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EAN : 9782953848915
358 pages
Nat Renard (30/11/-1)
4.5/5   6 notes
Résumé :
Scandinavie méridionale, il y a 7 000 ans.
Ce sont d'étranges visions qui assaillent Naktokwi, le jeune et puissant shaman dont on respecte la sagesse et dont on redoute les folies. Des visions d'un rêve ininterrompu qui l'entraîne loin de sa paisible communauté de pêcheurs, loin dans les profondeurs des temps futurs - là où s'achèvera dramatiquement, peut-être, la longue marche de l'humanité, cette humanité tellement soucieuse de laisser son empreinte sur la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
A l'autre bout du rêve présente une ambition énorme : de l'origine mythique de l'humanité (avec théogonie et cosmogonie) à sa possible fin imminente (vers 2050), en se concentrant sur une communauté au seuil ou en marge du néolithique, avec pour épicentre le parcours de Naktokwi, un chaman particulièrement doué - ou maudit -, capable d'entrer littéralement dans la peau d'individus vivant des millénaires après lui, à travers des songes. Comprenant peu à peu ce qui attend l'humanité au bout de sa longue course technologique, Naktowki devra se faire messager, à 7000 ans de distance, pour mettre en garde les hommes d'après- demain.

Ce résumé réducteur pourrait laisser craindre un roman résolument rousseauiste avec morale écolo massivement administrée. Mais on croit à tout ce qui est raconté, d'abord parce qu'on sent que l'auteure maîtrise son affaire – l'immersion dans la culture scandinave d'Ertebolle, détails de la vie quotidienne aussi bien que mentalités, s'impose avec la force et la douceur de l'évidence. Ensuite grâce à l'extrême attention portée à chaque personnage, ses sensations, ses intuitions, ses souvenirs, son rapport aux autres et au monde. C'est un roman qui sait rester à hauteur d'humain, attentif à chaque doute, chaque joie, chaque peur, jouant sur les variations de noms comme autant de facettes (ainsi la vieille grincheuse Kinrimja, « Celle-dont-la-mâchoire-crie », fut d'abord « Celle-qui-se-réjouit » - et c'est cette identité profonde qu'elle manifestera de nouveau à la fin). On y croit encore parce qu'on a envie de croire à ces relations humaines harmonieuses, apaisées et apaisantes, on y croit avec toute la force de la nostalgie, en rêvant à cette époque de transition (excellent choix) où sédentarité et agriculture, déjà largement répandues, ne se sont pas encore imposées partout sans rémission – une époque qui a déjà elle-même la nostalgie d'époques antérieures et où pourtant rien ne semble encore fixé, où les bifurcations radicales semblent encore possibles, à l'image des hésitations du lieu de vie du couple formé par Kevlas et Greden.
Quelques réticences quand même. Certains passages m'ont paru trop bavards, surtout vers la fin : les personnages dialoguent énormément, ils se racontent avec minutie – c'est évidemment très bien pour mieux les connaître, mais par moments, j'aimerais des silences éloquents, des non-dits plus rugueux, une parole plus rare – d'un autre côté, on était prévenu par une des chroniques solennelles en italiques : après la rupture du pacte originel entre Homme et Nature, « les coeurs devinrent bavards ». Autre petite anicroche : dans sa volonté de comprendre les êtres, de fouiller en eux ce qu'il peut y avoir de meilleur, l'auteure parfois résout trop vite, trop simplement à mon goût, les tensions. La scène caractéristique, la plus faible selon moi, est la réconciliation-éclair entre Eprus et Tamjan : des chasseurs affamés et angoissés deviennent brutalement amis avec deux étrangers considérés comme responsables des mauvaises chasses, étrangers qui en plus se sont enfuis de leur prison et volent le repas ; ça fait beaucoup, ça fait trop pour réduire cet antagonisme à un simple malentendu qui peut se résoudre en deux répliques spirituelles. A noter que ces quelques fausses notes ne sont pas représentatives de l'ensemble du roman, où l'humanisme se déploie sans niaiserie, et souvent avec puissance.
Car ce qui revient immédiatement dans ma mémoire en évoquant A l'autre bout du rêve, ce sont des scènes fortes, des figures vigoureusement incarnées,qu'elles soient sur le devant de la scène ou plus fugitives. Dans le désordre, ce qui m'a ébahi : le drame de Drasus ; l'épopée morcelée d'Aslas, sa rencontre avec Idhra belle et amochée – couple à la fois mythique et curieusement familier ; Naktokwi qui se coule dans ses « rêves » et nous entraine insensiblement ailleurs – notamment l'angoisse de l'inondation, mini-chef d'oeuvre; la confrontation à plusieurs détentes avec Kennaba, magnifique personnage romanesque ; la vision de l'histoire de la Vie dans son intégralité, morceau de bravoure ô combien casse-gueule et admirablement réussi ; le destin de Kaïkos – et quand les fils narratifs se rejoignent, à l'évocation de l'enfant borgne, quelle jubilation pour le lecteur! ; l'apparition de Eik et ses considérations sur la géographie maritime – je recommande d'ailleurs de ne pas regarder tout de suite les cartes en fin de roman, pour essayer d'imaginer quelles sont ces « terres du milieu », ce « pays des lacs » etc. - considérations passionnantes, où passe un authentique souffle d'aventure, au point que les préparatifs du grand voyage m'ont plus captivé que le grand voyage lui-même. le tout emporté par une trame à la fois simple et ingénieuse, dévoilant avec naturel et très progressivement les sombres mystères qui entourent les héros, à commencer par Naktokwi, dont la puissance (par moments extrême, quand il détecte presque au radar les compagnons disparus…) est heureusement équilibrée par une énigme que l'on devine dramatique – « cela restait dans l'ombre comme un chasseur à l'affût ». A ce titre, relire les 30 premières pages juste après avoir fini le roman apporte un plaisir supplémentaire : à l'atmosphère toujours mystérieuse de l'île-aux-morts s'ajoute alors l'évidence d'un agencement romanesque sans faille. L'ensemble s'appuie sur une linéarité apparente, soutenue en fait par des retours en arrière et des effets d'échos subtils. Et chaque fois qu'on risque de tomber dans du démonstratif – parfois la leçon guette (« Car plus ton peuple est nombreux, plus il s'étend, et plus il bouleverse le monde ») – c'est compensé par une optique radicalement différente (par exemple, dans le « rêve » de la grande crise, quand l'homme anéanti par la sécheresse s'en prend aux écologistes, on sait qu'il se trompe de cible, mais à ce moment-là, par la grâce de l'empathie, on est avec lui. Cette belle manière d'être avec les personnages, quels qu'ils soient, n'est pas si courante). Quant à l'écriture, que l'on pourrait croire simple, en réalité très variée, aussi à l'aise dans l'épique que dans la poésie du quotidien, elle arrive à faire passer même ce qui d'ordinaire me gonfle prodigieusement dans une fiction : le mysticisme chamanique. Alors j'ai envie de dire, comme Petite-Soeur quand elle est follement euphorique : « cela est une bonne sensation ».
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Passerelles de rêves, entre deux hommes, l'un au début de l'humanité, l'autre au moment où elle court à sa perte... le livre nous fait suivre les pas de plusieurs jeunes gens et leur entourage, partager leur vision du monde, leurs sentiments, jusqu' au grand voyage qui leur fera traverser l'océan.
La Terre omniprésente, terre et mer dont ils dépendent, terre que certaines tribus commencent à "ouvrir" pour y mettre des graines, y enterrer leurs morts. Début des coutumes qui vont mener l'homme à se sédentariser et à malmener sa planète.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Tout au bout des terres, là où l'on touche presque le soleil, le monde était séparé en deux par une montagne infranchissable, faite du tronc de Kuros. De chaque côté de cette montagne naquit une créature, extraordinaire car au plus près de la lumière de Matr-son. Au levant s'éveilla un homme, au couchant une femme.
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