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Critique de Lamifranz


En 1925, J. H. Rosny Aîné, un des précurseurs de la science-fiction française (auteur des « Xipéhuz » et de « La Guerre du feu ») voyait en Maurice Renard le continuateur de Jules Verne, de H.G. Wells et d'Edgar Poe. Dans ces années-là, le rayon imaginaire français était illustré superbement par Gaston Leroux et Maurice Leblanc, qui avaient sur leurs concurrents, l'avantage d'avoir inventé deux super-héros, Rouletabille et Arsène Lupin. Juste derrière eux, deux auteurs difficiles à classer mais très talentueux : Gustave le Rouge (« le mystérieux Docteur Cornélius ») et Maurice Renard.
Maurice Renard (1875-1939) s'est spécialisé dans un fantastique spécial, qu'il appelle le « merveilleux-scientifique » : « Produit fatal d'une époque où la science prédomine sans que s'éteigne pourtant notre éternel besoin de fantaisie, c'est bien un genre nouveau qui vient de s'épanouir » (« du roman merveilleux-scientifique et de son action sur l'intelligence et le progrès » (1909). Parmi ses inspirateurs, il place en haut de liste H.G. Wells et Edgar Poe, plusieurs de ses contemporains comme Edmond About, Villiers De l'Isle-Adam, J.H. Rosny Aîné, Gaston Leroux ou le jeune Jean Ray (plus tard il ajoutera Jules Verne dans la liste de ses influences).
On n'est jamais si bien servi que par soi-même : Maurice Renard publie une série de romans « merveilleux-scientifiques » mâtinés de policier ou d'horreur, qui trouvent d'emblée un public enthousiaste : « le Docteur Lerne, sous-dieu » (1908) ; « le Péril bleu » (1911) ; « Les Mains d'Orlac » (1920), « L'Homme truqué » (1921) ; « Un homme chez les microbes » (1928) ; « le Maître de la Lumière » (1933).
« Les Mains d'Orlac » raconte l'histoire de Stephen Orlac, un pianiste talentueux. Victime d'un terrible accident de chemin de fer, il se voit amputé des deux mains. le professeur Cerral (anagramme du très réel Alexis Carrel) lui greffe deux nouvelles mains, prélevées sur un homme qui vient d'être guillotiné. Orlac apprend que c'était un assassin notoire. Et depuis la greffe, des évènement insolites interviennent, des meurtres, même. Orlac en vient à penser que ses mains ont une vie propre…
Maurice Renard applique à son sujet une étude plus « scientifique » que « merveilleuse » : il ne sort pas du domaine clinique : à l'évocation de l'exploit chirurgical que constitue la greffe, il examine toutes les conséquences physiologiques mais également psychologiques qui en découlent sur l'individu.
Maurice Renard est un excellent conteur. Nous suivons Stephen Orlac (et son entourage) dans toutes les affres que répercutent en lui ces évènements mystérieux. Peut-être pourra-t-on déplorer que l'auteur, si à l'aise dans la description du fantastique, le soit moins dans les relations entre les personnages, qui restent assez sommaires. Mais c'est une remarque accessoire, beaucoup d'écrivains de l'époque faisaient le choix de sacrifier la psychologie au profit de l'action.
Maurice Renard est un auteur à redécouvrir. Nous l'avons vu héritier de Verne, Wells et Poe, on peut penser qu'il est également un précurseur de Barjavel ou Sternberg, en France, ou de Richard Matheson aux USA (« Un homme chez les microbes » n'est-il pas un ancêtre de « L'Homme qui rétrécit » ? Rappelons également que « La Quatrième dimension » (« The Twilight zone ») s'est inspirée largement des contes de Maurice Renard.
Concernant ce roman précis, on retiendra l'adaptation (muette) de Robert Wiene (l'auteur de « Caligari ») en 1924, et celle de Karl Freund en 1935, avec Peter Lorre .

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