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EAN : 9782354610562
175 pages
La tengo (05/03/2014)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Si vous aussi, vous ressentez l'envie d'échapper à l'hystérie de l'époque en faisant un pas de côté et en tournant poliment le dos au jeunisme ambiant, cette revue est faite pour vous. Elle vous fera replonger dans des oeuvres parfois oubliées, rencontrer des personnages hauts en couleur, mémoires encore vivaces de notre patrimoine culturel, vous permettant ainsi de satisfaire vos goûts de jeune ou vieux Schnock. Ni rétrograde, ni passéiste. Schnock, donc. Tout bonn... >Voir plus
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Schnock n°10 - Guy Bedos : «Coluche m'appelait Papa »
Parallèlement au succès d’Un éléphant se trompe énormément, et au fil du temps, vous êtes devenu un comédien engagé. Et puis, en 81, la gauche arrive au pouvoir. C’est l’époque où vous devenez important. Et vous vous permettez de lancer des gens. Vous jouez le rôle de mentor, notamment avec Pierre Desproges.
Je suis curieux du talent des autres. Je ne m’attarde pas sur mon nombril. Autant je suis indifférent à certains amuseurs qui ne m’amusent pas et pour lesquels je ne bougerais pas le petit doigt, autant Desproges m’a fracassé par son invention. Ce n’était même pas politique, il était à droite. C’était en quelque sorte un anar de droite. Je l’avais repéré chez Jacques Martin dans « Le Petit Rapporteur ».
Il avait l’air timide. Comment l’avez-vous convaincu de monter sur scène ?
Il était à la fois intimidé et hautain par rapport à ce métier de troubadour qu’il prenait de haut. Il était très tenté par l’écriture et il avait raison. Il se vivait en écrivain, Desproges. Il se sentait plus proche de Paul Léautaud ou de Cioran que de Jean-Marie Bigard ! Je l’avais vu en public. À la radio mais en public, dans « Le Tribunal des flagrants délires », l’émission de Claude Villers sur France Inter. Il incarnait le procureur et il était irrésistible. Je me suis dit « Quel gâchis ! ». Je déteste le gâchis, je déteste le talent gâché. Quand je vois quelqu’un qui a une telle nature comique et qui n’ose pas y aller, je le harcèle pour qu’il y aille. Je trouve ça triste à la fois pour l’artiste en question et pour le public. C’est triste de rater ce rendez-vous qui est inscrit.
Desproges était plus caustique, plus noir et pessimiste que vous.
Nous n’avons pas tout à fait le même style. Le sien était plus littéraire que le mien. C’était irrésistible.
Et Coluche ?
Coluche, je l’avais repéré en 1970 sur le tournage du Pistonné, de Claude Berri. Il y était figurant, je jouais le rôle principal. J’étais très sensible à sa gouaille. Je suis d’un naturel ouvert. Rien de commun entre Coluche et Desproges. Mais les deux avaient du talent. J’ai obtenu de Claude Berri qu’il coupe une partie du rôle qui avait été attribué à un garçon très moyennement doué pour que Coluche reprenne le personnage. Et il s’en est très bien sorti. Il m’en a gardé une gratitude tout au long de sa vie. Sur la fin de sa vie, il m’appelait « papa ».
Et cette période où Coluche « menace » de se lancer en politique. Vous en pensiez quoi ?
J’ai pris cela comme une blague, comme un truc un peu publicitaire pour se mettre en avant. C’était d’ailleurs ça au départ. C’était son producteur, Paul Lederman, qui avait vu que cela pouvait être intéressant pour la carrière de Coluche. Et manque de bol, si j’ose dire, cela a accroché très bien. Dans les sondages, il est arrivé très haut. Et pour tout vous dire, j’étais si violemment hostile à Giscard que je me disais : « Ce con ne va pas tout brouiller. » J’appliquais déjà une phrase que j’ai citée plus tard. Je l’ai apprise de Françoise Giroud : en politique, il faut savoir choisir entre deux inconvénients. Je savais des choses sur Mitterrand. Je savais qu’il avait été un ministre de l’Intérieur très discutable, qu’il avait eu en Algérie un comportement extrêmement condamnable et qui allait contre mes propres idées. J’étais un libertaire absolu, réformé pour maladie mentale pendant la guerre d’Algérie. J’en ai d’ailleurs eu la récompense cinquante ans plus tard, en allant jouer dans ma ville natale où l’on m’a reçu comme un héros d’une guerre que je n’ai pas voulu faire.
Vous avez eu peur à un moment, que Coluche bousille l’élection.
Oui. C’était possible. Il fallait que Mitterrand passe. Je l’ai donc fortement soutenu. J’étais tellement censuré qu’on n’a jamais retrouvé trace du spectacle de Bobino en 1981. Pas une caméra, pas un journaliste. Je le dis immodestement, ce spectacle a été un triomphe. Les gens se battaient pour venir le voir. La revue de presse avait pris une place très importante, il n’y avait presque plus de sketchs. Ça tournait au meeting. Et des tas de gens qui ont eu ensuite un rôle important dans le gouvernement étaient dans la salle. À tel point que la presse a écrit à l’époque que j’avais beaucoup aidé Mitterrand à se faire élire. Je me souviens d’avoir critiqué pas mal de journalistes de la télévision giscardienne. Comme Elkabbach par exemple. J’avais dit à l’époque : « Comment voulez-vous qu’un type comme Elkabbach soit objectif puisqu’il sait que si Mitterrand passe, il va se retrouver à la météo ? » Le soir du 10 mai, j’ai entendu la foule scander « Elkabbach à la météo, Elkabbach à la météo ». Je n’ai pas demandé de droits d’auteur.
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