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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un petit recueil avec toutes sortes de textes consacrés aux animaux, qu'ils soient familiers, domestiques, sauvages ou même exotiques, ainsi qu'aux petites bêtes. Il fait la part belle aux oiseaux en tout genre (du pinson à la perdrix en passant par la poule et le perroquet). Les textes sont disparates, allant d'une phrase à plusieurs pages. le lecteur y rencontre de jolies trouvailles, de petits tableaux succincts, souvent poétiques, une série de portraits façon bestiaire, parfois en une ligne ou deux, presque des haïkus (Le papillon : « Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur. » ), parfois un court texte, presque une fable. D'autres fois on n'est vraiment pas très loin de poésie en prose, ailleurs c'est plutôt une nouvelle. La proximité de l'auteur avec la nature est toujours remarquablement perceptible, il a un sens aigu de l'observation qui lui permet de saisir le détail juste, de croquer la posture d'un animal en une métaphore parlante (en parlant des canards : « Devant la porte fermée, ils dorment tous les deux, joints et posés à plat, comme la paire de sabots d'une voisine chez un malade. »). Mais c'est un peu disparate et ce livre ne se lit pas d'une seule traite, d'ailleurs rien n'oblige à le lire dans l'ordre des textes, une fois passé le premier texte, « Le chasseur d'images », qui sert de présentation à l'ensemble. L'avant-dernier texte, « Une famille d'arbres », est d'une grande modernité (il m'a fait penser à L'arbre-monde). Par contre, j'ai eu beaucoup plus de mal avec les textes plus longs, en particulier ceux liés à la chasse même si la plume est belle (sans jeu de mots bien que les textes en question portent surtout sur des oiseaux) et si cela fleure bon la France rurale d'antan (avant la première guerre mondiale). Je ne suis pas sûre que l'étiquette « littérature jeunesse » soit très bien adaptée. A découvrir et à lire un peu comme on lit un recueil de poèmes.
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Jules Renard, l'illustre auteur de Poil de Carotte était un fin observateur de la nature. Passionné, fasciné et intrigué par cette grande dame de la faune et la flore, il écrit, à la fin du 19 ème siècle, Histoires Naturelles. Nullement un ouvrage scientifique, l'auteur nous livre plutôt une galerie de portraits d'animaux, une sorte de bestiaire, du cerf au chat, de l'escargot à l'écureuil, en passant par le crapaud, les goujons et autres fourmis… sous forme de petites aventures, pas très éloignées des fables. Jules Renard pose un regard tour à tour lucide, tendre, amusé et ironique sur les animaux, leurs comportements et leurs liens avec l'homme.

De facture classique, les textes sont tout à fait accessibles aux plus jeunes lecteurs ; le vocabulaire est simple, les phrases sont courtes, les nombreux dialogues donnent du rythme aux histoires, l'équilibre entre les descriptions et la poésie est maîtrisée, l'usage régulier du présent de l'indicatif favorise l'immersion et l'empathie. Quant à la moquerie envers les chasseurs, elle est savoureuse.

Jean-François Martin, l'heureux illustrateur de ces Histoires Naturelles, a dû suivre le principe de cette nouvelle collection : proposer des dessins avec une contrainte de taille puisqu'il n'avait qu'une semaine pour réaliser son travail en utilisant pas plus de quatre couleurs.

Réunir la littérature classique et le dessin contemporain, spontané de surcroît, est une réussite. L'illustrateur a apporté sa vision propre, de la modernité et un côté joueur indéniable – j'ai beaucoup aimé la manière qu'avaient certains animaux de nous regarder nous lecteurs droit dans les yeux semblant chercher le fond de notre pensée, et puis évidemment le clin d'oeil à l'affiche du Chat noir (cabaret de Montmartre) peint par Théopĥile-Alexandre Steinlen en 1896, seulement trois ans avant le livre de Jules Renard -.

Et puis, quelle belle et judicieuse idée de clore ces extraits par La cage sans oiseaux… une ode à la liberté. Des histoires qui trouveront naturellement leur place sous le sapin!
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Un chef-d'oeuvre de bestiaire. La finesse de l'observation n'a d'égale que la finesse de l'ècriture... Un livre que l'on n'a jamais fini de lire. Il suffit d'ouvrir une page au hasard et se laisser emporter par la poésie ou la cocasserie des scènes rapportées.
Aujourd'hui me voilà à essayer de me faire adopter, comme l'auteur par "une famille d'arbres"; Epoustouflant!
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Jules Renard, dans son journal, se montre souvent d'une férocité implacable envers les humains, y compris contre ses collègues écrivains.
Le 14 novembre 1907, il accueille Victor Ségalen qui avec "Les Immémoriaux "publié sous le nom de Max Anély espère être goncourable. Voici ce que Renard écrit:
"Reçu la visite de Max Anély, auteur des "Immémoriaux". Pas trente ans, je crois, Médecin de marine. A fait son tour du monde. L'air jeune, souffreteux, pâle, rongé, trop frisé, la bouche pleine de l'or qu'il aurait rapporté de là-bas avec la tuberculose. Situation médiocre et suffisante.
Voudrait le prix Goncourt, non pour de l'argent, mais pour écrire un autre livre."
Toute l'attention, toute l'empathie de Jules Renard se reportent sur les animaux, la nature qui l'entoure.
Dans sa préface intitulée "Le chasseur d'images" il révèle son extrême sensibilité:
"Il entre au bois. Il ne se savait pas doué de sens si délicats. Vite imprégné de parfums, il ne perd aucune sourde rumeur, et, pour qu'il communique avec les arbres, ses nerfs se lient aux nervures des feuilles.
Bientôt, vibrant jusqu'au malaise, il perçoit trop, il a peur, quitte le bois et suit de loin les paysans mouleurs regagnant le village. "
Le titre "Le chasseur d'images"m'a fait penser au recueil qui me tient le plus à coeur , dans la poésie contemporaine:"Les Chasseurs", d'André Hardellet.
Ce dernier, proche des surréalistes, présente ainsi son ouvrage:
"Depuis mon jardin d'enfance, à Vincennes, je n'ai jamais interrompu ma chasse. Ce que les mots laissent parfois échapper malgré eux, les scènes qui se jouent pour un public inconnu derrière le complot des apparences--voilà mon gibier.
J'ai choisi quelques exemples où ils se rejoignent;. H pour Hardellet . R pour Renard:
Les Fourmis
H: Sable noir d'un sablier horizontal

R: Chacune d'elle ressemble au chiffre 3. Et il y en a !
Il y en a 333333333333...jusqu'à l'infini.

La Libellule
H: Suspendue à un fil invisible, vibre la libellule électrique qui surveille et inquiète les roseaux. A peine la croyez-vous partie qu'elle se reforme, insistante, à la même place - ou peu s'en faut.

R: [la Demoiselle] Elle soigne son ophtalmie.
D'un bord à l'autre de la rivière, elle ne fait que tremper dans l'eau fraîche ses yeux gonflés.
Et elle grésille comme si elle volait à l'électricité.

le Loriot
H: le Loriot et "Le temps des cerises", s'entendaient au fond de l'été - parfaitement d'accord.

R: Je lui dis:
-Rends-moi cette cerise, tout de suite.
- Bien, répond le loriot.
Il rend la cerise et, avec la cerise, les trois cent mille larves d'insectes nuisibles qu'il avale chaque année.
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Jules Renard publie ses « Histoires naturelles » alors que la France était encore un pays essentiellement rural, que l'auteur parisien venait se mettre au vert dans sa Nièvre ancestrale.
Il s'agit d'un abrégé, une sélection d'observations, une leçon de choses de l'auteur sur les animaux de la campagne notamment, domestiques (vache, moutons…), sauvages (Serpent, grenouille, lézard…) ou sur les plantes alentour (la vigne, les coquelicots…) souvent sous forme de prose poétique et méditative dont cette magnifique envolée (si je puis dire) sur le papillon :

« Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur. »

Mais aussi avec une bonne dose d'humour et de clins d'oeil, ainsi sur la couleuvre :

« de quel ventre est-elle tombée, cette colique? »

Ou le serpent : « Trop long. » et bien sûr le dialogue du chien de berger et des moutons, facétie qu'on ressert à l'envi sans savoir d'où elle vient vraiment :
« LES MOUTONS –. Mée…Mée… Mée…
LE CHIEN DE BERGER -.Il n'y a pas de mais ! »

Parfois en un récit de quelques pages ou en deux mots comme ici, l'auteur fait du Buffon poétique et se pose en « Chasseur d'images », observateur émérite et minutieux de sa campagne et de ses habitants.
Que dire d'autre sur ces « histoires naturelles » qui n'ait été dit. L'ouvrage se prête assez peu au résumé et à la chronique, étant chronique lui-même, on sombre vite dans la paraphrase. Que dire sinon que ces textes furent longtemps utilisés pour les dictées à cause du choix de leurs mots simples, que cela sent bon le verbe d'antan et la France rurale d'avant la première guerre, qu'on retrouve dans les descriptions bucoliques de Colette plus tard et que ça se lit comme on boit un vin doux avec je ne sais quel bonheur retrouvé.
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J'avais lu les histoires naturelles de Jules Renard et les avais trouvé savoureuses. J'ai ensuite découvert cet album jeunesse qui magnifie les textes de Jules Renard ; les illustrations de Maurizio A.C. Quarello sont sublimes. Le lecteur observateur appréciera les clins d'oeil.
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Cet album présente plusieurs portraits d'animaux (cerf, écureuil, poule, escargot,…). Les quelques lignes de textes sont accompagnées d'une illustration aussi simple qu'élégante.
Le principe de la collection est de lier la littérature et l'illustration tout en respectant deux conditions : un texte issu du patrimoine et des illustrations réalisées en une semaine seulement (et une palette limitée à 3 ou 4 couleurs). le défi ici est relevé. Les textes sont agréables à lire et à écouter. La musicalité des mots est très présente dans ces textes qui sont des portraits mystérieux, drôles et cocasses. Les mots et les dessins se complètent très bien, permettant aux seconds d'expliquer les mystères des premiers. C'est un album beau à voir et à entendre. Cela prouve encore et toujours la nécessité de comprendre les albums jeunesse par l'oralité. C'est à haute voix que le sens des mots s'installe, que l'auteur se fait entendre et donc comprendre.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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