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Frédérique Remy (II) (Autre)
EAN : 9782369751533
292 pages
La Bouinotte (17/06/2020)
4.15/5   24 notes
Résumé :
Prix Littéraire Lions Club International Centre 2022
Fouras, janvier 1879.
Sur la falaise qui domine l'anse de la Coue, face à l'Ile Madame, quatre femmes fouillent du regard l'horizon barré d'embruns. Debout contre le vent, elles scrutent l'espoir d'une voile parmi le chahut de déferlantes. Pour Anne, Amélie, Maria et Magdeleine, femmes de marins, femmes courage, tenaillées par l'angoisse, c'est le lot des heures de tempête, quand les chaloupes des ho... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Fouras, petit village à l'embouchure de la Charente. Hiver 1879.
À terre : Amélie, rejointe par d'autres femmes, s'abîme les yeux à scruter l'horizon tout embrumé pour tenter d'accrocher du regard un petit bout de voile par-dessus les vagues qui déferlent.
En mer : Une chaloupe ne peut plus rejoindre son port d'attache et un mauvais choix pour retourner tout de même sur terre engloutira Joseph et Pierre, laissant deux nouvelles veuves anéanties.

Remontant son arbre généalogique, Frédérique Remy sort de l'oubli quatre femmes dont Amélie, son arrière-arrière-grand-mère. Des femmes qui, pour la plupart, portaient bien souvent la coiffe de deuil suite aux différentes tempêtes qui prenaient les pêcheurs. Parfois les corps revenaient s'échouer sur le rivage et offraient la maigre consolation d'une sépulture sur laquelle se pencher.
L'auteure nous donne à lire leurs douleurs, l'extrême pauvreté conséquente à leur veuvage, leurs combats pour rester debout malgré les hivers rigoureux et les maigres repas à offrir à leurs familles. Mais on perçoit aussi la solidarité de ce milieu souvent éprouvé, les espoirs dans l'évolution du village, le courage qu'elles puisent les unes chez les autres et au fond d'elles-mêmes pour ne pas faiblir face aux enfants qu'il faut nourrir. On se rend compte de la famine subie en accompagnant ces femmes dans la forêt en quête de subsistance et qu'elles se réjouissent de trouver et piller le nid d'un écureuil pour se régaler des noisettes qu'il a stockées.
Les sensations et les sentiments sont très bien décrits : « il envoya ses mains au fond de ses poches pour y chercher un peu de chaleur ». « Quand aucune parole ne peut être consolation, le silence devient parfois la plus belle preuve d'amour ! ». Il y a également, saupoudré, le patois de ce terroir. Quelques très belles gravures et copies d'articles de journaux viennent illustrer ce témoignage d'une autre époque, pas si lointaine.
Alors que Fouras est en route vers le changement avec la ligne de chemin de fer qui arrive, les bains de mer qui ont le vent en poupe, ce roman dynamique nous fait vivre les bouleversements progressifs dans l'existence jusqu'alors si enclavée des Fourasins. Les débuts du tourisme bourgeois exacerbent la perception qu'ils ont de leur misère.
Amélie et son envie irrésistible de décisions bravera les réticences et les observations de son homme. Les femmes aussi peuvent se faire entendre et, pas après pas, tentent de glisser vers un avenir différent et non plus immuable. Et c'est tout en douceur qu'Amélie s'appliquera aussi à ouvrir les yeux de son fils sur la place des filles et leur intelligence qui peut s'additionner à celle des hommes.
Reste qu'il est bien difficile encore à cette époque de changer de condition et les espoirs sont souvent déçus comme ce projet de port qui s'enlise alors qu'il serait vital pour abriter les chaloupes et éviter le nombre grandissant de veuves de ce petit village de pêcheurs. Mais les grandes agglomérations vampirisent déjà les budgets. le luxe des uns prime sur la survie des autres.

C'est un beau témoignage sur le frémissement de prise de conscience de ces femmes. Certaines d'entre elles ont un rôle à jouer bien plus important que de demeurer des mères au foyer, écrasées, méprisées, soumises à l'autorité ancestrale des hommes. Ce récit est très attachant, il fait partie de ces oeuvres qui restituent une époque plus ou moins lointaine et nous remémorent la vie d'autrefois, quelques générations seulement en arrière, durant laquelle l'essentiel n'était même pas assuré à chacun, où la vie était souvent survie.

Merci à Masse Critique. Merci aux éditions La Bouinotte, j'ai également beaucoup apprécié la qualité de votre ouvrage : format, papier utilisé et le choix de la magnifique peinture de couverture de Johannes Blommers.
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Je viens tout juste d'en finir la lecture et l'impression que le laisse cet ouvrage est on ne peut plus clair.

Derrière une plume assez simple, sans détour, dont la franchise fut un régal pour moi c'est l'histoire de celles dont on ne parle pas d'habitude qui émerge. L'histoire telle qu'elle est connue aujourd'hui est masculine. La majorité des figures historiques sont des hommes, on s'attarde sur la rudesse de la vie des hommes selon les époques en résumant bien trop souvent les difficultés de celle des femmes à ''une inégalité historique''. J'ai sincèrement aimé ce livre pour la parole qu'il leur donne, pas brièvement mais sur un peu plus de dix ans.

Si le thème peut sembler un peu banal, l'approche ne l'est pas. L'aspect historique est richement documenté, précis et réaliste sans pour autant noyer le lecteur sous une pluie de données et d'informations.

Les personnages sont touchants et incroyables, et le fait de savoir qu'ils ont été réels ne les rend que plus émouvants. Je remercie sincèrement l'auteur d'avoir voulu partager son héritage familial avec nous. Je repenserai à ces quatre femmes souvent.
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Il en fallait du courage à ces femmes de marins pêcheurs, et la patience d'attendre leurs époux, partis en mer par tous les temps, rapportant souvent à peine de quoi nourrir leur famille.
Mais elles se battent!
Frédérique Remy nous entraîne dans un roman historique dont le décor est Fouras, ville que je connais bien, donc j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt l'histoire de ces familles liées par la mer: hommes en bateaux, femmes sur les rochers pour récolter des coquillages.
Et puis la vie va, à terre, avec son cortège de deuils, de naissances plus ou moins espérées, de bouches à nourrir, et en dernière partie de cette histoire vraie, un meurtre, et des accusations fausses, un honneur à sauver, une famille dans la détresse.
Ce roman mérite bien son titre "Femmes courage"
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Merci pour ce roman que je viens de finir et qui va aller sous peu faire une surprise à ma maman, originaire de Charente Maritime, par voie postale, dès que j'aurai pris le temps de lui joindre un courrier. Ce pan de ton histoire, de tes racines depuis la Charente Maritime, aura voyagé jusque moi dans l'Est de la France pour revoyager jusqu'en région parisienne. Et franchement je ne regrette rien, ce cadeau que je vais lui faire, après l'avoir lu, je sais qu'elle va l'aimer, parce que j'ai moi même été conquise, presque triste d'arriver à la fin et de devoir me séparer de ces femmes qui semblent par leurs histoires laisser flotter une partie de leur âme. Ton roman m'a fait voyager sur les traces d'un passé d'une région, qui est celle de ma maman, de cet estuaire de Fouras, Port des Barques, Rochefort, l'Île d'Aix, l'Île Madame...je n'ai jamais autant eu plaisir à chercher de mots dans Google 😃😉aussi bien le patois charentais, car j'en connaissais quelques uns, mais pas tous 😉que d'autres vocabulaires commun notamment maritime ou lié à la pêche pour en connaître la définition. Même chercher certaines rues de Fouras dans Google, pour découvrir que les vestiges de ces rues du passé existent encore de nos jours, certains lieux restent donc ancrés, et malgré l'évolution urbaine, se dire que là, dans telle rue, ou telle maison, il y avait Amélie, Maria, Anne, Magdeleine et leurs familles. Ce fût une recherche de plaisir, de découverte, une lecture qui m'a transportée, avec toute l'émotion, les sentiments, les sensations de marées, de tempête, d'embruns que ce roman dégage, qui m'a plongé dans un autre temps. Merci pour cette richesse du passé.
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Charentais, je connais depuis toujours la charmante petite station balnéaire de Fouras. Frédérique Remy nous plonge dans une époque où ce village n'était qu'un petit port de pêche . Elle y retrace d'une écriture à la fois forte et délicate l'histoire de ses ancêtres, des hommes, marins pêcheurs courageux qui vivaient au rythme des marées et qui mettaient leur vie en danger à chaque sortie en mer. C'est avec des mots justes et une grande tendresse que l'auteure nous retrace la vie de leurs femmes et leurs enfants au village qui la peur au ventre attendaient leur retour. La grande misère dans laquelle ils vivaient mais aussi l'immense solidarité de ces gens de la mer qui leur permettait de tenir. Vous ne verrez plus Fouras de la même manière après la lecture de ce roman . J'ai aimé " Femmes courage " . D.D
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Amélie frissonna en songeant à la description qu'en faisait son vieux grand-père Goron lors des veillées. "Un arc-en-ciel, c'est un chemin entre le monde des vivants et le monde des morts. Il peut créer des tempêtes en aspirant l'eau de la mer par ses deux bouts", racontait-il de sa voix caverneuse. Chacun alors retenait sa respiration et imaginait une scène terrible qui évoluait au rythme des lueurs du feu de cheminée dansant sur les murs. Une histoire bien lointaine de celle des enfants rêvant de découvrir au pied de l'arc magique aux sept couleurs un chaudron rempli de pièces d'or, mais cette légende obscure convenait parfaitement à l'état d'esprit dans lequel se débattait l'épouse d'Alexandre.
En contrebas, des déferlantes troubles ourlées d'écume blanche et chargées de varech arraché aux rochers, explosaient sur le quai malmenant les bateaux qui tiraient sur la chaîne de leur corps-mort. Le bruit de l'océan en colère se mêlait aux cris perçants des mouettes affolées qui plongeaient, le cou tendu vers les flots, avant de remonter. Un spectacle magnifique et terrifiant à la fois !
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