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Critique de Renod


Aux premières chutes de neige, les hommes de Rybatchi, un bourg de Sibérie orientale, partent chasser la zibeline en pleine taïga. Ils y passent plusieurs mois dans la plus grande solitude, dormant dans des isbas rudimentaires. Leurs conditions de vie sont austères mais pourtant, ils attendent le moment du départ avec impatience. Car à leurs yeux, cet exil au coeur de la forêt est une expérience de liberté totale. Leur solitude leur permet de se retrouver. Ils vivent en communion avec une nature sauvage et si grande, qu'elle paraît sans fin.

Un événement va contrarier la nouvelle saison de chasse. Les habitants de Rybatchi tirent leurs principaux revenus de la pêche illégale et du trafic d'oeufs de saumon. Activités formellement interdites mais tolérées par la milice en échange d'une « taxe » de 20%, un impôt discrètement payé aux autorités en enveloppes de cash. Seul Kobiakov refuse de se soumettre à ce système de corruption. Et un matin, il va s'accrocher violemment avec les deux responsables de la milice. L'altercation va déclencher une réaction massive qui va déborder tous les protagonistes. Car l'Etat russe, s'il se montre indifférent au sort de ces populations éloignées, a toujours su exprimer son autorité avec la plus grande fermeté. Une chasse à l'homme débute dans la taïga.

Ode à la nature, désobéissance civile, âme russe… Remizov semble s'inspirer aussi bien de Tolstoï que de Thoreau. Il évoque le destin de ces hommes qui se ressourcent au contact de la nature mais qui doivent affronter une époque de dérèglement. « Volia volnaïa » critique férocement la corruption généralisée de la société qui gangrène la Russie de sa capitale à la Sibérie orientale. le roman attaque un pouvoir arbitraire, violent, exercé sans justice. le livre m'a fait penser à "Léviathan", le film d'Andreï Zviaguintsev ; le réalisateur et le romancier ont des intentions similaires : comment réagir face à un État qui est devenu un « monstre dévoreur d'âmes » ? Comment acquérir une liberté qui est le « seul bien authentique » de l'homme ? Faut-il choisir la retraite dans la taïga, comme Guenka, loin des problèmes des hommes ? Faut-il accepter de vivre en esclave ? Ou bien faut-il choisir la voie de la révolte et de la violence ?
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