Marshall Cameron qui lui conseille d'avoir les mains sèches pour ouvrir son tube de médicaments. Moore l'invite à monter chez lui en s'excusant du fait qu'il n'a rien à lui proposer à boire. Ils papotent : Moore explique qu'il est sous fort dosage d'antidouleurs depuis son divorce. Il demande à Cameron ce que lui vaut sa visite.

Marshall Cameron annonce à Moore qu'Edward Madigan est mort. Il ajoute que cela s'est passé durant une sortie dans l'espace, et que la compagnie Antares souhaite qu'il y ait une enquête, le montant de la mission étant de cent mille dollars. Moore indique que c'est hors de question : le défunt est celui qui lui a tiré dessus à quatre reprises, et en plus il a épousé son ex-femme. Il se souvient encore du temps où il était avec Annabelle Madigan à chanter à l'unisson les chansons de la radio en conduisant en bord de mer. Pendant la nuit, il reçoit un appel d'Annabelle qui se trouve à bord du vaisseau Hadrian's Wall : elle a appris que Cameron a proposé à Moore d'enquêter sur la mort de son mari, et elle lui demande expressément de ne pas venir. Quelques jours plus tard, il est à bord d'une navette qui l'emmène vers le vaisseau. Il a relu plusieurs fois le dossier et il l'a mémorisé. L'équipage se compose de quatre américains, deux russes, un japonais, un français et un autre né sur la colonie Theta. Cameron explique que les vaisseaux comme Hadrian's Wall effectuent des sauts dans l'espace et recherchent des ressources naturelles dans le système solaire où ils arrivent. le voyage se termine. Une fois à bord et les présentations faites, Simon Moore va interroger un à un les membres de l'équipage pour essayer de reconstituer les faits : Atsuto Drekker le capitaine, Leonid Kharlamov (chercheur en médecine), Selina Laurent (astrophysicienne), Lillian Philson (botaniste), Franklin Gilbert (biologiste), Annabelle Madigan (chimiste), Tania Chelomey (spécialiste de mission), Gustiv Peloman (spécialiste en chef).

La couverture et la séquence d'ouverture établissent clairement le genre du récit : de la science-fiction, à une époque où les voyages spatiaux sont possibles, mais pas la norme. le court texte introductif évoque une guerre nucléaire, mais en fait sans incidence sur le déroulement du récit. le lecteur est fortement impressionné par cette séquence d'ouverture : le rendu mélange une technique de couleur directe avec quelques surfaces détourées par un trait encré. Il est probable que le tout ait été fait à l'infographie avec un outil permettant de reproduire à la perfection l'effet de la peinture et d'intégrer des effets spéciaux pointus, comme le verre de la visière se fendillant suivant de nombreuses lignes de rupture. L'artiste n'opte pas pour un rendu flambant neuf avec des surfaces rutilantes et polies, des couleurs chatoyantes avec des dégradés progressifs, mais pour des coups de pinceau visibles par endroit, des surfaces plus ternes, un éclairage plus dur. Cette séquence d'ouverture est une très grande réussite, tant visuelle qu'horrifique quant aux conditions de la mort de cet homme. Puis les auteurs entrent dans la phase narrative principale : suivre Simon Moore, ancien policier, dans une enquête sur la mort de cet astronaute, a priori un simple accident. L'ambiance sur Terre est plus proche de la réalité contemporaine, sauf pour ce qui est de l'intérieur de l'appartement de Moore, totalement immaculé.

Le principe d'une enquête policière est souvent délicat à mettre en scène dans une bande dessinée car elle conduit souvent à des scènes où les personnages ne font que parler pour échanger des informations ou pour des interrogatoires, et leur nature artificielle ressort plus fortement avec des dessins montrant les protagonistes en cadrage assez serré dans une suite de case avec des têtes en train de parler. L'artiste ne parvient pas totalement à échapper à ces mises en scène, mais elles sont assez espacées, avec un jeu d'acteur adapté pour que la narration visuelle n'en devienne pas pesante. En outre, l'intrigue est telle que les démarches de l'enquête sont régulièrement contrariées par des événements extérieurs qui ont une nature plus visuelle. le lecteur prend donc patience car lesdits événements apportent également des informations sur la situation globale, sur le contexte. le scénario est bien ficelé et le lecteur ne peut pas s'empêcher de supputer sur la culpabilité de deux ou trois membres de l'équipage, voire sur la fiabilité des observations de Simon Moore qui traverse une phase de sevrage sévère. Sur ce plan-là, l'histoire s'avère prenante et elle relève d'une forme de polar assez déstabilisante. Effectivement l'enquête fait ressortir des conflits d'intérêt personnels, mais aussi politiques, et économiques, ainsi qu'une forme de terrorisme. le lecteur peut s'interroger sur l'effet d'une telle mise en lumière systémique qui s'applique sur un univers fictionnel, et pas sur la réalité.

Le récit comprend également un mystère sur la mission réelle du vaisseau d'exploration à la recherche de ressources minières, ainsi qu'une dimension mélodramatique. Ces deux composantes apparaissent progressivement. En effet le décès de l'astronaute est lié à la mission de l'équipage. Cette facette du récit s'accompagne de visuels du vaisseau, et de quelques éléments extérieurs. le lecteur voit bien que l'artiste se sert des camaïeux pour nourrir ses cases, en particulier celles où il ne représente pas le décor en arrière-plan. Pour autant, la sophistication de ces camaïeux évoque le travail de Bill Sienkiewicz dans les années 1980, dans ce qu'il avait d'audacieux, à un degré moindre, et ça fonctionne très bien pour installer une ambiance, ou souligner un état d'esprit. En outre, l'aspect apporte de la consistance et de la matière à chaque surface. le dessinateur sait rendre compte de la volumétrie de chaque partie du vaisseau, des éléments techniques, de la froideur de ce milieu stérile, de la froideur hostile de l'espace. Chaque séquence dispose de son ambiance lumineuse spécifique, et Reis prend soin de concevoir un plan de prises de vue adapté pour chacune d'entre elles. le lecteur se retrouve vite pris dans cette narration, avec une forte sensation d'immersion dans un immense vaisseau spatial, pas inquiétant, mais très fonctionnel.

Cette histoire est également celle de Simon Moore. le scénariste explique d'entrée de jeu qu'il est sous traitement médicamenteux, et que quelque chose s'est mal passé quand il était policier. Il révèle petit à petit d'autre informations comme le fait que l'astronaute défunt lui avait tiré quatre balles dessus. La direction d'acteurs donne à voir un individu mal dans sa peau, un peu vaseux quand il a pris ses médicaments, très nerveux et anxieux quand il ne les a pas pris. le jeu d'actrice d'Annabelle Madigan permet également de se faire une bonne idée de ses émotions, de son ressenti vis-à-vis de son ex-mari. le lecteur sourit devant la réaction du capitaine Atsuto Drekker quand Moore impose un confinement provisoire à tous les membres de l'équipage en attendant qu'il les interroge. La narration visuelle donnant ainsi vie aux personnages, le lecteur éprouve de la sympathie pour le pauvre Simon, vu son état de dépendance, ainsi qu'avec les éléments d'information qui apparaissent progressivement sur son passé. L'enquête devient alors aussi une démarche cathartique qui n'a rien de banale ou de téléphonée, un processus d'évolution, de deuil complexe et adulte.

La couverture annonce une aventure dans l'espace sans en préciser la nature. le lecteur découvre un polar, avec une dimension thriller politique, et un mélodrame. Rod Reis dessine et peint, mêlant les deux techniques pour un rendu très tactile, des sensations froides restituant bien l'ambiance spatiale, et sa direction d'acteurs donnent vie à des personnages complexes générant un bon degré d'empathie chez le lecteur. Les trois composantes du récit s'avèrent réussies et prenantes, s'entremêlant de façon organique, se renforçant les unes par les autres.
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Sur la base d'une uchronie où la guerre froide a fini en guerre nucléaire, les deux scénaristes propose un whodunit dans un huit-clos extrême, tous les protagonistes, y compris l'enquêteur, sont enfermés dans un vaisseau spatial, sans trop de contact physique avec le reste de l'univers, une zone idéale pour expérimenter et mettre à mal les réactions et interactions humaines. L'équilibre fragile, que chaque personne prend soin de préserver, va forcement vaciller suite à la mort suspect d'un membre de l'équipage...
Lien : http://www.psychovision.net/..
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critiques presse (3)
Sceneario
28 novembre 2016
Un récit passionnant qui donne envie de découvrir la suite de l'enquête. Un récit SF-policier que je vous recommande fortement !
Lire la critique sur le site : Sceneario
ActuaBD
18 novembre 2016
Sauf qu'un meurtre, commis sur un vaisseau explorant les confins des systèmes connus, de personnel pourrait bien se révéler politique et menacer l'équilibre précaire qui règne entre la Terre et sa colonie.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
09 novembre 2016
Sur fond de S-F, les auteurs C.O.W.L , Kyle Higgins et Alec Siegel, s'attellent à composer un polar en apesanteur.
Lire la critique sur le site : BDGest

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