Ce n’était plus le jeune homme timide et réservé dont j’étais tombée amoureuse, c’était un homme, un mâle en pleine possession de ses moyens, qui avait l’air bien dans sa peau. Michael était devenu le genre d’homme au-dessus de ma portée, le genre qui plairait à des femmes plus sophistiquées que moi. Je devais me faire une raison : si en huit ans je n’avais pas réussi à l’oublier, c’était sans doute parce que j’avais gardé à l’esprit le souvenir du jeune homme tendre et amoureux qu’il était alors.
Il était temps de tourner la page de cet amour impossible, pensai-je en regardant une fois de plus à la dérobée, la ligne durcie de sa mâchoire et l’expression déterminée, presque dure de son visage.
Lorsqu’on traverse l’enfer, il ne faut pas se retourner » dit un proverbe de chez moi, et j’étais allée bien trop loin pour reculer… D’ailleurs, qu’est-ce qui m’attendrait là-bas ? Si ce n’est de la misère aussi, celle-ci certes ne serait pas matérielle, mais morale ! Et pour avoir déjà subi les deux dans ma vie, je savais qu’il valait mieux trimer pour manger et dormir du sommeil du juste plutôt que manger à sa faim et ne point dormir du tout.
Il était torse nu, et ses longues jambes arquées semblaient s’emboîter dans les miennes. Une douce langueur m’envahit et je sentis monter en moi un trouble profond. Une chaleur insidieuse s’infiltra dans mes reins. Le désir me submergea inexorablement…
Le silence se fit, nos regards se croisèrent. Le sien, sombre, semblait briller d’une lueur… équivoque, je sentis vibrer la partie la plus intime de son corps contre moi.
Il me désirait aussi.
Nous n’étions pas dans un feuilleton de Novelas Tv ou dans un conte de fées. C’était dans ce genre d’histoire que l’amour surmontait et pardonnait tout ; dans la vraie vie, les pages se tournaient et se retournaient au gré des rancœurs, des trahisons et des mensonges.
Il y a bien longtemps que j’ai tourné cette page et j’ai pour principe de ne pas remuer la boue, alors ne le prends pas personnellement…