On ne veut pas mourir, loin de là, on veut vivre, on le veut absolument, on voudrait même donner à sa vie mille fois plus d’énergie ; c’est une aptitude prodigieuse au bonheur, qui s’exaspère de rester sans application, et qui ne peut se satisfaire qu’au moyen de jouissances immenses, dévorantes, furieuses, en rapport avec l’incalculable surabondance de sensibilité dont on est pourvu.
Que c’est bon et que c’est enivrant d’avoir douze ans, d’en avoir quinze, et de lire à l’infini puis de marcher dans la campagne en se répétant ce qu’on a lu. Chaque nouveau livre est une pierre de plus apportée à ce pauvre monument mais ce monument quand même, qu’on se construit soi-même et qui s’appelle un homme, bientôt un artiste, très vite un créateur.
Plus tard, faute de trouver des librettistes à la hauteur de ses ambitions, il deviendra l’auteur des textes qu’il mettra en musique : on ne cessera de le rappeler, Berlioz est l’un des tout premiers parmi les écrivains du romantisme !
Un écrivain aussi qui, se racontant, s’est tellement plu à jouer avec humour du vrai et du presque vrai, de la réalité et de ce qui aurait pu l’être, sacrifiant à un goût du sarcasme quelquefois délirant pour mieux se moquer de lui-même comme du monde qu’il méprisait, qu’il faut faire la part des choses dans les récits échevelés qu’il nous a laissés.
Quelles richesses rêves-tu ?… la poignée de piastres nécessaire pour acheter un âne ou te marier, tes économies de trois ans y suffiront. Qu’est une femme pour toi ?… un autre sexe. Que cherches-tu dans l’art ?… un moyen de matérialiser les objets de ton culte et de t’exciter au rire ou à la danse.
Ah vous écrivez : émission du 27 août 1976
Au sommaire de ce magazine littéraire de
Bernard PIVOT, trois écrivains:Pierre SCHOENDOERFFER pour "Le crabe-tambour"
André STIL pour "
Romansonge"
Pierre Jean REMY pour "La figure dans la pierre".