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sur 3523 notes
Il y a 1000 raisons de lire et plus encore, peut-être, de ne pas lire, tel ou tel ouvrage. Nous avons tous nos raisons et ce qui nous unit au moins en partie sur Babelio, c'est notre désir de partager nos expériences littéraires.

Ce que j'aime personnellement dans la lecture, ce n'est peut-être pas tant l'évasion, l'imaginaire, l'horlogerie fine d'un scénario mais bien plutôt le fait de pouvoir vivre 1000 vies en une, d'enfiler le costume de celui ou de celle que je ne serai jamais et de me mettre à sa place, le temps d'un livre, le temps d'un passage de témoin. J'admire aussi beaucoup le style, la façon particulière qu'aura un auteur de nous laisser sa place pour que nous nous y installions.

Quelle expérience ! Quelle expérience exceptionnelle vient de me faire vivre Erich Maria Remarque ! L'espace de quelques petites centaines de pages, j'étais un homme d'il y a cent ans sur le front, côté allemand. Quelle prouesse ! J'y étais ! J'y étais vraiment !

J'avais hérité de son casque, de son barda, de ses bottes et j'entendais les obus siffler au-dessus de mes oreilles. Je transpirais, je faisais presque dans ma culotte, mon coeur s'affolait en imaginant les scènes. Je fermais parfois le livre et je sentais encore mon coeur battre intensément pendant de longues minutes, j'avais des images plein les yeux, j'y repensais souvent.

Des images horribles, des bruits assourdissants et des larmes pour ces milliers, ces millions de jeunes hommes, de jeunes innocents, arrachés à leurs familles, à leurs épouses, à leurs enfants, à leurs études, à leur métier, envoyés au front de force, de part et d'autre, et transformés fatalement en cibles mouvantes ou canardeurs selon le sens du vent des attaques.

Courir sans savoir pourquoi, se baisser, s'aplatir au sol en priant très fort pour que rien ne tombe sur votre tête, ne pas oublier votre masque à gaz en croisant les doigts pour qu'il soit étanche, tirer parfois, tuer peut-être, porter secours aux copains moins chanceux en espérant que quand votre tour viendra d'être blessé ils seront là pour vous ou bien encore que les éclats d'obus adverses auront le bon goût de vous tuer franchement et proprement plutôt que de vous arracher un bout de bras, un bout de mâchoire ou un bout de ventre sans vous faire crever tout à fait.

L'horreur absolue de la guerre, toute l'absurdité et l'inhumanité de la guerre est là, racontée sans pathos, sans fioriture, d'un ton juste, d'un ton simple, d'un ton incroyablement percutant de ce fait qu'il n'a pas même besoin de se vouloir militant pour militer à la seule chose pour laquelle il soit humainement louable de militer : la paix, l'exécration absolue et inconditionnelle de la guerre, quels qu'en soient le motif ou la justification invoqués.

Texte sensationnel, brut et fort. Je me suis baladée le week-end dernier dans un petit village, un tout petit village qui devait être encore bien plus petit il y a cent ans. Je suis arrivée devant une manière d'obélisque gris qui y fait office de monument aux morts. Et j'ai eu de grosses larmes à l'oeil en égrenant ces quelques noms, morts de trop, morts pour rien, morts parce que d'autres qu'eux l'avaient décidé, sur un coin de table, à Paris ou à Berlin.

1916 : DUBOIS, G. ; DUBOIS, M.
1917 : DUBOIS, B.
1918 : DUBOIS, J.

Combien pouvait-il y avoir de familles Dubois dans ce village ? Probablement qu'une seule. Qu'avaient-ils faits ces frères ou ces cousins pour mériter cela ? Et tous les autres, les Berthelot, les Michel, les Janin, les Leliquerre ? Qu'avaient-ils faits, côté allemand les Schneider, les Rebmann, les Müller, les Knopff et les Vogt ?

Immense respect pour Erich Maria Remarque, immense coup de chapeau à cet écrivain qui a produit ce livre essentiel et que je ne saurai jamais trop vous conseiller, même si a priori (tout comme moi avant cette lecture) vous n'êtes pas captivés par les livres de guerre ou d'histoire ou d'horreurs. Celui-ci est une merveille qui joue juste de bout en bout.

Et qu'on ne vienne plus jamais me parler de la nécessité de nos " frappes ", au Mali, en Syrie ou ailleurs car derrière ce mot très digne, " frappes ", il y a surtout des bombes, des membres arrachés, des yeux crevés, des poumons perforés, des corps écrasés sous l'effondrement des murs : horreur, désolation, dommages collatéraux et désir de vengeance…

Pensez juste qu'il y a cent ans, quelque part à l'est de la France, la pluie était d'un rouge profond et des flaques éclaboussaient des bouts de métal, des bouts de bidoche, des bouts d'innocence qui jamais ne repousseraient… Mais bien entendu, à l'est, à l'ouest, aujourd'hui comme à chaque fois, rien de nouveau, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Erich Maria Remarque - À l'Ouest, rien de nouveau - 1929 : 1914, dernier jour d'école en Bavière ou ailleurs : «Finalement messieurs cette année vous ne passerez pas le bac, vous n'irez pas en vacances non plus, vous prendrez un fusil et vous irez vous battre dans les tranchées». Enfin se battre si on veut car pouvait on appeler des combats cette infâme boucherie dans laquelle fut plongée une génération entière de jeunes hommes qui n'étaient encore pour la plupart que des enfants. Des classes de terminale joyeuses comme celles qu'on connait aujourd'hui furent précipités au milieu du feu par la faute d'un nationalisme abruti qui guida aveuglement toutes les nations d'Europe vers l'apocalypse. Einrich Maria Remarqué lui-même ancien combattant revenu de l'enfer trouvait les mots justes pour décrire avec réalisme l'ignoble quotidien des soldats sur le front. Par la faute d'un professeur exalté une bande de gamins s'engageait dans l'armée allemande dès le début de la guerre bien persuadé d'être rentré dans leurs foyers avant noël couvert de reconnaissance et de gloire. Brève utopie car pendant cinq ans les jours de fête seront aussi cauchemardesques que les autres. Pendant tout ce temps Il faudra survivre alors que la seule raison de cette débauche de feu et de fer était d'anéantir un maximum de jeunes êtres humains comme de minuscules fourmis écrasées sous les pieds d'un géant. le lecteur en apnée vivait la peur et la sauvagerie des combats dans la peau des protagonistes se demandant à chaque page si son existence n'allait pas s'achever percée par une baïonnette ou disloquée par un éclat d'obus. Cette guerre qui a rongé l'humanité comme un cancer trop virulent prenait sous la plume d'Heinrich Maria Remarque l'allure cataclysmique de l'enfer de Dante. Mais ses personnages au lieu de bruler au feu du repentir se tordaient de douleur sous l'effet des gaz de combat et trop souvent aussi sous ceux de la faim et de la soif. Car outre le fait de risquer la mort à chaque seconde, les soldats souffraient des conditions de vie épouvantables quand ils étaient en ligne, le froid, la chaleur, les poux étaient les éléments d'une torture qui n'en finissait jamais. Un semblant d'humanité les faisait tenir debout quand même, le soutien d'un camarade plus âgé qui prenait le rôle d'un père de substitution ou la parole d'un officier bienveillant redonnaient un peu de chaleur dans la froideur désolée du désespoir. Et quand enfin il pouvait rentrer dans leurs familles, la permission ou la convalescence n'apportaient aucun réconfort aux soldats déboussolés par l'insouciance d'une population qui reprochait à ceux du front les privations engendrés par le blocus des alliés. La notion de sécurité n'existait même plus et pour la plupart des combattants la vie à l'arrière était d'un tel dégoût qu'ils préféraient retourner se faire tuer avec leurs camarades. "A l'ouest rien de nouveau" expliquait le chaos avec une précision si frappante que l'Allemagne nazi qui préparait en secret une implacable revanche en interdit la publication. Il reste après les années le plus puissant manifeste contre la guerre jamais écrit... éprouvant
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Le mot chef d'oeuvre est souvent galvaudé.
«A l'ouest, rien de nouveau » mérite pourtant indiscutablement ce titre. Un récit qui suit le quotidien d'une patrouille allemande, jeunes mômes lâchés sur les champs de bataille sans le moindre remord. L'horreur des tranchées, avec une description à vous retourner l'estomac, le livre de Remarque est un formidable témoignage antimilitariste, nous montrant une génération massacrée, traumatisée pour ces rescapés, au nom d'intérêts ridicules. Ici, que l'on soit français, allemands , russes ou autres, la peur, l'effroi, la douleur n'ont n'y drapeaux, ni nationalités.
La violence des combats est d'un cruel réalisme. Comment peut-on infliger un telle barbarie ? Un livre qui soulève beaucoup de questions et qui n'ont malheureusement toujours pas trouvé un semblant de réponses à notre époque.
Une claque.

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Ce livre est bouleversant, bouleversant d'humanité et d'inhumanité!

Nous plongeons dans les boyaux de la guerre de 14-18, mais c'est surtout un livre sur l'homme, et sur cette génération à peine sortie de l'enfance qui découvre la vie avec la guerre, une jeunesse brisée avant même d'avoir pu éclore. Paul, le narrateur, est allemand. Il a 18 ans quand il s'engage avec d'autres camarades de sa classe dans ce conflit, sous la pression de leur professeur. Dire que ce sera une cruelle désillusion est un euphémisme...

L'écriture est d'une sobriété et d'un réalisme qui vibre d'authenticité. Elle va droit obus! Il n'y a ni haine, ni jugement, pas même d'ennemis! C'est le triste constat d'une réalité, la réalité brute, toute nue, du quotidien d'un jeune soldat lambda sur le front, dont les repères volent en éclats et qui essaye de survivre comme il le peut, à la faim, aux poux, aux gaz, aux obus, aux mutilations, aux gémissements des blessés qui agonisent sur le champ de tir, aux morts, et pire (!) aux permissions... Mais peut-on vraiment s'en protéger ?

"les horreurs sont supportables tant qu'on se contente de baisser la tête, mais elles tuent quand on y réfléchit. "

Erich Maria Remarque dénonce (entre autre) toute l'horreur de la guerre et son absurdité à bien des niveaux à travers ces soldats dont les différentes origines du civil se fondent dans le même bloc de souffrances; et une guerre, comme toutes les guerres, qui en brisera plus d'un, quelque soit l'âge.

Ce livre est d'une intensité à couper le souffle! Mais rien de ce que je pourrais dire ne pourra ne serait-ce que faire toucher du doigt la force de ce livre. Il faut le lire pour comprendre à quel point il sort du lot, à quel point il est une explosion d'émotions ! Un coup de coeur autant qu'un coup au coeur!

"Deux papillons jaunes jouent tout un après-midi devant notre tranchée ; leurs ailes sont tachetées de rouge.
Qu'est-ce donc qui a pu les attirer ici ?"

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C'est à mon goût le meilleur roman sur la première guerre mondiale, et il est de plus écrit par un perdant. C'est le meilleur car il y a tout : l'horreur des tranchées, les interrogations de celui qui doit agir au mlilieu de la boucherie, la réaction de l'arrière, la débilité des chefs, la camaraderie naissante et fauchée, l'amertume d'une guerre pour rien, la froideur du propos.
Ce roman est antimilitariste jusqu'à la moelle, anti-guerre et il n'a rien à envier aux films d'horreur d'aujourd'hui, sauf que là, c'était la réalité. L'impression personnelle est renforcée par l'usage de la première personne, comme dans un journal, et on suit les évenements la peur au ventre, même si parfois on aimerait en savoir plus, notamment lors des ellipses narratives.
Je l'ai lu, étudié avec des élèves de seconde qui ont été impressionés, à l'heure des combats de jeux vidéo et des guerres modernes.
On ne ressort pas indemne de cette lecture et on se dit que tout cela n'a servi à rien, puisqu'on a remis ça vingt ans après et qu'aujourd'hui encore, à un endroit du globe, ça continue...
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Il y a des livres qui sont investis d'une véritable mission : celle de traverser le temps et les générations afin de rappeler quelque chose. Des livres-mémoires, pour ne pas oublier. Des livres témoignages pour ne pas répéter les mêmes erreurs.
Paru en 1930 ce roman prêche la paix, quelques exemplaires finiront cependant dans les flammes de la nuit de cristal.

Les abominations de la guerre racontées au présent par un jeune allemand de 18 ans retrace la vie de ces jeunes engagés volontaires qui ne sont pas des héros mais des êtres tourmentés, perdus dans un combat qui les dépasse.
Face aux horreurs et aux ignominies vécues dans les champs de bataille, ils sont devenus totalement dépendants de la guerre, n'ayant plus aucune attache tangible à laquelle se raccrocher.

C'est indicible, c'est monstrueux que des êtres humains aient dû vivre de telles horreurs, éprouver le désespoir, l'angoisse, être entouré par un abîme de souffrances qui les marqueront au fer rouge.
Ils apprendront tout de même la fraternité et la camaraderie entre les hommes face à une souffrance commune et perdront définitivement leur innocence.

À l'ouest rien de nouveau, fait partie des ouvrages les plus forts dans la dénonciation de la monstruosité de la guerre.

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Je garde toujours près de moi ma précieuse première édition d' À l'ouest rien de nouveau.
C'est la Librairie Stock, qui traduisit et publia ce livre en 1929. c'est-à-dire l'année-même de sa parution en Allemagne. C'es-à-dire, aussi, dix années après la démobilisation du soldat Remark.
Immense et sanglant gâchis de jeunesse plongée dans une guerre qui ne se finira vraiment qu'en 1945: c'est toujours mon sentiment de tristesse et d'écoeurement qui revient longtemps après avoir lu ce manifeste de l'absurde. Que ce soit du côté allemand, les vaincus provisoires de 14-18, n'y change rien: Les morts y sont identiques, leurs misères sont les mêmes que celles des soldats français. Leurs rêves et leurs cauchemars, leurs espoirs que cela finisse, tout est pareil... Comme la manipulation cynique par ceux qui instruisent et gouvernent le peuple.
Erich Maria Remarque, auteur d'un livre essentiel, devra s'exiler et fuir la pestilence nazie.
Remarque, Barbusse, Dorgelès, Genevoix... autant de lectures indispensables pour tenter de discerner l'indicible et garder à l'esprit cette horreur de la guerre et son souffle effrayant.

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le narrateur, Paul Bäumer , soldat allemand, raconte sa première guerre mondiale sur le front ouest, parmi ses camarades sortis comme lui de l'école et pratiquement inscrits volontaires à l'insu de leur plein gré par leur professeur.
Il décrit leur entraînement rude, très rude sous les ordres d'Himmelstoss, les années entre les premières lignes et le repos à l'arrière, la permission, la perte des camarades.
Ce livre décrit avec une très belle écriture et de la poésie, les horreurs du front, la camaraderie, leur humour, la réflexion de ces jeunes sur la guerre qu'ils vivent.
Erich Maria Remarque est envoyé sur le front en juin 1917, jusqu'à fin juillet où il sera blessé. Son roman pacifiste sera brûlé lors des autodafés nazis dès 1933. Ce roman magnifiquement écrit est à garder précieusement comme témoignage sur cette guerre.
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Erich Maria Remarque nous parle de son expérience dans les tranchés de la "Grande-Guerre".
Où l'on s'aperçoit que le 'Boche" à également une mère ou bien une petite amie qu'il chérissait et à qui il écrivait.
Qu'il tremblait tout comme le "Poilu" lorsqu'il entendait le sifflement des obus au dessus de sa tête.
Qu'il pleurait des mêmes larmes...et riait des mêmes joies.
L'auteur après avoir fait ce constat peut avec nous se poser la question:" Pourquoi?". Ce devait être la " der des der" , nous savons aujourd'hui ce qu'il en est advenu.
Un témoignage de plus d'un ancien soldat. Tous sans exception, dénoncent les horreurs de la guerre, mais leurs mots se perdent ...s'oublient.
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Ça me paraît horrible de dire qu'un bouquin est fantastique quand il traite de la Guerre mais c'est pourtant le cas. L'auteur nous fait suivre la vie de Paul, soldat allemand, durant les années de conflit de la Première Guerre Mondiale.

Si les premiers mois de Paul sur le front sont "relativement paisibles" on sent au fil des pages que la guerre fait son abominable travail de sape sur les survivants, et Paul lui-même perd progressivement pieds avec la vie, transformé en machine de guerre, il ne sait plus à quoi se raccrocher. Paul nous prouve que la Guerre, quel que soit le camp dans lequel le hasard de la vie nous a fait naître, est le même interminable cauchemar pour tous, jour après jour.

Je n'avais encore jamais lu un livre sur la Guerre qui résume tout ce que nous, génération épargnée, pouvons en imaginer, le vécu, le ressenti, le mental et le physique, l'ennemi, les camarades, la "boustifaille", les femmes, le manque, la peur, la mort... L'horreur de la Guerre ne saurait être mieux retranscrite que par les yeux de Paul. J'ai plusieurs fois voulu poster une citation tant l'acuité et l'écriture de l'auteur sont incroyables mais la plupart étaient déjà faites. J'aurais cependant pu en rajouter, il en restait, car la vérité est que c'est tellement parfait que l'on pourrait presque citer tout le livre, du coup soyons logiques, pas de citation supplémentaire, il faut le lire absolument.
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